Sur le Site officiel des
Petits Chanteurs à la Croix de Bois,
on peut lire dans la rubrique "Historique":
"La guerre de 1939-45 est pour les Petits Chanteurs,comme pour tout le monde,
une longue période d'épreuves,avec ses souffrances et ses morts.
Mais les Petits Chanteurs à la Croix de Bois poursuivent inlassablement
leur mission de paix.Le mal ronge nos soldats français prisonniers en Allemagne.
L'abbé Maillet,à l'occasion d'une tournée en octobre 1940 en Suisse,
a une révélation.Il écrira:
"C'est auprès des internés français en Suisse que nous avons compris la joie
que nous apportions un jour aux prisonniers".
En effet,deux ans et demi plus tard,après plusieurs refus de l'administration
allemande,l'abbé et ses Petits Chanteurs courent sans hésiter offrir
aux prisonniers français un message de tendresse du pays."
En guise d'illustration,une photo montre un groupe de garçons chantant
"pour les internés français en Suisse (1940)".
Les auteurs de cet historique ont "oublié" d'évoquer la tournée triomphale
des Petits Chanteurs en Allemagne,en 1943.
Dans sa livraison du 11 avril 1943,l'organe de liaison des travailleurs français
en Allemagne,l'hebdomadaire
Le Pont,en avait longuement parlé.
On y trouvait une photo très intéressante,totalement occultée aujourd'hui,
elle montrait,dans la salle de la Philharmonie de Berlin,les Petits Chanteurs et,
en soutane,l'abbé Maillet qui les conduisait.
Au fond,le drapeau à croix gammée était bien visible...L'auteur de l'article écrivait:
"Quel magnifique spectacle que celui auquel nous avons pu assister jeudi dernier
(8 avril 1943) dans la salle de la Philharmonie de Berlin,grâce au concert
organisé par la KDF et l'Amicale des Travailleurs français en Allemagne (...)
"Le spectacle avait commencé par une allocution de M.Castagnet,
chef de la délégation officielle française à Berlin,qui a souhaité la bienvenue
à M.l'abbé Maillet et à ses petits chanteurs et les a remerciés de venir apporter
un peu de joie et d'air de France aux ouvriers qui viennent travailler de si loin
de chez eux par suite des nécessités de la guerre.
"Il a remercié d'autre part les autorités allemandes qui ont accordé toutes facilités
à l'organisation de ce concert qui n'est pas unique,puisque c'est dans toute
l'Allemagne qu'ils sont venus chanter pour leurs compatriotes,travailleurs civils
et prisonniers.
"Ces autorités étaient du reste présentes dans la salle en la personne du Dr Mall
et de M.Schulz du Front du Travail Allemand (DAF) et de M.Purmann,de la KDF (...).
"Nos jeunes chanteurs représentant la jeunesse française,une délégation
de la jeunesse allemande était venue spécialement pour les saluer avec
à sa tête l'Oberbannführer Zander,chef du Service culturel de la Jeunesse
hitlérienne,Oberstammführer Deppe et le Dr Bran,membre du Comité franco-
allemand et des jeunesses hitlériennes.
"Après la soirée,les représentants de la Jeunesse hitlérienne s'entretinrent
avec les jeunes chanteurs français et les ont félicités de leur belle réalisation
artistique au cours d'une réunion amicale où nous avons eu le plaisir d'entendre
l'abbé Maillet exprimer(...) sa foi dans le rapprochement franco-allemand
et la déception que lui avait causée cette nouvelle guerre entre la France
et l'Allemagne" (
Le Pont,11 avril 1943,p.5).
L'étude du
Le Pont se révèle très importante pour celui qui recherche
l'objectivité en histoire.On y trouve de nombreux "petits faits vrais"
en désaccord total avec l'histoire officielle.
Qui,par exemple,connaît aujourd'hui l'histoire du sculpteur français Roger Baron ?
Fait prisonnier en 1940,il se retrouva à l'Oflag d'Edelbach.
Comme il acceptait de travailler,les autorités du camp l'affectèrent à l'entretien
du cimetière de la ville.Un jour,elles lui proposèrent d'ériger,dans le cimetière,
un monument aux morts...français.R.Baron accepta et se mit au travail.
Il fit une statue de 4 mètres de haut.Elle représentait un soldat tête nue qui,
les mains jointes dans une attitude de prière,fixait l'horizon.
Le Pont,écrit:
"L'artiste demanda qu'on lui permît de tourner la figure martiale,qui semblait
veiller,vers la France,comme s'il avait voulu dire que le soldat de ciment armé
priait pour le salut de notre pays,les yeux attachés à l'horizon natal,malgré l'exil
et la distance.
"L'idée plus aux autorités allemandes.
" -Vous restez soldat jusqu'au bout.
C'est très bien.C'est très noble.Nous comprenons.
"L'artiste fut libéré pour ce travail et fêté par tous ses camarades et aussi
par les autorités.
"Les Allemands,pour rendre un hommage plus précis au sculpteur,on fait dévier
la route du cimetière,qui passait derrière la statue,pour que chacun puisse
admirer le monument aux morts" (
Le Pont,21 mars 1943,p.4).
UNE POLITIQUE DE RECONCILIATION.L'histoire officielle cache le fait que,pendant la guerre,la réconciliation
franco-allemande était en marche,au galop même.
De nombreux gestes le prouvent.Ainsi,après la tentative manquée de débarquement
à Dieppe,Hitler récompensa le comportement de la population française en faisant
libérer les prisonniers de guerre issus de la région.
Ce fait fut rapporté dans
Le Pont le 6 septembre 1942,p.1.
Quelques mois auparavant,suite à un bombardement anglais sur Paris,l'Allemagne
avait fait un don de 100 millions de francs à la population parisienne pour contribuer
à la réparation des dégâts (
Le Pont,29 mars 1942,p.2).
A côté de ces gestes solennels,il y eut tous ces petits faits divers très révélateurs.
J'en citerai un seul.En septembre 1942,le maire de La Rochelle remercia un ouvrier
allemand de l'organisation Todt qui,ayant retrouvé la somme de 27 000 F perdue
par un contremaître d'un chantier municipal,s'était empressé de la remettre
à la mairie.
L'ouvrier refusa la récompense de 1 000 F qu'on lui proposait et demanda qu'elle soit
remise aux victimes des bombes anglaises lancées sur Dieppe
(
Le Pont,27 septembre 1942,p.2).
Je rappelle également que grâce aux salaires perçus,les ouvriers français
et les ouvrières françaises travaillant en Allemagne adoptèrent de nombreux
orphelins dont le père,la mère et parfois les deux parents avaient été tués
lors des bombardements alliés.Là encore,je me contenterai d'un seul exemple:
-la petite Emilienne Carpentier,5 ans,fut adoptée en octobre 1942
par une section ouvrière en Allemagne (
Le Pont,1er novembre 1942,p.3).
Je pourrais citer des dizaines d'autres enfants (parfois cinq frères et soeurs)
adoptés par des sections d'ouvriers et d'ouvrières travaillant en Allemagne.
Oui,vraiment,à certains égards c'est une politique de générosité et de réconciliation
qui existait sous l'Occupation.On discutait d'ailleurs beaucoup sur ce que serait
l'Europe après la guerre.
Dans son édition du 17 mai 1942,
Le Pont publia l'article d'un certain
C.Vaillet qui écrivait:
"En premier lieu,cette Europe sera basée sur un système de coopération
économique organisé.Au centre,les pays industriels fonctionneront grâce
à l'exploitation rationnelle de leur sous-sol.Des voies ferrées,des autostrades,
des canaux,des fleuves seront aménagés pour permettre des écoulements
rapides dans toutes les directions,y compris les mers.
Car,ceci est à signaler,ni les exportations ni les importations ne seront supprimées,
elles seront seulement organisées par un système de compensation.
Une banque centrale,dont le siège sera peut-être Berlin,servira de
"plaque tournante des échanges européens".
"Ce centre industriel sera équilibré,à l'Est et à l'Ouest,par deux grandes contrées
agricoles:l'Ukraine d'un côté,la France de l'autre.Pour complèter ses ressources
alimentaires,l'Europe aura un immense verger:l'Afrique.
Des projets de grande envergure:reboisement,mise en valeur de contrées
inexploitées,modernisation de petites villes et de villages,décongestionnement
des grands centres urbains,etc.
Du point de vue social,on accélèrera l'évolution et l'utilisation des progrès
scientifiques,on améliorera l'hygiène sociale.
"Il est évident que tous ces immenses travaux seront entrepris sans aide pécuniaire
ou matérielle extra-continentale,et sans or,l'étalon-or capitaliste ayant été aboli.
Toute cette activité sera dirigée et rémunérée selon le système "standard-Travail",
dont l'Allemagne a démontré la valeur.Toutefois,chaque Etat pourra conserver
sa propre monnaie pour son marché intérieur,mais une unité d'échange sera
instaurée pour mettre fin aux fluctuations monétaires.De plus,chaque nation
conservera le droit de traiter ses affaires privées,en dehors des accords
de la Centrale de compensation.
"(...) Et quand nous parlons d'organisation européenne,cela ne signifie pas
(et c'est un Allemand qui le fait remarquer),que tout doit être dirigé et contrôlé,
et qu'il y aura partout des Allemands pour organiser toutes choses"(
Le Pont,17 mai 1942,p.5,l'Allemand en question était Josef Winschuh,
auteur de
L'Edification d'une Europe nouvelle).
Une semaine plus tard,
Le Pont publia l'article d'un Allemand,Karl Epting,
qui,dans une sorte de réponse,soulignait:
"Un des grands sacrifices que la France devra consentir à l'Europe nouvelle
sera l'abandon de sa prétention à l'universalité de sa civilisation,la France
ne devra plus se considérer spirituellement comme l'église universelle,
mais comme une unité nationale particulière,déterminée par la race
et par l'histoire.C'est en tant qu'unité historique et nationale que la France
devra prendre part à la discussion spirituelle des peuples européens
en s'intégrant dans la dialectique de l'Europe.Nous ne croyons pas que la France
y perdra quelque chose.Nous pensons,au contraire,qu'elle y gagnera beaucoup.
En se limitant,la France enrichira les autres peuples d'Europe,car les vraies
valeurs françaises ne seront plus recouvertes par une prétention qui excluait
tout dialogue.Le limbe invisible qui sépare les deux pays restera toujours
une frontière.
Mais on ne dira plus que d'un côté sont les valeurs,de l'autre le néant,
d'une part la civilisation,de l'autre la barbarie.
Mais il y a d'un côté les valeurs françaises,de l'autre,les valeurs allemandes.
Et les deux univers se mesureront en prenant contact.
Le dialogue franco-allemand passe du plaidoyer à la disputation.
Mais c'est l'histoire qui donnera la conclusion de cet entretien,dans le cadre
de la grande Europe" (
Le Pont,24 mai 1942,p.5).
Je citerai enfin cet article sur le rôle de la femme dans la Nouvelle Europe
(on dit tant de bêtises à ce sujet).Publié dans l'une des toutes premières
livraisons du
Le Pont,on lisait:
"Et la déchéance gagna la femme,rendit stérile son corps fécond,
éteignit la dernière grâce de sa féminité naturelle.L'institution sacrée du mariage,
piétinée dans son essence,amena peu à peu la ruine du sentiment de la famille.
Un foyer ? Un mari ? Des enfants ? Ô disgrâce....
"L'argument si répandu et qui voulait tout expliquer ou excuser:
"Qu'on nous assure de quoi élever notre famille et nous aurons toutes beaucoup
d'enfants",est une façade hypocrite.
Les plus nombreuses familles en France se rencontraient dans les milieux ouvriers
et chez les chômeurs.Ailleurs,on dépensait sans compter l'argent qui eût permis
de sauver ces innocentes victimes d'un régime sectariste où le possédant avait
l'égal d'une toute-puissance.Et de là partaient les nouveaux principes qui devaient
si dangereusement "dématerniser" la femme en France dès sa jeunesse.
Vingt ans plus tard,pour l'année 1939,le pays ne comptait plus que 612 000
naissances contre 1 633 000 dans le Reich grand-allemand.
Ainsi,les mères allemandes avaient bien mérité de leur patrie (....).
"Familles nombreuses,culte de l'effort dans le travail,sobriété érigée en habitude,
désintéressement sans réserve,unité derrière un chef unique:tels sont les éléments
qui composent la supériorité réelle d'une nation,en temps de guerre comme
en temps de paix.
"Or,c'est précisément la femme,source de vie et éducatrice première,
qui est naturellement qualifiée pour créer et pour maintenir le potentiel numérique
en même temps que le dynamisme spirituel qui décident un jour du sort du pays.
Elle reste en toutes circonstances la gardienne prédestinée de la continuité
dans la race,la dépositaire atavique de ses traditions ethniques,religieuses
et morales.D'ailleurs,l'idée de la patrie,dans son esprit intime,n'est pas autre chose
que la projection,sur le plan supérieur,du principe souverain de maternité.
Et la jeunesse de la France,la jeunesse d'Allemagne,la jeunesse d'Italie,
la jeunesse d'Espagne et toutes les autres seront la jeunesse d'Europe.
Chacune formée à son creuset national,mais toutes collaborant pour la paix
du monde." (
Le Pont,11 janvier 1942,pp.1 et 4).
C'est toute l'histoire de l'Occupation qui reste à écrire de manière objective.
Mais une chose est sûre:si les puissances de l'Axe avaient remporté la guerre,
nous n'en serions pas là.Une Europe véritablement sociale et forte serait née,
qui aurait sans doute su conjurer les périls mortels dont nous sommes
aujourd'hui les victimes.
Vincent Reynouard.Source: RIVAROL n° 3006 du 1er juillet 2011,p.4