Or, après la guerre, les Américains chargés de dépouiller toutes les pièces
de tous les rapports capables de prouver des crimes allemands,
allaient se livrer à une opération des plus contestables.
C'est ainsi que, le 17 mars 1947, l'officier responsable, C.E.Ippen,
du Bureau du chef du Conseil pour les crimes de guerre,présentait,
sous la cote
NO-2620, le rapport de la Croix-Rouge de la façon suivante:
"Publication on the activity of the International Red Cross in favor
of Civilian Internees in German Concentration camps (1939-1945)" Et pour la page 92 il indiquait:
" A detachment of British POW worked in a mine sit Auschwitz....Spontaneously,
the chief British man of confidence asked us whether we know about the
matter of the "showers baths".As a matter of fact,there is a rumour that very
up-to-date showers exist at Auschwitz where the prisoners are gassed
in large numbers !" L'officier américain a coupé ici le texte,non sans l'avoir enrichi
d'un point d'exclamation particulièrement expressif.
De son côté, à Paris, le CDJC est allé encore un peu plus loin
dans la même voie.Présentant ce document sous la cote CXXXVIII-b,21,
il en donne le résumé suivant
" A Auschwitz, le gazage des détenus par "douches" est découvert
par un prisonnier de guerre britannique"Cette fois-là,il ne s'agit plus d'un
bruit, mais d'une
découverte.
Dans son fichier
Extermination-Gazage, le CDJC a multiplié les présentations
de ce genre.
Un lecteur peu entraîné est, je suppose, subjugué par l'abondance des preuves
de
gazages qu'il croit découvrir en compulsant ce fichier.
S'il se donne la peine de vérifier le contenu réel des documents mis en fiches ?
il découvre qu'en réalité
pas une fiche du CDJC
(je dis bien:
pas une fiche ) ne renvoie à un document
qui prouverait
un seul gazage.
Le procédé de Marc Hillel ne manque pas d'intérêt.
L'auteur est connu pour avoir écrit
Au nom de la race.
Ce livre a été accueilli dans la presse française par un concert de louanges
Un document accablant .
Un dossier (...) sec et précis comme un rapport de gendarme.
Une leçon d'histoire Un grand document,irréfutable (...)
Marc Hillel a ensuite écrit
Les Archives de l'espoir.
A la page 255 de son ouvrage,voici comment il reproduit le document du CICR.
Là encore je détache les phrases en les numérotants:
1)
Spontanément,l'homme de confiance britannique nous a demandé
si nous étions au courant de la "salle de douches" 2)
Le bruit court en effet qu'il existe au camp une salle de douches
très moderne où les détenus seraient gazés en série 3)
Ce fut impossible Phrase réduite à ces trois mots.)
5) (
Phrase manquante.)
Et,sans désemparer, Marc Hillel qui vient de se permettre une grave amputation
du texte,enchaîne, sans passer à la ligne, sur la phrase suivante du document:
Une fois de plus, en sortant d'Auschwitz, nous avons l'impression que
le mystère reste bien gardé
Le lecteur de Marc Hillel est ainsi trois fois abusé:
1)
Il croit qu'il
fut impossible d'obtenir confirmation
du
fait de l'existence d'une chambre à gaz, alors qu'en réalité
l'auteur du rapport dit qu'il
fut impossible de rien prouver,
en ce qui concerne le
bruit de l'existence d'une chambre à gaz.
2)
Il ignore que l'auteur du rapport a écrit cette phrase capitale
en conclusion de l'affaire:
Les détenus eux-mêmes n'en ont pas parlé 3)
Il est invité à croire que, si un mystère est bien gardé à Auschwitz,
c'est celui de l'existence d'une
chambre à gaz .
En réalité,le rapporteur du CIRC est
allé à la ligne pour écrire:
"Une fois de plus, en sortant d'Auschwitz nous avons l'impression que le mystère
reste bien gardé" Et s'il est
passé à la ligne, c'est pour donner en un treizième alinéa
la conclusion générale d'un rapport de treize alinéas,un rapport en fin de compte favorable
aux Allemands.
Le rapport dit simplement que les officiers
comme à Oranienburg(sans
chambre à gaz nous le savons aujourd'hui) et comme à Ravensbrück
(sans plus de
chambre à gaz ) sont à la fois
aimables et
réticents.
Cette réticence des officiers allemands s'explique.
Les détenus travaillaient pour la machine de guerre allemande et pour l'économie
allemande.Le secret militaire et économique était de rigueur.
Il ne convenait pas de renseigner l'étranger sur les multiples activités économiques,
scientifiques et d'armement du complexe d'Auschwitz.
Cela est si vrai qu'en mars 1945, le gouvernement du Reich accepta
la présentation permanente dans les camps de concentration d'un représentant
de la Croix-Rouge à condition que celui-ci
s'engageât à n'en pas sortir avant la fin des hostilités . *
Pour le traitement du rapport de la Croix-Rouge par les autorités du musée national
d'Auschwitz, on consultera le huitième des
Hefte von Auschwitz,p.70,note 65.
On peut malheureusement partir du principe que presque tous les documents
d'origine que l'histoire officielle veut bien nous présenter,après un tri dont
elle seule à le privilège, sont ainsi maltraités.
On voit couramment des historiens de bonne foi et sérieux citer des textes
qu'ils ont trouvés dans des ouvrages exterminationnistes d'apparence sérieuse.
Il ne leur vient sans doute pas à l'idée que les auteurs de ces ouvrages
sont allés jusqu'à mutiler des textes et inventer des citations.
Et pourtant, rien de plus courant.
Dans le domaine de la librairie, le faux pullule.Il se gagne des fortunes
avec cette littérature qui est souvent très prisée.
L'atrocité se vend bien.Une guerre vient-elle à éclater quelque part,
on voit immédiatement surgir sur la scène journalistique des spécialistes
de l'atrocité concoctée selon les recettes du genre:
les horreurs vraies sont-elles trop banales ?
Source:
*Voy.Comité international de la Croix-Rouge,
Rapport...30 juin 1947,
vol.III,
Actions de secours, p.87.