- Une leçon pour notre temps - "Il disait la Vérité,ils l'ont tué ! "Il y aura 67 ans le 28 juin,le secrétaire d'Etat à l'Information Philippe Henriot
était assassiné à son domicile par un commando.
Quand ils évoquent cet évènement,les manuels d'histoire moderne ne parlent
ni de meutre,ni d'assassinat,mais le plus souvent d'"exécution" :
"Il est exécuté par la Résistance en juin 1944" peut-on lire,par exemple,
dans l'ouvrage de Pierre Miquel
Histoire lycée (éd.de la Cité,1999,p.351).
Or,il va de soi qu'une exécution est une mise à mort suite à une sentence
prononcée
légalement par un tribunal
légitime.
Henri Désiré Landru fut
exécuté le 25 février 1922 après avoir été jugé
puis condamné par la cour d'assise de Seine-et-Oise.
En revanche,Jacques Mesrine et Erick Schimitt ou Khaled Keikal,pour ne citer
qu'eux,furent
tués ou
abattus par les forces de l'ordre,puisqu'ils
perdirent la vie sans procès.Enfin,aucun journaliste de la presse nationale
n'a jamais écrit que le préfet Claude Erignac aurait été
exécuté par
une organisation corse le 6 février 1998 à 21h 05.
Car même à supposer qu'il ait été condamné à mort et tué par des nationalistes
corses (ce qui reste incertain) le groupement qui a rendu la sentence ne saurait
aucunement être considéré comme
légitime.
LE MYTHE DE LA LEGITIMITE GAULLISTE. Il en va de même avec P.Henriot.
Secrétaire d'Etat à l'Information du gouvernement du Maréchal Pétain,
sa mise à mort reste un vulgaire assassinat.Pourquoi n'est-elle pas ainsi qualifiée ?
Pour le comprendre,il faut remonter quatre années et dix jours avant le meutre.
Le 18 juin 1940,parlant à la radio anglaise,un certain Charles De Gaulle prétendit
continuer la lutte contre l'avis du gouvernement français,un avis fondé sur
des considérations militaires évidentes:
- quand les armées disloquées battent en retraite et que plusieurs millions de civils
errent sur les routes,on demande un armistice.
Le 3 août 1945,témoignant au procès Pétain,Pierre Laval rappela à tous ceux
qui avaient la mémoire courte l'ambiance qui règnait,le 10 juillet 1940,
à l'Assemblée nationale:
"nous étions le 10 juillet 1940,nous étions devant le Parlement tout entier
réuni et,malgré les difficultés de communication(...)plus de 700 parlementaires
étaient représentés(...)on peut dire que le Parlement était complet,eh bien,
le 10 juillet,il n'y a pas eu,à aucun moment,sous aucune forme,ni directe,
ni indirecte,la moindre réserve,la moindre protestation,contre l'armistice
qui avait été signé par le Maréchal(...) .Le lieu était pourtant bien choisi,
la séance secrète le permettait,on pouvait,sous des formes variées,le dire...
On n'a rien dit,sous aucune forme.Voilà un fait,il est évident".
(Le procès Pétain,sténotypes publiées par le JO,journée du 3 août 1945,pp.190-1).
Cette volonté de continuer la lutte malgré l'avis du gouvernement français
et contre l'armistice signé dans les jours qui suivirent obligea les gaullistes
à adopter une stratégie dangereuse:déclarer illégitime le gouvernement dit
"de Vichy".
C'était en effet l'unique manière de donner l'illusion aux Français qu'ils n'étaient pas
tenus par cet armistice.Je parle bien d'"illusion",car en vérité,le Droit international
était très clair.
Dans son manuel unanimement reconnu,A.G Heffter déclarait (je souligne):
"Les représentants ou détenteurs actuels du pouvoir souverain,même usurpé,
possèdent seuls la capacité nécessaire pour conclure des traités (internationaux)
proprement dits"(A.G Heffter,
Le droit international en Europe,éd.A.Cotillon et Cie,Paris,1883)
p.194).
Par conséquent,même à supposer que,dès le 16 juin,Pétain le "capitulard" eût dû
être considéré comme un usurpateur,il n'en restait pas moins vrai que l'armistice
signé le 22 juin avec le gouvernement allemand s'imposait à tous les Français.
Poursuivons cependant,en démontrant combien l'abîme appelle toujours l'abîme.
Ayant déclaré illégitime le gouvernement de Vichy,il fallait bien trouver quelqu'un
qui incarnât la continuité de l'Etat.
Dans les premières semaines,Charles De Gaulle hésita:la phrase apocryphe,
prêtée à Louis XIV:"L'Etat,c'est moi" devait probablement résonner dans
ses oreilles.Mais un jour ou l'autre,il faut aller au bout de sa logique.
Et dans la logique gaulliste,la France avait besoin d'un gouvernement légitime.
Puisque Charles de Gaulle avait refusé cette qualité à Vichy,c'était à lui
de montrer la voie.Notons qu'à l'époque,Maurice Thorez lançait des appels
à partir de Moscou et M.Obrecht à partir de Stuttgart.
Eux aussi prétendaient parler au nom de la France,de la civilisation,du progrès,etc.
Si,en cas de crise,un militaire déserteur peut prétendre représenter les intérêts
nationaux au motif qu'il a pu,sans aucun mandat,parler à un micro étranger,
des centaines de Jean-Jean peuvent émettre toutes les prétentions du monde...
Mais charité bien ordonnée commence par soi-même:si bien que le 27 octobre 1940,
dans son discours de Brazzaville,Charles de Gaulle franchit le pas et s'auto-proclama
chef légitime des Français.
C'était fatal.
LE REGIME DU MARECHAL PETAIN
ETAIT PARFAITEMENT LEGAL ! Là encore,on était dans la pure illusion.
Car l'adhésion populaire dont a joui Philippe Pétain jusqu'au printemps 1944
et la présence à Vichy d'un corps diplomatique fortement représenté jusqu'à la fin
démontrent que cette contestation de légitimité ne fut jamais et de loin,unanime.
Le 23 juillet 1945,P.Pétain eut raison de déclarer:
"Le pouvoir m'a (...) été confié légitimement et reconnu par tous les pays
du monde,du Saint-Siège à l'URSS"(sténotypies du procès Pétain,journée du 23 juillet,p.9,col.B).
Tout ce que l'on peut dire,c'est que la légitimité de "l'Etat Français"
fut contestée plus ou moins fortement selon les milieux et les époques,
ce qui est très différent d'une négation universellement prononcée.
Or,là encore,le droit international alors en vigueur était très clair:
"Tant que l'origine ou la légitimité du pouvoir souverain est contestée,
le seul fait de sa détention réelle tient lieu de droit,non seulement
dans les rapports avec le peuple soumis,mais aussi dans les relations
internationales.C'est que la souveraineté réelle,lors même qu'elle serait
illégitime,est une continuation de l'Etat,elle le représente et elle créé
des droits et des obligations pour l'avenir,sauf le droit particulier
au souverain légitime" (A.G.Heffter,
op.cit., p.117).
Quant au prince légitime qui aurait été écarté par l'usurpateur,
le droit international déclarait:
"dépouillé du pouvoir souverain,(il) ne peut valablement contracter
pour l'Etat qu'après avoir recouvré le pouvoir" (
Ibid., p.195).
Dès lors,même à supposer que Pétain ait été un usurpateur et De Gaulle
le chef légitime de la République repliée à Londres ou en Afrique du Nord,
le premier était seul habilité à gouverner au nom de la France et à exiger
l'obéissance des Français.
Charles De Gaulle,lui,ne représentait rien....
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