Humm. Passablement tiré par les cheveux.
Le perroquet n'a pas de symbolisme particulier autant que je sache,
c'est un objet de luxe, divertissant, très prisé à l'époque romaine,
mais à aucun moment il n'est mis en relation particulière avec
le conquérant. A une exception près, le Roman d'Alexandre
du Pseudo-Callisthène, qui signale ce cadeau (III.15)
à une princesse imaginaire.
Sauf que le Roman ne date pas de l'époque des Attalides
mais a été rédigé au IIIe ap., et l'originale de Callisthène
n'abordait pas ce thème, puisque Callisthène est mort avant la campagne indienne. Alors prendre pour argent comptant une légende inventée
plus de 500 ans après les faits, d'un auteur sans prétention historique
aucune, et tabler sur cette seule anecdote pour déduire une allusion
à Alexandre sur la décoration des palais de Pergame... bof bof bof.
Il me semble qu'il est représenté à Herculanum, entre autres...
A vérifier.
Disons qu'il s'agit d'un hôte classique des jardins riches dès
l'époque hellénistique (en cage en général), sa représentation
n'a donc rien d'exceptionnelle.
Aucun historien d'Alexandre n'accorde une place particulière
au perroquet par rapports au reste de la faune merveilleuse
de l'Inde, et encore moins le charge d'un symbolisme particulier.
Ceci dit, il est vrai que les Grecs découvrent véritablement le perroquet
avec Alexandre. Par ailleurs, il est vrai aussi qu'en Inde, il s'agit
d'un cadeau princier, et on a plusieurs exemples de cadeaux d'oiseaux;
mais le perroquet n'est qu'un parmi d'autres, en particulier le paon.
Toujours en Inde, le perroquet est sacré, son meurtre et sa consommation interdite (Lois de Manou V.11-14; XI.134-135).
Les Grecs en avaient entendu parlé au début du IVe, en particulier
par l'intermédiaire de Ctésias qui nous offre la première description,
puis les descriptions se multiplient dans la foulée d'Alexandre
(Aristote (qui précise qu'il a le vin mauvais ! ),Théophraste cité
par Elien), mais il ne devient vraiment populaire que sous l'empire
romain, au point qu'Arrien sabre sa description de Néarque
(Inde.15: Quant aux perroquets, Néarque raconte comme
une chose étonnante qu’il s’en trouve dans les Indes ;
il décrit quel oiseau est le perroquet, comment il émet
une voix humaine ; moi,comme j’ai déjà vu beaucoup de ces oiseaux,
je n’en parlerai pas comme d’une merveille.).
Au point de provoquer des délires en tout genre.
Par exemple Stace consacre tout un poème (Sylves II.4)
pour la mort du perroquet de son pote! Idem avec Ovide
(Armor, II.6) qui nous signale même l'existence d'un tombeau
avec dédicace pour le spatz !
On a quelques descriptions des méthodes employées pour
leur enseigner quelques mots (Solin et Philostrate en particulier).
Parmi les anecdotes, je ne résiste pas à la tentation
d'en présenter deux,peut-être pas forcément liés au
perroquet spécifiquement, mais aux oiseaux parleurs en général:
Maxime de Tyr, Dissertation XXXV.4 :
Dans la Libye, un Libyen nommé Psaphon, ambitionna un genre de bonheur qui n’était, certes, ni médiocre, ni vulgaire. Il voulut passer pour un Dieu.
Il ramassa plusieurs oiseaux de l'espèce de ceux qui parlent en chantant.
Il les instruisit à articuler ces mots, le grand Dieu Psaphon.
Il les laissa ensuite s'envoler dans les montagnes.
Ces oiseaux y répétèrent ce qu'on leur avait enseigné;
et les autres oiseaux de la même espèce l'apprirent et le répétèrent
avec eux. Les Libyens ne doutèrent point que ces oiseaux
ne fussent inspirés par les Dieux.
Ils offrirent des sacrifices à Psaphon, et ils le proclamèrent leur Dieu,
sur la foi de ce prestige.
Il me semble qu'il existe une anecdote identique attribuée au Carthaginois Hannon.
Sauf qu'elle finit en fiasco dans son cas, ils oublient tout à peine lâchés.
Je tâcherai de la retrouver.
Ceci dit, ce n'est sans doute pas des vrais perroquets, mais d'autres
animaux parleurs, comme le merle, etc.
Une autre mésaventure, sans doute véridique, arrivée à Auguste,
grand amateur d'oiseau :
Macrobe, Saturnales, II.4:
Lorsqu'il retournait triomphant, après la victoire d'Actium, parmi ceux
qui venaient le féliciter, se présenta un individu qui lui offrit un corbeau
qu'il avait dressé à dire ces mots
«
Salut, César, victorieux empereur. »
Auguste, agréablement surpris, acheta l'ingénieux oiseau vingt mille
petits sesterces. Un camarade du précepteur de l'oiseau, auquel
il ne revenait rien de cette libéralité, dit à l'empereur qu'il avait encore
un autre corbeau semblable à celui-là.
Auguste demanda qu'on le lui amenât :
quand l'oiseau fut en sa présence, il récita les mots qu'on lui avait appris:
«
Salut, Antoine, victorieux empereur. »
Auguste, sans s'offenser nullement, ordonna que les vingt mille pièces
fussent partagées entre les deux camarades.
Heureusement qu'il n'était pas succeptible !
Mais là aussi, sans doute pas un perroquet (le passage s'inscrit
dans un recueil d'anecdote aviaire concernant l'empereur,
mettant en scène tantôt des perroquets, tantôt d'autres parleurs).
Quant à l'animal en question, c'est en fait une perruche verte à collier:
Pour donner une image de la taille, c'est relativement petit,
de la taille d'un étourneau comme disent les Anciens:
Quant au Perroquet Grand Alexandre, aucun rapport,
si ce n'est éventuellement un hommage tardif (XVIIIe je suppose ?).