Dans sa "
Chronique encyclopédique", le journal "
Audible",
journal "
indépendant de la publicité ou de financements privés", publie,
dans sa livraison n° 4 de décembre 2013, en page 2, une étude du mot "
Révisionnisme".
http://www.cercledesvolontaires.fr/2013/09/14/laudible-le-journal-qui-informe-autrement/En voici un extrait:
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Le Révisionnisme
Par François Belliot
(...)
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Les historiens révisionnistes de la Seconde Guerre mondiale --
Les deux sens du mot révisionnisme (judiciaire et historique) vont se retrouver
dans la troisième incarnation du mot.
Dans les années quatre-vingt, un nombre croissant d'historiens, réexaminant
certaines séquences du procès de Nuremberg (nov. 1945/oct. 1946),
au cours duquel furent jugés des dignitaires nazis pour crimes de guerre,
relèvent ce qu'ils identifient comme des irrégularités et des incohérences,
et demandent la révision d'un certain nombre de points, touchant notamment à la réalité
et aux modalités du génocide des juifs et des tziganes.
Comme ils remettent en question certains éléments cruciaux, comme l'utilisation
de chambres à gaz homicides, ces historiens sont également qualifiés de négationnistes
par leurs adversaires.
Comme dans les années cinquante, le terme est très négativement connoté,
mais avec des colorations différentes.
Le révisionniste désormais n'est plus un traître (comme au temps de l'aff.Dreyfus),
mais un "nazi", un "antisémite", un "fasciste", et plus récemment, un "conspirationniste".
L'accusation de "révisionnisme" est d'autant plus redoutable que les députés français ont voté,
le 13 juillet 1990, la loi Gayssot, qui interdit toute révision des conclusions du rapport final
du procès de Nuremberg, sous peine de lourdes sanctions pénales.
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Et de nos jours... --
Les termes "révisionniste", et "négationniste" ont été fréquemment employés
ces dernières années dans les médias pour qualifier ceux qui remettent en cause
le récit d'événements historiques polémiques plus récents, comme les attentats
du 11 septembre 2001, le génocide rwandais,ou encore les récents événements de Syrie.
Bien que la remise en cause de la version officielle de ces événements ne soit pas
pénalement répréhensible, l'utilisation de ces qualificatifs, combinée à l'existence
de la loi Gayssot, peut prêter à confusion auprès du grand public, d'autant que
de nombreux journalistes n'hésitent pas à opérer cet amalgame quand il est question
de ces événements.
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Le révisionnisme, consubstantiel à la méthode historique --
Cette dérive est d¹autant plus étrange que c'est une règle universelle,en science historique,
qu'il n'existe pas d'événement ou de séquence d'événements qui ne soit susceptible
d'être révisés avec le temps.
En effet, les documents pertinents permettant d'éclaircir un événement n'apparaissent jamais
tous ensemble, et loin s'en faut qu'on puisse en réunir suffisamment pour aboutir
à une version "inrévisable".
C'est d'autant plus vrai quand il s'agit d'événements historiques brûlants qui sont dépendants d'enjeux politiques susceptibles de biaiser l'approche des juges et des historiens.
Un bon exemple est celui de la Révolution française, dont l'historiographie a beaucoup
fluctué depuis deux siècles,de Tocqueville à Mathiez en passant par Chateaubriand,
Michelet, et Furet.
C'est pourquoi la loi Gayssot peut être considérée comme une singularité judiciaire
doublée d'une singularité historique.
Avec la loi interdisant la remise en cause du génocide arménien votée en 2001
sur son modèle, c'est la seule loi en France qui interdise aux historiens d'opérer un travail
de révision sur une séquence historique donnée.
La singularité de cette loi est redoublée par le fait qu'elle est adossée aux conclusions
d'un procès militaire organisé par le camp des vainqueurs,quelques mois seulement
après la guerre.
On peut pour finir souligner cette ironie de l'Histoire dans l'évolution de la connotation
du mot "révisionniste" en France.
Alors que le terme désignait, il y a un siècle, les défenseurs d'un capitaine juif
accusé de trahison, le "révisionniste" de nos jours, dans l'imaginaire collectif,
est associé mécaniquement à l'antisémitisme et à l'apologie du nazisme.
Etonnant renversement !
< END>
"Le procès de Nuremberg: "un procès militaire organisé par le camp des vainqueurs,
quelques mois seulement après la guerre"... "
Audible" va se faire taper sur les doigts. Affaire à suivre...