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(Noël 1941)
Exemple de quelques pages d'Histoire "occultées" dans nos livres d'Histoire....JO 1936 à Berlin : (Au dernier moment, toutefois, le comité américain, qui craignait les équipes hollandaise et allemande, revint sur sa décision. J. Owens et R. Metcalfe furent choisis aux dépens des deux athlètes… juifs. (S. Stoller et M. Glickman)(voir photo suivante) Le Bétar en uniforme avec son drapeau à Berlin:"En Histoire, la croûte, c’est le mensonge en lui-même, le pus, c’est l’occultation qui l’accompagne. N’hésitons pas à inciser et à tout purifier …"
Le saviez-vous ?
" Les Juifs déclarent la guerre aux Allemands en 1933."
"La Judée déclare la guerre à l'Allemagne"
Discours d'Adolf Hitler contre le Nouvel Ordre Mondial.
Le saviez-vous ?
Qu'est-ce que le fascisme ? - Petite leçon rapide sur le fascisme.
« Quatre années d’Allemagne d’Hitler vues par un étranger »
de Cesare Santoro.
Affiche de propagande NS: (" On y voit une série d'animaux saluer Goëring.En haut à droite: un signe disant " Vivisection interdite" ( vivisection verboten ).
(" Les animaux de laboratoires saluant Hermann Göring" )
Ces Nazis Noirs qui soutenaient Hitler.
La liberté d'expression au "pays des Droits de l'Homme", c'est ça.... />
...hélas, d'autres "démocraties" embastillent ses citoyens pour délit d'opinion,voyez cette vidéo >
C'est un proverbe populaire utilisé par Shakespeare: "Henry IV", Première Partie, Acte III, scène 1, page 640 édition La Pléiade, traduction de Victor Hugo: << Dites la vérité, et vous humilierez le diable. >>
Ursula Haverbeck explique pourquoi l'Holocauste est le plus grand et le plus persistant mensonge de l'Histoire.
Ursula Haverbeck, 87 ans, est condamnée à dix mois de prison ferme !
Ursula Haverbeck, surnommée en Allemagne la « mamie nazie »,
a soutenu lors de son procès que « le camp d’Auschwitz n’a pas été un lieu d’extermination».
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Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre
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Message
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:15
Rudolf Hess :martyr de la Paix ?
Adolf Hitler n'a jamais voulu qu'une seule guerre: celle dirigée contre l'URSS,à la fois pour abattre l'abjection communiste et pour conquérir l'Ukraine, la terre la plus fertile d'Europe,ridiculement sous-exploitée par la grotesque agriculture soviétique. Le Reich manque d'espace pour le projet fantasmagorique de son Führer: donner un continent aux Germano-Scandinaves pour qu'ils puissent élaborer, bien plus tard,la surhumanité.
Rudolf Hess ,le confident le plus intime,connaît tout cela. Hess veut tenter une dernière approche des Britanniques, avant que la Wehrmacht ne se rue dans les plaines de l'Est. Son ami le géopoliticien Albrecht Haushofer, le fils de son vieux professeur, lui a conseillé de s'adresser à la plus haute aristocratie terrienne,dans l'espoir de la voir agir auprès du très malléable George VI pour qu'il renvoie Churchill et appelle à la tête du gouvernement un pacifiste comme Lord Halifax. Le géopoliticien rêve autant que le " remplaçant du Führer pour le parti ": il y a beau temps que la ploutocratie industrielle et financière de Grande-Bretagne domine l'aristocratie terrienne. S'ensuit l'équipée que l'on a tournée en ridicule,alors qu'elle est un exemple de dévouement illimité d'un romantique exalté. Le 10 mai 1941,Hess, excellent pilote,emmène un Me 110 au-dessus de l'Ecosse et saute en parachute.
Il veut semer la paix et récolte des avanies.
Churchill le tourne en ridicule et le traite en criminel de guerre, ce que Rudolf Hess n'est assurément pas. Le Führer, ébahi par la candeur et la naïveté de son ami,est bien obligé de faire passer son acte pour une manifestation de folie passagère (c'est ce que Hess lui avait recommandé de faire en cas d'échec de sa part, dans une lettre,remise au Führer le 11 mai).
Hitler profite de l'occasion pour ordonner de fermer les cercles accultistes et d'interdire les professions de mage et d'astrologue:35 000 charlatans, vaguement protégés jusque-là par Rudolf Hess,doivent changer d'activité ou passer à la clandestinité....encore des victimes de l'obscurantisme nazi !
Rudolf Hess sera condamné à la prison à vie par les nobles juges du TMI de Nuremberg et mourra dans la prison forteresse de Spandau , en août 1987,n'ayant été autorisé à recevoir des visites de sa femme et de son fils qu'à partir de 1969.
Contrairement à certains,je ne cherche pas mes sources "entre les lignes", mais sur les écrits de l'auteur de MK.
La doctrine d'Adolf Hitler (Editions Albin Michel,juillet 1942)
La conquête de terres nouvelles, seule voie de salut pour l'Allemagne.
Reste donc un seul moyen d'assurer l'avenir de l'Allemagne: la conquête. Et cette conquête ne doit s'effectuer ni en Afrique, ni en Amérique, ni en Asie, mais en Europe. Pareille entreprise exige avant tout de la résolution. " Il ne s'agit pas, déclare Hitler, de procéder par demi-mesures, car cette tâche réclame une volonté indomptable, une énergie inflexible, qui se dépense sans compter. Toute la politique du Reich doit s'orienter exclusivement vers ce but. Aucune démarche ne devra être inspirée par des considérations étrangères à l'exécution de ce plan."
Si le gouvernement impérial avait clairement comprit ces choses, il aurait également compris que c'était à l'est, autrement dit dans les régions placées sous la domination du tsar de Russie, que l'Allemagne pouvait trouver les terres dont elle a besoin. " Si l'Allemagne avait assumé en 1904 la même attitude que le Japon , écrit Hitler, qui semble envisager déjà une action concertée de Berlin et de Tokio contre la Russie, tout le sang répandu pendant la guerre mondiale aurait été épargné, et la position de l'Allemagne aurait été assurée pendant des siècles." Mais une telle politique exige d'abord une attitude réaliste à l'égard du principe des frontières.Celles-ci ne sont pas intangibles, " car la nature ne connaît pas de frontières politiques. Elle engendre la vie, la lance dans le monde et la regarde se débrouiller. Dieu a créé l'homme.Il a créé des nations, c'est-à-dire des groupements humains, liés par la communauté du sang, de la langue et des moeurs. Il n'a créé ni les Etats ni les frontières. Celles-ci sont une création des hommes, et ce que les hommes ont créé, d'autres hommes peuvent le défaire.
Le choix décisif: l'Angleterre ou la Russie ?
L'Allemagne devait ensuite choisir judicieusement ses alliés. Il fallait renoncer délibérément à l'alliance absurde avec l'Autriche et s'allier avec l'Angleterre, alors l'ennemie de la Russie. " Il eût fallu pour cela renoncer à l'expansion économique, à la politique maritime et coloniale qui inquiètait l'Angleterre, mais ce sacrifice eût été amplement compensé par le formidable accroissement de notre puissance sur le continent." Faute de n'avoir pas su choisir entre l'Angleterre et la Russie, l'Allemagne a eu la maladresse de se mettre à la fois ces deux puissances à dos.Ainsi le conflit qui allait s'engager ne pouvait, à moins d'un miracle, se terminer en sa faveur.
.../...
Dernière édition par Spartacus le Mar 4 Juin - 10:28, édité 1 fois
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:17
HITLER SAVAIT-IL ?
+ La thèse officielle.
R.Hess a-t-il agi seul ou avec l'assentiment du Chancelier ? S'appuyant entre autres sur les communiqués de presse allemands de l'époque,sur certains documents et sur des témoignages d'après-guerre, l'histoire officielle privilégie la première hypothèse.
Le témoignage de Hildegard Fath.
A Nuremberg,ainsi,son avocat,Me Alfred Seidl,déclara: "Personne ne savait rien de ce vol,sauf son ancien aide de camp,Hitsch. Le Führer lui-même ne fut informé du vol et des intentions de Hess que par une lettre qui lui fut remise après son atterrissage en Angleterre." (TMI,X,9)
Cette lettre ne fut pas produite pendant le procès et, à ma connaissance,ne l'a jamais été nulle part. L'avocat s'appuyait sur le témoignage de Hildegard Fath qui avait été la secrétaire personnelle de R.Hess pendant plus de 7 ans (octobre 1933 à mai 1941).(TMI,XIX,411.Dans sa plaidoirie prononcée le 25 juillet 1946, Me Seidl,s'appuya sur le contenu de la lettre en se référant aux déclarations de H.Fath.
Dans une déclaration sous serment rédigée à Nuremberg,elle avait précisé: M.Hess,au moment de son départ en avion pour l'Angleterre,laissa une lettre qui devait être remise au Führer,après qu'il eût atterri en Angleterre. J'ai lu une copie de cette lettre,elle commençait à peu près en ces termes:
"Mon Führer,quand vous recevrez cette lettre je serai en Angleterre"
Je ne me souviens plus du texte exact de cette lettre,mais Hess y parlait principalement des propositions qu'il voulait soumettre à l'Angleterre, en vue de conclure la paix.. (Voy.doc.Hess-13,publié dans TMI,XL,278-9. Voy.aussi TMI,IX,731 (traduction française du document Hess-15).
Le compte rendu d'un entretien avec le duc d'Hamilton.
De nombreux documents confirment la teneur de ce témoignage. Je citerai tout d'abord le compte rendu de son entrevue avec le duc d'Hamilton, le 11 mai 1941 (compte rendu rédigé par le duc lui-même). A aucun moment,R.Hess ne prétendit avoir été envoyé par Hitler ou avec son assentiment.Pourtant,il lui raconta avec un certain nombre de détails la genèse de sa mission.La phrase la plus importante me paraît être celle-ci: "Il (R.Hess) poursuivit en disant qu'il était en mission humanitaire et que le Führer ne voulait pas battre l'Angleterre et (qu'il) désirait mettre un terme au combat (He went on to say that he was on mission of humanity and that the Führer did not want to defeat England and wished to stop fighting) (Voy.doc.M-116,reproduit dans TMI,XXXVIII,174-6).
Si,vraiment,l'homme avait été envoyé par le Führer,il l'aurait dit clairement, afin de donner du crédit à sa "mission". Je souligne d'ailleurs que le lendemain,lors de son entretien avec Ivone Kirkpatrick, spécialiste de l'Allemagne auprès du ministère des Affaires étrangères,R.Hess déclara qu'il "était venu ici à l'insu de Hitler" (he had come here without the knowledge of Hitler) (Voy.le "Rapport d'une entrevue avec M.Rudolf Hess (13 mai) par Kirkpatrick).
Par la suite,jamais il ne démentit son propos. (Voy.les autres comptes rendus des deux autres entretiens entre R.Hess et Kirkpatrick,produits à Nuremberg sous les cotes M-117 et M-118 et consultables dans TMI,XXXVIII,177-182).
Le compte rendu d'un entretien avec Lord Simon.
Je citerai également le compte rendu de l'entretien,le 10 juin 1941, entre R.Hess et Lord Simon.Soucieux d'éclairer la genèse de sa mission, l'émissaire de paix expliqua: "L'idée me vint en juin de l'année dernière,pendant la campagne de France, alors que j'étais auprès du Führer. A la fin de la campagne de France,le Führer fit son offre (de paix) à l'Angleterre. Comme on le sait,cette offre fut repoussée,ce qui confirma d'autant plus ma résolution de mettre mon plan (meinen Plan) à exécution,étant donné les circonstances présentes.(Longue pause).Survint,très peu de temps après, la guerre aérienne entre l'Allemagne et l'Angleterre qui,dans l'ensemble, causa,en fin de compte,plus de dommages à l'Angleterre qu'à l'Allemagne. J'eus alors l'impression que l'Angleterre ne pourrait plus céder sans perdre considérablement son prestige,et c'est pourquoi je me suis dit à moi-même: "Je dois plus que jamais maintenant mettre mon plan à exécution (muss ich jetzt erst recht meinen Plan verwirklichen),car si j'étais en Angleterre,ce pays aurait l'occasion d'entreprende des négociations avec l'Allemagne sans perdre son prestige." (Voy.le document.Hess-15,pp.3 et 4.Publié (avec coupures) dans TMI,XL,279-292.Voy.également TMI,X,10-11.).
R.Hess parlait bien de son plan ("meinen Plan"),sans insinuer une seule fois que Hitler en aurait été préalablement informé.
Les propos de J.von Ribbentrop.
Du côté allemand,je citerai le compte rendu de l'entretien qui eut lieu le 13 mai 1941 entre Joachim von Ribbentrop et Bénito Mussolini.On lit: "Le ministre des Affaires étrangères du Reich déclara alors que le Führer l'avait envoyé au Duce afin de le mettre au courant de l'affaire Hess. A propos de l'affaire Hess,il remarqua que le Führer et ses collaborateurs avaient été stupéfaits du geste de Hess.C'est l'acte d'un fou. (Es handelt sich um die Tat eines Wahnsinnigen). (Voy.doc.PS-1866,publié dans TMI,XXIX,29-40,l'extrait traduit se trouve p.29. A Nuremberg,l'Accusation l'a cité en le traduisant très approximativement: voy. TMI,VII,150-1:voy.également Nazi Conspiracy and Aggression, Vol.IV (Office of the United States Chief Counsel for Prosecution of Axis Criminality Washington,DC:United States Government Printing Office, 1946,doc.1866-PS.
LA CONTRE-THESE.
Certains pourront me répondre que,prisonnier des Britanniques,l'émissaire de paix mentait afin de cacher la stratégie allemande et que,face à B.Mussolini, J.von Ribbentrop cachait la vérité afin de tranquilliser les Italiens. C'est possible,mais cela ne suffit pas pour affirmer que Hitler aurait été mis au courant.Pour l'affirmer,il faut des éléments concrets.
L'article paru dans l'American Mercury.
On pourra invoquer un curieux article paru en mai 1943 dans l'American Mercury et intitulé:"The Inside Story of the Hess Flight" (Les dessous du vol de Hess). L'historien Mark Weber semble lui accorder un certain crédit.Ce n'est pas mon cas. Certes,cette histoire de négociations secrètes entre Allemands et Britanniques avec un R.Hess choisi par Hitler pour être son envoyé peut paraître plausible, mais l'auteur avait bâti son récit sans apporter le moindre commencement de preuve.
Les arguments du fils de R.Hess.
J'ajoute que dans son étude déjà citée par ailleurs,W.R.Hess n'en parle pas. A l'appui de la thèse selon laquelle son père aurait agi avec l'accord du Führer, il invoque cinq éléments:
1) - un entretien sans témoin entre les deux personnages "quelques jours" avant le 10 mai 1941:la conversation aurait parfois été vive et au moment de se séparer le Führer aurait dit à son dauphin: "Hess,vous êtes vraiment têtu",
2) - les relations entre Hitler et Hess:elles étaient "si étroites et intimes qu'on peut logiquement en déduire que Hess n'aurait pas pris une si importante initiative en pleine guerre sans en avoir tout d'abord informé Hitler",
3) - le sort de la famille Hess après le 10 mai 1941:bien que les adjudants et les secrétaires de R.Hess aient été emprisonnés après son vol,Hitler intervint pour que la famille de son dauphin soit protégée et qu'une pension soit versée à son épouse.De plus,en octobre 1941,il envoya un télégramme de condoléances à la mère de R.Hess dont l'époux venait de mourir,
4) - deux lettres rendues publiques en 1992 par les Britanniques: R.Hess les avaient écrites le 14 juin 1941,trois jours avant de tenter de se suicider. L'une à l'intention de sa famille,la deuxième à l'intention du Führer. "Les deux confirment que ses relations étroites avec Hitler existaient encore. S'il avait entrepris sa mission (dont il était désormais évident qu'elle avait échoué) sans en avoir tout d'abord informé Hitler,ses relations avec Hitler n'auraient évidemment plus pu être fondées sur la confiance",
5) - Le confident de Hess,le Gauleiter Ernst Bohle,qui l'avait aidé à traduire des documents en anglais: "jusqu'à sa mort,il resta convaincu que tout cela avait été réalisé avec la connaissance et l'approbation d'Hitler". (Voy.Wolf Rüdiger Hess "The Life and Death of My Father,Rudolf Hess").
Personnellement,je ne trouve ni dans ces faits,ni dans ces déductions une quelconque preuve solide en faveur de la thèse soutenue par W.R.Hess.
..../...
Dernière édition par Spartacus le Mar 4 Juin - 10:29, édité 1 fois
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:19
La thèse de Pierre Fontaine.
Quant à la thèse de Pierre Fontaine selon laquelle Hitler aurait donné R.Hess comme otage "garantissant l'exécution des promesses faites par Hitler à Londres dans le cas d'une victoire des troupes allemandes en Union soviétique", (voy.P.Fontaine,Une main cachée tue pour le pétrole. La guerre secrète du pétrole (Collection LIES,sd),p.97. je ne m'y attarderai pas,s'agissant d'un échaufaudage intellectuel de type complotiste sans aucun fondement.Ignorant visiblement tout du dossier, l'auteur écrit par exemple: "A Nuremberg,Hess se défendit d'avoir agi avec l'accord de Hitler. Défense compréhensible de la part d'un homme qui joue sa tête dans un climat de haine,les principaux acteurs étant morts,la contradiction n'est pas à craindre et il est normal que le survivant essaie de tirer à lui la couverture des sentiments nobles. (Ibid.,p.91) Les silences bilatéraux du procès de Nuremberg secrètent-ils une entente tacite ? Mutisme de l'accusé (qui acceptera d'être reconnu faible mentalement) contre la vie sauve ? C'est vraisemblable. ( Ibid.,p.92).
A cela je répondrai que:
- comme on le verra plus loin,R.Hess ne se défendit pas devant le tribunal auquel il déniait le droit de le juger,s'il laissa son avocat répondre à certaines des accusations portées contre lui,ce fut uniquement dans un souci de vérité historique.
- R.Hess ne craignait pas la mort.Dans sa déclaration finale (voir plus loin), il se déclara prêt à recommencer même s'il savait qu'un bûcher lui était réservé. J'ajoute que lors de sa détention en Angleterre,il commit deux tentatives de suicide,dont une blessure infligée près du coeur à l'aide d'un canif(TMI,I,171). Quant à affirmer qu'il aurait accepté un pareil marché,c'est mal connaître sa droiture.
- loin d'accepter d'être reconnu faible mentalement,R.Hess fit au contraire des réponses censées à l'équipe médicale qui l'examina en novembre 1945. Le rapport médical précise: Psychologiquement,Hess est tout à fait conscient.Il répond rapidement en ne s'écartant pas du sujet,aux questions qui lui sont posées. Il parle d'une façon cohérente,ses pensées sont claires et précises et sont accompagnées de gestes expressifs.De même,il ne présente aucune manifestation de paralogisme.Il doit être noté que le présent examen mental (...) prouve que l'intelligence de Hess est normale et dans certains cas au-dessus de la moyenne.Ses mouvements sont naturels et non forcés. (voy.l'annexe II du "Rapport de la Commission désignée pour examiner l'accusé Rudolf Hess",reproduite dans TMI,I,169-175,l'extrait cité se trouve p.172.
Plus loin,P.Fontaine prétend que R.Hess n'était pas venu négocier"les mains vides" (Ibid,.p.103),il venait avec la promesse qu'en cas de guerre victorieuse contre l'URSS,l'Allemagne céderait aux Britanniques les champs pétrolifères du Caucase.Mais rien ne vient prouver cette allégation,les comptes rendus des conversations qu'eut R.Hess avec des personnalités britanniques attestent que jamais il n'évoqua la promesse d'un "présent pétrolier". La thèse soutenue par P.Fontaine ne s'appuie sur rien de solide.
HESS A AGI CONFORMEMENT AUX DESIRS DE HITLER.
Voilà pourquoi jusqu'à plus ample information,je reste persuadé que R.Hess a agi seul, sans en avoir auparavant averti le Führer.Mais cela n'a finalement aucune importance, car avec ou sans approbation,R.Hess savait qu'il agissait conformément aux désirs profonds de Hitler,celui-ci ayant toujours recherché la paix avec les démocraties occidentales.
Le discours du 6 octobre 1939.
Je rappelle par exemple qu'après l'écrasement de la Pologne,le chancelier allemand tendit la main à la France et à l'Angleterre pour que cesse un conflit désormais dénué de sens et pour qu'une véritable collaboration internationale s'instaure en Europe.
(Hitler prononce son discours de paix le 6 octobre 1939)
Le 6 octobre 1939,à la tribune du Reichstag,il déclara: "(...) je crois qu'il est de mon devoir de parler ici,même au risque d'apprendre que les instigateurs ne voient dans mon discours que l'expression de ma peur et un symptôme du degré de mon désespoir. Pourquoi la guerre dit-elle maintenant avoir lieu à l'Ouest ? Pour la reconstitution de la Pologne ? La Pologne du Traité de Versailles ne ressuscitera jamais. Cela,ce sont deux des plus grands Etats de la Terre qui le garantissent. L'organisation définitive de cet espace,la question de la restauration d'un Etat polonais sont des problèmes qui ne seront pas résolus par la guerre à l'Ouest,mais exclusivement par la Russie dans un cas,et par l'Allemagne dans l'autre. On sait d'ailleurs très exactement que ce serait une aberration que d'anéantir des millions de vies humaines et de détruire des centaines de milliards de valeurs pour réédifier peut-être une construction qui avait déjà été,au temps de sa formation,qualifiés d'avortement par tous les non-polonais. Quelle serait donc autrement la raison ? L'Allemagne n'a posé à l'Angleterre aucune revendication qui puisse menacer l'Empire colonial britannique ou remettre son existence en question.Non, au contraire. Ni à la France,ni à l'Angleterre,l'Allemagne n'a adressé de pareille revendication. Mais cette guerre doit-elle être réellement faite pour donner un nouveau régime à l'Allemagne,c'est-à-dire pour détruire le Reich actuel et pour refaire un nouveau Versailles,alors des millions d'hommes seront inutilement sacrifiés,parce que, ni le Reich allemand ne sera détruit,ni un second Versailles ne sortira de cette guerre. Non,cette guerre à l'Ouest ne règle aucun problème,à part les finances malades de quelques marchands de canons et propriétaires de journaux ou de quelques autres profiteurs de guerre internationaux. Deux problèmes sont aujourd'hui en discussion:
1) Le règlement des questions résultant de la dissolution de la Pologne,et
2) Le problème de la suppression des craintes internationales qui rendent plus difficile la vie politique et économique des peuples.
Quels sont donc maintenant les buts du gouvernement du Reich en ce qui concerne l'ordre à créer dans le territoire qui est reconnu comme sphère d'influence allemande à l'Ouest de la ligne de démarcation germano-russe ?
1) L'établissement d'une frontière du Reich correspondant aux conditions historiques, ethnographiques et économiques.
2) L'aménagement de la totalité de l'espace vital sur la base des nationalités, c'est-à-dire:une solution de ces questions de minorités qui ne concernent pas seulement ce territoire mais (...) presque tous les Etats du sud-est de l'Europe.
3) Corrélativement:l'essai d'une solution et d'un règlement du problème juif.
4) La restauration de la vie économique et des transports pour le profit de tous les habitants de ce territoire.
5) La garantie de la sécurité de tout ce territoire et
6) La constitution d'un Etat polonais offrant dans sa structure et dans sa direction la garantie de ne pouvoir devenir ni un nouveau foyer d'incendie pour le Reich allemand ni un centre d'intrigues contre l'Allemagne et la Russie. De plus,on doit s'efforcer immédiatement de faire disparaître les conséquences de la guerre,ou tout au moins de les atténuer,c'est-à-dire d'adoucir les très grands maux d'à-présent par une assistance pratique. Ainsi que je l'ai déjà souligné,de telles tâches peuvent bien se discuter autour d'une table de conférence,mais elles ne peuvent jamais y être résolues. Si l'Europe tient,en somme,au calme et à la paix,les Etats européens devraient être reconnaissants à l'Allemagne et à la Russie de faire désormais de ce foyer de troubles une zone de développement pacifique et de voir ces deux pays en assumer la responsabilité et accepter aussi les sacrifices que cela comporte. Mais la deuxième des tâches à accomplir,et à mes yeux la plus importante, est de faire régner non seulement la conviction mais aussi le sentiment d'une sécurité européenne.Pour cela,il est nécessaire que:
1) La lumière absolue soit faite sur les buts de la politique extérieure des Etats européens.En ce qui concerne l'Allemagne,le gouvernement du Reich est disposé à donner des éclaircissements absolument complets sur ses intentions de politique extérieure.Il met au premier plan de cette déclaration la constatation que le Traité de Versailles n'existe plus à ses yeux. La revendication des colonies se fonde non seulement sur notre droit historique aux anciennes colonies allemandes mais surtout sur le droit élémentaire à une participation aux sources de matières premières du globe. Cette revendication n'est pas un ultimatum,elle n'est pas non plus une exigence appuyée par la force,mais au contraire une exigence de justice politique et de bon sens économique.
2) L'exigence d'une prospérité véritable de l'économie internationale,en liaison avec l'augmentation du commerce et des échanges,présuppose la remise en ordre des économies intérieures,c'est-à-dire des productions au sein des divers Etats. Mais pour faciliter l'échange de ces productions,il faut en venir à une réorganisation des marchés et à un règlement définitif des monnaies,afin de déblayer peu à peu les obstacles qui s'opposent à la liberté du commerce.
3) Mais la condition nécessaire et préalable la plus importante d'une réelle prospérité de l'économie européenne et également de l'économie extra-européenne est l'établissement d'une paix absolument garantie et du sentiment de sécurité des divers peuples.Cette sécurité sera rendue possible surtout par une réduction des armements à un niveau raisonnable et économiquement supportable. Ce sentiment nécessaire de sécurité implique avant tout un règlement de l'applicabilité et du domaine d'utilisation de certaines armes modernes qui sont capables de pénétrer en tout temps jusqu'au coeur de chaque pays et qui de ce fait font règner un sentiment constant d'inquiètude. J'ai déjà fait des propositions en ce sens dans mes discours précédents au Reichstag. Elles ont été vouées à un refus,sans doute du fait qu'elles provenaient de moi. Je continue toutefois à croire que le sentiment de la sécurité nationale ne reparaîtra en Europe que si,dans ce domaine,des obligations internationales nettes et créant un lien de droit auront largement défini les concepts du recours aux armes permises et interdites. De même que la Convention de Genève est arrivée jadis,du moins dans les Etats civilisés,à prohiber la mise à mort des blessés,les mauvais traitements à l'égard des prisonniers,les actes de guerre contre les non-combattants,etc,et de même qu'on a réussi au cours des temps à obtenir l'observation universelle de cette prohibition,de même l'on doit pouvoir aboutir à définir l'emploi de l'arme de l'air, celui des gaz,etc,des sous-marins et également les concepts de la contrebande, de telle manière que la guerre (n'ait plus) son odieux caractère de lutte contre les femmes et les enfants et,de façon générale,contre les non-combattants. Je me suis efforcé,dans cette guerre avec la Pologne,de limiter l'emploi de l'arme aérienne aux objectifs importants au point de vue militaire ou de n'y faire appel qu'en cas de résistance active sur un point déterminé. En liaison avec la Croix-Rouge,il doit être possible de dégager une réglementation internationale de principes universels. C'est dans ces conditions seulement que la paix pourra revenir,notamment sur notre continent peuplé de façon si dense,une paix qui,exempte de méfiance et d'angoisse pourra être la condition préliminaire d'une prospérité véritable, également dans la vie économique. Je crois qu'il n'y a pas d'homme d'Etat européen soucieux de ses responsabilités qui ne désire de tout son coeur que son peuple fleurisse. Mais ce voeu ne saurait se réaliser que dans le cadre d'une collaboration générale des nations de ce continent.Aussi le but de tout homme luttant sincèrement pour l'avenir de sa propre nation ne peut-il être que d'assurer cette collaboration. En vue d'atteindre ce noble résultat,il faudra bien un jour que les grandes nations de ce continent délibèrent ensemble pour élaborer,adopter et garantir dans une réglementation exhaustive un statut leur donnant à toutes un sentiment de sécurité,de tranquilité et,pourtant,de paix. Il est impossible que pareille conférence se réunisse sans les travaux préalables les plus approfondis,c'est-à-dire sans avoir tiré au clair les points de détail, et surtout sans élaboration préparatoire. Mais il est tout aussi impossible que cette conférence appelée à fixer pour des décennies les destinées précisément de ce continent,puisse travailler sous le grondement des canons ou même,tout simplement,sous la pression d'armées mobilisées.Et s'il faut tôt ou tard résoudre ces problèmes,il serait plus raisonnable de s'attacher à leur solution avant que des millions d'hommes ne soient de nouveau sacrifiés sans but et des valeurs représentant des milliards détruites sans résultat. On ne saurait concevoir le maintien de l'état actuel des choses à l'Ouest. Chaque jour exigera bientôt un nombre croissant de victimes. Il arrivera un moment ou pour la première fois la France bombardera et démolira peut-être Sarrebruck.Comme représailles,l'artillerie allemande détruira Mulhouse. En manière de vengeance,la France prendra à son tour Karlsruhe sous le feu de ses canons et l'Allemagne,de son côté,usera de réciprocité à Strasbourg. Alors l'artillerie française tirera sur Fribourg et l'artillerie allemande sur Colmar ou Sélestat.Puis l'on disposera de pièces à plus longue portée et de part et d'autre la destruction s'étendra de plus en plus et ce que,finalement, l'artillerie à grande puissance ne pourra plus atteindre,sera anéanti par les aviateurs. Le jeu sera très intéressant pour un certain journalisme international et éminemment utile aux fabricants d'avions,d'armes,de munitions,etc, mais épouvantable pour les victimes. Cette lutte impitoyable ne se déroulera d'ailleurs pas seulement sur Terre. Car elle s'étendra plus loin,sur la mer.Il n'y a plus d'îles aujourd'hui. Et les fortunes nationales d'Europe seront gaspillées en obus tandis que les forces de peuples se consumeront sur les champs de bataille dans les flots de sang. Er cependant,un beau jour,il y aura de nouveau une frontière entre l'Allemagne et la France,seulement au lieu de villes florissantes ce seront des champs de ruines et des cimetières à n'en plus finir qui s'étendront tout au long. Il se peut que MM.Churchill et consorts interprètent tout bonnement ma manière de voir comme une preuve de faiblesse ou de lâcheté. Je n'ai pas à m'occuper de ce qu'ils pensent. Je ne fais ces déclarations que parce que je veux tout naturellement épargner ces souffrances aussi à mon peuple. Toutefois,si le point de vue de M.Churchill et de sa clique devait l'emporter, la déclaration que je fais aurait été la dernière.Nous lutterons alors. Ni la force des armes,ni le temps ne feront fléchir l'Allemagne. Il n'y aura plus de novembre 1918 dans l'histoire allemande. Il est puéril d'espérer une dissolution de notre peuple.M.Churchill est convaincu que la Grande-Bretagne vaincra.Quant à moi,je ne doute pas une seule seconde que c'est l'Allemagne qui remportera la victoire. Au destin de décider qui a raison.Il y a toutefois une chose certaine: on n'a jamais vu deux peuples sortir l'un et l'autre vainqueurs d'une guerre. L'histoire du monde a,en revanche,très souvent constaté qu'il n'y avait que des vaincus. Il me semble que tel a déjà été le cas dans la dernière guerre. C'est aux peuples et aux dirigeants des peuples qui partagent ma manière de voir qu'il incombe de prendre la parole. Et que ceux qui croient être forces de voir dans la guerre la solution la meilleure, repoussent la main que je leur tends ! Comme Führer du peuple allemand et en tant que chancelier du Reich, je ne puis en ce moment que remercier le Seigneur de nous avoir si miraculeusement accordé ses bénédictions dans la lutte terrible que nous avons soutenue pour notre droit et prier de nous permettre ainsi qu'à tous les autres de trouver la voie qui conduira non seulement le peuple allemand mais encore l'Europe entière à une nouvelle et bienfaisante ère de paix." (voy.Akten Zur Deutschen Auswärtigen Politik,1918-1945, série D.1937-1945,Band VIII (P.Keppler Verlag KG,1961),pièce 205,pp.177-180. Pour une traduction en français,voy.le tract diffusé par les autorités allemandes sous l'Occupation et consultable à la BDIC sous la cote:4e 128Res/265.
Cette offre de paix fut repoussée par l'Angleterre (qui lui avait opposé par avance une fin de non-recevoir) puis par la France (le président du Conseil Edouard Daladier,tout d'abord hésitant,ayant été retourné par les bellicistes). Je n'y reviendrai donc pas ici,me contentant de souligner que si Hitler avait eu le sentiment de tenir enfin sa guerre pour prendre sa revanche contre les vainqueurs de 1918,ce discours se serait révélé non seulement insensé,mais aussi très dangereux,car en face, on pouvait le prendre au mot.
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:21
Le témoignage du général Milch.
(Le général Erhard Milch.A Nuremberg,il déclara que Hitler avait attendu l'échec de son "offensive de paix" du 6 octobre pour constituer des réserves de bombes.)
Un autre élément démontre la bonne foi de Hitler. En mai 1939 puis à la fin de l'été,le général Milch avait appelé son attention sur les faibles réserves de bombes dont disposait la Luftwaffe. Le Führer n'y avait donné aucune suite.Il fallut attendre le 12 octobre 1939 pour que celui-ci déclare: "Mes tentatives en vue de maintenir la paix avec l'Ouest après la campagne de Pologne ont échoué.La guerre continue. Maintenant,nous pouvons et nous devons fabriquer des bombes." (Voy.la déposition du général Erhard Milch à Nuremberg:TMI,IX,58-9.)
W.Churchill le belliciste.
J'ajoute que malgré les réactions très négatives de ses ennemis,Hitler ne désarma pas.Pendant le premier semestre de l'année 1940,l'Allemagne lança officieusement des appels de paix en direction de la Grande-Bretagne. S'ils restèrent sans écho,c'est parce que W.Churchill voulait poursuivre la lutte,non pour l'indépendance de la Pologne,mais pour détruire le régime national-socialiste.Le 11 juin 1940,au Conseil suprême tenu près de Briare, le premier Ministre britannique jeta le masque.Repoussant toute possibilité de paix malgré la défaite de la France,il lança: "Même si l'Allemagne parvient à occuper la France tout entière(...)les Alliés conservent en fin de compte,les moyens de vaincre et de détruire le régime national-socialiste." (Voy.Maxime Weygand,Rappelé au service (éd.Flammarion,1950,appendice VI: "Procès verbal de la séance du Conseil suprême tenu au château du Muguet, près de Briare,le 11 juin 1940" (reproduction in extenso) p.596.
L'aveu était énorme.L'indépendance de la Pologne,il n'en était plus question (on le verra d'ailleurs en 1945,lorsque ce pays sera purement et simplement abandonné à Staline...). La protection des petites nations n'avait été qu'un prétexte. Pour les bellicistes britanniques,l'objectif réel était la destruction du IIIè Reich, incarnation d'une révolution nationale et authentiquement sociale.
W.Churchill persiste et signe.
Neuf jours plus tard,W.Churchill confirma son jusqu'auboutisme. Le 20 juin,il fut averti que l'ambassadeur britannique à Washington avait confidentiellement demandé à son homologue allemand quels seraient les termes d'une paix proposée par l'Allemagne. Aussitôt,il envoya le message suivant à son ministre des Affaires étrangères: "Votre ambassadeur à Washington a interdiction stricte d'entretenir d'autres contacts avec l'ambassadeur allemand,même indirectement." ("Your ambassador in Washington is strictly forbidden to have any further contacts with the German ambassador,even indirectly"
L'Allemagne voulait la paix.
Or,il faut savoir que la veille,J.von Ribbentrop avait eu un entretien avec son homologue italien,le comte Galeazzo Ciano.Dans son Journal, celui-ci raconte: Je trouve un Ribbentrop transformé:pondéré,calme,pacifiste.Il déclare d'emblée qu'il convient de faire des conditions d'armistice modérées à la France (...). Les paroles de Ribbentrop me font sentir que la Stimmung envers l'Angleterre est changée:si Londres veut la guerre,ce sera une guerre totale,absolue, sans pitié.Mais Hitler fait de nombreuses réserves sur l'opportunité de détruire l'empire britannique qu'il considère aujourd'hui comme un facteur important de l'équilibre mondial. Je pose à Ribbentrop une question précise: "Préférez-vous la continuation de la guerre ou de la paix ?" Il n'hésite pas un instant:"La paix". (Voy.comte G.Ciano,Journal politique,1939-1943 (éd.de la Baconnière,1946), t.I,p.265.
On ne le répétera jamais assez en 1939 et 1940,c'est W.Churchill et sa clique belliciste qui voulaient la guerre. L'Allemagne,pour sa part,voulait la paix avec les démocraties occidentales. Elle n'avait aucun intérêt à étendre la guerre. A Nuremberg,d'ailleurs,J.von Ribbentrop déclara: "Je voudrais dire qu'après mes conversations avec Hitler,et je suis convaincu que les militaires étaient du même avis,Hitler ne voulait en aucun cas étendre la guerre où que ce fût." (TMI,X,290).
(Le ministre des Affaires étrangères de Hitler,J.von Ribbentrop. Jusqu'au bout,il travailla pour la paix).
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:24
LE DANGER BOLCHEVIQUE SE PRECISE.
Cette volonté de paix à l'Ouest se renforça à partir de l'hiver 1940-1941, lorsque l'attitude de l'URSS devint suspecte aux yeux des Allemands. L'invasion éclair par l'Armée rouge de la Bessarabie et de la Bucovine du nord ainsi que l'occupation des Pays baltes "remplirent le Führer d'une certaine inquiètude",précisa plus tard J.von Ribbentrop (Ibid.,p.305). "Nous recevions de plus en plus fréquemment des rapports sur les mouvements de troupes"(Ibid.,p.307). Plus grave:le 5 avril 1941,Staline conclut un pacte de non-agression et d'amitié avec le nouveau gouvernement yougoslave pro-allié de Pierre II,un gouvernement mis en place après le coup d'Etat qui,le 27 mars,avait renversé le prince Paul, favorable aux forces de l'Axe et signataire du pacte tripartite. A Nuremberg,J.von Ribbentrop expliqua: "Cela eut pour résultat de confirmer le Führer dans l'opinion que la Russie était en train de s'éloigner de la politique adoptée par elle en 1939. Il considérait cela comme un affront,ce sont ses propres paroles,car,disait-il, il avait conclu un pacte avec l'autre gouvernement et maintenant la Russie en concluait un avec le gouvernement qui était nettement hostile à l'Allemagne." (Ibid.,p.306).
Afin de parer le danger et,surtout,d'aider les Italiens tenus en échec en Albanie, le 6 avril 1941,Hitler donna l'ordre à ses troupes d'envahir et de traverser la Yougoslavie.L'opération réussit,mais il va de soi qu'à partir de ce jour, l'éventualité d'une guerre avec l'URSS devint de plus en plus certaine. Pour une Allemagne soucieuse d'éviter une lutte sur deux fronts,il n'y avait désormais que deux possibilités:
1) Signer la paix à l'Ouest (puisque l'Angleterre n'avait pu être vaincue),
2) Ou attaquer préventivement à l'Est dans l'espoir d'écraser l'Union soviétique avant que les U.S.A. ne soient prêts à la lutte. Il est fort probable qu'à cette époque,Hitler,qui avait déjà essuyé plusieurs refus des Britanniques,n'ait plus cru en la possibilité d'amener W.Churchill à la raison. A Nuremberg,J.von Ribbentrop déclara: "Le Führer était gravement préoccupé par le fait que,tôt ou tard,la Russie d'un côté et les Etats-Unis avec l'Angleterre de l'autre,se dresseraient contre l'Allemagne,il devait donc s'attendre d'une part,à une attaque de la Russie et, d'autre part,à une attaque combinée des Etats-Unis et de l'Angleterre,ce qui se traduirait par une attaque de grande envergure à l'Ouest. Toutes ces considérations firent que le Führer,après réflexion,décida de faire lui-même le premier pas et de déclencher une guerre préventive contre la Russie." (Ibid.,pp.307 )
Hess a agi conformément aux intérêts de Hitler.
Hitler avait donc choisi l'option à prendre.Mais comme très souvent, sa décision était dictée par les circonstances du moment. Le Führer avait toujours voulu s'entendre avec la Grande-Bretagne et, à cette heure tragique,il aurait certainement voulu parvenir avec elle à un accord. Dès lors,même si R.Hess ignorait qu'une invasion de l'Union soviétique était imminente,ce fut la thèse adoptée par son avocat à Nuremberg +, en s'envolant vers l'Ecosse,il savait qu'il agissait conformément aux désirs profonds de son chef.
+ (Voy.TMI,XIX,411.Cette thèse se fonde sur un témoignage de Walter Funk le 19 octobre 1945 (PS-3952).En avril 1941,il aurait été approché par R.Hess qui voulait savoir s'il avait entendu parler de l'imminence d'une guerre contre l'URSS.Je n'ai toutefois pas pu me procurer ce document pour vérifier, car il paraît surprenant que R.Hess,qui était l'ami intime de Hitler, ne se soit pas adressé directement au Führer pour s'informer. En revanche,j'ai pu me procurer le résumé (non publié) de cet interrogatoire par le Lt Col.Murray Gurfein.D'après ce qu'écrit l'auteur,R.Hess était au courant de l'imminence d'une guerre,il avait questionné W.Funk pour savoir quelles seraient les conséquences économiques de ce conflit (voy."Interrogation of Funk,Walter",par l'Office of US Chief of Consel for Prosecution of Axis Criminality.Interrogation Division Summary,s.d.,5p.,pp.3-4). Je déduis de ce résumé que R.Hess connaissait les projets de Hitler.
HESS : MARTYR DE LA PAIX.
+ R.Hess dénie toute juridiction au TMI.
Sans surprise,le dauphin du Führer comparut au premier procès de Nuremberg. Parmi les 21 accusés présents,il fut le seul à adopter une stratégie de rupture, refusant de s'expliquer devant un tribunal auquel il déniait toute juridiction.
+ R.Hess refuse de s'expliquer.
Invité lors de la deuxième audience à déclarer s'il entendait "plaider coupable ou non-coupable",il se contenta de répondre un "Non" laconique, si bien que le Président dut préciser: "Cette réponse sera considérée comme une déclaration de non-culpabilité" (TMI,II,105). Plus tard,il confia à son avocat le soin de dire: "L'accusé Rudolf Hess conteste la juridiction du Tribunal dans la mesure où des crimes autres que des crimes de guerre proprement dits font l'objet de ce procès. Par contre,il assume la pleine responsabilité des lois et des décrets qu'il a signés. Il assume en outre la responsabilité de tous les ordres et de toutes les directives donnés par lui en sa qualité de représentant du Führer et de ministre du Reich. Pour ces raisons,il ne désire pas être défendu contre les accusations qui se rapportent aux affaires extérieures de l'Allemagne,Etat souverain. Il s'agit en particulier des relations entre l'Eglise et l'Etat et des questions analogues. Je ne présenterai donc que des preuves se rapportant à des questions à la clarification desquelles d'autres Etats peuvent avoir un véritable intérêt. Il s'agit,par exemple,de l'activité et de l'organisation à l'étranger de la NSDAP. En conséquence,on ne présentera des preuves au Tribunal que dans la mesure où elles seront nécessaires pour établir la vérité historique. Il s'agit,entre autres choses,des motifs qui ont décidé Rudolf Hess à s'envoler pour l'Angleterre et des buts en vue desquels il prit cette décision." (TMI,IX,729-30).
Le cynisme des vainqueurs.
Cette protestation ne servit à rien,car je rappelle qu'ayant créé une juridiction ex nihilo,les vainqueurs avaient pris soin,cynisme éhonté,de la déclarer irrécusable... L'article 3 du statut du TMI spécifiait: Ni le Tribunal,ni ses membres,ni leurs suppléants ne pourront être récusés par le Ministère public,par les accusés ou par ses défenseurs. (TMI,I,11).
Voilà pourquoi en réponse à l'avocat de R.Hess,le Président lança: "Docteur Seidl,si vous avez terminé avec vos remarques préliminaires (...) je pense qu'il est bon de vous signaler qu'il ne peut y avoir de place ici pour une contestation sur la compétence de ce Tribunal. L'article 3 prévoit que le Tribunal ne pourra être récusé ni par le Ministère public, ni par les accusés ou leurs avocats,et le Tribunal ne peut entendre aucun argument à ce sujet." (TMI,IX,730).
R.Hess fut donc jugé comme les autres.
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:27
LA THESE DE L'ACCUSATION.
R.Hess: un innocent évident.
(Rudolf Hess prisonnier à la prison de Nuremberg en 1945)
Notons que son cas aurait pu,aurait dû,poser un problème au Ministère public. En effet:
a) resté hors des cercles dirigeants militaires et n'ayant pas participé aux combats,il était évidemment innocent de tout "crime contre la paix" et de tout "crime de guerre",
b) prisonnier à partir de mai 1941,il n'avait pu se rendre complice de tous les crimes contre l'humanité commis (ou soi-disant commis) après cette date, je pense plus particulièrement au prétendu massacre des juifs d'Europe.
La thèse du "complot".
Celui qui avait été le dauphin du Führer allait-il alors échapper à la vengeance des vainqueurs ? Non,car afin de contourner ce genre de difficultés, le Ministère public invoqua une thèse bien commode,celle du complot. L'objectif,dévoilé par un avocat,était "d'enfermer (...) les accusés dans un cercle de responsabilité commune". (Voy.TMI,XIX,58:plaidoirie de Me Gustav Steinbauer,avocat de l'accusé Arthur Seyss-Inquart).
L'acte d'accusation était rédigé ainsi: Le parti nazi,les accusés et d'autres personnes associées à diverses reprises au parti nazi en tant que chefs,membres,partisans,ou adhérents (dénommés ci-après collectivement "conspirateurs nazis",avaient ou en sont arrivés à avoir pour buts et desseins d'obtenir par tous les moyens jugés opportuns, y compris des moyens illégaux et,en dernier ressort,la menace,l'emploi de la force, ou la guerre d'agression,les résultats suivants:
1. Abrogation et destruction du Traité de Versailles et des restrictions qu'il comportait quant à l'armement et à l'activité militaire de l'Allemagne.
2. Acquisition des territoires perdus par l'Allemagne à la suite de la guerre mondiale de 1914-1918,ainsi que d'autres territoires en Europe,dont les conspirateurs affirmaient qu'ils étaient occupés principalement par des prétendus "Allemands de race".
3. Acquisition encore en Europe continentale et ailleurs,aux dépens des pays voisins ou autres,de nouveaux territoires que les conspirateurs nazis réclamaient comme nécessaires aux "Allemands de race". (TMI,II,39-40).
Cet exposé reprenait finalement la thèse selon laquelle les "nazis" n'auraient eu dès le début qu'une seule volonté:venger à tout prix la défaite de 1918 en reprenant les territoires perdus et en en conquérant d'autres,y compris au moyen de la guerre d'agression.
Un nouveau chef d'accusation.
Je reviendrai plus loin sur la valeur de cette affirmation. Pour l'instant,je me contenterai de souligner ce qui suit: alors que le statut du TMI définissait trois types de crimes correspondant à trois chefs d'accusation, "crimes contre la Paix", "crimes de guerre" et "crimes contre l'Humanité" (TMI,I,12),l'acte d'accusation en ajoutait un quatrième,le plus important: "Plan concerté ou complot" (TMI,I,30, II,38).Il était défini ainsi: Tous les accusés,de concert avec diverses autres personnes,ont pendant un certain nombre d'années antérieurement au 8 mai 1945,participé en qualité de chefs,d'organisateurs,d'instigateurs ou de complices,à la conception ou à l'exécution d'un plan concerté ou complot ayant pour objet de commettre des crimes contre la Paix,des crimes de guerre ou des crimes contre l'Humanité, tels qu'ils sont définis dans le statut de ce Tribunal,ils sont,aux termes de ce statut,individuellement responsables de leurs propres actes et de tous les actes commis par des personnes quelconques dans l'exécution d'un tel plan et complot. (id.).
Référence:le Statut,article 6,spécialement article 6,a. (Un nouveau chef d'accusation qui permet de déclarer tout le monde coupable TMI,1,p.38)
Des condamnations automatiques.
La dernière phrase était capitale. Car en affirmant que les accusés étaient "responsables de leurs propres actes et de tous les actes commis par des personnes quelconques dans l'exécution d'un tel plan ou complot" ,tous pouvaient dès lors être reconnu coupables. C'était d'autant plus facile que le "parti nazi" ayant été déclaré "noyau central du complot" (TMI,I,31),ceux qui y avaient adhéré devenaient automatiquement impliqués.L'acte d'accusation l'expliquait clairement: Le parti nazi,avec certaines de ses organisations annexes,devint l'instrument de liaison entre les accusés et les co-auteurs de la conspiration,ainsi qu'un instrument pour la réalisation des buts et des desseins de leur complot. Chacun des accusés devint un membre du parti nazi et un co-auteur du complot,en pleine connaissance de ses buts et desseins ou bien,avec la même connaissance,il en devint le complice,au cours de l'une des phases du développement du complot. (TMI,I,31-2).
Dès lors,il n'était même plus nécessaire de prouver la culpabilité en démontrant, documents à l'appui,l'existence de crimes commis personnellement, la seule présence des accusés dans les hautes sphères allemandes à partir de 1933 suffisait. J'exagère ? Nullement.Le cas de R.Hess à Nuremberg en fournit une preuve éclatante.
UNE THESE APPLIQUEE A R.HESS.
L'acte d'accusation.
L'acte d'accusation contre lui fut exposé le 7 janvier 1946 par le substitut du procureur général britannique,le lieutenant-colonel Griffith-Jones. Celui-ci s'appuyait sur le travail préparatoire d'un certain K.E Lachmann, chargé de rédiger le "bref essai (sur) Hess"(Trial Brief:Hess). Alors qu'on s'attendait à découvrir une liste de crimes qu'il aurait commis entre 1933 et 1941,le procureur commença par retracer la vie du prévenu, rappelant toutes les fonctions qu'il avait occupées auprès de Hitler. Voici ce que l'on put entendre:
LIEUTENANT-COLONEL J.M.G. GRIFFITH-JONES (substitut du Procureur général britannique).
Plaise au Tribunal.Je suis chargé de présenter les preuves relatives à l'accusé Hess en ce qui concerne les chefs d'accusation n°1 et 2 ("plan concerté ou complot", "crimes contre la paix"). (...) Hess est né en 1894,il a maintenant 52 ans.Il a servi dans l'Armée allemande pendant l'autre guerre et a suivi en 1919 les cours à l'université de Munich. Il devint chef de l'organisation nazie de cette université et,en 1920,adhéra au parti nazi.Un des premiers membres des SA,il devint chef du corps de Police des étudiants. En 1923,il prit part au putsch de Munich,ce qui lui valut une condamnation à dix-huit mois de prison. Il purgea la moitié de sa peine dans la même cellule que Hitler. Je souligne le fait,parce que c'est pendant ces sept mois et demi de prison avec Hitler que ce dernier dicta Mein Kampf. C'est donc à ce moment que Hitler dicta Mein Kampf à l'accusé Hess. Passons maintenant aux postes qu'il a occupés:de 1925 à 1932, il fut secrétaire particulier et aide de camp de Hitler. En 1932,il devint président du Comité politique central du Parti,succédant à Gregor Strasser. En mars 1933,après l'avènement du parti nazi,il devint membre du Reichstag et, au mois d'avril de cette même année,il fut nommé adjoint du Führer,poste qu'il détint jusqu'en mai 1941,au moment de son voyage (sic) en Angleterre. (....) Le 1er décembre 1933,il fut nommé ministre du Reich sans portefeuille,fonction qu'il exerça légalement tout le temps qu'il resta en Allemagne. Ce fait figure au Reichsgesetzblatt,document PS-3178 (GB-248). Le 4 février 1938,il devint membre du Conseil du Cabinet secret,document PS-3189 (GB-249). Le 30 août 1939,il devint membre du Conseil des ministres pour la défense du Reich, document PS-2018 (GB-250). Le 1er septembre 1939,il fut désigné comme successeur du Führer après Göring, je vous rappelle que Göring était le successeur n°1 et pendant cette période il fut nommé Obergruppenführer dans les SS et dans les SA. Telle est la preuve formelle des fonctions qui lui sont reprochées dans l'Acte d'accusation.Un mot au sujet de l'autorité qui fut sienne dans l'exercice de ces fonctions.Le Tribunal se souviendra qu'en nommant Hess son délégué et son adjoint,le Führer s'exprimait ainsi dans le décret de nomination: "Je nomme Rudolf Hess mon adjoint et je lui donne tous pouvoirs de prendre des décisions en mon nom pour toutes matières afférentes à la direction du Parti."
On peut mesurer l'étendue de ses attributions en consultant l'Annuaire du Parti de 1941 auquel je renvoie le Tribunal,page 104 de son livre de documents, document PS-3163 (USA-255).Je cite: "Par décret du Führer du 21 avril 1933,le délégué du Führer a reçu pleins pouvoirs de prendre au nom de ce dernier "toutes décisions concernant la direction du Parti". Ainsi,le délégué du Führer est son représentant avec pleins pouvoirs sur toute la direction de la NSDAP.La fonction de délégué du Führer est par conséquent une fonction qui dérive de celui-ci. "C'est essentiellement le devoir du délégué du Führer de diriger la politique fondamentale du Parti,de donner des directives,de faire en sorte que tout le travail du Parti soit fait selon les principes nationaux-socialistes. "Toutes les branches de l'activité du Parti aboutissent au délégué du Führer. Il donne le dernier mot au nom du Parti dans tous projets à l'intérieur de ce dernier et dans toutes les questions vitales pour l'existence du peuple allemand. Le délégué du Führer donne les instructions requises pour toute activité du Parti afin de maintenir l'unité,le pouvoir de décision et le pouvoir d'exécution de la NSDAP, support de l'idéologie national-socialiste. "Outre ses devoirs de direction,le délégué du Führer a des pouvoirs étendus dans le domaine de l'Etat:
" 1. Participation à la législation nationale et à la législation d'Etat,y compris la préparation des ordres du Führer. L'adjoint du Führer justifie la conception du Parti,gardien de l'idéologie nazie,
" 2. Le délégué du Führer confirme les propositions de nomination des fonctionnaires et des chefs du service du Travail,
" 3. Il assure l'influence du Parti sur l'autonomie des municipalités"
Je prie le Tribunal de se référer à la page 119 du livre de documents,au tableau qui montre l'organisation de la charge de délégué du Führer,document PS-3201 (GB-251). Je signale la case centrale où se trouve l'officier de liaison de la Wehrmacht, et son association étroite avec l'Armée,dans la colonne en haut à droite, vous voyez le titre de "chef de l'organisation à l'extérieur" dont je vais parler, celui de "commissaire aux Affaires extérieures" qui démontre son souci de la politique étrangère de l'Etat allemand,ensuite ceux de "commissaire aux Affaires universitaires", "commissaire aux directives politiques universitaires", preuve de son souci en matière d'instruction en Allemagne,plus bas,bureau politique raciale",preuve de son intérêt dans la politique antisémite du Gouvernement nazi,et en bas,à nouveau,"service des questions scolaires". Un coup d'oeil d'ensemble sur ce tableau montre qu'il participait à tous les aspects de la vie nazie et de l'organisation et de l'administration de l'Etat. La loi du 1er décembre 1933 sur l'unité du Parti et de l'Etat stipule qu'en sa qualité de ministre du Reich sans portefeuille,sa tâche consiste à garantir l'étroite et active coopération du Parti et des SA avec l'autorité publique,document PS-1395 (GB-252). Il acquit de vastes compétences législatives,comme il est établi par l'extrait de l'Annuaire du Parti de 1941 déjà cité. J'attire l'attention du Tribunal sur le décret de Hitler,du 27 juillet,déjà présenté dans le livre de documents.Il a déjà été lui aussi ne ferai-je qu'attirer l'attention du Tribunal sur ce document, D-138 (USA-403). Par la loi sur la protection du peuple et du Reich,du 24 mars 1933, Hitler et son Cabinet,le Tribunal s'en souviendra,obtinrent les pleins pouvoirs en matière législative,indépendamment du Reichstag,et cet accusé,membre du Cabinet,avait donc sa part de ces pleins pouvoirs. Un extrait du discours qu'il prononça le 16 janvier 1937 démontre que Hess approuvait cette mesure,cet extrait se trouve dans l'exposé qui est entre les mains des membres du Tribunal: "Le national-socialisme a veillé à ce que les nécessités vitales de notre pays ne pussent plus être abandonnées aux palabres d'un Reichstag et devenir l'objet des calculs des partis.Vous avez vu que les nouvelles décisions allemandes de portée historique sont prises par le Führer et par son Cabinet, décisions qui,dans d'autres pays,sont retardées par des débats parlementaires qui durent des semaines." Document PS-2426 (GB-253).
Ces pouvoirs et ces fonctions n'étaient pas une sinécure ainsi qu'il apparaît dans l'ordre donné par Hess en octobre 1934. Il a été déjà lu,je ne le lirai donc pas,c'est le document D-139 (USA-404). Comme le Tribunal se le rappellera,Hess déclare qu'il a reçu du Führer le droit de participer au travail législatif et que tout organisme,apte à légiférer dans un domaine le concernant,doit lui soumettre à temps les projets,afin qu'il puisse agir avec efficacité au cas où il les désapprouvent. Il me semble que l'extrait de l'Annuaire du Parti est suffisamment explicite sur les pouvoirs de Hess sans que j'aie à présenter plus de deux documents sur la question. A la page 5 de l'exposé écrit,on peut voir qu'il occupe du Plan de quatre ans où il joua un rôle en matière de production et d'organisation (document PS-2608, déjà présenté sous le n°USA-714). C'est un extrait d'une conférence faite par l'accusé (Wilhelm) Frick,le 7 mars 1940. Le passage que je cite n'a pas été lu: " Afin de garantir la coordination des divers organismes économiques du Plan de quatre ans,ces organismes furent réunis en un seul sous la présidence de Göring.Les membres sont les secrétaires d'Etat des organismes qui s'occupent d'économie de guerre,le chef du Bureau militaire de l'Economie et un représentant du délégué du Führer."
Enfin un extrait de la National-Zeitung du 27 avril 1941,document M-102 (GB-254),à la page 4 de l'exposé. Je cite ces passages pour épargner les instants du Tribunal en lui évitant de se reporter au livre de documents,page 12,où se trouve le texte entier. " Il y a longtemps,avant le début de la guerre,Rudolf Hess était surnommé "la conscience du Parti".Si nous nous demandons pourquoi il avait ce titre indiscutablement honorable,la raison en est facile à trouver. Il n'y a rien dans notre vie publique qui ne soit du domaine des attributions du délégué du Führer.Son activité est tellement diversifiée qu'on ne peut la décrire en quelques mots,et c'est une partie des obligations qui lui incombent que de leur donner peu de publicité. Bien peu savent que des mesures gouvernementales,surtout dans le domaine de l'économie de guerre et du Parti,mesures généralement approuvées lors de leur publication,peuvent être attribuées à l'initiative directe du délégué du Führer."
Je devrais peut-être rappeler au Tribunal qu'aux termes du décret portant nomination du Conseil de Cabinet secret,il avait pour tâche de conseiller Hitler en matière de politique extérieure.Le Tribunal trouvera quelques photos jointes au livre de documents,elles n'ont que peu d'importance,elles ont été insérées pour rappeler au Tribunal le film montré précédemment au cours des débats, l'accusé Hess apparaît dans presque chaque scène de cette présentation dite: "l'avènement du parti nazi".Elles ne proviennent pas directement du film, elles sont analogues,et j'apporte avec ces photos l'affidavit déclarant qu'elles furent prises par le photographe particulier de Hitler. L'affidavit devient le document GB-255.Voici donc les preuves qu'il détenait. (TMI,VII,129-131).
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:32
Le procureur dévoile son jeu.
Cette longue bibliographie documentée pouvait paraître totalement hors-sujet, puisqu'on n'y trouvait aucun crime qu'aurait commis R.Hess. Mais c'est alors que le procureur dévoila son jeu,expliquant: "Le Tribunal m'autorisera peut-être à présenter une brève théorie à ce sujet, en ce qui concerne l'accusé Hess,elle pourrait d'ailleurs s'appliquer à chacun des accusés. Le Ministère public a présenté les charges contre les accusés individuels sous la forme d'une collection de documents se référant directement à chacun d'eux avec des exemples précis de participation aux divers crimes commis par le peuple allemand. Messieurs,je prétends,afin de justifier et d'obtenir la condamnation de cet accusé et de ses collègues,qu'il suffit de prouver leur fonction dans l'Etat nazi et leur contrôle sur cet Etat,ainsi que les preuves d'ensemble des crimes commis par le peuple allemand. Ce n'est peut-être que maintenant,à cette étape du procès,alors que l'étendue de ces crimes se dévoile plus clairement,que nous nous rendons compte qu'ils ne peuvent pas être arrivés d'eux-mêmes. Sur une pareille échelle,il a fallu que ces crimes fussent organisés,coordonnés, dirigés.Si ce n'est pas par le Gouvernement de l'Allemagne nazie ou le Gouver- nement d'un pays quelconque qui a dirigé et coordonné ces crimes,qui donc l'a fait ? Si les membres de la nation allemande,auteur de ces crimes,ne sont pas les responsables,on est alors fondé à se demander:qui est donc le responsable ? Messieurs,il est indiscutable que ces hommes savaient ce qui se passait. Et je le répète,à mesure que les évènements nous deviennent plus familiers, nous pouvons prétendre que tout le monde en Allemagne savait ce qui se passait, j'insiste auprès du Tribunal sur ce fait que la condamnation de ces hommes ne repose pas sur le hasard de la prise d'un certain nombre de documents portant leur signature.Il aurait pu arriver qu'on n'eût saisi aucun document, et pourtant,de l'avis du Ministère public,il eût été tout aussi possible et tout aussi juste que ces hommes fussent déclarés coupables du rôle qu'ils ont joué dans l'Etat sur la seule base des fonctions qu'ils ont assumées et des preuves de l'étendue des crimes commis par les hommes qu'ils dirigeaient (ibid., pp.133-4).
On ne pouvait être plus clair:avec ou sans documents,les hauts dignitaires nationaux-socialistes pouvaient être déclarés coupables et condamnés en tant que tels.
La demande logique du procureur soviétique.
C'est sur ce fondement que, le 29 juillet 1946,le procureur soviétique Rudenko demanda la condamnation de R.Hess: "La seule position de Hess dans le parti fasciste et dans le Gouvernement hitlérien montre sa participation active,en tant que dirigeant dans la préparation et l'exécution du plan général criminel des conspirations fascistes. Il est donc pour une grande part coupable et responsable des crimes contre la Paix,des crimes de guerre et des crimes contre l'Humanité." (TMI,XIX,611).
On le voit,la thèse du "complot" était le pilier central qui soutenait l'accusation. Tout comme la "magique chambre à gaz" (dixit Céline), elle permettait tout.... Dans le cas présent,elle permettait de déclarer un accusé coupable, même si l'on ne trouvait rien,ou très peu,contre lui.
LES INEPTIES DE L'ACCUSATION.
R.Hess coupable de tout....
Dans la version finale de son "Trial Brief : Hess",ainsi,K.E.Lachmann écrivit: "Comme député leader du Parti,le prévenu Hess contrôla entièrement,après Hitler,la SA,la SS,le RSHA et la police de l'ordre. Il est pour cela totalement responsable (fully responsible) de leurs actes criminels." (Voy.K.E Lachmann "Total Brief:Hess",deuxième version,page sans numéro mais correspondant à la page 8 de la première version).
La charge était toutefois si grotesque,R.Hess n'avait pas contrôlé ces organismes, ses titres étaient purement honorifiques,qu'au procès l'Accusation n'osa pas la reprendre.Elle n'osa pas non plus mentionner celle selon laquelle l'accusé aurait été complice (donc coupable) de "la stérilisation forcée et (de) l'assassinat des personnes affligées de débilité ou de maladies héréditaires." (Id.A l'appui de cette accusation,K.E Lachmann avait avancé trois documents, le D-181,le PS-1969 et le PS-842.Le premier concernait toutefois l'accusé W.Frick (TMI,XVII,442 et TMI,XVIII,191),le second ne fut cité qu'une seule fois pendant tout le procès,sans lien avec R.Hess (TMI,XXII,212) et le troisième ne fut même pas produit.).
R.Hess et la persécution des juifs.
Mais elle eut toutefois l'audace d'en reprendre d'autres,tout aussi incongrues. Le Ministère public prétendit par exemple démontrer que R.Hess avait participé aux "crimes contre l'Humanité" en se rendant complice de la persécution des juifs. Dans son exposé,le lieutenant-colonel Griffith-Jones annonça: "Me voici maintenant amené à la persécution générale des juifs et à l'activité de l'accusé dans ce domaine." (TMI,VII,136). Ceux qui attendaient la production de discours antijuifs enflammés et des directives criminelles furent cependant déçus,car le procureur général se contenta de dire: "On se souviendra que le schéma de l'organisation fait état d'un service qu'il désigne lui-même sous le nom d'office de politique raciale. On trouve son point de vue sur la question dans un discours du 16 janvier 1937 qui se trouve dans un recueil de ses discours (PS-3124,déjà déposé sous le n°GB-253). L'extrait que je désire citer est dans le dossier d'audience,le document est à la page 98 du livre de documents: "L'organisation de la NSDAP servira à éclairer le peuple sur les questions de race et de santé publique et à accroître la population.De même qu'en Allemagne, les Allemands à l'étranger devront être influencés dans le sens national-socialiste par les Landesgruppen et les Ortsgruppen.Ils deviendront conscients et fiers du fait qu'ils sont Allemands,et seront élevés dans un esprit de cohésion et d'estime réciproque.Ainsi on les élève à mettre les Allemands au-dessus des sujets d'une autre nation,quelle que soit leur position ou leur origine."
Hess signa la loi de protection du sang et de l'honneur,l'une des lois de Nuremberg du 15 septembre 1935,document PS-3179 (USA-200). On se souviendra que,d'après ce décret et d'après la loi de citoyenneté de la même date,c'était le délégué du Führer qui devait prendre les décrets et les arrêtés de mise en application de ces lois dites de Nuremberg. Le 14 novembre 1935,Hess publia une ordonnance exécutoire de la loi de citoyenneté du Reich privant les juifs du droit de vote et de celui d'occuper une fonction publique,document PS-1417 (GB-258). Ces lois de Nuremberg furent étendues à l'Autriche par un décret ultérieur, du 20 mai 1938,signé de l'accusé Hess,document PS-2124 (GB-259). (TMI,VII,136).
Autant dire que l'Accusation n'avait rien trouvé de compromettant contre R.Hess. Mais la théorie du "complot" devait faire le reste. Dans son réquisitoire définitif contre le prévenu,le procureur général adjoint français Charles Dubost lança: "La part qu'il prit dans le développement de l'antisémitisme l'implique dans les conséquences criminelles du mouvement." (TMI,XIX,577).
Le raisonnement était donc le suivant:
R.Hess ayant trempé dans le "complot antisémite" (lois de Nuremberg,notamment), même s'il n'avait pas tué et même si,à partir de mai 1941,il avait été emprisonné à des milliers de kilomètres en Angleterre,en tant que membre du "complot" il était impliqué dans le massacre de six millions de juifs comme à l'Est à partir de juin 1941. CQFD.
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:35
R.Hess et les "crimes" des Waffen-SS.
En une autre occasion,le Ministère public tenta de démontrer "sa participation aux crimes de guerre et crimes contre l'Humanité" (TMI,VII,143). Le lieutenant-colonel Griffith-Jones annonça la production de deux documents:
l'un d'eux se trouve à la page 18 du dossier d'audience,c'est le PS-3245, que je dépose sous le n°GB-267. C'est un ordre émis par Hess,par l'intermédiaire de la Chancellerie du Parti, pour recruter des hommes pour les Waffen-SS. Je cite le paragraphe qui nous intéresse: "Les unités de Waffen-SS,composées de nationaux-socialistes,conviennent mieux que les autres unités armées aux missions particulières à exécuter dans les territoires occupés de l'Est,étant donné l'éducation nationale-socialiste intensive qu'ils ont reçue pour les questions raciales et nationales."
Ce qui devait se produire et se produisit dans les territoires occupés de l'Est et qui fut l'oeuvre des Waffen-SS,le Tribunal se souviendra du rôle qu'elles ont joué dans la destruction du ghetto de Varsovie,nous révèle la responsabilité écrasante assumée par l'accusé. Ce document se trouve à la page 121 du livre de documents (id.).
Je passerai rapidement sur la généralisation abusive réalisée à partir d'un unique fait très particulier:la destruction du ghetto de Varsovie,qui fut décidée dans des circonstances exceptionnelles. Je souligne simplement que cette destruction eut lieu en avril-mai 1943, alors que R.Hess était emprisonné depuis deux ans en Angleterre. Sa responsabilité dans cet évènement (et dans bien d'autres postérieurs à 1941) était bien évidemment dégagée. De façon évidente,l'Accusation avait été incapable de trouver une seule "mission particulière" criminelle effectuée par des Waffen-SS et dans laquelle le prévenu aurait été directement impliqué. Mais là encore,la théorie du "complot" était très pratique:un vague ordre écrit rendait responsable de tout ce qui avait pu arriver ensuite....
R.Hess et la répression en Pologne.
Le deuxième document était encore plus ridicule.Daté d'avril 1941,il s'agissait d'une lettre qui mentionnait une suggestion de R.Hess sur l'utilisation de châtiments corporels en Pologne,suggestion qui avait finalement été repoussée par les autorités compétentes.On lit:
(Lieutenant-colonel Griffith-Jones.) L'autre document que je désire mentionner sur ce point est le R-96 que je dépose sous le n°GB-268. C'est une lettre du ministre de la Justice du Reich au chef de la Chancellerie du Reich en date du 17 avril 1941 dans laquelle sont discutées les dispositions pénales envisagées pour les juifs et les Polonais dans les territoires occupés de l'Est. Elle montre très clairement que Hess a été mêlé aux discussions sur ce sujet, car on y mentionne diverses propositions qu'il aurait faites lui-même. Je voudrais attirer l'attention du Tribunal sur un ou deux passages. Je cite le début de cette lettre qui figure à la page 175: "Depuis le début,j'estime que les conditions spéciales des territoires annexés de l'Est exigent l'application de mesures spéciales de droit pénal et de procédure pénale contre les Polonais et les juifs."
Et j'en viens ensuite au deuxième paragraphe,les deux premières lignes: "L'ordonnance du 6 juin 1940 inaugura un droit spécial pour les Polonais et les juifs des territoires de l'Est.Par cette ordonnance,le Code pénal allemand qui était déjà en vigueur depuis le début dans les territoires de l'Est,fut rendu légalement applicable."
Je saute trois lignes: "La procédure pour imposer la poursuite de l'action publique a été supprimée, car il semble intolérable que des Polonais et des juifs puissent forcer un Procureur Général allemand à ouvrir une information. Les Polonais et les juifs ont également été privés du droit d'intenter une action publique.Outre cette loi spéciale dans le domaine de la procédure,des conditions spéciales ont été incluses dans l'article 2 de l'ordonnance d'introduction. Ces clauses ont été établies en accord avec le ministre de l'Intérieur du Reich, sur la base des nécessités qui se sont fait sentir,depuis le début,on avait eu l'intention de multiplier ces conditions spéciales en cas de nécessité. Cette nécessité qui était devenue apparente entre temps avait entraîné un ordre complémentaire d'exécution qui fut ajouté à l'ordonnance originale, et qui est mentionné dans la lettre du délégué du Führer."
Et,à la page suivante,en haut de la page: "Par la suite,j'ai été informé du désir exprimé par le Führer selon lequel, en principe,les Polonais,et je le suppose,les juifs,doivent être traités de façon différente des Allemands,dans le domaine légale. Après ces discussions préliminaires...J'ai établi le projet ci-inclus relatif au droit criminel et à la procédure contre les Polonais et les juifs."
Je passe au paragraphe suivant: "Ce projet représente un Code pénal spécial et une nouvelle procédure pénale. Les suggestions du délégué du Führer ont été prises en considération dans une très large mesure.Le n°1 du paragraphe 3 contient une clause pénale générale sur la base de laquelle tout Polonais ou juif,dans les territoires de l'Est, peut à l'avenir être poursuivi et toute espèce de châtiment lui être infligée pour toute attitude ou action qui sera considérée comme punissable et dirigée contre l'Allemagne."
J'en viens au paragraphe suivant: "Conformément à l'avis du délégué du Führer,je suis parti du point de vue que le Polonais est peu sensible à la peine d'emprisonnement ordinaire."
Ensuite,quelques lignes plus bas: "D'après la nouvelle échelle des peines,les prisonniers doivent être logés en dehors des prisons,dans des camps,et doivent être astreints à des travaux très durs et très pénibles."
A la page suivante,second paragraphe: "L'introduction de châtiments corporels que le délégué du Führer a soumise à la discussion n'a pas été incluse dans notre projet. Je ne peux pas reconnaître ce type de châtiment,parce que son application ne correspond pas au niveau culturel du peuple allemand."
Monsieur le Président,comme je l'ai dit,le but de ce document est de montrer que le délégué du Führer était parfaitement au courant de ce qui se passait dans les territoires occupés de l'Est,et recommandait même des mesures plus énergiques que celles prévues par le ministre de la Justice du Reich. (ibid.,pp.143-4).
Là encore,je passerai rapidement sur le contenu de cette pièce que, pour bien juger,il aurait fallu remettre dans son contexte (Pour la réponse de l'avocat de R.Hess à l'Accusation qui avait produit cette pièce,voy.TMI,XIX,401-2). Je me contenterai de souligner que:
1) Loin d'être le fruit d'un prétendu "sadisme nazi",les punitions avaient été proposées pour répondre à une "nécessité qui était devenue apparente", c'est-à-dire pour lutter contre le terrorisme. A Nuremberg,l'ancien gouverneur de Pologne,Hans Frank,parla du "mouvement de résistance" polonais "dont l'activité (avait commencé) dès le premier jour",puis il expliqua: "En fait,le mouvement de résistance,je ne parlerai pas d'activité de guérillas, car si un peuple conquis organise un mouvement de résistance actif, c'est après tout une chose respectable,employait des méthodes qui dépassaient les limites d'un soulèvement héroïque. Des femmes et des enfants allemands étaient massacrés dans les circonstances les plus effroyables.Des fonctionnaires allemands étaient assassinés, des trains déraillaient,les récoltes étaient détruites et toutes les mesures prises pour la renaissance du pays étaient systématiquement sabotées. C'est à la lumière de ces incidents qui se produisaient tous les jours sans relâche,pendant toute la période de mon activité,qu'il faut juger les évènements de ce pays." (TMI,XII,28).
(Hans Frank,1939)
D'après H.Frank,en cinq ans d'occupation,la Résistance polonaise assassina "un total de peut-être 8 00 Allemands" (a total of perhaps 8 000 Germans), soit 30 par semaine. (voy."Testimony of Hans Frank,taken at Nuremberg,Germany on 3 october 1945, 14h30-17h00,by Lt Col Thomas S.Hinkel,IGD,OUSCC",p.25).
Quant aux attentats,ils se produisaient parfois par vagues,l'ancien gouverneur de Pologne rappela par exemple qu'une seule nuit,dans le district de Varsovie, 110 laiteries avaient été incendiées. (voy."Testimony of Hans Frank,taken at Nuremberg,Germany on 3 october 1945, 10h30-12h15,by Lt Col Thomas S.Hinkel,IGD,OUSCC",p.25).
2) Loin d'être appliquées aveuglément ces mesures répressives devaient être infligées à la personne reconnue coupable d'une action "considérée comme punissable et dirigée contre l'Allemagne",
3) Le recours aux châtiments corporels avait finalement été rejeté comme indigne d'un peuple civilisé.Ce fait ne correspond absolument pas à l'image (hollywoodienne) du "nazi" fier d'être un barbare et d'agir au mépris de toute morale...
Cela dit,revenons à R.Hess.Sachant que sa proposition avait été repoussée, de quoi,finalement l'accusait-on ? D'avoir été "parfaitement au courant de ce qui se passait dans les territoires occupés de l'Est".Encore une fois,donc,le Ministère public prétendait pallier le vide documentaire en recourant à la thèse du "complot". Son argumentation se résumait ainsi:
le dauphin du Führer avait su,donc il avait pris part au "complot", donc il devait être condamné pour tout ce qui s'était passé dans les territoires occupés de l'Est.
- Le Tribunal refuse de suivre l'Accusation. -
Mais même à Nuremberg,il existait certaines limites au ridicule à ne pas franchir. Dans son jugement,le Tribunal estima que le "plan concerté"(= le complot) ne devait être "considéré qu'à l'égard des guerres d'agression"(TMI,XXII,499). Pour les "crimes de guerre" et les "crimes contre l'Humanité",il fallait produire contre l'accusé des documents qui le mettaient directement en cause. Or,ceux avancés par le Ministère public dans le cas de R.Hess étaient si peu convaincants que les juges relaxèrent le prévenu de ces deux chefs d'accusation. Dans le jugement,on lit: "Crimes de guerre et crimes contre l'Humanité. D'après certaines preuves soumises au Tribunal,la Chancellerie du Parti aurait, sous la direction de Hess,participé à la transmission des ordres relatifs à la perpétration des crimes de guerre,et Hess aurait eu connaissance des crimes commis dans l'Est,même s'il n'y a pas participé,il aurait aussi proposé des lois d'exception contre les juifs et les Polonais et aurait signé les décrets obligeant certaines catégories de Polonais à accepter la nationalité allemande. Toutefois,le Tribunal estime que les preuves invoquées pour démontrer la participation de Hess à ces crimes ne suffisent pas à établir sa culpabilité." (ibid., p.564).
Ainsi,malgré un Tribunal très partial,l'Accusation avait totalement échoué....
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:51
R.Hess n'est pas un "criminel de guerre".
Voilà pourquoi tous ceux qui,aujourd'hui encore,traitent R.Hess de "criminel de guerre" se trompent. Je vise notamment le Jerusalem Post qui,le 21 juillet 2011,écrivit dans son édition française en format électronique: "Dans le cimetière de Wunsiedel,il y a un caveau familial avec les parents de Hess et le criminel de guerre nazi avait exprimé le désir d'y être enterré dans son testament."
Je lui rappellerai qu'à Nuremberg,R.Hess fut condamné pour "complot" et pour "crime contre la Paix".
LA PRETENDUE "CINQUIEME COLONNE".
L'échec de l'Accusation fut également cuisant sur un autre sujet: la Cinquième colonne.R.Hess n'ayant commis ni crimes de guerre, ni crimes contre l'Humanité,il ne pouvait être condamné que pour "crimes contre la Paix".Sachant toutefois qu'il était resté hors des cercles militaires de décision,personne ne pouvait le convaincre d'avoir préparé des guerres.
La thèse de l'Accusation.
Afin de contourner cette difficulté,l'Accusation lui reprocha d'avoir organisé internationalement une Cinquième colonne,sorte de "cheval de Troie" dans les pays étrangers.Là encore,la thèse du "complot" devait faire le reste: le prévenu ayant,même très indirectement,participé au "plan concerté" en vue de commettre des guerres d'agression,il devait être déclaré coupable. CQFD.
Le 7 février 1946,le substitut du procureur général britannique se lança dans un long exposé destiné à faire croire que le prévenu avait organisé la Cinquième colonne allemande grâce aux associations d'Allemands à l'étranger: (Lieutenant-colonel Griffith-Jones)
L'une des activités les plus importantes de Hess dans les préparatifs de la guerre fut d'organiser la fameuse "Cinquième colonne" allemande. Il fut le responsable,en tant que délégué du Führer,de l'"Auslands-Organisation", autrement dit l'organisation à l'étranger du Parti (...). Je désire simplement mentionner maintenant deux questions:en octobre 1933, cette organisation fut placée directement sous le contrôle de Hess,et un an après,ce fut Hess lui-même qui lui donna le nom qu'elle devait porter: "Auslands-Organisation". (...) Divers bureaux s'occupaient de la Marine marchande allemande qui était naturellement un outil merveilleux pour propager les idéologies nazies d'un bout à l'autre du monde. l'Auslands-Organisation s'occupait des Allemands vivant à l'étranger,qui naturellement devaient former la base des activités de la Cinquième colonne, au cours des années à venir. Je pense que le Tribunal verra que sous le titre "Etendue du travail de l'organisation" sont mentionnés deux documents.Il suffira peut-être de citer maintenant le document PS-3401,qui devient GB-263,à la page 173 du livre de documents. C'est un article du Volkischer Beobachter qui commence par déclarer que "l'idéologie national-socialiste s'empare de nos frères allemands et les affermit dans leur nature d'Allemands". Il continue ensuite en disant que "l'application pratique de cette politique de principe réside dans une organisation à l'étranger de la NSDAP qui sera directement subordonnée au délégué du Führer,Hess". Je cite les dernières lignes de ce paragraphe: "L'actualité de l'Auslands-Organisation s'étend littéralement à la terre tout entière,et le mot d'ordre suivant pourrait,en toute justice,figurer dans ses bureaux à Hambourg:"Mon domaine est le monde". L'Organisation à l'étranger sous la direction du Gauleiter E.W.Bohle,qui est assisté par tout un état-major d'experts,de collaborateurs qualifiés,comprend aujourd'hui environ 350 groupes régionaux et centres de la NSDAP dans toutes les parties du monde et,en outre,s'occupe un peu partout d'une grande quantité de membres isolés du Parti."
Je ne veux pas citer d'autres documents sur l'activité ou l'étendue de cette organisation.Vous les trouverez exposés dans le document suivant,PS-3258 (...). (TMI,VII,137-9).
J'interromps ici la citation pour souligner qu'une "Cinquième colonne" dont l'existence,l'emplacement des bureaux et l'identité du chef étaient publiquement révélés dans l'un des plus grands organes d'information allemands ne pouvait être une "Cinquième colonne". A Nuremberg,d'ailleurs,l'avocat de R.Hess produisit une déclaration sous serment de l'ancien chef de cette organisation,Ernst Wilhelm Bohle. Elle balayait en ces termes les thèses de l'Accusation:
(...) 1. L'Organisation pour l'étranger de la NSDAP a été créée le 1er mai 1931 à Hambourg sur la demande d'un certain nombre d'Allemands vivant à l'étranger (...). 2. Le but de cette organisation était le suivant:à la prise du pouvoir il s'agissait de grouper les quelques 3 300 membres du parti national-socialiste qui vivaient alors en dehors des frontières de l'Allemagne en une seule organisation. De plus,par ce moyen,les Allemands vivant à l'étranger,qui n'avaient qu'une très vague idée de la situation politique en Allemagne,pourraient être informés des idées et du programme de l'Etat nouveau.
3. Seuls,les "Reichsdeutschen",ceux qui étaient nés Allemands,pouvaient devenir membre du Parti;l'admission d'étrangers ou d'ex-Allemands ayant acquis un droit de citoyenneté étrangère était strictement interdite.
4. Le principe de base touchant l'attitude de l'Organisation du Parti à l'étranger vis-à-vis des autres pays était inscrit sur la carte de membre de chaque adhérent sous la forme suivante: "Suis les lois du pays dont tu es l'hôte,la politique intérieure de ce pays ne regarde que ses propres citoyens,ne t'en mêle donc pas, même dans la conversation." Dès le jour de sa création jusqu'à sa suppression,ce principe fut d'importance fondamentale dans l'activité et le rôle de cette organisation envers les autres nations. Moi-même,dans de nombreux discours publics,je me servis bien souvent de cette phrase:"Le national-socialiste honore les peuples étrangers parce qu'il aime le sien.
5.Mes discours au Porchester Hall de Londres,le 2 octobre 1937,et à Budapest, vers la fin 1938,donnent une analyse exacte du rôle de l'Organisation à l'étranger de la NSDAP,vis-à-vis des pays étrangers. Winston Churchill,à la fin de l'été 1937,attaqua à plusieurs reprises l'activité de l'Organisation à l'étranger dans des articles parus dans les journaux et dans son fameux article "Amitié avec l'Allemagne",qui parut dans l'Evening Standarddu 17 septembre 1937 et qui fut retransmis par radio,il la désignait comme un obstacle aux relations germano-britanniques. Dans le même article,il disait qu'il était prêt à converser avec moi à ce sujet, sur le ton le plus cordial. L'ambassade d'Allemagne à Londres fit alors savoir au Foreign Office qu'une interpellation de Churchill à la Chambre des Communes sur l'activité de l'Organisation à l'étranger était fort peu souhaitable mais qu'il était extrêmement désirable qu'une conversation eut lieu entre Churchill et moi. Cet entretien eut lieu le jour même de mon allocution aux Allemands du Reich à Londres,dans l'appartement de Winston Churchill,et il dura plus d'une heure, j'eus ainsi,au cours de cette très cordiale conversation,toute possibilité de renseigner Churchill sur l'activité de l'Organisation et de dissiper ses soupçons. A la fin de l'entretien,il me raccompagna jusqu'à ma voiture et fit prendre une photo de lui à mes côtés afin,comme il le disait,de montrer au monde que nous nous séparions bons amis.Il n'y eut pas d'enquête soulevée aux Communes et,depuis ce jour,Churchill n'a jamais fait l'ombre d'une objection à l'activité de l'Organisation à l'étranger. Mon discours du même jour,qui fut publié peu de temps après par une maison anglaise,en langue anglaise,sous forme de brochure,fut favorablement accueilli, des extraits de ce discours furent publiés par le journal The Times sous le titre :"M.Bohle se fait l'avocat d'une compréhension entre les peuples" (Voy.The Times,2 octobre 1937,p.1). Churchill m'écrivit une lettre après cette conversation,dans laquelle il m'exprimait sa satisfaction à la suite de notre entretien.
6.Au cours du procès de l'assassin du chef de l'Organisation à l'étranger,pour la Suisse,Wilhelm Gustloff,procès qui eut lieu en Suisse,à Coire,en 1936, le tribunal ordonna une enquête sur la légalité de l'activité de cette organisation. L'accusé,David Frankfurter fut condamné à dix-huit ans d'emprisonnement et, autant que je puis m'en souvenir,les autorités suisses qui n'étaient nullement favorables aux nazis durent confirmer que Gustloff et les Landesgruppen de l'Organisation à l'étranger n'avaient jamais en aucune façon,donné matière à critique dans leur activité.Le temoignage du conseiller fédéral Baumann qui, à ce que je crois,était alors ministre de l'Intérieur et de la Police de Suisse,fut, à ce moment,décisif.
7. J'aimerais aussi indiquer que,même après le début de la guerre,les Landesgruppen de l'Organisation à l'étranger dans les pays neutres continuèrent à fonctionner jusqu'à la fin de la guerre. Cette remarque est particulièrement exacte pour la Suisse,la Suède et le Portugal. Après 1943,tout au moins l'Allemagne n'aurait guère pu intervenir si l'Organisation à l'étranger était entrée en conflit avec les lois intérieures de ces pays et la dissolution de cette organisation en aurait résulté à coup sûr.
8. A côté de ce caractère indiscutable de légalité de l'Organisation à l'étranger, j'ai dit et répété,en ma qualité de chef,que les Auslandsdeutschen,les Allemands de l'étranger,étaient certainement les derniers à se laisser entraîner à manifester en faveur de la guerre ou à comploter contre la paix. Ils ne savaient que trop bien,par une amère expérience (celle de 1914-1918), qu'une guerre signifierait pour eux l'internement,les poursuites,la confiscation de leurs biens et la suppression de leurs moyens d'existence.
9. Etant donné leur connaissance de la situation à l'étranger,personne ne savait mieux que les Allemands vivant à l'étranger,qu'une activité quelconque dans le sens d'une Cinquième colonne serait aussi stupide que nuisible aux intérêts du Reich.L'expression "Cinquième colonne" d'ailleurs,si mes souvenirs sont exacts, apparut pendant la guerre civile espagnole,c'est en tout cas une invention étrangère.Lorsque Franco attaqua Madrid avec quatre colonnes de troupes, on prétendit qu'une cinquième colonne,composée d'éléments nationalistes, se trouvait dans l'enceinte de la ville assiégée et y exerçait une activité séditieuse clandestine.
10.L'emploi du terme "Cinquième colonne" pour désigner l'Organisation à l'étranger de la NSDAP est sans fondement. Si cette assertion était exacte,cela signifierait que les membres de cette organisation,en liaison avec les éléments locaux d'opposition,auraient été chargés,dans un ou plusieurs pays étrangers,ou auraient essayé d'eux-mêmes de miner de l'intérieur l'existence de cet Etat. Cette affirmation serait de la pure invention.
11.Ni de l'ancien adjoint du Führer,Rudolf Hess,ni de moi-même,en tant que chef de l'Organisation à l'étranger,les membres de cette Organisation ne reçurent mission d'exercer une activité quelconque dans le sens d'une Cinquième colonne. Hitler lui-même ne me donna jamais aucune directive de cette sorte. En résumé,je peux dire que l'Organisation à l'étranger,à aucun moment,aussi longtemps que je fus son chef,ne participa à aucune activité dans le sens d'une Cinquième colonne,jamais l'adjoint du Führer ne donna d'ordres ni de directives qui auraient pu conduire l'Organisation à l'étranger dans une telle voie. Rudolf Hess,bien au contraire,désirait instamment que les membres de l'Organisation à l'étranger n'intervinssent,en aucun cas,dans les affaires intérieures du pays dans lequel ils vivaient.
12. Il est connu,naturellement,que,de même que des ressortissants des pays hostiles,les Allemands furent employés pour des missions d'espionnage ou de renseignements à l'étranger,mais cette activité n'a rien à voir avec les membres de l'Organisation à l'étranger,organisation qui travaillait légalement et au grand jour,et pour ne pas mettre en danger l'existence de celle-ci,j'ai toujours demandé qu'aucun de ses membres ne fut employé à des activités de ce genre ou qu'on me donnât au préalable la possibilité de les relever de leurs fonctions comme membres de l'Organisation à l'étranger. (Voy.TMI,X,18-21.Dans un interrogatoire,le frère de R.Hess,Alfred Hess, confirma les dires d'E.W.Bohle (ibid.,,p.85).
Le fiasco de l'Accusation.
E.W.Bohle ayant comparu comme témoin,J.M.G. Griffith-Jones le contre-interrogea assez longuement pour tenter de le prendre en défaut. Mais ses différentes tentatives de déstabilisation se soldèrent par un échec cuisant. (TMI,X,25-36). A plusieurs moments,le substitut évoqua des cas particuliers d'activités illégales impliquant des Allemands à l'étranger après le début de la guerre. La tactique de l'Accusation était toujours la même:citer quelques cas isolés pour généraliser abusivement. Mais E.W.Bohle dévoila habilement cette malhonnêteté en soulignant: J'ai l'impression que l'on confond ici l'activité de l'Organisation des Allemands à l'étranger,en tant qu'organisation,avec ce qui a pu être fait pendant la guerre par certains Allemands à l'étranger dans l'accomplissement de leur devoir patriotique.Voilà le point crucial de la question. (ibid.,p.37).
Cette remarque était parfaitement exacte:ce que l'on attendait dans le cadre d'une démonstration sérieuse,ce n'était pas seulement quelques cas individuels épars,c'était aussi et surtout,les preuves que ces cas dérivaient d'ordres supérieurs donnés par l'Organisation des Allemands à l'étranger à tous ses membres. Loin,donc,d'esquiver malhonnêtement la discussion,E.W.Bohle venait au contraire d'aborder le coeur du sujet. Le substitut aurait alors dû produire les preuves dont il disposait. Mais il n'en fit rien.A la place,il se contenta de répondre: "Je ne veux pas discuter sur ce point"(id.).
Cette pitoyable dérobade démontrait que l'Accusation n'avait rien trouvé de concret contre l'Organisation des Allemands à l'étranger. Visiblement acculé,J.M.G Griffith-Jones produisit soudainement un nouveau document.Sans doute un de ses collègues le lui avait-il transmis voyant que le contre-interrogatoire tournait au fiasco. Mais là encore,l'échec fut total,le substitut dut une nouvelle fois jeter l'éponge face aux répliques assurées d'E.W.Bohle. Dans le compte rendu d'audience,on lit:
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES:(...) J'ai encore un document à présenter au témoin (...).C'est un document que je viens de trouver.Je n'ai pas eu le temps d'en faire tirer des exemplaires pour le Tribunal. Permettez-moi d'en lire quelques extraits.(Au témoin[/i) (...) Vous vous souvenez que vous aviez un Landesgruppenleiter en Roumanie ?
TEMOIN BOHLE: Oui,il s'appelait Konradi.
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES:Et c'est bien là une lettre contenant des instructions pour le Zellenleiter de Constanza ?
TEMOIN BOHLE: Oui.
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES :Elle est datée du 25 octobre 1939. Nous allons lire le premier paragraphe:[i]"Du 9 au 12 octobre,des conférences ont réuni les hauts détenteurs de souveraineté ou leurs représentants des groupes sud et sud-est de l'Europe,dans les bureaux de la direction de l'Organisation des Allemands à l'étranger." C'est-à-dire à Berlin,n'est-ce pas ?
TEMOIN BOHLE: Oui,à Berlin. (TMI,X,37-8
La pièce ayant été rédigée en pleine guerre,elle ne pouvait pas démontrer l'existence d'un quelconque "complot contre la Paix". Il est dommage que Me Seidl n'ait pas pu souligner cette évidence pour interrompre tout de suite la discussion.Mais cela ne changea finalement rien, comme nous allons maintenant le constater. Continuant à lire,le substitut déclara:
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES (...) "J'ai reçu,par la suite,des instructions directes du bureau supérieur de la direction de l'Organisation des Allemands à l'étranger." Ainsi,il semble que les instructions données à la conférence furent confirmées par écrit. "Pendant la guerre,tous les nationaux-socialistes à l'étranger doivent servir directement leur patrie,soit par la propagande pour la cause allemande, soit en contrecarrant les mesures ennemies."
Passons plus loin,et nous allons prendre le paragraphe commençant par "Comme partout ailleurs,il est extrêmement important de savoir où est l'ennemi et ce qu'il fait..."
Je désire qu'il soit parfaitement clair pour vous et présent à votre esprit que ces instructions viennent directement de votre bureau central de Berlin. "On a constaté que l'IS (Intelligence Service) a tenté souvent,avec le plus grand succès,de faire admettre,pour participer aux activités du Parti et des organisations associées,des personnes qui paraissent de toute confiance. Il est donc nécessaire que vous fassiez une enquête approfondie au sujet de toutes les personnes au contact desquelles vous serez et que vous ne connaissez pas très bien,mais avant tout vous devrez examiner avec soin toutes les nouvelles personnes et tous les visiteurs approchant votre voisinage immédiat.Si possible faites-les prendre en main par un camarade dont les convictions nazies absolues ne sont pas très évidentes..."
Je pense que nous pouvons omettre le reste. "Vous devez faire des rapports sur tout ce qui vient à votre connaissance, même si,à première vue,les faits vous paraissent sans importance. Les rumeurs tombent dans cette catégorie,si fausses qu'elles puissent être."
Vous souvenez-vous qu'on enjoignit à vos membres en Roumanie de faire un rapport sur tout ce qu'ils voyaient ?
TEMOIN BOHLE: Oui,évidemment.
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES: "Une partie importante de votre travail,à vous et à vos camarades, doit se rapporter aux firmes industrielles et aux entreprises commerciales, non seulement parce que vous pouvez très bien faire votre propagande de cette manière,mais aussi parce que c'est dans ces firmes que vous pouvez aisément recueillir des renseignements sur les visiteurs étrangers. On sait que les organisations d'espionnage ennemies sont spécialement actives dans les milieux industriels,à la fois pour recueillir des renseignements et pour exécuter des actes de sabotage.Les membres ayant des relations étroites avec des compagnies de messageries maritimes sont particulièrement indiquées pour ce genre de travail.Il va sans dire que vous devez être prudent et soigneux dans le choix de vos collaborateurs(...). En cette occurence,il est opportun de se reporter aux organisations internationales d'échanges."
Je désire que vous preniez bonne note de la phrase suivante: "Il a été prouvé que ces organisations se camouflent souvent sous le couvert d'activités innocentes et doivent en réalité être considérées comme faisant partie du service de renseignements étranger."
Témoin,ce texte ne définit-il pas exactement la façon selon laquelle votre Organisation des Allemands à l'étranger poursuivait son travail ? Relisez-le. "Il a été prouvé que ces organisations se camouflent souvent sous le couvert d'activités innocentes et doivent en réalité être considérées comme faisant partie du service de renseignements étranger."
Est-ce que cela ne concorde pas avec les instructions que votre Landsgruppenleiter envoyait à ses membres,dans ce document ?(TMI,X,38-41).
Dans son aveuglement et la débâcle de ses improvisations,le substitut croyait donc que cette phrase s'appliquait à l'Organisation des Allemands à l'étranger, alors qu'elle s'appliquait bien évidemment aux organisations britanniques liées à l'Intelligence Service. E.W.Bohle n'eut alors aucun mal à répondre:
TEMOIN BOHLE: Au contraire,je trouve que c'est une preuve évidente du fait que les organisations citées étaient au service de l'espionnage étranger et non au service de l'espionnage allemand. Mon interprétation est exactement contraire à celle du Ministère public anglais. (ibid.,p.41).
Se rendant compte de sa méprise,J.M.G Griffith-Jones tenta alors de sauver la mise en accusant les Allemands à l'étranger non pas d'espionnage, mais de..."contre-espionnage":
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES: Ne donnez-vous pas d'instructions ici,ou du moins votre Landesgruppenleiter ne donne-t-il pas d'instructions pour inviter les intéressés à exercer des activités de contre-espionnage,telles qu'en poursuit généralement un service de renseignements ? N'est-ce pas le sujet qui a,jusqu'à ce moment,été traité dans cette lettre ? (id.).
Le pauvre semblait oublier qu'en pleine guerre,il est parfaitement légitime d'exiger de ses ressortissants qu'ils contrent les manoeuvres d'espionnage ennemies. Encore une fois,donc,le témoin put répondre sans être nullement déstabilisé:
TEMOIN BOHLE: La lettre,qui ne m'est pas personnellement familière,demande apparemment aux Allemands à l'étranger de faire un rapport toutes les fois qu'ils rencontrent l'Intelligence Service à l'oeuvre,je ne crois pas que l'on puisse élever d'objections à ce sujet,en temps de guerre.(id.).
Ecrasé par l'évidence,le substitut ne put que jeter l'éponge en déclarant:
LIEUTENANT-COLONEL GRIFFITH-JONES: Très bien.Nous n'allons pas continuer à discuter sur ce sujet. Je crois comprendre que vous ne savez rien sur les instructions contenues dans cette lettre et que vous n'avez jamais vu ou entendu parler de cette lettre. Ai-je raison ?
TEMOIN BOHLE: Non,je n'ai jamais vu cette lettre et je ne sais même pas si elle est authentique, car ce n'est pas un original (Exact:c'était une copie dactylographiée avec une signature tapée à la machine)(id.).
Le substitut n'insista pas et passa à autre chose (évoquant la Belgique, la Norvège,etc..). Oui,vraiment,le fiasco était total pour l'Accusation.
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 10:56
Un nouveau fiasco.
Certains pourront me répondre que J.M.G Griffith-Jones ne prit pas uniquement pour cible l'Organisation des Allemands à l'étranger", il évoqua aussi le cas de deux autres organismes. C'est exact,mais là encore,le fiasco fut net. Dans son réquisitoire contre R.Hess,il expliqua:
Deux des autres organisations qui étaient dirigées par l'Organisation à l'étranger étaient connues sous le nom de "Ligue nationale des Allemands" -VDA- et "Ligue des Allemands de l'Est"- BDO- J'invite le Tribunal à se référer au document qu'il trouvera à la page 38 du livre de documents.C'est le PS-837 (GB-265). C'est une lettre qui,vous le verrez à la page suivante,est signée par Hess et datée du 3 février 1939. C'est une circulaire,qui n'est pas destinée à être publiée. Elle a pour objet la ligue nationale des Allemands à l'étranger et la ligue des Allemands de l'Est.Je cite le premier paragraphe: "Le directeur du service central des Allemands de race, le SS-Gruppenführer Lorenz..."
Ce service central des Allemands de race,qui est la "Volksdeutsche Mittelstelle", était une autre organisation similaire,mais elle était dirigée par Himmler et les SS. Tous ces messieurs semblent avoir eu leur organisation individuelle à l'étranger, mais toutes étaient instituées dans un but similaire.Celle-ci donc s'appelle "Volksdeutsche Mittelstelle".Je cite à nouveau: "Le directeur du service central des Allemands de race, le SS-Gruppenführer Lorenz à édicté en mon nom la règlementation des questions relatives au travail raciste dans les régions limitrophes. En premier lieu,le VDA est l'organisation compétent pour le travail racial au-delà des frontières."
Je passe aux deux dernières lignes de ce paragraphe: "Le VDA est organisé en groupes régionaux qui correspondent à l'étendue territoriale des Gaue de la NSDAP."
Et les deux premières lignes du paragraphe suivant: "La ligue des Allemands de l'Est,le BDO,est l'association responsable du travail raciste dans les régions limitrophes."
Et je passe à la page suivante,au paragraphe n°4: "Le VDA est seul responsable du travail raciste au-delà des frontières. J'interdis par la présente au Parti et à ses organisations et associations affiliées toute activité raciste à l'étranger.Le seul organisme compétent pour cette tâche est l'Office central des Allemands de race,dont le VDA est l'instrument clandestin. Dans le Reich,le VDA,de façon générale,n'a à fournir que les moyens nécessaires au travail raciste au-delà des frontières. Le VDA doit être soutenu en cela de toute manière par les services du Parti. Toute apparence extérieure de liaison avec le Parti doit cependant être évitée."
Il continue ensuite en exposant les activités du BDO,puis le dernier paragraphe: "L'activité du BDO et de la VDA doit être soutenue de toutes les manières par les offices du Parti.La direction nationale-socialiste de ces deux associations assurera une collaboration énergique de leur part dans toutes les tâches qui leur seront assignées par la NSDAP. Leur nature est déterminée par des considérations de politique étrangère et ces associations doivent en tenir compte dans leurs manifestations publiques." (ibid.,pp.139-40).
Je me contenterai de répondre que malgré les documents avancés et les citations produites,rien ne venait démontrer que ces associations auraient travaillé en vue d'une guerre future. Le seul organisme clairement clandestin (le VDA) était chargé du "travail raciste", c'est-à-dire de la diffusion de l'idéologie nationale-socialiste auprès des Allemands de l'étranger. Cela n'allait pas plus loin.
L'Accusation avoue implicitement qu'elle n'a rien.
La faiblesse de l'argumentation échafaudée par J.M.G Griffith-Jones dans son acte d'accusation était si évidente qu'un mois plus tard, l'Accusation dut reculer. Le 7 mars 1946,le procureur général adjoint britannique,Sir David Maxwell-Fyfe, concéda (je souligne): Le Ministère public a dit que l'organisation à l'étranger servit à favoriser les activités de la Cinquième colonne. Cela voulait simplement dire que grâce à cette organisation à l'étranger, il y avait ainsi tout d'abord un recensement complet et une organisation des membres du Parti à l'étranger,en second lieu le service de renseignements de cette organisation même,faisaient des rapports sur tous les personnages officiels allemands,de n'importe quel service gouvernemental,qui venaient à l'étranger,et exerçait un contrôle sur eux dans l'accomplissement de leurs tâches, en plus des autres citoyens allemands. Grâce à l'existence de ce service de renseignements,tous les Allemands étaient prêts à être utilisés et en fait le furent,quand il s'est agi d'envahir le pays où ils se trouvaient. Nous n'avons pas prétendu qu'il y ait eu par exemple des ordres formels de détruire des ponts ou de commettre des actes de sabotage,donnés directement à l'Organisation,on pourrait simplement le déduire du fonctionnement même de l'Organisation(..). Le Ministère public n'a jamais apporté la preuve d'ordres formels de sabotage à cet égard." (TMI,VIII,634).
C'était reconnaître qu'il n'y avait rien,absolument rien.
Le Tribunal lâche l'Accusation.
L'aveu de Sir David était si net que dans sa plaidoirie,l'avocat de R.Hess consacra à la prétendue Cinquième colonne allemande un simple intérêt poli,se contentant de dire: Les documents présentés à ce propos par le Ministère public n'apportent pas la preuve que l'accusé Hess ait lui-même transmis à ces organisations des instructions ou des ordres qui aient pu les inciter à une activité analogue à celle de la Cinquième colonne.L'interrogatoire des témoins Bohle,Strölin (TMI,X,55-8/ et Alfred Hess a prouvé,au contraire,que c'est précisément l'accusé Hess qui a interdit à ces organisations et à leurs chefs de s'immiscer d'une manière quelconque dans les affaires intérieures des autres Etats. Le Ministère public n'a pu fournir la preuve établissant que les organisations précitées ont développé effectivement une activité qui aurait eu pour but de saper les organismes des Etats étrangers. Dans ces conditions,il est inutile d'entrer dans les détails de l'activité des organisations et institutions précitées,d'autant moins qu'il n'existe aucune preuve établissant un rapport de cause à effet entre les devoirs et fonctions de ces organisations et les événements qui ont conduit à la guerre en 1939.TMI(,XIX,376).
Face à l'évidence,le Tribunal refusa de suivre le Ministère public. Dans la partie du jugement qui condamne R.Hess,on ne trouve aucune allusion aux organisations des Allemands à l'étranger.([i]TMI,XXII,562-4).
UNE THESE EVIDEMMENT FAUSSE.
Dès lors,comment l'Accusation obtint-elle finalement la condamnation du prévenu ? Grâce à la thèse du "complot" et à la mauvaise foi cynique du Tribunal,comme nous allons maintenant le démontrer. Cette thèse était ridicule pour une raison simple:
- les trois objectifs du prétendu "plan concerté":
- A) l'abrogation et destruction du Traité de Versailles,
- B) l'acquisition des territoires perdus en 1918,
- C) et l'acquisition de nouveaux territoires nécessaires à la création d'un "espace vital" (TMI,II,39-40) n'avaient rien de secret,ils constituaient les...trois premiers points du programme de la NSDAP,publié très officiellement le 24 février 1920. Ce manifeste commençait ainsi: 1. Nous demandons la constitution d'une Grande Allemagne,réunissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. (Wir fordern den Zusam menschluB aller Deutschen auf Grund des Selbstbestim mungsrecht der Völker zu einem GroBdeutschland).
2. Nous demandons l'égalité des droits du peuple allemand au regard des autres nations,l'abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain. (Wir fordern die Gleichberechtigung des deutschen Volkes gegenüber des anderen Nationen,Aufhebung der Friedensverträge von Versailles und St.Germain),
3. Nous demandons de la terre et des territoires (colonies) pour nourrir notre peuple et résorber notre surpopulation. (Wir fordern Land und Boden (Kolonien) zur Ernährung unseres Volkes und Ansiedlung unseres Bevölkerungsüberschusses). (Voy.le doc.PS-1708 à Nuremberg:reproduit dans TMI,XXVII,478).
Il n'y avait donc rien d'occulte,bien au contraire: tout était parfaitement public et clairement annoncé ! C'est si vrai qu'à Nuremberg,l'ancien chef de la Chancellerie du Reich qui, le 30 janvier 1933,avait assisté à la première réunion du cabinet (une séance pendant laquelle Hitler exposa aux membres de son gouvernement les buts de sa politique) déclara que lors de cette réunion: Rien n'a été mentionné qu'il eût pu être jugé nécessaire de tenir secret et ce qui a été discuté a été presque entièrement reproduit dans la presse, en tant que déclaration gouvernementale. (Voy.la déposition de Hans Lammers le 8 avril 1946,TMI,XI,41. L'avocat de R.Hess insista,ce qui donna le dialogue suivant:
Dr SEIDL:
"Est-ce que Hitler,lors de cette première séance,a développé ses buts de politique extérieure,a-t-il dit en particulier que l'Allemagne devait être libérée définitivement des chaînes du Traité de Versailles et reprendre,dans la communauté des peuples,la place qui lui revenait ?"
TEMOIN LAMMERS:
"Oui,c'est ce que je viens de dire.C'était le but de la politique extérieure du Reich que d'arriver à une révision totale du Diktat de Versailles."
Dr SEIDL:
"Hitler a-t-il dit également que pour atteindre ces buts de politique extérieure,il fallait accepter le risque d'une nouvelle guerre,peut-être même d'une guerre préventive ?"
TEMOIN LAMMERS:
"Autant que je sache ou m'en souvienne, il n'a pas été question de guerre.Jamais,en tout cas,d'une guerre préventive ou d'une guerre d'agression" (ibid.,p.42).
(L'ancien chef de la chancellerie du Reich Hans Lammers. A Nuremberg,il réfuta la théorie du "complot" brandie par l'Accusation.)
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:01
LES BEVUES GROTESQUES DE L'ACCUSATION.
Naturellement,l'Accusation ne l'entendait pas de cette oreille. Mais dans ses efforts pour démontrer ce qui n'était pas, elle commit des bévues assez grotesques.
Un "complot"....connu mondialement.
S'appuyant sur le travail préparatoire d'un certain major Joseph Dainow, auteur d'un document intitulé:"1933-1936 preparation for agression" (Ce document préparatoire n'a pas été produit à Nuremberg,mais je me le suis procuré dans les archives.),le procureur adjoint américain Sidney S.Alderman,expliqua par exemple que,pour parvenir à leurs fins, les accusés avaient développé un plan secret en cinq périodes: "la première période (1933-1936) fut essentiellement préparatoire, bien qu'elle ait compris des actions directes non déguisées", l'acte d'accusation mentionnait notamment:
- le retrait de l'Allemagne,le 14 octobre 1933,de la Conférence internationale du Désarmement,
- l'annonce,le 10 mars 1935 par H.Göring,"que l'Allemagne créait une force aérienne militaire",
- la loi du 16 mars 1935 "instaurant le service militaire obligatoire",
- la réoccupation de la Rhénanie le 7 mars 1936. (Voy.TMI,II,45.Voy.également J.Dainow,"1933-1936 preparation for agression", déjà cité,p.1).
A l'époque,tous ces événements parfaitement publics avaient eu un grand retentissement.Or,personne ne fit remarquer qu'un "complot" qui comprend, dès le début,"des actions directes non déguisées" de ce type n'est pas et n'a jamais été un "complot".
Un vide documentaire béant.
Dans son travail préparatoire,J.Dainow commençait son exposé en déclarant:
Les plans nazis de guerre d'agression ont démarré très tôt après la première guerre mondiale.(The Nazi plans for aggressive war started very soon after World War 1). (Voy.J.Dainow,doc.cité,p.6).
On attendait donc la production de dizaines de documents clairs relatifs à la période 1920-1933:discours secrets de Hitler annonçant ses intentions, comptes rendus de réunions secrètes afin d'organiser les préparatifs militaires, vastes plans secrets de réarmements coordonnés en vue d'une guerre d'agression... Mais rien de tout cela n'apparaissait. A la place,on nous servait un dossier sur la reconstruction de la Marine entre 1927 et 1940 (doc.(C-23),un ordre du 10 février 1932 sur l'armement caché des sous-marins (doc.C-141) et une lettre du 26 octobre 1932 adressée à R.Hess sur des projets d'entraînement militaire secret destinés aux pilotes d'avions civils (PS-1143). Même à ignorer le contexte dans lequel ces documents avaient été rédigés (j'y viendrai plus loin car cela explique ces initiatives allemandes), leur faible nombre et leur nature suffisaient paradoxalement à démontrer l'inanité de la thèse du complot "démarré très tôt après la première guerre mondiale". Je le répète:si un plan concerté en vue de déclencher une guerre d'agression avait existé dès 1920,des dizaines de documents très clairs seraient restés et auraient été découverts en 1945.
L'exposé magistral de l'avocat de C.von Neurath.
(Konstantin von Neurath.Son avocat à Nuremberg prononça une plaidoirie magistrale qui démontait la thèse du "complot nazi")
J'ajoute que si une manoeuvre occulte nécessite souvent plusieurs étapes, ce n'est pas parce qu'une politique se développe par étapes qu'elle est issue d'une manoeuvre acculte. Dans le cadre d'un complot,les étapes sont programmées à l'avance pour parvenir à un objectif prédéfini.Sans complot,l'étape précédente ne présage en rien de l'étape suivante,car les dirigeants agissent au gré des circonstances et de leur évolution. Dès lors,pour démontrer que les nationaux-socialistes auraient comploté en vue d'assassiner la paix,il ne suffisait pas de décrire des événements qui se suivaient chronologiquement et de les relier entre eux a posteriori grâce à des constructions intellectuelles,il fallait prouver,par des documents irréfutables,que toutes les initiatives allemandes en matière politique interna- tionale avaient été liées les unes aux autres afin de mener sûrement à la guerre. Dans sa plaidoirie,l'avocat de C.von Neurath rappela ce fait capital. Le 23 juillet 1946,il lança:
"Vous tous,Messieurs les juges,qui avez ici à rendre la justice,vous savez tout aussi bien que moi,par votre propre activité et votre propre expérience, combien il est dangereux de conclure,des actions commises à un certain moment par un homme à ses pensées,ses vues et ses actes d'une époque antérieure,Tempora mutantur et nos in illis(Les temps changent et nous en eux).Chacun de nous a certainement pu constater plus d'une fois, au cours de ma vie,l'exactitude de cette phrase. Les convictions et les idées,les intentions et les projets que nous avons eus et réalisés à un certain moment,nous les avons,au cours des années,modifiés et changés en partie en raison de notre propre évolution,en partie à la suite d'événements extérieurs ou du changement des circonstances. Veut-on réellement pour cela établir une thèse et tirer d'un examen rétrospectif la conclusion que les vues,les propos et les actes d'alors n'étaient que des manoeuvres de camouflage et que l'homme avait déjà à ce moment l'intention ferme d'agir comme il l'a fait,des années plus tard,dans de tout autres circons- tances ? N'est-il pas,lui aussi,qu'un homme et par là susceptible des mêmes changements dans ses pensées,ses vues et ses projets ? Il est même,plus que tout autre,exposé à des influences extérieures, à des conditions extérieurs,à certains impondérables et il en dépend beaucoup plus qu'un autre.En voici un seul exemple:que diriez-vous d'un homme qui oserait sérieusement prétendre que Napoléon Bonaparte,au moment où il vint à Paris pendant la Révolution et plus tard quand il prit le commandement de l'Armée française en Italie,avait déjà alors la pensée et l'intention de se faire proclamer empereur des Français en 1804 et de marcher en 1812 sur Moscou ? Je crois que celui qui établirait cette prétention serait seul dans le monde. Et pourtant un dialecticien adroit pourrait,avec quelque apparence de logique et de fondements,justifier cette affirmation en se basant sur le développement historique des événements,comme l'a fait le Ministère public en affirmant que Hitler aurait déjà,au moment où il prit le pouvoir,et même au moment de l'établissement du programme du Parti en 1929,non seulement eu l'intention mais même établi le plan de ses guerres d'agression ultérieures et que tout ce que Hitler et les nazis,ou ses collaborateurs,ont fait à l'intérieur et à l'extérieur à partir du moment de la prise du pouvoir,serait la préparation consciente de ces guerres d'agression. (...) Le fait suivant souligne combien cette supposition est erronée: il est incontestable que Hitler a témoigné à différentes reprises,à partir du jour de la prise du pouvoir jusqu'en 1937,et cela dans des discours publics, des allocutions et des notes diplomatiques non seulement de son désir de paix, ainsi qu'il ressort des documents que j'ai présentés,mais encore qu'il a fait des propositions positives en vue de la réalisation pratique d'une limitation des armements de tous les Etats,donc également de ceux de l'Allemagne, propositions dont il résulte indiscutablement qu'en ce qui concerne la Wehrmacht et sa puissance,il se serait contenté,par rapport aux armements des puissances de l'Ouest,d'un coefficient qui eut exclu a priori toute guerre d'agression contre d'autres Etats. Et maintenant,imaginons que l'une de ces offres de Hitler ait été acceptée par les autres Etats:la guerre d'agression que,soi-disant,il projetait et préparait depuis de longues années,n'aurait absolument pas été possible. Toute la peine,tout le travail et toutes les dépenses en vue d'une telle guerre auraient été vains. Ou bien peut-on admettre que Hitler prévoyait que ses offres seraient repoussées et qu'il ne les faisait que dans cette idée ? Dans ce cas,il aurait vraiment été un génie absolument démoniaque,un visionnaire prophétique de premier ordre. Peut-on réellement supposer cela et admettre de ce fait l'exactitude de l'allégation du Ministère public selon laquelle une guerre d'agression aurait été projetée pour 1939,dès avant la prise du pouvoir ? Et si même vous vouliez répondre à cette question par l'affirmation en ce qui concerne la personne de Hitler,reconnaîtriez-vous également de tels dons de visionnaires à ses collaborateurs,à ses satellites,voire à tous les membres du Parti ? Poser cette question,c'est y répondre par la négative. Cette question,à elle seule,fait tomber toute la construction si pénible et si artificielle sur laquelle repose l'Accusation.(TMI,XIX,252-4).
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:07
Des préparatifs purement défensifs.
Ajoutans à cela que jusqu'en 1936,les préparatifs militaires allemands furent purement défensifs. Dans ses mémoires,l'ancien aide de camp de Hitler,le colonel Friedrich Hossbach (sur lequel nous reviendons longuement),écrivit: Les mesures prises par le haut commandement constituent la preuve tangible de son orientation purement défensive.La création d'un système fortifié avait été entreprise depuis plusieurs années à l'Est,on se mit à en construire un autre à l'Ouest,aussitôt après la réoccupation de la rive gauche du Rhin. Pour la construction de ces fortifications qui furent appelées ultérieurement le "Westwall" (rempart occidental),le Haut commandement fixa un délai s'étendant sur plusieurs années. (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmacht et Hitler (éd.Payot,1951)pp.173-4).
Le Tribunal recule.
Quoi qu'il en soit,l'argumentaire de l'avocat dut impressionner le Tribunal, car il resta très flou sur la question du "plan concerté". Dans le jugement rendu le 30 septembre 1946,on lit: Peu importe que les preuves aient montré ou non l'existence d'un complot d'ensemble englobant la prise du pouvoir,l'extension de la domination nazie à tous les domaines de la vie économique et sociale,les projets de guerre. (TMI,XXII,498). L'aveu du Tribunal:pour la période 1920-1936,l'Accusation n'avait trouvé aucune preuve de l'existence d'un "complot nazi" en vue de déclancher des guerres d'agression (extrait du jugement,TMI,22,p.498).
C'était l'aveu qu'il n'y avait rien concernant la période 1920-1936. L'Accusation avait fait chou blanc et le Tribunal le reconnaissait....
LES DEUX DOCUMENTS-CLES DE L'ACCUSATION.
La thèse du "complot" dut son salut à deux documents:
- le compte rendu d'une réunion secrète tenue le 5 novembre 1937 à la Chancellerie du Reich (le "Mémorandum Hossbach"),
- l'affidavit de Paul-Otto Schmidt,interprète officiel au ministère allemand des Affaires étrangères.
Le "protocole Hossbach".
(Major Hossbach (au milieu) en 1934.Auteur d'un banal mémorandum qui allait devenir un document-clé de l'Accusation.)
Lors de la réunion du 5 novembre 1937,Hitler aurait révélé à quelques proches collaborateurs que ses objectifs en politique extérieure,rattachement de l'Autriche et du pays des sudètes par la force. ("La question allemande ne peut être résolue que par la force,ce qui ne va jamais sans risque" (Zur Lösung der deutschen Frage könne es nur den Weg der Gewalt geben,dieser niemals riskolos sein),voy.le "Mémorandum Hossbach", produit à Nuremberg sous la cote PS-386 et consultable dans TMI,XXV,402-13, la phrase citée se trouve p.408).
- L'Accusation triomphe.
Dans son réquisitoire introductif,le procureur adjoint Sydney S.Alderman qualifia ce mémorandum d'"un des plus frappants et des plus révélateurs parmi les documents saisis",il ajouta que cette pièce " ne laisssait subsister aucun doute au sujet de la préméditation des crimes nazis contre la paix" (TMI,II,266-267). Quant au Tribunal,il l'accepta et y vit la preuve que: le 5 novembre 1937 au plus tard,ces projets (d'agression) étaient formés, qu'ils eurent pour suite les menaces de guerre et les guerres qui troublèrent la paix de tant de nations.([i]TMI,XXII,498).
- Une conclusion stupide.
Cette conclusion était stupide pour une raison évidente:alors que le mémorandum parlait de résoudre par la guerre la question de l'Autriche et celle de la Tchécos- lovaquie,l'Anschluss en mars 1938,le rattachement du pays des Sudètes fin septembre 1938 et l'établissement du protectorat de Bohême-Moravie en mars 1939 furent obtenus par Hitler sans guerre. Preuve qu'aucun plan d'agression n'avait été définitivement arrêté le 5 novembre 1937. Même s'il n'écartait pas l'éventualité d'une guerre,le Führer voulait réaliser ses objectifs de manière pacifique.A Nuremberg,celui qui avait été son ministre des Affaires étrangères à partir de février 1938,J.von Ribbentrop,déclara qu'à cette époque,Hitler lui avait parlé de paix: Il me déclara seulement (...) que l'Allemagne avait certains problèmes à résoudre en Europe et que pour cela il fallait qu'elle fût forte.Il a également envisagé la possibilité de désaccords,mais il ne précisa jamais sa pensée sur ce point. Au contraire,il me disait toujours que son plus grand désir était de résoudre ces problèmes en Europe par la voie diplomatique. Une fois ces problèmes résolus,il voulait créer un Etat socialiste populaire idéal et faire de l'Allemagne qui naîtrait alors un Etat socialiste moderne exemplaire, embelli de tous les nouveaux édifices auxquels il tenait particulièrement. (TMI,X,256).
- Un démenti.....américain.
A ceux qui refuseront de croire un "nazi",je soumettrai un document bien plus fort: le rapport officiel du général américain Marshall publié en 1945 et intitulé: "La victoire en Europe et dans le Pacific" (The Winning of the War in Europe and the Pacific).Dans l'introduction,on lit: Les preuves disponibles montrent que l'intention initiale de Hitler était de créer, par absorption des peuples germaniques des territoires contigus à l'Allemagne et par la consolidation de ses nouvelles frontières,un plus grand Reich qui dominerait l'Europe.Pour parvenir à cette fin,Hitler pratiqua une politique d'opportunisme qui permit l'occupation du pays rhénan,de l'Autriche et de la Thécoslovaquie sans rencontrer d'opposition militaire. Aucune preuve n'a encore été trouvée que le Haut Commandement allemand aurait eu un plan stratégique global (No evidence has yet that the German High Command had any over-all strategic plan). (Voy.Général Marshall's Report.The Winning of the War in Europe and the Pacific Biennial Report of the Chief of Staff of the United States Army,July 1,1943, to June 30,1945 to the Secretary of War (éd.Simon & Schuster,1945),p.1).
L'auteur déclare qu'aucune preuve n'a été découverte qui aurait démontré l'existence d'un "complot nazi" pour déclencher des guerres d'agression.
(Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini le 29 septembre 1938)
Les accords de Munich:Septembre-octobre 1938:contrairement à ce qu'il aurait annoncé moins d'un an plus tôt,Hitler parvient à résoudre pacifiquement la question des Sudètes;au grand soulagement du monde entier....
Il est intéressant de souligner que malgré ce rapport,les accusateurs à Nuremberg persistèrent jusqu'au bout à accuser les vaincus de "plan concerté" contre la paix.
- Une étude qui réfute la valeur du "protocole Hossbach".
Mais alors,me dira-t-on,comment expliquer l'existence du "Mémorandum Hossbach" ? Pour répondre,je citerai en y apportant quelques précisions (entre crochets), le compte rendu rédigé par Mark Weber du livre:Le Protocole Hossbach, la destruction d'une légende (Dankwart Kluge,Das Hossbach-Protokoll: die Zerstörung einer Legende (Editions Druffel Verlag,1980),p.168):
(...) Le 5 novembre 1937,Hitler convoqua quelques hauts dirigeants pour une conférence à la Chancellerie du Reich à Berlin:le Ministre de la Guerre Werner von Blomberg,le Commandant de l'Armée Werner von Fritsch, le Commandant de la Marine Erich Reader,le Commandant de l'Aviation Hermann Göring,et le Ministre des Affaires étrangères Konstantin von Neurath. Etait aussi présent le conseiller militaire de Hitler,le colonel-comte Friedrich Hossbach. Cinq jours plus tard,Hossbach rédigea de mémoire un compte rendu non autoriser de la réunion.Il n'avait pas pris de notes pendant la conférence. (Dans une déclaration sous serment rédigée le 18 juin 1946,F.Hossbach confirma qu'il n'avait pas pris de notes ("Bei der Sitzung am 5.11.1937 ist ein Protokoll durch mich nicht aufgenommen worden") et qu'il avait rédigé le compte rendu "quelques jours plus tard" (Einige Tage später) (Voy.le doc.OKW-210 in TMI,XLII,228.C'est Erich Reader qui,lors des audiences, parla d'un laps de temps de "cinq jours"(TMI,XIV,40).
Plus tard,toutefois,il écrivit: "Ma rédaction (du compte rendu) se basa sur les notes sténographiques que j'avais prises et sur mes souvenirs" (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmacht et Hitler (éd.Payot,1951), annexe III,pp.210-13). Avait-il effectivement pris quelques notes très générales ou voulut-il,des années après,donner du crédit à son compte rendu ? Je l'ignore...). Hossbach affirma après la guerre qu'il avait par deux fois demandé à Hitler de lire le mémorandum mais le Chancelier répondit qu'il n'avait pas le temps. ("J'ai porté à la connaissance de Hitler l'existence du compte rendu et l'ai prié par deux fois de le lire,ce qu'il a refusé au motif qu'il n'avait pas le temps" (Ich habe Hitler von dem Bestehen der Niederschrift Kenntnis gegeben, sie zur lesen,was er mit der Bemerkung,er habe keine Zeit,zurückwies , doc.OKW-210 in TMI,XLII,229).
Apparemment aucun des autres participants ne connaissait l'existence du compte rendu du colonel sur la conférence. Ils ne considéraient pas non plus cette rencontre comme particulèrement importante. (Interrogé à Nuremberg sur la façon dont,à l'époque,il avait réagi en apprenant qu'une réunion s'était tenue,le général Jodl déclara: Lorsque je demandai un compte rendu,on me répondit que l'on n'en avait pas. Je puis le prouver car je l'ai mentionné dans mon journal (document PS-1780). Ce qu'on me dit n'avait absolument rien de sensationnel et ne me parut pas autrement remarquable ou différent des autres mesures d'ordre général à prendre en préparation d'une guerre. Je ne puis que supposer que le maréchal von Blomberg garda ces choses pour lui, ne croyant pas lui-même à la possibilité de leur exécution,même éventuelle. (TMI,XV,367-8/)
Dans ses mémoires,d'ailleurs,F.Hossbach explique que suite à la promulgation de la loi rétablissant le service militaire obligatoire de deux ans,il avait été question d'imposer une troisième année aux éléments aptes à devenir officiers, ceci afin de constituer une réserve de cadres nécessaires pour faire la guerre. Le ministre de la Guerre et le commandant en chef de l'Armée s'y étaient cependant opposés," trouvant trop pénible d'imposer ce nouveau fardeau aux jeunes soldats les plus dignes,et de les retenir plus longtemps loin de leurs occupations civiles." (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmacht...,déjà cité,pp.175-6).
Ils lui préféraient le volontariat,sachant toutefois que dans ce cas,le nombre de cadres de réserves serait très inférieur à celui exigé en cas de conflit. A supposer que Hitler ait préparé des guerres pour un avenir proche,il aurait naturellement opté pour la troisième année obligatoire,afin de former au plus vite des officiers.Or,ce n'est pas ce qui advint. F.Hossbach raconte:"Hitler se rallia à leur opinion,bien qu'ils ne lui cachèrent pas les désavantages résultant de la limitation de la mesure au volontariat" (ibid., p.176.Et de conclure: Les déclarations (belliqueuses) faites par Hitler à la conférence du 5 novembre 1937 parurent donc d'autant moins compréhensibles. Quoi qu'il en soit,j'eus l'impression,sur le moment,que les projets d'agression de Hitler ne se réaliseraient jamais à cause de l'opposition très nette de Blomberg et de Fritsch.Les deux généraux ne cessant de souligner qu'il fallait de nombreuses années de paix à la Wehrmacht pour se constituer solidement. Hitler déclara un jour:"Je comprends parfaitement le désir qu'ont les soldats de ne pas soumettre prématurément à l'épreuve leur création encore bien jeune." (ibid)
Preuve que les paroles de Hitler ce 5 novembre 1937 ne peuvent absolument pas être considérées comme démontrant l'existence d'un complot pour déclencher des guerres d'agression.)
Dans ses mémoires F.Hossbach relativise la portée des propos qu'aurait tenus Hitler le novembre 1937.
Quelques mois après la conférence,Hossbach fut affecté à une autre fonction. Son manuscrit fut classé avec de nombreux autres documents,et oublié. En 1943,un officier d'Etat-major,le colonel-comte Kirchbach trouva le manuscrit en consultant le fichier et en fit une copie pour lui-même. Kirchbach laissa le document original dans le dossier et donna sa copie à son beau-frère,Victor von Martin,pour la mettre en sûreté. Peu de temps après la fin de la guerre,Martin transmit cette copie aux autorités d'occupation alliés,qui l'utilisèrent pour produire une version substantiellement retouchée comme pièce à conviction à Nuremberg. Des phrases telles que celle où Hitler disait:"la question allemande ne peut être résolue que par la force" furent inventées et insérées. (Interrogé à Nuremberg,H.Göring déclara:"On m'a déjà montré ce document ici, et j'en connais à peu près le contenu (...) Comme je l'ai déjà dit,un certain nombre de points correspondent exactement aux paroles du Führer,mais sur d'autres points ou pour d'autres formules, je peux dire qu'ils n'ont aucun rapport avec ce qu'a dit le Führer." (TMI,IX,329).
Mais surtout le document présenté à Nuremberg est moitié moins long que le manuscrit Hossbach d'origine.L'original écrit par Hossbach et la copie de Kirchbach/Martin ont tous deux complètement (et opportunément) disparu. D'après le document Hossbach présenté à Nuremberg et largement cité depuis, Hitler déclara aux personnes présentes que ses remarques devaient être considérées comme un "testament politique" au cas où il pourrait.
(Ce simple fait est déjà suspect.A Nuremberg,H.Göring expliqua: En ce qui concerne le mot "testament",son emploi ici est absolument contraire aux conceptions du Führer.Et si quelqu'un connait bien ces conceptions.C'est moi. (...) J'ai souvent eu l'occasion de discuter avec le Führer la question d'un "testament politique".Le Führer repoussa cette idée en prétendant qu'on ne pouvait jamais désigner un successeur dans un testament politique car il fallait garder en tout temps une complète liberté d'action au milieu de l'évolution et des événements politiques. Il était très possible de rédiger un exposé sur des points de vue et des désirs politiques,mais jamais sous la forme d'un testament qui engageât définitivement. Voici quel était alors le point du vue du Führer et il est resté le même pendant tout le temps où il m'a accordé sa confiance. (TMI,IX,329-30)
Notons d'ailleurs qu'après la guerre,commentant le fait que Hitler avait refusé par deux fois de lire le compte rendu de la réunion,F.Hossbach écrivit: Cette attitude négative de Hitler me frappa beaucoup,car il avait déclaré le 5 novembre que ses déclarations constituaient son "testament politique" et cependant il ne témoignait pas le moindre intérêt à la rédaction qui avait été donnée à ce "testament" et à l'endroit où il était conservé. (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmachat.... op.cit.,p.211)
Ce désintérêt total démontre que les propos tenus le 5 novembre 1937 par Hitler n'étaient pas,quoi qu'il ait peut-être pu en dire sur le moment,un "testament politique". La lecture du compte rendu me laisse croire qu'au début de son discours,le Führer voulut exprimer des principes généraux sur l'avenir de l'Allemagne et,ainsi, sur la politique extérieure à adopter.Mais la tournure prise ensuite par la réunion et notamment les objections des militaires,lui fit comprendre qu'il ne pouvait en être ainsi). La partie la plus accablante cite Hitler disant que les forces armées devraient agir au plus tard en 1943-45 pour assurer "l'espace vital" (Lebensraum) nécessaire à l'Allemagne.Cependant,si la France était affaiblie par une crise interne avant cette date,l'Allemagne devrait agir contre la Tchéquie (Bohême-Moravie). Ou si la France était impliquée dans une guerre (probablement contre l'Italie) au point qu'elle ne pourrait plus agir contre l'Allemagne,alors l'Allemagne s'emparerait de la Tchéquie et de l'Autriche simultanément. Les soi-disant allusions de Hitler à "l'espace vital" allemand se réfèrent seulement à l'Autriche et à la Tchéquie. Lorsque Hitler arriva au pouvoir en 1933,l'Allemagne était militairement à la merci des Etats étranges hostiles.Le réarmement avait commencé lentement et au début de 1937,à cause d'un manque de matières premières,les trois branches de l'Armée durent subir des restrictions.Une violente dispute éclata entre les trois branches à propos de la répartition du reliquat. Contrairement à ce que le protocole Hossbach suggère,Hitler convoqua la conférence du 5 novembre 1937 en partie pour reconcilier les chefs des différentes branches militaires,et en partie pour relancer le programme allemand de réarmement.La politique étrangère était seulement une question subsidiaire. Hitler cherchait à justifier la nécessité de reconstruire la force militaire allemande en présentant plusieurs cas de crises internationales hypothétiques et exagérées, qui requerraient une action militaire,et aucune d'entre elles ne se produisit jamais. Hitler n'annonça aucune nouvelle orientation pour la politique étrangère allemande, encore moins un plan pour une guerre d'agression.
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:12
(Erich Raeder et Hitler en 1943)
(Interrogé à Nuremberg sur le document Hossbach,l'accusé Raeder expliqua: En manière d'introduction,je dois dire que l'affirmation contenue dans l'exposé des charges du Ministère public et d'après laquelle un groupe de nazis influents se seraient rencontrés pour examiner la situation,ne donne pas du tout une idée exacte de ce qui s'est alors passé. Hitler avait convoqué les personnes mentionnées dans le document afin de leur expliquer les probabilités de l'évolution politique et pour leur donner les instructions nécessaires. J'aimerais maintenant faire une remarque générale sur la nature des discours de Hitler,car on va désormais en parler beaucoup,Hitler parlait longuement et remontait très loin dans le passé.Et surtout,chacun de ses discours avait un but particulier,qui variait avec l'auditoire.Très dialecticien,il était également passé maître dans l'art du bluff. Il revenait sur des expressions frappantes,suivant le but qu'il poursuivait. Il se contredisait également souvent dans des discours successifs. On ne savait jamais où il voulait finalement en venir. Quand son discours était terminé,il était difficile d'en préciser le but. En principe,ses discours produisaient une impression plus profonde sur les personnes qui l'entendaient rarement que sur celles qui étaient déjà familiarisées avec sa façon de parler (...). Pour moi,les phrases marquantes de son discours sont les suivantes: "L'Angleterre et la France ont déjà éliminé la Tchécoslovaquie", "Je suis convaincu que l'Angleterre et la France n'interviendront pas". Et,en troisième lieu,le fait que,quelques mois auparavant,en juillet 1937, le deuxième accord naval avait été signé.Ces trois faits m'assuraient que Hitler ne chercherait pas à donner une solution belliqueuse aux problèmes de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie.En tout cas,il était alors question des Sudètes,et il semblait pencher vers une solution pacifique. C'est pourquoi ce discours ne me donna nullement l'impression que Hitler voulait alors transformer sa politique de paix en une politique de guerre. (...) Pour moi,les conclusions à tirer de ce discours ne sont autres que celles-ci. La construction de la flotte dans la proportion de 1 à 3 par rapport à l'Angleterre, devait être poursuivie,et l'on devait s'efforcer d'entretenir des relations amicales avec l'Angleterre.Il fallait également respecter la proportion fixée par l'accord récemment intervenu.(TMI,XIV,41-2).
Qui a lu les "entretiens secrets" de Hitler donnera raison à E.Raeder).
A Nuremberg,Göring affirma que Hitler lui avait dit en privé juste avant la conférence que le but principal en convoquant la conférence était: "de mettre la pression sur le général von Fritsch,car il (Hitler) n'était pas satisfait du réarmement de l'armée" (:"Le Führer m'avisa un peu avant la réunion,car j'étais arrivé plus tôt, qu'il réunissait cette conférence principalement pour faire pression sur le général von Fritsch parce qu'il n'était en rien satisfait du réarmement de l'Armée et qu'il ne serait peut-être pas inutile que M.Blomberg exerçât lui aussi une certaine pression sur Fritsch" (H.Göring à Nuremberg,TMI,IX,330).
L'amiral Raeder confirma la déclaration de Göring. Comme certains autres conservateurs aristocrates et traditionalistes,Hossbach devint un opposant acharné d'Hitler et du régime national-socialiste. Il était un ami intime du général Ludwig Beck,qui fut exécuté en 1944 pour son rôle dirigeant dans la conspiration qui tenta d'assassiner Hitler et de renverser le gouvernement.En dépit de ses dénégations après la guerre,il est virtuellement certain que Hossbach prépara sa version biaisée de la conférence à la demande de Beck dans le but d'une utilisation possible pour discréditer le régime d'Hitler après un coup d'état.Hossbach était également proche de l'amiral Wilhelm Canaris, chef du renseignement militaire,et du général Ziehlberg,qui furent tous deux exécutés pour leur rôle dans le complot d'assassinat de juillet 1944. Déjà au début de 1938,Hossbach,Beck et Canaris étaient en faveur d'un coup d'état pour renverser Hitler par la force. (...) Il n'y a pas de doute que le protocole Hossbach est sans valeur comme document historique.Après la guerre,Hossbach et Kirchbach déclarèrent tous deux que la version présentée par le procureur américain était assez différente du document manuscrit dont ils se rappelaient.Hossbach témoigna aussi à Nuremberg qu'il ne pouvait pas confirmer que la version de l'Accusation correcpondait complètement au manuscrit qu'il écrivit en 1937.
(L'amiral Wilhelm Canaris)
(Le document produit à Nuremberg n'était pas un original,mais une photocopie d'une copie tapée à la machine avec une attestation écrite du "Department of State (Washington D.C)" en date du 17 octobre 1945. Invité à signer une déclaration sous serment attestant que le document présenté par l'Accusation était conforme à l'original (de 1937),F.Hossbach refusa,acceptant seulement de déclarer que la copie qu'on lui montrait était conforme au document détenu par le "Department of State" (Voy.Dr Donald S.Detwiler,"The Origins of the Second World War.Reflections on Three Approaches ti the Problem" paru dans Air University Review,juillet- août 1969). Dans ses mémoires,il écrivit: Il m'est impossible d'affirmer aujourdhui d'une manière absolument certaine que le texte du soi-disant "procès-verbal Hossbach" (doc.PS-386 à Nuremberg) est exactement conforme à ma rédaction originelle. La forme extérieure et intérieure du document,le style,certaines tournures de phrases et le souvenir que j'ai gardé du contenu me font penser,après mûre réflexion,que ce texte est bien grosso modo une copie de l'original. (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmacht....,déjà cité,p.212).
F.Hossbach ne pouvait donc pas garantir,et de loin,l'authenticité du document PS-386). Et dans ses mémoires,il reconnut qu'en tout cas,Hitler n'esquissa aucune sorte de "plan de guerre" durant la réunion.(Exact ! On lit: Le seul fait que le Führer ne convoqua à la conférence du 5 novembre que le ministre des Affaires étrangères et les quatre grands chefs militaires montre qu'on ne pouvait y prendre des décisions fermes et concrètes au sujet de la préparation d'une guerre d'agression.Les hostilités modernes font entrer en jeu l'économie politique,les finances et la propagande au moins autant que les forces armées,et les représentants de ces ministres,qui eussent été indis- pensables pour arrêter les préparatifs,n'assistaient pas à la réunion. On y dressa aucun "plan de guerre" pouvant servir de base aux mesures à prendre ou à envisager par les autorités politiques,militaires,économiques,etc. En dehors de l'étude déjà prescrite par Fritsch,aucune instruction ne fut donnée, ni même prévue pour que la question tchèque fût examinée plus attentivement du point de vue militaire. Hitler n'en donna absolument pas non plus dans les autres domaines intéressés par une guerre éventuelle,en particulier dans le domaine des Affaires étrangères, pour que la réalisation de ses intentions fût méthodiquement préparée. (Voy.F.Hossbach,Entre la Wehrmacht....,déjà cité,p.186).
Nouvelle preuve que des propos,si sinistres soient-ils,ne démontrent rien en eux-mêmes.) A Nuremberg,Göring,Raeder,Blomberg et Neurath (Fritsch était mort en 1939) dénoncèrent tous le protocole Hossbach comme une représentation complètement faussée de la conférence.Le protocole traite seulement de la première moitié de la réunion,déformant ainsi son vrai caractère.Le mémorandum se termine par la simple phrase:"La seconde moitié de la conférence traite des questions d'armement".Aucun détail n'est donné. En 1968 Victor von Martin décrivit le mémorandum par ces mots: "Le protocole présenté au tribunal de Nuremberg fut assemblé d'une manière telle qu'elle changeait totalement la signification (de l'original) et peut donc être qualifié seulement de falsification grossière".
Lorsqu'il écrivit son étude contestatrice,The Origins of the Second World War ("Les origines de la Seconde Guerre Mondiale"), A.J.P.Taylor accepta le mémorandum Hossbach comme un compte rendu véridique de la réunion du 5 novembre 1937.Cependant,dans un supplément intitulé "Réflexion faite" ajouté aux éditions suivantes,le célèbre historien britannique admit qu'initia- lement il "s'était fait avoir" par la "légende" du document. La conférence soi-disant significative était en réalité "une manoeuvre dans des affaires domestiques". Le protocole lui-même,nota Taylor,"ne contient pas de directives d'action allant au-delà d'un souhait de renforcer les armements". Il remarqua ironiquement que "ceux qui croient aux procès politiques devraient continuer à citer le mémorandum Hossbach". H.W.Koch,un enseignant à l'Université de York (Angleterre),finit de démanteler la légende dans un article en 1968,qui conclut que l'infâme protocole serait "inacceptable dans tout autre tibunal que celui de Nuremberg". Dankwart Kluge a apporté une précieuse contribution à notre compréhension des origines de la deuxième guerre mondiale. Son étude apparaîtra pendant de longues années comme la dissection la plus magistrale d'une grande fraude documentaire. Son remarquable travail comprend le texte complet du protocole Hossbach en appendice,quatre photos,et une bibliographie complète (...). Kluge a fait un travail admirable en rassemblant sa documentation,qui provient non seulement de toutes les sources documentaires ou publiées disponibles, mais aussi de nombreuses interviews privées et de sa correspondance avec les témoins-clés.Kluge soutient sa cause de manière irrésistible,bien que le style narratif soit un peu faible. Cette importante étude ne laisse pas de doute que le célèbre protocole est en fait une révision falsifiée d'une copie non-certifiée d'un original non-autorisé, qui a disparu. http://library.flawlesslogic.com/hossbach_fr.htm.
- L'aveu implicite du Tribunal.
Le fait que le "Mémorandum Hossbach" ait été la pièce n°1 à l'appui de la thèse du "complot" en dit long sur la valeur des autres "preuves" et, par conséquent,sur celle de ladite thèse. Je note d'ailleurs qu'après avoir avoué implicitement l'absence de documents probants pour la période de 1920-1936 et après avoir mentionné F.Hossbach, les juges de Nuremberg écrivirent: (Les preuves produites) attestent l'existence de plans concertés et successifs plutôt que celle d'un complot les englobant tous.C'est par voie d'étapes que, depuis la prise du pouvoir,l'Allemagne nazie s'acheminait vers la dictature totale et vers la guerre.(TMI,XXII,498).
L'aveu était capital:
- car comme je l'ai expliqué plus haut,une politique par étapes ne signifie pas qu'il y ait eu "complot".
.../...
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:16
(La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler lors de l'entrevue de Montoire le 24 octobre 1940. À l'arrière plan au centre, le Dr Paul-Otto Schmidt,interprète de Hitler. En 1945,il signa un affidavit mensonger qui chargeait les dignitaires nationaux-socialistes).
L'Affidavit de P.Schmidt.
Pour le démontrer,il fallait prouver que ces étapes avaient été liées les unes aux autres afin de parvenir à un seul objectif:la guerre.Or,le Tribunal échoua totalement dans cette mission.Car immédiatement après,il poursuivit ainsi: Dans la pensée du Tribunal,l'imputation aux accusés de plans concertés successifs tendant à la guerre d'agression est justifiée par les preuves. Peu importe que celles-ci révèlent avec moins de certitude le vaste programme d'ensemble allégué par l'Acte d'accusation.Cet état de fait est bien exprimé par Paul Schmidt interprète officiel du ministère des Affaires étrangères d'Allemagne,dans le passage suivant:
"Les buts des dirigeants nazis étaient clairs dès l'origine:c'était,en vue de dominer le continent européen,l'incorporation du Reich des éléments de langue allemande,puis l'expansion territoriale sous le couvert du slogan "Lebensraum". Mais l'exécution de ces projets essentiels fut improvisée. Les mesures qui s'ensuivirent furent dictées par les événements,mais toutes, elles étaient conformes aux buts que nous venons de rappeler." (Id.La traduction des deux dernières phrases est très approximative. Il fallait lire:"Mais l'exécution de ces objectifs fondamentaux semble avoir été caractérisée par l'improvisation.Chaque pas en avant était apparemment franchi à chaque nouvelle situation survenue,mais l'ensemble s'accordait avec les objectifs ultimes mentionnés plus haut." (The execution of these basic objectives, however,seemed to be characterized by improvisation.Each succeeding step apparently was carried out as each new situation arose,but all consistent with the ultimate objectives mentioned above);voy.doc.PS-3308 in TMI,XXXII,144).
La dialectique était donc la suivante:certes,l'existence d'un "vaste programme d'ensemble" n'est pas démontrée,mais toutes les étapes de votre politique qui devait mener à la guerre étaient liées entre elles (d'où l'existence d'un complot),c'est l'un des vôtres qui le dit. Tel était donc le deuxième (et unique) document censé étayer la thèse du "plan concerté":une déclaration sous serment faite après coup par un "petit fonctionnaire"! (C'est ainsi que C.von Neurath qualifia P.Schmidt le 25 juin 1946 à Nuremberg (TMI,XVII,47). C'était elle qui permettait d'établir le lien entre toutes les initiatives allemandes prises "dès l'origine" afin de "tend(re) à la guerre d'agression". On reste abasourdi devant un tel aplomb.Tout d'abord parce que même s'il avait été précis et circonstancié,un tel témoignage aurait été absolument insuffisant pour conclure sur un ensemble d'événements d'une telle complexité. Il fallait des preuves bien plus solides,par exemple des comptes rendus de réunions secrètes au cours desquelles des plans d'attaques précis auraient été échafaudés.
- Une affirmation fantaisiste.
Ensuite parce que la valeur de cette déclaration tardive était sujette à caution, les conditions de sa production ayant été très suspectes. Ce fait aurait pu rester à jamais inconnu si l'affidavit n'avait contenu le passage suivant: Le discours prononcé par (Franz von) Papen le 18 février 1938,suite à la rencontre de Berchtesgaden (entre Hitler et le chancelier autrichien Schuschnigg le 12 février 1938),interpréta l'accord de Berchtesgaden comme le premier pas vers l'établissement d'un commonwealth européen sous la domination de l'Allemagne.Aux Affaires étrangères,cela fut généralement reconnu comme une prophétie claire d'une Plus Grande Allemagne qui comprendrait l'Autriche. (TMI,XXXII,146).
Ces affirmations étaient de la plus haute fantaisie,pour la simple raison que F.von Papen n'avait jamais prononcé un tel discours. Dans le dossier autrichien,à la date du 18 février 1938 figurait un seul document: un communiqué sur le rétablissement des droits en faveur des nationaux-socialistes autrichiens. (Voy.Dokumente der Deutschen Politik,vol.6,I,p.128,doc.n°21-d).
- P.Schmidt avait....perdu la mémoire.
Interrogé le 28 mars 1946 par l'avocat de F.von Papen,P.Schmidt concéda qu'il y avait une "erreur" et qu'il avait....perdu la mémoire:
TEMOIN SCHMIDT: Je crois que c'est une erreur qui a pu m'échapper au moment où j'ai fait cet affidavit,car ce discours n'a peut-être pas été prononcé,en tout cas,je ne me souviens plus de ce discours que j'ai mentionné dans cet affidavit.Il est parfaitement possible que je me sois trompé,l'erreur est excusable étant donné quecet affidavit m'a été demandé à un moment où je me trouvais à l'hôpital assez gravement malade,et il est possible qu'en relisant je ne me sois pas aperçu de mon erreur.
Dr KUBUSCHOK:Cela enlève-t-il toute valeur à la constatation du fait et aux conclusions qui en ont été tirée ?
TEMOIN SCHMIDT: Après ce que j'ai dit,oui. Je ne me souviens pas de ce discours et je crois que c'est une erreur de ma part que j'attribue aux circonstances dans lesquelles j'ai signé cet affidavit,alors que j'étais très malade.(TMI,X,235).
P.Schmidt nous invitait donc à croire que par une simple inadvertance qui lui avait "échappé",il aurait mentionné un discours dont il ne se souvenait plus du tout aujourd'hui alors que quelques semaines plus tôt,il avait été capable d'en préciser l'auteur,la date,le contenu et surtout la façon dont il avait été interprété au ministère des Affaires étrangères. C'était vraiment se moquer du monde ! F.von Papen eut raison de lancer lors de son contre-interrogatoire,le 19 juin1946: Permettez-moi de dire encore un mot au sujet de cet affidavit de M.Schmidt. Nous avons pu constater,alors que le témoin déposait ici que cet affidavit lui avait été présenté lorsqu'il se trouvait à la clinique après une maladie très grave,il était couché,et on lui a fait signer cette déclaration... (TMI,XVI,398-9)
(Franz von Papen. A Nuremberg,lui et son avocat réfutèrent l'affidavit mensonger de Paul Schmidt).
- Les méthodes des vainqueurs.
En affirmant qu'"on lui avait fait signer",l'accusé n'exagérait probablement pas. A l'époque,les pressions exercées sur les vaincus étaient monnaie courante. Je rappelle le cas douloureux de l'accusé Fritz Sauckel. Le 4 septembre 1945,alors qu'il était détenu à la prison d'Oberursel (en attendant d'être transféré à Nuremberg),il signa un affidavit selon lequel il avait "pleinement adhéré au programme d'Adolf Hitler",y compris,donc, aux conceptions "racistes" (doc.PS-3057).Neuf mois plus tard cependant, lors de son contre-interrogatoire par l'Accusation,il déclara n'avoir: jamais approuvé les déclarations faites par certains orateurs nationaux-socialistes sur une "race supérieure" ou sur une "race des seigneurs" (....). Jamais je n'ai tenu pour bonne la notion de supériorité d'une race,mais je considérais comme nécessaire l'égalité des droits.(TMI,XV,73).
Le substitut français Jacques B.Herzog lui rétorqua: Alors je vous demande,accusé Sauckel,si vous confirmez ces déclarations que vous avez faites sous serment volontairement et sans contrainte,le 4 septembre 1945,et qui sont en contradiction avec les déclarations que vous venez de faire. (id.)
La réponse de l'accusé fut nette: Ce document me fut présenté tout terminé,lors de mon interrogatoire. J'ai demandé qu'on me laissât lire ce document,dans ma cellule,afin de pouvoir y réfléchir,pour voir si je pouvais y apposer ma signature,mais cela me fut refusé. Au cours de cette conversation,on me déclara,en présence d'un officier,dont on me dit qu'il appartenait à l'Armée russe ou polonaise,que si j'hésitais trop longtemps à signer ce document,je serais livré aux autorités russes. Cet officier russe ou polonais demanda: "Où est la famille de Sauckel ? Lui,nous le connaissons et,bien entendu, nous allons l'emmener.Mais sa famille doit également être transférée en zone russe". Je suis père de dix enfants,je n'ai pas réfléchi,et,par égard pour ma famille, j'ai signé ce procès-verbal. (ibid.,pp.73-4).
(Fritz Sauckel. Les vainqueurs lui firent signer une attestation sous la menace de livrer son épouse et ses (dix) enfants aux Soviétiques).
Le substitut eut la naïveté de souligner que dans l'affidavit,il avait déclaré "ces déclarations volontairement et sans contrainte"(ibid.,p.74). F.Sauckel répondit avec une pointe d'ironie: "C'est exact,mais dans la situation dans laquelle je me trouvais...."(id.).
De façon très vraisemble,P.Schmidt avait lui aussi subi des pressions afin qu'il signe sans pouvoir réfléchir,ni vérifier,ce qu'on lui tendait,d'où la grossière erreur concernant ce discours qui n'avait jamais été prononcé,que ce fut par F.von Papen ou par un autre dirigeant allemand. Quand on sait cela,toute valeur à ce document doit être déniée.
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:22
L'Allemagne ne voulait pas la guerre.
La mauvaise foi du Tribunal était d'autant plus évidente qu'il avait invoqué ce document pour déclarer justifiée"l'imputation aux accusés de plans concertés successifs tendant à la guerre d'agression.". Or,dans son affidavit,P.Schmidt avait uniquement parlé d'un désir de "dominer le continent européen"(domination of the European continent), pas de guerre d'agression.
- La déposition de P.Schmidt.
J'ajoute que si,le Führer et ses proches avaient voulu,dans une volonté de revanche et de domination,porter la guerre contre les petits Etats et leurs ennemis d'hier, ils auraient sauté de joie le 3 septembre 1939,lorsque la Grande-Bretagne puis la France lancèrent leur ultimatum.Or, c'est le contraire qui advint:à Nuremberg, P.Schmidt décrivit ainsi la scène au cours de laquelle il avait traduit l'ultimatum britannique qui signifiait la guerre: Hitler se trouvait dans son cabinet de travail avec le ministre des Affaires étrangères (J.von Ribbentrop). Lorsque ma traduction fut terminée,ils restèrent tous les deux silencieux pendant environ une minute.Je pouvais voir que ce développement de la situation ne leur était pas agréable. Hitler est resté un certain temps assis sur sa chaise,pensif,fixant son regard dans l'espace,d'un air soucieux.Puis il rompit brusquement le silence en demandant au ministre des Affaires étrangères:"Que devons-nous faire maintenant ?" Alors,ils ont commencé à s'entretenir des mesures diplomatiques à prendre d'urgence, à voir s'il fallait convoquer tel ou tel ambassadeur,etc. Je quittai la pièce puisque je n'avais plus rien à y faire. En arrivant dans l'antichambre, j'ai trouvé (...) un certain nombre de membres du Cabinet du Reich et d'autres hauts fonctionnaires qui m'avaient lancé des regards interrogateurs au moment où j'étais entré (...) et auxquels j'avais répondu qu'il n'y aurait pas de second Munich. En sortant,je vis à leurs regards soucieux qu'ils avaient bien compris ce que j'avais voulu dire et quand je leur ai appris que je venais de remettre un ultimatum britannique à Hitler,un silence consterné régna dans la pièce. Les visages devinrent graves et je me souviens encore par exemple que Göring(...) m'a dit:"Si nous perdons cette guerre,que Dieu ait pitié de nous". Goebbels était seul dans un coin,l'air très grave,pour ne pas dire consterné. Cette atmosphère déprimante se traduisait sur le visage de tous les assistants. Je conserve encore aujourd'hui l'impression précise de cette ambiance qui règnait, le premier jour de la guerre,dans l'antichambre de la Chancellerie du Reich. (TMI,X,213).
Dans ses mémoires,rédigées peu après,P.Schmidt décrivit une scène semblable. Il ajouta juste que Hitler avait questionné J.von Ribbentrop "avec un éclair de fureur dans les yeux,comme s'il voulait exprimer que Ribbentrop l'avait faussement informé sur la réaction des Anglais". (Voy.P.Schmidt,Sur la scène internationale.Ma figuration auprès de Hitler, 1933-1945 (éd.Plon,1950),p.226).
Quant aux gens rencontrés dans l'antichambre,il reprit la réflexion de H.Göring et précisa que Goebbels"était dans un coin,abattu,replié sur lui-même, il avait l'air,littéralement,d'un barbet qu'on vient de doucher" .(id. Il termina ainsi: Partout je vis des visages consternés,même chez les membres du Parti les plus modestes qui se trouvaient dans la salle.(id.
- L'Allemagne n'était pas prête pour la guerre.
Cette description confirme que dans les hautes sphères allemandes,on ne voulait pas la guerre,on la redoutait même. La première raison était matérielle:en 1939,et contrairement à une légende entretenue,l'Allemagne n'était absolument pas prête à faire face à un conflit étendu. Voici ce que l'on put entendre le 4 juin 1946 à Nuremberg,le général Jodl étant interrogé par son avocat,Me Franz Exner:
PROFESSEUR Dr EXNER :le Ministère public prétend que vous auriez dû savoir qu'un réarmement aussi vaste que celui entrepris par l'Allemagne ne pouvait servir qu'à une guerre d'agression.Qu'en pensez-vous ?
ACCUSE JODL :Le fait de formuler une pareille assertion ne peut s'expliquer, je crois,que par un manque de connaissance sur le plan militaire. Jusqu'en 1939,nous étions,il est vrai,en mesure d'abattre la Pologne seule, mais nous n'avons jamais été en mesure,ni en 1938,ni en 1939 de nous opposer à une attaque concentrique de ces nations réunies. Et si nous ne nous sommes pas effondrés dès 1939,cela est du simplement au fait que,pendant la campagne de Pologne,les 110 divisions françaises et britanniques à l'Ouest sont demeurées absolument inactives en face des 23 divisions allemandes.
PROFESSEUR Dr EXNER : Mais,dites-nous alors quand le réarmement allemand a été entrepris sur un rythme vraiment intensif ?
ACCUSE JODL:Un réarmement intensif ne commença,en réalité,qu'après le début de la guerre.Nous sommes entrés dans cette guerre avec environ 75 divisions.Soixante pour cent de notre potentiel d'effectifs n'avait encore subi aucune formation militaire.L'Armée du temps de paix comprenait environ 400 000 hommes,contre nos 800 000 en 1914. Nos réserves en munitions et en obus,ainsi que l'a déjà déclaré le témoin Milch, atteignaient alors un niveau dérisoire.
PROFESSEUR Dr EXNER:Je voudrais lire à ce propos une note de votre journal, qui figure à la page 16 du premier livre de documents et fait partie du document PS-1780,déposé sous le numéro USA-72.En date du 13 décembre,voici ce que vous écriviez:
"Ayant terminé avec le projet de la L",c'est-à-dire la "Landesverteidigung", la défense nationale,"le maréchal a présenté un rapport sur l'état du potentiel de guerre de la Wehrmacht,en précisant que les difficultés les plus sérieuses se rencontraient dans l'approvisionnement en munitions pour l'Armée,qui est fort insuffisant et ne représente que dix à quinze jours de combat,ce qui équivaut à six semaines de réserves."
ACCUSE JODL :Ainsi,nous pouvions nous battre pendant dix à quinze jours. (TMI,XV,365-6).
(Le général Alfred Jodl. A Nuremberg,il expliqua qu'en 1939,le Reich n'était pas prêt à soutenir une guerre étendue,faute de réserves.)
- Les Alliés le savaient.
A ceux qui refuseront de croire ce témoignage,je soumettrai deux documents issus d'une publication française portant l'incription "Confidentiel": le Compte rendu de renseignements concernant la propagande allemande d'après l'étude de la presse,édité en 1939 et 1940 par le Troisième Service du Commissariat général de l'Information.Dans la livraison du 15 novembre 1939 (qui couvrait la période allant du 1er septembre au 15 octobre), on lisait (je souligne): l'Allemagne,par son offensive brutale et grâce à l'intervention de la Russie, a réussi à écraser la Pologne et à annexer le territoire de ce pays. Mais elle a dû payer ce succès par le sacrifice de principes idéologiques et politiques qu'elle avait considérées jusqu'alors comme essentiels. Elle n'a pas réussi non plus à séparer la France de l'Angleterre,ni à obliger ces pays à reconnaître le fait accompli. Enfin,ses tentatives répétées pour rallier les pays neutres à sa cause n'ont pas abouti jusqu'ici.Le Reich se voit ainsi obligé d'accepter une lutte dont les proportions dépassent celles qu'il avait envisagées. Il l'aborde dans des conditions qui peuvent rapidement lui créer de très graves difficultés. (p 8/.
Trois mois plus tard,le message était encore plus net.Les auteurs écrivaient (je souligne): La propagande allemande a poursuivi avec une certaine monotonie ses efforts pour démoraliser la France et l'Angleterre et pour les séparer l'une de l'autre. Cette tentative n'a pas obtenu plus de succès que les précédentes (...) La "guerre des nerfs" menée contre les pays neutres a obtenu également un résultat différent de celui qui était escompté. Elle a amené tous les pays visés à prendre des mesures de précautions militaires (...). En dépit de ses efforts gigantesques pour se dégager,le Reich s'est vu imposer la forme d'une guerre qu'il cherchait à éviter. Ce premier échec peut avoir pour l'avenir des conséquences importantes. (Voy.la livraison du 15 février 1940 (qui couvrait la période allant du 1er décembre 1939 au 15 janvier 1940),p.10).
CONCLUSION.
C'était bien la preuve que l'Allemagne cherchait à tout prix à faire cesser un conflit dont elle ne voulait pas.Les dirigeants alliés le savaient parfaitement. Quand on comprend cela,il n'y a plus de doute possible: la thèse selon laquelle la deuxième guerre mondiale aurait été le fruit d'un "complot nazi" se révèle totalement fausse. Voilà d'ailleurs pourquoi les juges du TMI ne purent l'étayer à l'aide de documents solides.Les deux qu'ils invoquèrent,le "Mémorandum Hossbach" et l'affidavit de l'interprète Paul Schmdt,n'avaient absolument aucune valeur.
Réponse à une objection.
Certains me répondront que si,en 1939,le Reich craignait une guerre étendue, il la préparait pour plus tard,lorsqu'il se serait jugé assez fort pour agresser la France puis l'Angleterre. Ma répartie sera simple:commencez par apporter les preuves que l'Allemagne aurait comploté depuis 1920,1933 ou 1937 pour agresser militairement l'Autriche, la Tchécoslovaquie ou la Pologne. Tant que vous en restez incapables,n'énoncez pas d'autres hypothèses qu'il vous sera encore moins possible de démontrer. Pour l'heure,les certitudes historiques sont les suivantes:
1) - les dirigeants du IIIè Reich n'ont pas comploté pour provoquer une guerre qui a finalement éclatée à la faveur du différend germano-polonais,
2) - ce n'est pas l'Allemagne qui a étendu le conflit en déclarant la guerre à la France et à la Grande-Bretagne,mais bien la France et la Grande-Bretagne qui ont déclaré la guerre à l'Allemagne,mondialisant ainsi le conflit.
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:31
TRAITE DE VERSAILLES : PIECE MAÎTRESSE DE L'ACCUSATION.
Mais notre contradicteur n'a pas épuisé ses arguments. Admettons,dira-t-il,qu'il n'y ait pas eu de complot et que le Reich ait été entraîné vers la guerre à la suite de décisions politiques sans lien les unes avec les autres.Rien de tout cela ne serait cependant arrivé si,au départ, Hitler et ses collaborateurs n'avaient pas manoeuvré pour violer le Traité de Versailles et d'autres traités issus de la victoire alliée de 1918 (Traité de Saint-Germain-en-Laye,de Trianon,de Locarno,etc..). Leur crime,il est là.
(Page couverture de la version en anglais du traité. Document publié vers le 28 juin 1919)
La dialectique de l'Accusation.
Cet argument fait de ces traités les pièces fondatrices de la thèse du complot. Est-ce légitime ? Oui.Car le Ministère public prétendait que les "conspirateurs nazis" les avaient violés pour rendre possibles leurs agressions.L'acte d'accusation expliquait (je souligne): Vers le milieu de l'année 1933,les conspirateurs nazis,ayant conquis le contrôle gouvernemental sur l'Allemagne,étaient à même d'établir des plans plus détaillés en ce qui concernait la politique étrangère.Leur dessein était de réarmer,puis de réoccuper et de fortifier la Rhénanie en violation du Traité de Versailles et d'autres traités,de façon à acquérir la puissance militaire et la possibilité de marchandages politiques à l'égard des autres nations. Les conspirateurs nazis décidèrent que,pour réaliser leurs desseins, le Traité de Versailles devait être définitivement abrogé et ils établirent des plans appropriés qu'ils mirent en application à partir du 7 mars 1936. Ces plans préparraient les futures agressions de grand style(...)(TMI,II,37)
Le Traité de Versailles était donc la pièce fondatrice, la racine de la thèse du complot.
Un traité injuste.
Seulement voilà:à supposer qu'il été injuste et dénué de toute légimité, cet échafaudage intellectuel s'effondrait,car il est tout naturel,pour n'importe quel gouvernement,de vouloir se libérer des chaînes imposées par une convention aussi caduque qu'inique.
(Thomas Woodrow Wilson,président des USA le 2 décembre 1912)
- Les Quatorze Points de Wilson.
Or,rappelons que les Allemands avaient cessé les hostilités sur la foi des propositions du président américain Thomas Woodrow Wilson. Formulées pour la première fois le 8 janvier 1918 puis le 27 septembre suivant, celles-ci tenaient en quatorze points (les Quatorze Points du président Wilson) qui promettaient en premier lieu "des conventions de paix préparées au grand jour" ("Open covenants of peace,openly arrived at" (Voy.le discours du président Wilson prononcé le 8 janvier 1918. Une bonne traduction (partielle) en français peut-être consultée à l'adresse suivante:
et fondées sur la "justice impartiale" :"Il ne doit y avoir aucun favori et les seules normes doivent être les droits égaux des différents peuples intéressés." (Voy.Sigmund Freud & William C.Bullit,Le Président Thomas Woodrow Wilson, portrait psychologique (éd.Albin Michel,1967),p.229)
Sur le site très officiel du ministre français de la Défense et des Anciens Combattants, on lit: Le président Wilson est sollicité dès le 5 octobre (1918) par les gouvernements allemand ,autrichien et turc pour conclure un armistice général sur la base des "Quatorze Points":Max de Bade (Max von Baden) demande la paix dans un message au président américain (nuit du 3 au 4 octobre 1918) et Charles 1er,le 7 octobre.Les négociations sont ponctuées par quatre échanges de notes (...).Pendant ce temps,en habile et ferme médiateur,Wilson laisse aux militaires l'initiative de mettre un terme aux combats. Le conseil interallié réuni à Senlis (Foch,Pétain,Haig et Pershing) accepte les conditions militaires d'un armistice le 25 octobre. C'est sur cette base que le gouvernement allemand et avec lui ses alliés, acceptera de cesser les combats et d'entammer les négociations de paix.
On comprend l'empressement des (futurs) vaincus. Car ce que le président américain promettait,c'était,après une guerre atroce, des traités de paix qui ne seraient pas des traités de vengeance,mais des traités conformes à la coutume,c'est-à-dire issus de discussions publiques entre ennemis. Le Droit international de l'époque déclarait en effet: Le traité de paix est l'acte par lequel les belligérants constatent leurs forces, règlent,d'après les résultats de la guerre,leurs prétentions respectives,et les convertissent en droit. (Voy.A.G.Heffter,Le Droit international de l'Europe (A.Cotillon & Cie,1883), p.432).
- Les vainqueurs violent leurs promesses.
On connaît cependant la suite:arrivé en Europe le 14 décembre 1918,T.W.Wilson ne put imposer ses quatorze points.Face à l'intransigeance franco-britannique notamment,il capitula et "commença la descente vers le Traité de Versailles" (Voy.S.Freud & W.Bullit,op.cit., p.241.Sur l'état d'esprit dans lequel T.W.Wilson avait abordé les pourparlers de paix,lire les pages 238 à 241).
Au moment de rédiger les conventions de paix,les vainqueurs discutèrent "en vase clos",sans que les délégués allemands aient été invités aux conférences. (Voy.la déclaration d'Aristide Briand en 1921,reproduite dans la Documentation catholique,tome V,1921,p.171,col.A).
Quant à ces conditions,le 3 mars 1919,T.W.Wilson écrivit,désabusé: Il est maintenant évident que la paix ne sera pas celle que j'espérais, ni celle que ce terrible cataclysme aurait dû amener...Je suis peiné d'avoir à accepter la paix qu'on nous impose.Nous en tirerons quelque chose, la Société des Nations,bien qu'elle-même ne soit qu'un instrument imparfait. (Cité par S.Freud et W.Bullit,op.cit., p.259)
Trois semaines plus tard,face à l'inquiètante tournure que prenaient les événements, un de ses conseillers,Ray Stannard Baker,lui suggéra de dénoncer publiquement les "groupes obstructionnistes" qui revendiquaient des "frontières stratégiques et en accroissement de leur territoire national" et d'affirmer qu'en "insistant pour la réalisation de ce qu'ils croyaient être leurs intérêts immédiats, ils perdaient totalement de vue le fait qu'ils jetaient sûrement les semences de guerres futures" (ibid.,p.274).
T.W.Wilson n'en fut cependant rien....
(La délégation de paix allemande à Versailles,emmenée par le comte Brokdorf-Rantzau.Elle éleva de très nombreuses protestations contre le Traité de Versailles.)
Peu après,à propos de Georges Clémenceau et du ministre français des Finances Louis-Lucien Klotz,auteur de la formule:"Le Boche paiera !",le Président américain déclara: Je ne veux plus discuter avec eux.Nous sommes convenus entre nous,et avec l'Allemagne,de certains principes généraux.Toute la Conférence (de paix) n'a été qu'une suite de tentatives,surtout de la part de la France,pour annuler cet accord,obtenir des territoires,imposer des indemnités accablantes. La France s'intéresse à la Pologne uniquement pour affaiblir l'Allemagne en donnant à la Pologne des territoires auxquels elle n'a pas droit. (ibid.p.285).
- Les Allemands protestent.
La délégation de paix allemande reçut le projet de traité le 7 mai 1919. Lorsqu'il en eut connaissance,le président allemand à l'Assemblée nationale lança: Il est incompréhensible qu'un homme qui a promis au monde une paix juste, sur laquelle pourrait être fondée une Société des Nations,ait pu aider à dicter ce projet élaboré par la haine. (ibid.,p.298)
Dix jours plus tard,dans une lettre publique de démission de la délégation de paix américaine,le proche conseiller du président Wilson,William C.Bullit,lança ces avertissements solennels: Notre gouvernement a maintenant consenti à livrer les peuples souffrants du monde à des oppressions,asservissemente et démembrements nouveaux, à un siècle de guerres futures (...). Les décisions injustes de la Conférence le Shantung,le Tyrol,la Thrace, la Hongrie,la Prusse orientale,Dantzig,la vallée de la Sarre et l'abandon du principe de la liberté des mers rendent de nouveaux conflits internationaux inévitables.Je suis convaincu que la Société des Nations actuelle sera impuissante à les empêcher. (ibid.,p.302).
- Les vainqueurs persistent.
La seule façon d'éviter la catastrophe aurait été de prendre en compte les critiques légitimes des vaincus.Le 27 mai,la délégation allemande remit un volumineux dossier intitulé:Observations de la Délégation allemande à propos des conditions de paix(Observations of the German Delegation on the Conditions of Peace). Le lendemain,un membre de la délégation britannique,Harold Nicolson,écrivit dans une lettre privée: Plus je lis (l'avant-projet du traité),plus il me rend malade...Si j'étais les Allemands, je ne signerais pour rien au monde. ("The more I read (the draft treaty),the sicker it makes me...If were the Germans, I shouldn't sign for a moment." (cité par Andréas Osiander,The States System of Europe;164061990:Peacemaking and the Conditions of International Stability, (Oxford University Press,1994),p.302).
Les vainqueurs ne voulurent hélas rien entendre. La réplique aux vaincus leur fut apportée le 16 juin suivant,sous le titre: Réponse des Puissances alliées et associées (Reply of the Allied and Associated Powers).
Affirmant avec cynisme que "la paix qu'ils avaient proposé (était)fondamentalement une paix de justice" (p.935),les vainqueurs refusèrent toute discussion et sommèrent l'Allemagne de signer.
- L'Allemagne signe sous la contrainte.
Face à cet ultimatum,le gouvernement allemand tomba. Le 23 juin,le nouveau gouvernement capitula et annonça: Cédant à la force irrésistible,mais sans pour autant abandonner son opinion au regard de l'injustice inouïe des conditions de paix,le gouvernement de la République allemande déclare par conséquent qu'il est prêt à accepter et à signer les conditions de paix imposées par les Puissances alliées et associées.
La signature eut lieu le 28 juin 1919. Dix mois plus tard,s'exprimant à la tribune de la Chambre,le député français Charles Bellet déclara: "Jusqu'en 1918,quelle que fût la défaite du vaincu,la paix se négociait avec lui. Pour la première fois,revenant aux méthodes de l'ancienne Rome,la paix, les traités de paix sont établis par le vainqueur et imposés au vaincu."
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:38
Le Traité signé était sans valeur.
En agissant ainsi,les vainqueurs avaient violé la première (et la plus importante) promesse du président américain Wilson. Or,conforme en cela à la morale la plus élémentaire,le Droit privé allemand reconnaissait la notion de cilpa in contrahendo d'après laquelle,lors de la signature d'une convention,la responsabilité d'une partie pouvait être engagée si elle avait violée une obligation d'information (Verletzung einer Aufklärungspflicht). En occultant le fait qu'ils allaient répudier les promesses du président Wilson, les Alliés s'étaient ainsi rendus coupables d'une rétention d'information, ce qui était susceptible vu la gravité de la faute,d'annuler le traité signé. (Voy.A.G.Heffter,Le Droit....,déjà cité,p.432).
Certains diront que les Quatorze points de T.W.Wilson étaient très naïfs et que le Droit international reconnaissait la validité d'un traité "fût-il même imposé par la prépondérance de l'une des parties contractantes" (Voy.A.G.Heffter,Le Droit....,déjà cité,p.432).
Tout ce qu'il exigeait,c'était que la signature ne soit pas obtenue grâce à des "violences personnelles pratiquées envers le souveain étranger ou ses représentants" (id.. Je répondrai que parmi les pressions de nature à invalider un traité figuraient également les menaces directes contre l'Etat, "lorsque son existence ou son indépendance (était) mise en question" (ibid., p.196). Or,en 1918-1919,l'Allemagne subissait le blocus français et britannique dont les conséquences humaines étaient tragiques (800 000 morts des suites directes ou indirectes de la faim en 1919). (Voy.Georg Franz-Willing,"The Origins of the Second Word War", consultable à l'adresse suivante: http://www.ihr.org/jhr/v07p-95_franz-willing-html.
De plus,les vainqueurs menaçaient d'envahir le pays au cas où les autorités allemandes refuseraient de signer le texte qu'on leur tendait à Versailles. (Voy.Andréas Osiander,The States System....,déjà cité,p.300).
L'Etat était donc menacé,non seulement dans son indépendance, mais aussi dans son existence....
- Le mensonge de l'article 231
Plus grave encore:l'article 231 du Traité de Versailles: Les Gouvernements alliés et associés déclarent et l'Allemagne reconnaît que l'Allemagne et ses alliés sont responsables pour les avoir causés,de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre,qui leur a été imposée par l'agression de l'Allemagne et de ses alliés. (Voy.Traité de Versailles,1919 (Librairie militaire Berger-Levrault,1919),p.110).
Les vainqueurs exigeaient donc du principal vaincu un aveu de culpabilité entière, alors que la réalité historique était très différente:c'est la mobilisation russe à partir du 24 juillet 1914 qui avait mis le feu aux poudres,rendant inévitable le conflit armé. (Sur les véritables causes de la première guerre mondiale,voy.Henri Pozzi, Les coupables.Documents officiels inédits sur les responsabilités de la guerre et les dessous de la paix (Aux Editions Européennes,1937). L'auteur ayant commis certaines erreurs,j'ai entièrement relu,corrigé et amendé son texte avant de publier mon travail sous le titre:Hitler,homme de la Providence face aux menteurs de 1919 (éd.VHO,2005).
Le 7 mai 1919,le chef de la délégation allemande à Versailles,le comte de Brockdorff- Rantzau,rappela cette vérité.Face à Georges Clémenceau,il lança: On nous demande de nous reconnaître seuls coupables de la guerre: une telle affirmation serait dans ma bouche un mensonge. Loin de nous la pensée de décliner notre responsabilité dans la guerre mondiale et dans la manière dont elle fut faite.L'attitude de l'ancien Gouvernement allemand au Congrès de La Haye,ses actions,ses omissions dans les journées tragiques de juillet (1914) ont contribué au malheur,mais nous contestons fermement que l'Allemagne,dont le peuple avait à se défendre,soit seule chargée de cette culpabilité.Personne de vous ne voudra prétendre que le malheur n'a commencé que quand l'Autriche-Hongrie fut victime d'une main assassine. Dans les dernières cinquante années d'impérialisme,tous les Etats européens ont empoisonné la situation internationale. C'est la politique de la revanche,la politique de l'expansion et la négligence du droit des peuples qui ont contribué à la maladie de l'Europe,laquelle a eu sa crise dans la guerre. La mobilisation russe enleva aux hommes politiques le moyen d'éviter que la solution du conflit ne fût livrée aux mains des militaires. (Voy.Traité de Versailles....,déjà cité,p.3).
Cet exposé correspondait à la réalité historique.Or,le Droit international de l'époque était très clair:un accord entre nations n'existait "qu'autant que son objet (était) physiquement et moralement possible" (Voy.A.G.Heffter,Le Droit....,déjà cité,p.192)
En contraignant le vaincu à mentir sur sa prétendue responsabilité unilatérale, l'article 231 rendait moralement impossible l'objet du Traité de Versailles,ce qui annulait purement et simplement ledit traité.
Les vainqueurs violent leurs engagements.
- Promesses de désarmement.
Ajoutons que le préambule de la cinquième partie de la convention (partie relative au désarmement de l'Allemagne) était le suivant: En vue de rendre possible la préparation d'une limitation générale des armements de toutes les nations,l'Allemagne s'engage à observer strictement les clauses militaires,navales et aériennes ci-après stipulées. (Voy.Traité de Versailles....,déjà cité,p.84).
Ce texte était conforme au quatrième point du président Wilson: Echange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure (Adequate guarantee given and taken that national armaments will be reduced to the lowest point consistent with domestic safety.)
En clair:l'Allemagne devait désarmer et une fois ce désarmement constaté par une commission interalliée,les autres pays devraient agir pour une "limitation générale des armements".
- L'Allemagne désarme.
Bien que de nombreuses frictions aient surgi,la république de Weimar s'exécuta et le 31 janvier 1927,la Commission interalliée de contrôle du désarmement rendit un rapport selon lequel le vaincu avait effectivement rempli ses obligations. Avait-elle été bernée ? Non.La conclusion d'une étude française publiée en 1967 déclare: Le but que les Alliés s'étaient proposé en 1919 était-il atteint en 1927 ? En ce qui concerne les armements,on peut sans conteste répondre oui. L'Allemagne était privée des armements navals et aériens interdits par le Traité. Après livraison ou destruction de 50 000 canons,6 millions de fusils,100 000 mitrailleuses,38 millions d'obus,500 millions de cartouches,après le démantèlement de ses fortifications,on peut assurer que le désarmement terrestre était accompli. L'efficacité de la commission de contrôle avait été totale. (Voy.Pierre Genevey,"Le désarmement après le Traité de Versailles", publié dans Politique étrangère,n°1,1967,32ème année,p.110).
Le désarmement allemand était si évident que le 28 février 1927, la Commission fut totalement dissoute.
- La France sabote le désarmement.
(J.Paul-Boncourt)
La suite fut cependant lamentable:ouverte début février 1932, la conférence mondiale sur le désarmement s'enlisa et tourna au fiasco, la France ayant refusé de perdre sa puissance militaire et ayant convaincu nombre de "petites nations"(Pologne,Tchécoslovaquie....) de s'armer. A Nuremberg,l'avocat de C.von Neurath exposa de façon magistrale sur le déroulement de ce fiasco.Dans sa plaidoirie,il expliqua: Le désarmement trouvait son origine,je me permets de supposer que ses faits sont connus,dans l'obligation de désarmer imposée à l'Allemagne dans la section V du Traité de Versailles,en contrepartie de cette obligation,le préambule de cette section stipulait que,dans le cas où il y serait satisfait,les Etats vainqueurs, puissament armés,auraient l'obligation de désarmer également. L'Allemagne avait désarmé,elle avait rempli ses obligations dès 1927 dans toute leur étendue,ainsi qu'il est indiscutablement établi et a été reconnu expressément par la Société des Nations. De ce fait,l'Allemagne pouvait à bon droit prétendre à l'exécution par les autres parties contractantes des contre-parties prévues au préambule de la Section V. Et l'Allemagne avait présenté sa demande de désarmement des Etats puissamment armés et,en même temps,sa demande en reconnaissance de l'égalité de ses droits,longtemps avant l'entrée en fonctions de l'accusé. Mais les pourparlers qui,sur ces entrefaites,avaient été entrepris à la Conférence de désarmement,n'avaient,au moment de la prise en charge du ministère des Affaires étrangères par l'accusé (le 2 juin 1932),non seulement pas fait de progrès mais s'étaient plutôt raidis au cours de l'été 1932(...) Encore que (après la reprise de la Conférence du désarmement le 16 octobre 1932) les négociations aient débuté par un véritable affront fait à l'Allemagne qui amena le chef de la délégation allemande à déclarer qu'il ne pourrait assister plus longtemps aux travaux dans de telles conditions,les puissances occidentales ne prirent pas sur elles de rester sourdes aux principes moraux d'une politique basée par de telles idées et,sur la proposition du Gouvernement anglais, fut signé le 11 décembre 1932 le Pacte des cinq Puissances (...) par lequel l'Angleterre,la France et l'Italie,ainsi que les Etats-Unis d'Amérique,reconnaissaient à l'Allemagne l'égalité des droits. La commission principale de la Conférence du désarmement prit connaissance de ce pacte avec satisfaction le 14 décembre 1932,et le représentant allemand se déclara prêt à participer aux négociations futures de la conférence,déclarant que cette reconnaissance de l'égalité des droits de l'Allemagne faite le 11 décembre 1932 était la condition sine qua non d'une participation ultérieure de l'Allemagne. Un grand pas semblait avoir était fait sur la voie d'une entente dans la question du désarmement. Cependant,il devait en être autrement:dès l'ouverture des négociations de la Conférence du désarmement réunie à Genève le 2 février 1933,de graves dissentiments éclatèrent entre les délégations française et allemande,et le délégué français M.(Joseph) Paul-Boncour,alla même jusqu'à déclarer que le Pacte à cinq du 11 décembre 1932 ne créait aucune obligation juridique,puisqu'il n'avait été signé que par cinq puissances.La cause de ces différends de plus en plus violents résidait dans le changement d'attitude fondamental de la France en face du problème du désarmement,changement d'attitude qui s'était exprimé,non sans étonner d'autres pays que l'Allemagne,dans le plan français du 14 novembre 1932, qui constituait la base des négociations.En effet,contrairement aux principes du Traité de Versailles et contrairement à l'attitude qu'elle avait elle-même adoptée jusque-là,la France défendait subitement dans ce plan l'idée qu'une armée de métier, avec une longue période de service,présentait un caractère offensif et était une menace pour la paix,et que seule une armée à courte durée de service militaire avait un caractère défensif.Etant donné le peu de temps qui m'est accordé, je dois malheureusement renoncer,non seulement à examiner dans le détail ce plan français,mais aussi à m'étendre plus longuement sur l'évolution des différends de plus en plus aigüs qui surgissent entre l'Allemagne et les autres puissances. Je supposerai ces faits connus et me contenterai de montrer que la nouvelle thèse française,adoptée par la Conférence du désarmement,était clairement dirigée contre l'Allemagne et contre l'armée qu'elle avait créée en accord avec les dispositions du Traité de Versailles,et que,si elle avait dû passer dans le domaine des réalisations,la transformation,qu'elle visait,de la Reichwehr en une milice à court temps de service réduisait encore l'armement de l'Allemagne complètement insuffisant en face d'une attaque éventuelle. De plus,l'élaboration de cette thèse prouvait indubitablement que la France n'était pas disposée à désarmer,ce que l'on pouvait également déduire des propres déclarations du délégué français.Ce nouveau plan de la France,de même que son attitude vis-à-vis du problème de la réduction proportionnelle des différentes armées, n'était qu'une nouvelle expression de son ancienne thèse :"Sécurité d'abord, désarmement ensuite",thèse qui rendit inutiles non seulement les précédentes négociations mais aussi celles qui avaient été engagées sur un nouveau projet de médiation proposé par l'Angleterre (plan Macdonald) et visant à éviter la rupture des négociations,qui était à craindre.L'Allemagne ayant demandé que l'on tint compte également de sa propre sécurité et qu'en vertu de l'égalité des droits qui lui avait été reconnue le 11 décembre 1932,le désarmement fut étendu à toutes les puissances les autres parties estimèrent qu'il s'agissait d'une provocation et rejetèrent sur elle la responsabilité d'un échec éventuel des négociations. Pour mettre les choses au point,et en raison du caractère aigu que prenait la situation aux yeux de l'opinion mondiale,mon client publia alors un article qui parut le 11 mai 1933 dans la revue Société des Nations qui paraissait à Genève (...) Dans cet article,il analysait les résultats obtenus jusqu'alors par la conférence, précisait l'attitude allemande et concluait en disant que l'échec des revendications allemandes concernant la réalisation du principe de l'égalité des droits par un désarmement des Etats fortement armés était dû au refus de ceux-ci de désarmer. Il ajoutait qu'en conséquence,l'Allemagne serait contrainte, dans l'intérêt de sa propre sécurité,à prendre des mesures d'armement complémentaires,si et dans la mesure où la réduction et le désarmement général résultant du plan Macdonald ne satisfaisaient pas ses légitimes revendications concernant sa sécurité. Etant donné la situation internationale de l'époque,ces conclusions étaient parfaitement légitimes.En effet,les événements de la Conférence du désarmement qui avaient été jusqu'à prendre la forme d'une crise,n'étaient qu'un aspect et, dans une certaine mesure,l'expression de la tension internationale apparue depuis l'arrivée de Hitler au pouvoir. L'étranger avait observé l'évolution de la politique intérieure allemande avec étonnement d'abord,mais aussi avec une certaine incompréhension. Peu de temps après la prise du pouvoir par Hitler,le 30 janvier 1933,une opinion se fit jour à l'étranger fondée sur des raisons dont l'exposé nous mènerait trop loin,qui représentait cette "révolution" allemande,non seulement en France et chez ses Aliés,mais même en Angleterre,comme un danger pour l'Europe. La crainte d'un tel danger se fit sentir plus manifestement encore dans l'attitude des puissances occidentales à la Conférence du désarmement,où l'on considérait maintenant le point de vue de l'Allemagne,encore qu'il fût absolument logique et connu depuis longtemps,comme une provocation.Mais ces soucis,ce sentiment d'insécurité en face de la nouvelle Allemagne conduisirent à des mesures et à des menaces plus graves encore. Avec l'assentiment de l'Angleterre,la France,aux premiers jours de mai 1933, passa aux préparatifs militaires.Elle mit en état d'alerte les ouvrages fortifiés situés à ses frontières,dont les effectifs avaient déjà été renforcés au cours de l'hiver,ainsi que les grands camps de Lorraine et les bases de départ de son armée du Rhin,et exécuta de grandes manoeuvres de mobilisation entre Belfort,Mulhouse et Saint-Louis,manoeuvres auxquelles le général Weygand, chef de l'Etat-major général,assista personnellement. A la même époque,M.Paul-Boncour,ministre des Affaires étrangères français, déclara ouvertement dans un discours prononcé au Sénat le 12 mai 1933, qu'en face des événements révolutionnaires d'Allemagne,l'Italie devait être retenue dans le clan des puissances occidentales et,en réponse à l'attitude de l'Allemagne à la Conférence du désarmement,il ajouta que si l'Allemagne voulait conserver la Reichswehr,elle devrait s'en tenir strictement au Traité de Versailles.Ces paroles du ministre français,qui ne peuvent être interprétées que comme une menace,furent encore soulignées et renforcées par des déclarations semblables du ministre de la Guerre britannique Hailsham et par celles faites à la Chambre des Communes par Lord Cecil qui,d'habitude si pacifiste,poussait précisément la France à prendre de nouvelles mesures militaires. La situation était si tendue que l'Europe semblait être de nouveau directement menacée d'une nouvelle guerre. Ce caractère tendu des relations,cette crise patente qui conduisait directement l'Europe à l'abîme inspira toute la politique de l'accusé von Neurath dans les années qui suivirent.Il faut donc examiner,le plus rapidement possible,les conséquences que devait avoir pour l'Allemagne cette politique dans le domaine extérieur et quelles conséquences elle a eues en réalité. Une chose est indéniable,c'est qu'au printemps 1933, l'Allemagne n'était absolument pas en état de faire la guerre.C'eut été une véritable folie,une pure volonté de suicide que de vouloir faire la guerre avec la petite armée de 100 000 hommes, ne disposant d'aucune arme offensive motorisée,d'aucun char,d'aucune artillerie lourde et d'aucun avion militaire,contre l'Armée française et celle de ses Alliés, fortes de millions d'hommes,parfaitement équipées et disposant des armes offensives les plus modernes.L'attitude et l'opinion des puissances occidentales n'ont donc pu, en aucune circonstance,être motivées par la crainte d'une agression venant du côté de l'Allemagne.La seule raison plausible pourrait être recherchée dans l'attitude des puissances occidentales en face du problème du désarmement, c'est-à-dire dans leur volonté de ne pas désarmer et de continuer à appliquer à l'Allemagne un traitement de discrimination,de lui refuser en pratique le traitement d'égalité et de l'empêcher de se relever. C'est cela aussi qui devait,pour le chef de la politique extérieure allemande,constituer le motif de toutes les récentes propositions faites par la France et par l'Angleterre à la Conférence du désarmement,propositions inacceptables pour l'Allemagne, tant pour des raisons tirées de sa sécurité personnelle et de son honneur national. En effet,bien que l'égalité des droits eut été reconnus à l'Allemagne par les puissances de l'Ouest dans la déclaration des cinq Puissances,le plan français du 14 novembre 1932 et le plan anglais du 16 mars 1933,le plan Macdonald ainsi que les résolutions de la Conférence du désarmement s'y rattachant,rendaient impossible,même d'un point de vue objectif,toute réalisation pratique de l'égalité des droits. Quel homme,ayant l'esprit équitable et objectif,pourrait et voudrait faire au Gouvernement allemand le reproche d'avoir tiré les conséquences de tout cela et d'être arrivé à reconnaître dans l'attitude des puissances occidentales non seulement une violation des accords existants,et même du Traité de Versailles, en ce qui concerne le désarmement,mais aussi la volonté de ces puissances d'empêcher,le cas échéant par les armes,l'Allemagne de maintenir ses exigences justifiées par les accords,de la considérer comme un Etat de second ordre et de lui refuser même les garanties accordées par le Traité de Versailles. Pouvez-vous,Messieurs les juges,reprocher à un Gouvernement conscient de sa responsabilité vis-à-vis de son peuple d'avoir reconnu que cette situation devait dès lors contribuer à déterminer,sinon constituer,l'élément décisif de sa politique étrangère ultérieure ? En effet,la tâche la plus importante de tout Gouvernement conscient de sa respon- sabilité en politique extérieure est la garantie et le maintien de l'existence et de l'indépendance de son Etat,le rétablissement de sa liberté et de son honneur au sein des nations.Un homme d'Etat qui renonce à cette tâche se rend coupable envers son propre peuple.Cette connaissance devait peser d'autant plus lourd que l'Allemagne n'avait pas fait le moindre geste qui eût pu être considéré comme une menace par les puissances de l'Ouest.Au contraire,dès les premiers discours au cours desquels Hitler exposa son programme au Reichstag le 23 mars 1933, il avait affirmé,avec l'approbation unanime de cette assemblée,encore élue à cette époque selon les principes démocratiques,sa ferme volonté de paix, d'entente avec les peuples et en particulier avec la France,et s'était déclaré partisan d'une collaboration pacifique avec les autres peuple du monde,mais il fallait supprimer définitivement la discrimination de l'Allemagne et la distinction des peuples en vainqueurs et vaincus.* Mais ces déclarations ne furent aucunement prises en considération par les puissances de l'Ouest,bien qu'elles fussent entièrement conformes aux circons- tances et continssent tout autre chose que des menaces.Malheureusement elles ne purent amener un changement dans l'attitude des puissances de l'Ouest, ni empêcher la crise de s'aggraver.Une détente sensible ne se fit sentir que lorsque Hitler,arrivé au point culminant de la crise,répéta,sous l'influence de l'accusé Neurath,lors du fameux discours de paix prononcé au Reichstag le 17 mai 1933 (...) répéta au monde avec la plus grande insistance son désir et celui du peuple allemand de maintenir la paix et se déclara convaincu, comme il le dit textuellement,qu'aucune guerre européenne ne pourrait apporter quelque amélioration que ce soit à la mauvaise situation actuelle et que le déclenchement d'une telle folie,ainsi qu'il nommait la guerre,devait conduire à l'effondrement de la société et des formes de Gouvernement actuelles. ** Ce discours de Hitler,dont,après la présentation des preuves,la sincérité et la franchise ne font plus aucun doute et dont le caractère convaincant ne pouvait pas échapper aux puissances de l'Ouest elles-mêmes,provoqua une détente générale de la situation,le danger d'une nouvelle guerre mondiale était écartée,le monde reprenait haleine.Il amenait également avec lui la fin de l'isolement et de la mise à l'écart de l'Allemagne,et la politique extérieure allemande saisit avec empressement et sincérité l'occasion de collaborer activement au jeu politique des Etats que lui offrait la proposition de Mussolini d'unir les grandes puissances,l'Angleterre,la France,l'Italie et l'Allemagne,dans un pacte dit "Pacte à quatre". Ce pacte qui fut paraphé le 8 juin 1933 à Rome et signé par l'Allemagne vers la mi-juin et dont le préambule se référait explicitement au pacte des cinq Puissances du 11 décembre 1932,devait mettre les puissances participantes à même de se réunir en conférence restreinte,au cas où dans l'avenir des négociations entreprises avec un grand nombre de participants resteraient sans résultat comme cela s'était passé à la Conférence du désarmement. Pour l'Allemagne,l'élément le plus important était de redevenir un membre actif de l'ensemble de la politique européenne en participant à droits égaux à un accord international qui,tant par son contenu que par sa forme,était contraire à toute discrimination à l'égard de l'Allemagne.
(Lord Robert Cecil)
* Hitler avait déclaré:
"le Gouvernement est décidé à intervenir par tous les moyens pour faire disparaître définitivement la discrimination des peuples du monde en deux catégories. Le fait de tenir ouverte cette blessure conduit l'un à la méfiance,l'autre à la haine et crée,par conséquent,une insécurité générale. Le Gouvernement national est prêt à tendre la main,en vue de cette entente sincère,à tout peuple ayant la volonté de rompre radicalement une fois pour toutes avec ce passé." (Voy.le discours de Hitler du 23 mars 1933)
** Hitler avait déclaré:
"Mais il est dans l'intérêt de tous que les problèmes d'aujourd'hui posés (par les défectuosités des traités de paix) reçoivent une solution raisonnable et définitive.Aucune nouvelle guerre en Europe ne pourrait créer quelque chose de meilleur pour remplacer la situation insatisfaisante actuelle. Au contraire ! Ni au point de vue politique,ni au point de vue économique, l'emploi d'une violence quelconque ne saurait créer en Europe une situation plus favorable que la situation présente. Même un succès décisif d'une nouvelle solution européenne de violence ne pourrait avoir pour résultat final que d'aggraver encore la perturbation de l'équilibre européen et de jeter,d'une manière ou d'une autre,le germe de nouveaux antagonismes et de nouvelles complications pour l'avenir.De nouvelles guerres, de nouvelles incertitudes et une nouvelle détresse économique en seraient la conséquence. Or,le déchaînement d'un tel délire sans fin devrait aboutir à l'écroulement de l'ordre social et politique actuel. Une Europe sombrant dans le chaos communiste provoquerait une crise de proportions indéfinies et d'une durée illimitée." (Voy.le discours de Hitler du 17 mai 1933)
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Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 11:47
(...) La conclusion de ce pacte,il est vrai,coïncida avec un renouveau de la tension internationale,qui menaçait d'isoler de nouveau la position de l'Allemagne.Elle provenait moins,cette fois-ci de la Conférence du désarmement,dont les pourparlers avaient été remis le 29 juin 1933 au 16 octobre 1933,après les efforts habituels faits en vain pour arriver à un progrès,que de l'opposition qui,à la conférence économique mondiale ouverte le 12 juin 1933 à Londres,s'était manifestée entre l'Allemagne et l'Autriche.Le Chancelier fédéral d'Autriche,Dollfuss,profita de cette conférence pour attirer l'attention des puissances sur le prétendu danger que l'Allemagne faisait courir à l'indépendance de l'Autriche en accusant l'Allemagne de soutenir les nationaux-socialistes autrichiens dans leur lutte contre son Gouvernement. En faisant ainsi de la question autrichienne le centre de la politique européenne et en faisant appel aux puissances pour qu'elles protègent contre une prétendue menace,l'indépendance de l'Autriche qu'elles considéraient comme un facteur important de l'équilibre des forces européennes,il ranima leur animosité qui venait d'être apaisée à grand-peine.Ce qu'était l'état d'esprit au cours de l'été 1933 ressort des rapports cités dans mon livre de documents 1 sous les n° 11 et 12 et que l'accusé avait adressés le 19 juin 1933 au Président von Hindenburg, et à Hitler,ainsi que du discours prononcé par l'accusé le 15 septembre 1933 (...) devant les représentants de la presse étrangère,discours dans lequel il tirait les conséquences de cet état d'esprit pour les pourparlers de la Conférence du désarmement qui devait se réunir à nouveau le 16 octobre 1933. "Selon certains indices",disait-il "les Etats puissamment armés semblent moins que jamais prêts à tenir leur engagement de désarmer.Il ne subsiste en fin de compte que l'alternative suivante: réalisation de l'égalité des droits,ou alors effondrement de toute l'idée du désarmement,des conséquences impré- visibles duquel l'Allemagne ne serait pas responsable". Ce scepticisme de l'accusé à l'égard de la situation politique en général et des perspectives de la Conférence du désarmement en particulier,n'était que trop justifié.En effet,le nouveau plan que le chef de la délégation anglaise,Sir John Simon,avait,dès avant le début effectif des pourparlers,présenté sous l'appella- tion du plan Simon,comme base de négociations,et plus encore,la déclaration faite par Sir John à l'occasion de ce plan montraient nettement que l'attitude des puissances occidentales était restée la même qu'au printemps 1933 et que ces puissances étaient encore moins prêtes à ce moment-là à satisfaire les exigences de l'Allemagne pour l'égalité des droits. En effet,Sir John déclara en termes secs que la situation de l'Europe était si fortement ébranlée qu'il était impossible de songer à établir une convention de désarmement,même sur le modèle du plan Macdonald que l'Allemagne avait considéré comme inacceptable au printemps. Ce n'était pas seulement une accusation portée à tort contre l'Allemagne qui n'avait fait que défendre son bon droit sur la base des traités,mais encore un refus non déguisé de réaliser l'égalité des droits pour l'Allemagne et le désarmement.Et en effet,ce plan Simon,moins encore que les précédents, ne (répond)ait aux exigences naturelles de l'Allemagne relatives à l'égalité des droits et au désarmement ou à un armement identique pour tous les Etats, y compris l'Allemagne. Ici encore,étant donné le temps limité dont je dispose,je dois renoncer à en exposer les détails et me contenter de souligner qu'il signifiait une limitation plus stricte et une réduction plus forte de l'armement allemand au profit des autres Etats. Il prévoyait en effet,que pendant la première moitié de la durée,fixée à huit ans, des opérations de désarmement,seule l'Allemagne devrait pratiquement continuer à désarmer en transformant sa Reichswehr en une armée à court terme de service militaire et en se soumettant,en outre,à un contrôle de ses armements de la part des puissances,tandis que les Etats puissamment armés ne devaient commencer à désarmer qu'au cours de la cinquième année,et ce, en ce qui concerne les effectifs seulement,et non pas l'armement proprement dit. Ces dispositions montraient plus clairement que jamais,que non seulement les puissances occidentales ne voulaient pas désarmer elles-mêmes,mais encore qu'elles désiraient affaiblir l'Allemagne encore davantage et la soumettre à leurs intérêts. De l'égalité des droits expressément reconnue à l'Allemagne par l'accord des cinq Puissances du 11 décembre 1932,il n'était plus question. Les puissances occidentales auraient dû se rendre compte que l'Allemagne, a priori,ne pouvait accepter un tel plan qui lui enlevait toute possibilité de poursuivre les pourparlers de cette conférence. Mais après les expériences que la politique extérieure allemande avaient faites au printemps 1933,lorsque l'Allemagne était directement menacée de guerre par les puissances occidentales parce qu'elle ne voulait pas renoncer à ses revendications justifiées,il ne lui restait cette fois-ci d'autre solution que de répondre à la nouvelle menace que contenait indubitablement ce plan, non seulement en le repoussant,mais encore en se retirant de la Conférence du désarmement et de la Société des Nations. En effet,dans ces circonstances,tous les pourparlers de la conférence devaient paraître vains a priori et ne pouvaient que provoquer des oppositions plus violentes encore. Il est difficilement compréhensible que les puissances occidentales n'aient pas prévu l'attitude de l'Allemagne et qu'elles aient été étonnées de son départ de la Société des Nations et de la Conférence du désarmement. Hitler avait en effet déjà déclaré très nettement,au cours de son discours de paix du 17 mai 1933,que j'ai déjà cité,que le Gouvernement et le peuple allemands, malgré leur désir sincère de paix et leur volonté loyale de désarmer davantage encore en cas de réciprocité,ne pourraient à aucun prix admettre une nouvelle humiliation et renoncer à leurs revendications au sujet de l'égalité des droits et qu'ils tireraient immanquablement les conséquences d'une demande relative à un tel renoncement. Et il est encore plus difficile de comprendre comment l'Accusation peut sérieusement reprocher ce retrait à la politique extérieure allemande et y voir la préparation délibérée de guerres d'agression futures. Ceci ne s'explique que par le fait que l'Accusation passe entièrement sous silence les motifs et les événements qui ont conduit à ce retrait, et qu'elle veut ainsi donner l'impression que le retrait de l'Allemagne était absolument injustifié. Le caractère de contradiction avec l'Histoire que présente la tentative faite par le Ministère public pour représenter ce retrait comme un acte de préparation à la guerre ressort clairement du fait,également passé sous silence par l'Accusation, que le Gouvernement allemand,en même temps qu'il annonçait son retrait, soulignait énergiquement,par le discours de Hitler du 14 octobre 1933, comme par le discours de l'accusé von Neurath du 16 octobre 1933(...) sa volonté inchangée de maintenir la paix et de participer à toutes négociations au sujet de tout projet de désarmement tenant compte de l'égalité des droits de l'Allemagne. D'ailleurs,dans le mémoire rédigé par mon client et adressé aux puissances le 18 décembre 1933(...) l'Allemagne mettait en pratique cette volonté d'ouvrir des pourparlers,en faisant de son côté des propositions pratiques de désarmement général. L'interview que l'accusé accorda le 29 décembre 1933 au représentant du New York Times à Berlin(...) poursuivait d'ailleurs le même but. Un gouvernement ou un ministre des Affaires étrangères qui veut préparer ou projeter une guerre d'agression,ne ferait certes pas de propositions limitant ou même diminuant encore l'armement de son propre pays. Les pourparlers diplomatiques engagés entre l'Allemagne et les différentes puissances occidentales,à la suite de ce mémoire du 18 décembre 1933, se terminèrent et je me permets de supposer que c'est un fait connu par la note du Gouvernement français au Gouvernement anglais en date du 17 avril 1934(...) dans laquelle le Gouvernement français,en réponse à un mémoire anglais du 29 janvier 1934 et à un nouveau mémoire du Gouvernement allemand en date du 13 mars 1934,fermait la porte à d'autres pourparlers,ce fait est exposé en détails dans le discours de l'accusé von Neurath du 27 avril 1934(...). Ce qui est intéressant dans les pourparlers précédents,et le fait doit être souligné ici,c'est que,pendant leur durée,un changement indiscutable s'était opéré dans les relations entre la France et la Russie,et dont l'évolution ultérieure devait,pendant les années à venir,être plus ou moins déterminante non seulement de la politique étrangère allemande,mais encore de toute la politique européenne. Dans son discours prononcé devant le bureau de la Conférence du désarmement le 10 avril 1934,le représentant russe,en opposition avec l'opinion que la Russie avait représentée jusqu'alors,défendit la thèse suivant laquelle la Confèrence du désarmement avait pour mission de réaliser une diminution des armements aussi étendue que possible,puisque c'était le meilleur moyen d'assurer la sécurité, il constata,il est vrai,l'insuccès des efforts qu'elle avait faite pour le désarmement, mais n'en conclut pas pour autant que la conférence avait échoué,assignant au contraire désormais à la Conférence du désarmement la mission exclusive de créer de nouveaux instruments de sécurité conformes au Droit international,point de vue que M.Litvinov,ministre des Affaires étrangères de Russie,reprit le 29 avril 1934. Avec cette thèse,la Russie avait adopté le point de vue de la France: sécurité d'abord,désarmement ensuite,mais en outre,elle avait ouvert la porte aux efforts dès lors grandissants de réarmement de tous les peuples. On comprendra immédiatement la portée considérable de ce fait quand j'aurai attiré l'attention sur le Pacte d'assistance mutuelle franco-russe qui fut signé un an plus tard et sur la reprise par l'Allemagne de la souveraineté militaire, provoquée tant par ce pacte que par l'augmentation des armements de tous les autres Etats.En effet,à partir de cette déclaration du ministre des Affaires étrangères russe,c'est une ligne droite qui mène,à travers les pourparlers relatifs au projet du "Pacte de l'Est",pourparlers qui remplirent l'été 1934,au Pacte d'assistance franco-russe du 2 mai 1935 et au Pacte d'assistance russo-tchécos- lovaque du 16 mai 1935. La note française du 17 avril 1934 avec son "non" catégorique signifiait la fin d'une époque et le commencement d'une nouvelle politique internationale. La France avait fait connaître définitivement qu'elle n'était pas disposée à résoudre,au moyen d'une convention générale entre tous les Etats,les questions de désarmement et de sécurité,mais était décidée à suivre à l'avenir ses propres voies. La raison de cette attitude résidait de toute évidence dans le fait qu'elle avait reconnu ou avait cru reconnaître que les plus importantes des puissances intéressées,l'Angleterre et l'Italie,n'étaient plus décidées à la suivre incondi- tionnellement et à refuser à l'avenir d'accorder pratiquement à l'Allemagne l'égalité des droits qui lui avait déjà été reconnue en théorie le 11 décembre 1932.Ce fait avait trouvé son expression dans le rapprochement considérable des points de vue exprimés par l'Angleterre et l'Italie,dans le mémorandum anglais du 29 janvier 1934 d'une part,et dans la déclaration de Mussolini au ministre anglais Eden,en date du 26 février 1934,d'autre part,relatifs au point de vue allemand,clairement déterminé dans les mémorandums du 13 mars et du 16 avril 1934. Le mémorandum des puissances dites neutres,à savoir le Danemark,l'Espagne, la Norvège,la Suède et la Suisse,en date du 14 avril 1934,et avant tout également le discours du président du Conseil belge,le comte Broqueville, du 6 mars 1934(...) accusaient la même tendance. Mais,par cette note du 17 avril 1934,à l'égard de laquelle l'accusé von Neurath, dans son discours du 27 avril 1934(...) prit position devant la presse allemande de façon détaillée et convaincante,la France avait,ainsi qu'on devait le voir bientôt,quitté définitivement le terrain et les principes du Traité de Versailles, dont le préambule de la partie V avait admis,de façon non équivoque, le désarmement général de tous les Etats de la Société des Nations comme la raison et la contrepartie du désarmement de l'Allemagne. La nouvelle politique dans laquelle s'engagea la France immédiatement après la note du 17 avril 1934 fit bientôt comprendre qu'elle était décidée dès lors à prendre exactement le contrepied de la pensée fondamentale du Traité de Versailles qui se trouvait à la base du désarmement allemand. (TMI,XIX,256-66).
(Sir John Simon)
(Meir Wallach-Finkelstein dit Maxime Litvinov)
(Konstantin von Neurath en 1932)
- Un traité devenu caduc.
Or,là encore,le Droit international était très clair,A.G.Heffter expliquait: Il est enfin incontestable que si l'une des parties contractantes refuse positivement de remplir ses engagements(...) il est permis à l'autre de s'en affranchir également,lors même que le refus porterait sur un seul point ou sur une seule disposition. (Voy.A.G.Haffter,Le Droit.....,déjà cité,p.222).
Dès 1934,donc,avec l'échec de la conférence mondiale sur le désarmement et la politique extérieure de la France,l'Allemagne n'était plus liée par le Traité de Versailles. Dans son interrogatoire du 17 novembre 1945,d'ailleurs,Werner von Blomberg fut très net,lorsque,en 1935,Hitler décida de faire promulguer une loi sur le service militaire obligatoire,loi qui allait créer 36 divisions supplémentaires: Il justifia cette action,tout comme celle du réarmement,sur le fait qu'aucune autre nation n'avait désarmé et qu'il pensait que l'Allemagne devrait bénéficier de la parité avec elles.(He justified this action,as well as that of the rear- mament,on the basis that he thought that Germany should have parity with them). (Voy.le document Donovan-129,résumé de l'interrogatoire de W.von Blomberg, p.2 (document en possession de l'auteur).
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 12:02
Un traité intolérable.
Un dernier élément doit enfin être pris en considération: les injustices flagrantes commises dans les réarrangements territoriaux imposés par les Traités de Versailles et de Saint-Germain.
Parmi elles citons:
1) - le démembrement de l'Autriche-Hongrie avec la création d'une entité totalement artificielle (la Tchécoslovaquie) aux dépens principalement d'une Autriche condamnée à dépépérir lentement,
2) - la création du Corridor polonais qui isolait totalement la Haute-Silésie de l'Allemagne et la cession de l'Etat de Dantzig à la Pologne. Cette injustice était telle que le 17 mai 1919,un membre de la délégation américaine à Versailles,William C.Bullitt écrivit au président Wilson une lettre de démission dans laquelle il prophétisait que Dantzig et la Silésie détachées de l'Allemagne rendraient "certains de nouveaux conflits internationaux" (voy.S.Freud et W.C.Bullitt, op.cit.,pp.301-2)
Dès lors,on ne pouvait reprocher au gouvernement allemand d'avoir voulu se libérer des chaînes imposées par un traité non seulement injuste,mais aussi nul et non avenu pour au moins trois raisons (son imposition par la violence et par la fraude,culpa in contrahendo,son objectif immoral et les refus des alliés de remplir leurs engagements).Loin d'être un "complot" pour des agressions futures,cette oeuvre de libération était au contraire une simple action conforme à la justice. Voilà pourquoi à Nuremberg,la Défense voulut exposer une critique méthodique du Traité de Versailles.Mais en agissant ainsi,elle risquait de réduire à néant la thèse du Ministère public.
Le Tribunal empêche toute critique.
Afin d'écarter le danger,le Tribunal trouva une solution radicale: il déclara irrecevable tous les documents susceptibles de démontrer l'illégalité ou l'illégitimité du traité imposé à l'Allemagne en 1919.
- La décision du 26 février 1946.
Une première décision en ce sens fut prise le 26 février 1946,qui rejetait plusieurs documents soumis par l'avocat de H.Göring,Me Otto Stahmer. (Voy.TMI,VIII,283:le Président annonce que le Tribunal a pris une décision, mais sans le dire ni la résumer.Il explique qu'elle va être remise aux avocats et affichée au centre d'information de la Défense dans l'après-midi. Je n'ai pu la retrouver,mais on en apprend la teneur dans TMI,VIII,13)
Loin de rester lettre morte,ce décret du tribunal permit d'interrompre l'exposé du défenseur lorsque celui-ci voulut démontrer que le Traité de Versailles n'avait plus aucune force après l'échec du désarmement.C'était le 8 mars 1946. Voici ce que l'on put entrendre:
Dr STRAHMER :Le Ministère public a accusé à maintes reprises le prévenu d'avoir violé le Traité de Versailles:cette accusation n'est pas justifiée. A notre avis,les avocats devront examiner cette question à fond dans leur plaidoirie finale.Dans la phrase actuelle des débats,nous ne ferons que présenter des documents destinés à prouver non seulement qu'il n'y a pas eu de violation du Traité de Versailles par l'Allemagne,mais que celle-ci n'était plus liée par lui. (...) Le texte du Traité de Versailles a déjà été communiqué au Tribunal: il a été publié dans le Reichsgesetzblatt de 1919,page 687. L'article 8 et la partie V de ce Traité sont importants pour son interprétation. Je cite les quatre premiers paragraphes de l'article 8 qui ont un intérêt en la matière. "Les membres de la S.D.N réconnaissent que le maintien de la paix exige la réduction des armements au minimum compatible avec la sécurité nationale et avec l'exécution des obligations internationales découlant d'une action comme. "Le Conseil,en tenant compte de la situation géographique et des conditions particulières de chaque Etat,préparera des projets de réduction qui seront soumis à l'examen et à la décision des divers Gouvernements. Ces projets feront l'objet d'un nouvel examen et,s'il y a lieu,d'une révision tous les dix ans au moins. "Après leur adoption par les divers Gouvernements ainsi fixé ne pourra être dépassé sans le consentement du Conseil."
Partie V,je cite le premier paragraphe:
"Pour rendre possible une limitation générale des armements de toutes les nations, l'Allemagne s'engage à observer strictement les clauses militaires,navales et aériennes suivantes:"
Il en résulte que non seulement l'Allemagne devait désarmer,mais que les signataires du pacte s'y engageaient également.L'Allemagne s'était cependant engagée à désarmer la première,et elle a rempli entièrement cet engagement. Le 17 février 1927,le maréchal Foch déclarait: "Je suis assurer que l'Allemagne a effectivement désarmé". Par conséquent,les signataires du pacte devaient tenir leur engagement à ce sujet.Comme ils ne l'ont pas fait,l'Allemagne,d'après les principes généraux du Droit,n'était plus liée par ce pacte et c'est à bon droit qu'elle s'en est dégagée. Cette interprétation est conforme au point de vue exprimé par des hommes d'Etat français aussi bien que par des hommes d'Etat anglais.C'est pourquoi je voudrais me reporter au discours prononcé par Paul-Boncour,le 8 avril 1927, et au cours duquel il déclarait (livre de documents n°1,page 28):
"Il est exact que l'introduction à la partie V du Traité de Versailles considère la limitation des armements qui fut imposée à l'Allemagne,comme un premier pas vers la limitation générale des armements.Voilà qui fait ressortir très clairement la différence qui existe entre cette limitation imposée à l'Allemagne et les autres limitations d'armement qui ont souvent suivi la conclusion des guerres. Cette fois,cette disposition et c'est là qu'est toute sa valeur,n'a pas été seulement imposée à l'un seulement des signataires du Traité,mais c'est un devoir, une obligation morale et légale pour les autres signataires de réduire aussi leurs armements."
De plus,je voudrais me référer au discours prononcé par David Lloyd George, le 7 novembre 1927,et dans lequel il parle du mémorandum sur la note du 16 juin 1919,en ces termes (livre de documents n°1,page 26):
"...document que nous avons transmis à l'Allemagne comme une promesse solennelle de la Grande-Bretagne,de la France,de l'Italie,de la Belgique et de vingt autres nations,de suivre son exemple lorsqu'elle aura désarmé."
Le peuple allemand n'était pas le seul à considérer le Traité de Versailles comme une cruelle injustice.De nombreuses voix se sont élevées,même des pays étrangers,pour dénoncer l'injustice qu'il constituait pour l'Allemagne. Je cite les phrases suivantes de (Cecil Harmsworth,devenu le deuxième vicomte de) Rothermere dans Warnings and Predictions ((Avertissements et prédictions,1939) (livre de documents n°1,page 10):
"L'Allemagne avait raison de considérer Versailles comme une duperie. Sous le prétexte que...."
M.JUSTICE JACKSON (Procureur Général américain): J'attire seulement l'attention du Tribunal sur le fait que les documents qui nous sont lus maintenant ont été déclarés irrecevables par le Tribunal quand la question de leur admission fut posée. Ils se rapportent à des faits de notoriété publique qui n'ont pas besoin d'être déposés,même s'ils ne doivent pas servir de moyens de preuves,mais je crois que leur exposé,au cours de ce Procès,constitue une violation des décisions du Tribunal.
LE PRESIDENT:
Docteur Stahmer,le Tribunal se doutait que ces documents n'avaient pas été admis et a fait demander le procès-verbal original. Je dois maintenant préciser que le Tribunal attend des avocats qu'ils se confor- ment à ses décisions et n'essayent pas de lire à l'audience des textes qui n'ont pas été acceptés. (TMI,IX,10-2).
(Un exemple flagrant d'entrave à la Défense (TMI,X,p.12).
Les quatre juges du TMI.Leurs décisions paralysèrent la Défense.
(Le procureur britannique sir David Maxwell-Fyfe (1900-1967). Avec un cynisme éhonté,il lutta pour paralyser la Défense)
A cet instant,R.Hess dut protester car il fut expulsé manu militari ("l'accusé Hess est conduit hors de la salle d'audience",ibid., p.12). L'avocat put profiter du manque de mémoire du Tribunal au sujet de sa décision du 26 février pour finir de lire la citation:
Dr STAHMER : Puis-je continuer ?
LE PRESIDENT : Certainement.
Dr STAHMER : "Sous prétexte d'entreprendre un premier pas vers le désarmement mondial,l'Allemagne avait désarmé de force.En réalité,la Grande-Bretagne aussi avait été dupée,qui continua à désarmer pendant quinze ans. Mais la France,depuis la signature des différents traités de paix,a encouragé un certain nombre de petits pays à réarmer vigoureusement. Le résultat en fut que l'Allemagne,cinq ans après Versailles,était encerclée par un anneau de fer,plus étroitement qu'elle ne l'était cinq ans avant la guerre mondiale.Dans ces conditions,il était inévitable qu'un régime allemand,qui avait dénoncé le Traité de Versailles,réarmât à outrance à la première occasion. Il est évident que ses armes devaient être dirigées,sur le terrain diplomatique, d'abord contre les puissances signataires de Versailles." (TMI,IX,12)
Me Stahmer dit ensuite quelques mots sur le pacte de Locarno,mais il fut alors interrompu par le Président qui rappela à la Défense la décision du Tribunal:
LE PRESIDENT : Docteur Stahmer,j'ai maintenant devant moi la décision du Tribunal du 26 février 1946,dont le paragraphe 4 est ainsi rédigé:
"Les documents suivants sont déclarés irrecevables",puis le titre "Göring", le quatrième de ces documents est le discours de Paul-Boncour du 8 avril 1927 et le sixième est le discours de Lloyd George du 7 novembre 1927,que vous n'avez pas lu mais qui figure dans votre exposé. Je désire attirer l'attention des avocats sur le fait qu'ils ne seront pas autorisés à citer les documents qui auront été rejetés par le Tribunal. (TMI,IX,13).
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 12:08
- L'avocat de R.Hess interrompu.
Cette fois,l'injonction était claire. Deux semaines plus tard,d'ailleurs,l'avocat de R.Hess prit la parole. A son tour,il tenta de produire des documents sur le Traité de Versailles. Mais le Ministère public s'y opposa sans attendre.Le compte rendu d'audience porte:
Dr SEIDL :(...) Je passe maintenant au volume 3 du livre de documents. Plaise au Tribunal.Ce volume 3 du livre de documents contient en substance des déclarations et des citations d'écrits et de discours d'hommes d'Etat étrangers,de diplomates et d'économistes,se rapportant à l'histoire et à l'origine du Traité de Versailles,à son contenu,aux modifications territoriales apportées par lui,telle que la question du couloir polonais et surtout aux conséquences économiques désastreuses qu'il a entraînées pour l'Allemagne et le reste du monde.
LE PRESIDENT :Oui.Sir David.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Plaise au Tribunal.J'ai lu les documents de ce livre et je voudrais faire quelques remarques à ce sujet.Il s'agit d'opinions exprimées par un grand nombre de personnalités,comprenant des hommes politiques, des économistes et des journalistes.Ces opinions sont exprimées sous forme de polémique et parfois sous forme d'articles de journaux:elles sont connues de la plupart,car on a pu en prendre connaissance au moment où elles ont été formulées,c'est-à-dire il y a quinze ou vingt-cinq ans. Je pense donc,comme je l'ai déjà laissé entendre au Tribunal,que tous ces faits datent de trop longtemps et je présente la suggestion suivante,dont j'espère que le Tribunal reconnaîtra le bien-fondé: pourquoi,comme je l'ai dit hier, le Ministère public n'autoriserait-il pas la présentation de ce livre au moment propice ? Le Dr Seidl pourra,au moment où il fera sa plaidoirie finale,se servir des arguments utilisés par les diverses personnalités qu'il citera,s'il pense qu'ils sont solides.Il pourra se servir de ces citations comme exemples, à la condition toutefois que la thèse qu'il développera soit reconnue pertinente par le Tribunal. Cela assurera au Dr Seidl l'avantage d'avoir le droit de se servir de ces documents dont la présentation est,comme je l'ai dit,soumise à la pertinence des questions qui y sont traitées mais je crois qu'il serait tout à fait inopportun de les lire maintenant,ce sont simplement des opinions de polémistes et de jounalistes qui se rapportent à des sujets que le Ministère public a estimé et que j'estime trop ancien. Cependant,je suis très désireux que le Dr Seidl ait toutes les facilités pour faire sa plaidoirie finale,j'estime donc qu'il serait pratique que ce livre soit versé au dossier maintenant sans être lu,avec la seule réserve que j'ai formulée au sujet de la pertinence,qui pourra être examinée lorsque tous les documents seront devant le Tribunal,le Dr Seidl pourra alors s'en servir pour sa plaidoirie finale. (TMI,X,86-89)
- Le cynisme de l'Accusation.
On soulignera tout d'abord la faiblesse de l'argumentaire avancé par l'Accusation, car une opinion reste une opinion,quelle que soit la personne qui l'exprime et quelle que soit la manière dont elle est exprimée. La déclarer non-pertinente pour l'un de ces deux motifs est profondément malhonnête. Quant à prétendre que l'illégalité ou l'illégitimité du Traité de Versailles était un sujet "trop ancien",c'était le comble dans un procès où le premier chef d'accusation reposait sur le prétendu viol dudit traité. Dans un premier temps,toutefois,Me Seidl délaissa ces deux problèmes cruciaux pour en aborder un autre,plus technique:
Dr Seidl : A première vue,la proposition de Sir David me paraît très raisonnable, toutefois,je dois dire que si l'on procède de cette façon,la Défense devra faire face à de grandes difficultés.Les arguments concernant la pertinence,par exemple, qui rentrent naturellement dans le cadre de la présentation des preuves et qui doivent être examinés ici,ne serviraient qu'au moment des plaidoiries finales, celles-ci seront donc constamment interrompues,l'avocat aura à discuter la pertinence de ses documents,peut-être des passages entiers de son argumentation s'effondreront-ils ainsi et peut-être la cohésion de son discours sera-t-elle complètement détruite. (ibid.,p.88)
Il fut alors interrompu par le procureur général adjoint britannique qui développa son argumentation et déclara que si sa proposition était refusée,les documents apportés par la Défense devaient alors être tout simplement rejetés (mes commentaires sont en italique et entre crochets):
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:
Chaque avocat courra évidemment le danger de voir certains passages de sa plaidoirie considérés comme non-pertinente,mais je voyais là une issue favorable. Si on ne l'accepte pas,le Ministère public doit déclarer respectueusement mais fermement que les termes du Traité de Versailles ne sont pas à mettre en question devant ce Tribunal. J'ai déjà présenté mes arguments à ce propos et je ne tiens pas à développer ce sujet longuement. Je veux expliquer clairement que les questions qui sont soulevées ici par les citations ont naturellement fourni la matière à des controverses politiques dans chaque pays d'Europe et que des opinions différentes ont été émises à propos du bien-fondé et de l'intérêt des dispositions du Traité de Versailles, en particulier dans le domaine économique. Je ne dis pas qu'il n'y a pas la matière à controverse:je dis que c'est une controverse qui n'a pas à être présentée au Tribunal.(Bien au contraire!Cette controverse était centrale au regard du premier chef d'accusation:""complot contre la paix" ) J'ai moi-même en tant que politicien,répondu à presque toutes les déclarations des hommes politiques anglais,et je suis sûr que beaucoup de membres de ce Tribunal ont pris position en faveur d'une thèse ou de l'autre. Mais je déclare que c'est une question qui n'a pas à être tranchée ici par eux: je trouve qu'il est particulièrement inopportun de présenter comme preuves des opinions exprimées dans un seul sens.(Impudence éhontée !) Chacun de ces discours,dans la mesure où ils étaient anglais,était une réponse à un précédent discours où il était suivi d'une réponse,et je serais tenté de croire qu'il en est de même dans le cas du sénateur Borah aux Etats-Unis. (Dans ce cas,il appartenait à l'Accusation de produire,à son tour, ces discours afin que le Tribunal puisse juger la pertinence des uns et des autres.) Ces matières et c'est le second point,ne constituent pas réellement des moyens de preuve.C'est un terrain de controverses.Il faudra déterminer le moment opportun où le Tribunal décidera si cette question est ou non pertinente. C'est pourquoi j'ai suggéré qu'il était préférable de trancher la question quand l'ensemble des preuves évidentes tirées des faits aurait été présenté au Tribunal. Mais je souhaite vivement,en dehors de ma suggession,de faire clairement ressortir qu'en ce qui concerne la pertinence,le Ministère public soutient unanimement que le fondement théorique et pratique des dispositions du Traité de Versailles n'est pas une question pertinente. (Quand on reproche à des hommes d'avoir violé un traité,les empêcher de discuter le fondement théorique et pratique de ses dispositions se révèle être une injustice flagrante.) L'autre argument et je désire faire une distinction entre les deux,a été esquissé par le Dr Stahmer en ce qui concerne les termes mêmes du préambule aux clauses militaires.C'est une question tout à fait différente que nous pourrons discuter quand ainsi que je le comprends,certaines propositions de droit seront soulevées par l'un des avocats au nom de la Défense. Mais,ainsi que je l'ai dit,le contenu théorique et pratique du Traité,et particu- lièrement les clauses économiques,constituent un sujet de vastes controverses sur lesquelles il existe littéralement des milliers d'opinions différentes pour de simples nuances.J'estime que ce n'est pas une question à traiter devant ce Tribunal et,d'autre part,que ces données ne constituent pas des moyens de preuve.Même si elles constituent une question,elles n'en sont pas,pour autant, des moyens de preuve (...)
LE PRESIDENT: Vous proposez donc,Sir David,que le Dr Seidl ne cite aucun de ces documents ?
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Oui.Je considère que le sujet envisagé est hors de propos.
LE PRESIDENT:Oui.Ces preuves ne sont pas admissibles.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:Elles ne sont pas admissibles.
LE PRESIDENT: Bien.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Ma suggestion première était évidemment d'abandonner la discussion sur l'admissibilité jusqu'à ce que toutes les preuves soient réunies,mais si on la rejette,je me permets de déclarer sans ambages qu'elles sont inadmissibles (ibid.,pp.88-9)
L'impudence éhontée du procureur britannique Maxwell-Fyfe qui reproche à la Défense de citer des opinions "exprimées dans un seul sens" (TMI,10,P.88)
Le procureur britannique Maxwell-Fyfe à Nuremberg.L'Accusation reprochait à des hommes d'avoir violé un traité,mais elle voulait les empêcher de discuter la valeur de ce traité (TMI,10,p.89)
- La partialité du Président.
L'avocat de R.Hess répondit une nouvelle fois au procureur général adjoint britannique,ce qui entraîna l'échange suivant avec le Président:
Dr SEIDL: Ce serait mal interpréter mes intentions que de supposer qu'en présentant ce livre de documents je voulais démontrer que le Traité de Versailles était ou non l'expression de la sagesse des nations. Je ne n'occupe pas de cela ici.La présentation de ces documents vise à amener la discussion sur les points suivants:
- Premièrement:la question de savoir si la partie adverse ne s'est pas, dans les négociations préliminaires du Traité (et je fais ici allusion aux Quatorze Points de Wilson) rendue coupable de violations des clauses du Traité,s'il n'y a pas lieu de supposer ici l'existence,d'une culpa in contrahendo.
- Deuxièmement:la présentation des documents montrerait si la partie adverse s'est conformée aux obligations découlant du Traité,de façon à établir (c'est-à-dire à donner au Tribunal l'occasion d'établir) les conclusions juridiques que l'Allemagne aurait pu tirer de cette attitude.
- Troisièmement:le Traité de Versailles et sa violation par les accusés constitue le noyau du chef d'accusation n°1,à savoir:le complot dénoncé par le Ministère public.Celui-ci,à une question que lui posait le Tribunal sur l'époque à laquelle ce complot aurait commencé,a répondu qu'on pourrait fixer la date de 1921(...) Je voulais dire,à propos de la date fixée par le Ministère public pour le commence- ment du complot,que le Traité de Versailles a joué un rôle important dans toute cette affaire:il y a au moins un lien accidentel entre l'origine de ce Traité et le prétendu complot. Avant de parler d'illégalité et de culpabilité,il faut établir les faits qui ont déterminé le complot dénoncé par le Ministère public.
- Quatrièmement: le Ministère public a présenté une documentation volumineuse sur le développement de la NSDAP.De nombreux livres de documents ont été remis au Tribunal pour montrer l'accroissement du nombre de ses membres, ainsi que de ses députés au Reichstag.Si donc on a considéré ces preuves comme pertinentes,je prétens également que les circonstances et les événements qui ont rendu possible cet essor du Parti doivent l'être aussi,ne serait-ce que pour tenir compte du lien de causalité dont j'ai parlé.
LE PRESIDENT: Vous prétendez que l'opinion d'un journaliste qui,après la conclusion du Traité de Versailles,a déclaré qu'à son avis il y avait là une injustice pour l'Allemagne,puisse constituer la base d'une interprétation du Traité ou puisse fournir un moyen d'atteindre un des buts que se propose le Tribunal ? (ibid.,pp.90-1).
La façon dont la question était tournée démontre la partialité du Président. Car la Défense allait présenter non pas un document,mais tout un livre de documents dans lequel on allait trouver de multiples opinions exprimées par des personnages les plus divers,des simples journalistes aux hommes d'Etat, en passant par des militaires,des économistes,des politiciens,etc. D'où cette réponse très pertinente de l'avocat:
Dr SEIDL:
J'admets,Monsieur le Président,que l'opinion isolée d'un journaliste étranger n'a pas en elle-même une valeur probatoire quelconque. Mais je soutiens que l'opinion du secrétaire d'Etat (américain Robert) Lansing sur l'origine du Traité de Versailles doit avoir,sur la part qu'il a prise à l'élaboration de ce Traité,quelque force probante. La valeur de son opinion ne peut pas encore être établie à cette phase du procès. Cette question ne pourra être tranchée par le Tribunal que lorsque toutes les preuves auront été présentées.De plus,je maintiens que l'opinion du Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis a une valeur probatoire de premier ordre en ce qui concerne le Traité de Versailles,son élabora- tion et les effets qu'il a eus sur le complot auquel le Ministère public reproche d'avoir été principalement dirigé contre le Traité. Il en est de même pour la plupart des déclarations contenues dans ce livre de documents. Je voudrais attirer l'attention sur Gustave Cassel,John Maynard Keynes, conseiller financier officiel du Gouvernement britannique,et sur un grand nombre d'autres personnalités (ibid., p.91).
La pertinence de cette réponse fit reculer le Président qui n'insista pas. Mais dans sa volonté de paralyser la Défense,il s'adressa ainsi à l'avocat:
LE PRESIDENT: Vous prétendez que les dispositions du Traité de Versailles ou leur non-observation par les puissances signataires justifiaient l'Allemagne à mener une guerre d'agression ? (ib).
Cette question était naturellement un piège.Car l'avocat ne pouvait répondre par "oui",ce qui aurait été considéré comme une approbation donnée à la "guerre d'agression". Mais s'il répondait par la négative,alors le Président n'avait plus qu'à lancer: "Preuve que les débats sur le Traité de Versailles sont inutiles,car ce que l'on reproche aux accusés,c'est uniquement d'avoir agressé d'autres pays." Une nouvelle fois,donc,le Président révélait sa partialité:il ne voulait pas permettre la moindre critique de la convention de paix signée à Versailles. Evitant toutefois le piège,Me Seidl répondit:
Dr SEIDL:
Je ne puis répondre à cette question de façon définitive,tant que je n'aurai pas eu connaissance des preuves concernant les autres accusés. J'affirme cependant que la violation du Traité de Versailles par la partie adverse aurait pu conférer aux accusés le droit de réarmer,et c'est ce réarmement qui leur est reproché ici. Je voudrais,en ce qui concerne le droit de mener une guerre d'agression,ne faire de déclarations définitives que lorsque le Tribunal aura officiellement accepté l'affidavit de l'ambassadeur Gaus.(id.).
.../....
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 12:14
Loin de se tenir pour battu,le Président insista. Mais il finit par se rendre ridicule,comme en témoigne cet échange:
LE PRESIDENT: Je voudrais vous poser encore une question. Pensez-vous que les Quatorze Points du Président Wilson suffisent à interpréter les textes du Traité de Versailles ?
Dr SEIDL: Je ne dis pas que les Quatorze Points de Wilson constituent en eux-mêmes une preuve admissible.J'affirme,d'autre part,que le lien qui existe entre ces Quatorze Points et le Traité de Versailles,et la contradiction qui en résulte,sont directement à l'origine du complot dénoncé par le Ministère public.
LE PRESIDENT: Vous affirmez donc que le Traité de Versailles,dans la mesure où il tirerait son origine des Quatorze Points,est un traité injuste ?(id)
Cette dernière question était totalement inepte,car le Président prêtait aux Allemands des pensées qu'ils n'avaient jamais eues,bien au contraire. En 1918,l'Allemagne avait accepté de cesser le combat parce que les promesses wilsoniennes l'avaient séduite.Elle espérait un traité fondé sur ces promesses. De plus,ce que la Défense souhaitait démontrer,c'était uniquement la contradiction qui avait existé entre les Quatorze Points énoncés début 1918 et le traité imposé en juin 1919. Voilà pourquoi,visiblement agacé par tant de mauvaise foi,l'avocat de R.Hess lâcha:
Dr SEIDL: Monsieur le Président,je n'ai pas du tout l'intention d'argumenter à l'aide de ce document sur la question de savoir si le Traité était juste ou non. Cette question dépasse,à mon avis,le cadre de ces débats.J'affirme cependant que le Traité,tout au moins dans de nombreuses dispositions,n'a pas donné le résultat que les puissances victorieuses elles-mêmes en attendaient (au regard des propositions wilsoniennes) (ibid.,pp.91-2).
- La Défense développe ses arguments.
La parole fut ensuite donnée à l'avocat de Hjalmar Schacht,Me Rudolf Dix. Celui-ci revint sur la valeur à accorder aux opinions exprimées par des hommes très divers qui,en leur temps,avaient critiqué le Traité de Versailles:
Dr DIX: Puisque Sir David (Maxwell-Fyfe) a amené la discussion sur une question si importante,et compte tenu du fait que la Défense doit toujours envisager la possibilité de voir le Tribunal prendre dès maintenant une décision pour savoir dans quelle mesure on acceptera les preuves qui font l'objet de ce litige, je considère qu'il est de mon devoir de complèter les déclarations de mon confrère, le Dr Seidl,avec lequel je suis entièrement d'accord. Et je voudrais me reporter à la question très précise posée par Votre Honneur et qui commence ainsi:"Considérez-vous comme pertinent...?" Je pense (et je veux éviter toute répétition) qu'il y a un aspect très important du problème de la pertinence qui n'a pas encore été envisagée,à savoir son aspect subjectif.Il s'agit de la pertinence de la recherche des preuves et des faits se rapportant à l'état subjectif d'un accusé pris séparément,c'est-à-dire des faits pris en eux-mêmes. Supposons par exemple qu'un accusé ait commis un acte qui,d'un point de vue purement objectif,constituait une violation du Traité de Versailles,en considérant le Droit pénal et en se plaçant d'un point de vue subjectif,il est très important de savoir si dans l'opinion des hommes raisonnables,épris de justice et cultivés, de toutes les nations,il a agi d'un point de vue qui ne lui était pas spécial, mais qui était celui des hommes les plus sérieux de toutes les nations,y compris celles qui combattirent contre l'Allemagne en 1914-1918. Pour ne pas rester dans l'abstrait,je vais citer un exemple: Un accusé soutient qu'il est justifié à réarmer,non dans un but d'agression (je laisserai le point de côté).Il considère que ce réarmement est justifié, soit parce que les clauses du Traité n'ont pas été observées par la partie adverse, soit parce qu'en raison de certaines paroles ou de certains actes,ce Traité est devenu caduc.A mon avis,il est tout à fait opportun de se demander si le point de vue de cet accusé,qui peut expliquer son activité,n'est pas partagé par des hommes qui peuvent être dignes de crédit,étant donné qu'ils sont ressortissants d'autres nations,même de nations qui,en 1914-1918,se trouvaient dans le camp adverse. Je crois comprendre que le réarmement n'est pas dans l'opinion du Ministère public un crime en lui-même,mais est simplement un argument dont il se sert pour établir le crime d'avoir mené une guerre d'agression. Si un accusé peut prouver qu'il a agi suivant une conception droite et sincère, qui pouvait,comme je l'ai dit,être celle d'individus appartenant à d'autres nations, et qu'il a agi consciencieusement tant à l'égard du Droit et de la morale interna- tionale que des intérêts de son pays,ces documents contenant des opinions, des articles littéraires,des discours épousant le point de vue de l'accusé en question,sont non seulement pertinents,mais d'une importance décisive. Si le Tribunal désire trancher maintenant la question de principe dont Sir David vient de proposer la discussion ce qui,je l'avoue,est normal,il doit prendre ce point de vue en considération. De plus,je suis heureux de constater que je suis prêt à tomber d'accord avec Sir David sur le côté pratique de la question.Je préférerais,en ce qui me concerne, que cette décision soit reculée jusqu'à l'époque proposée par Sir David. Je suis prêt à accepter les désavantages soulignés par le Dr Seidl qui comporterait une telle décision,car elle entraînerait en revanche un avantage,à savoir: que le Tribunal pourrait prendre une meilleure vue d'ensemble sur toutes les questions embrouillées qui conditionnent sa décision. Et je suis maintenant incapable de les traiter en connaissance de cause, car je ne fais pas ici de résumé,mais j'aborde un aspect particulier de cette question des preuves (ibid.,pp.92-3).
(Hajalmar Schacht (1877-1970). Son avocat à Nuremberg développa un argumentaire très pertinent sur la nécessité de discuter du Traité de Versailles.En vain...)
- Incompréhension et mauvaise foi.
La réponse du procureur général adjoint britannique fut un mélange d'incompré- hension et de mauvaise foi.Prenant la parole,il commença par dire:
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Plaise au Tribunal.Je voudrais d'abord répondre aux arguments avancés par le Dr Dix.Je crois que sa première proposition se résume en ceci: si un accusé a commis un acte constituant une violation du Traité et peut montrer que dans l'opinion de certains hommes raisonnables,justes et cultivés,appartenant à des nations qui étaient parties adverses au Traité,celui-ci était si imparfait qu'on pouvait,avec raison,enfreindre ses clauses,sa responsabilité est dégagée. Malgré tout le respect que je dois au Dr Dix,j'estime que cet argument est bien faible et ne repose sur aucun principe du Droit et des usages internationaux. Dès que l'on admet qu'il y a traité et qu'il y a infraction,et dans son exemple le Dr Dix parlait bien de cela,il y a là un fait acquis,et ce n'est pas une réponse que d'affirmer que de nombreuses personnalités ont,dans des pays signataires, estimé que les termes de ce Traité étaient vicieux. Le Traité est là,et la personne qui,sciemment,y fait une entorse,le viole, quelle que soit la solidité des bases sur lesquelles il repose(ibid.,pp.94-5).
J'interromps ici la citation pour souligner à quel point Sir David caricaturait l'argumentation de l'avocat afin de prétendre la réfuter.Jamais Me Dix n'avait voulu justifier le viol d'une convention existante. Il souhaitait simplement que la Défense puisse apporter la démonstration qu'un accusé avait pu vouloir,par la suite,mener des guerres d'agression. Cette démonstration pouvait être apportée en citant d'autres personnes qui, bien qu'ayant appartenu à des nations ennemies de l'Allemagne entre 1914 et 1918,avaient violemment critiqué ledit traité ou son application. En lisant ces prises de position,l'accusé avait pu subjectivement être conforté dans sa lutte contre Versailles,sans pour autant nourrir des desseins d'agression. Cela dit,revenons à Sir David.Le procureur général adjoint développa ensuite une argumentation assez hors de propos,démontrant,il l'avouera d'ailleurs lui- même,qu'il n'avait finalement pas bien compris les déclarations de Me Dix:
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Dans son second argument,le Dr Dix s'est lancé sur des terrains tout à fait différents. Il a déclaré que la pertinence de ces documents apparaîtrait avec une force particulière à propos de la question du réarmement,car elle ferait ressortir que le Tribunal était considéré comme caduc. (ibid.,p.95).
Cette allégation était totalement fausse.Me Dix avait clairement déclaré:
L'accusé considère que ce réarmement est justifié,soit parce que les clauses du Traité n'ont pas été observées par la partie adverse,soit parce qu'en raison de certains actes,ce Traité est devenu caduc. A mon avis,il est tout à fait opportun de se demander si le point de vue de cet accusé,qui peut expliquer son activité,n'est pas partagé par des hommes qui peuvent être dignes de crédit,étant donné qu'ils sont ressortissants d'autres nations,même de nations qui,en 1914-1918,se trouvaient dans le camp adverse. (ibid.,p.92).
Dans l'esprit de l'avocat,donc,les documents à produire n'étaient pas destinés à prouver la caducité du Traité de Versailles,mais à démontrer que l'opinion d'un accusé ayant considéré cette caducité comme établie était soutenue par d'autres personnes dignes de crédit.
Je passerai donc sur les déclarations sans objet de Sir David pour en venir à un autre argument qu'il développa immédiatement après en ces termes:
SIR DAVID MAXWELL-FYFE: Maintenant,que le Dr Dix me pardonne,car c'est sûrement de ma faute, je n'ai pas très bien saisi ce qu'il a voulu dire par arguments subjectifs. Mais dans la mesure où j'ai compris,la réponse me paraît être très à propos: s'il cherche à suggérer que la culpabilité d'un accusé peut être considérée comme moins grande,du fait que cet accusé a cru que le Traité était mauvais, c'est essentiellement là une question que le Tribunal tranchera lorsqu'en écoutant l'accusé il cherchera à comprendre et à estimer la valeur de son point de vue.Il ne sert vraiment à rien de savoir si l'accusé Hess a agi dans la croyance que le Traité de Versailles était mauvais ni de connaître quelles étaient à ce sujet les opinions du rédacteur en chef de l'Observer,journal anglais du dimanche,ou celles d'un numéro du Manchester Guardian,vieux de vingt ans,pas plus qu'il n'est utile de se référer aux écrits des hommes d'Etat distingués qui,malgré tout le respect qui leur est dû,ont commenté l'événement, des années après son arrivée. Le point de vue subjectif est,à mon avis,un point d'importance pour la décision à prendre sur les preuves,mais il doit être présenté par l'accusé lui-même. (ibid.,pp.95-6).
En clair,le procureur général adjoint britannique réclamait que les accusés puissent exposer leur point de vue (de l'époque) sur le Traité de Versailles, mais sans pouvoir l'appuyer en citant d'autres personnes qui,notamment dans les pays hier ennemis,l'auraient partagé. C'était profondément injuste,car même si la vérité ne dépend pas du nombre, souligner que son opinion était partagée par beaucoup de personnalités "honnêtes" très diverses,démontre qu'on pouvait l'adopter en toute bonne foi, c'est-à-dire sans arrières pensées criminelles.
- L'argument capital de Me Horn.
Peu avant l'intervention de Sir David,l'avocat de Joachim von Ribbentrop, Me Martin Horn,avait pris à son tour la parole,déclarant avec bon sens:
Dr HORN:
Il est hors de doute que le Ministère public fonde l'essentiel de son accusation sur des violations du Traité de Versailles. Il est,à mon sens,absolument nécessaire d'examiner,à propos de ces violations, les faits qui permettent de mettre en doute la légalité de ce Traité. Il est certain que ce Traité a été signé sous la contrainte. Le Droit international reconnaît que de tels traités sont remplis de graves défauts et les considèrent comme des infamies. J'estime qu'on doit nous reconnaître le droit de présenter les faits qui tendent à confirmer le bien-fondé de cette assertion et de ce point de vue juridique. Une autre question qui,si j'ai bien compris,est celle soulevée par Sir David, concerne la discussion des conséquences juridiques,politiques et économiques de ce Traité. Je ne désire pas commenter ce sujet plus longuement,mais je demande que l'on donne suite à ma première requête:il faut prendre en considération les faits à l'appui desquels on peut porter un jugement sur la valeur juridique du Traité de Versailles. (ibid.,p.94).
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Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mar 4 Juin - 12:22
- L'impudence éhontée de l'Accusation.
En guise de réponse,Sir David lança:
(SIR DAVID MAXWELL-FYFE)
Le Dr Horn a posé un problème très général,j'estime qu'il est tout à fait hors de propos et dépasse le cadre de ce procès. Il voudrait que le Tribunal décide si le Traité de Versailles a été signé sous l'empire de la contrainte.Cela impliquerait bel et bien la reconsidération de la question du Gouvernement de la République allemande,de la situation des plénipotentiaires et de celle des personnes qui ont négocié le Traité. La réponse est que le Tribunal s'occupe de certaines infractions bien caractéri- sées qui furent commises à l'époque envisagée par l'acte d'accusation: et toutes les preuves concernant le Gouvernement allemand de l'Allemagne prénazie,autant d'ailleurs que le Gouvernement nazi lui-même,montrent que, pendant des années,le Traité de Versailles fut accepté comme la base légale et réelle de leurs travaux et que différentes méthodes furent adoptées pour essayer d'y apporter des changements. Je n'ai pas besoin d'entrer dans le détail du Traité de Locarno qui,signé en 1925, confirmait celui de Versailles,lequel a d'ailleurs été pleinement reconnu par le Gouvernement nazi lui-même. Dans ces conditions,je pense qu'il serait hors de propos et contraire aux termes du Statut que le Tribunal menât une enquête sur la question de savoir si le Traité de Versailles a été signé sous l'empire de la contrainte. (ibid.,p.96).
Le procureur général adjoint britannique faisait ici preuve d'une impudence éhontée:certes,les différents gouvernements allemands avaient reconnu les traités signés à partir de 1919. Mais la politique étant l'art du possible,qu'auraient-ils pu faire d'autre ? Totalement affaiblis et désarmés,ils étaient contraints d'agir ainsi par des vainqueurs implacables ! Je rappelle toutefois que jamais Hitler n'a reconnu le Traité de Versailles. Le 1er août 1923,dans un discours prononcé à Munich,il lança: (...) le jour doit venir où un gouvernement allemand aura à rassembler son courage pour dire aux pouvoirs étrangers:"Le Traité de Versailles est fondé sur un mensonge monstrueux.Nous refusons d'en respecter plus longtemps les termes(...) (Consultable sur le site "Hitler Historical Museum" à l'adresse suivante: http://www.hitler.org/speeches/ Voy.le discours du 1er août 1923).
Dans Mein Kampf,il parla d'un traité "imposé au peuple allemand" avant de le qualifier d'"instrument d'oppression sans limite" et d'instrument d'exactions sans mesure" (Voy.A.Hitler,Mein Kampf (Nouvelles Editions Latines,conforme à l'édition française de 1934),p.629.
Le lendemain de son arrivée au pouvoir,dans un discours prononcé à Berlin, il déclara: Au point de vue politique extérieur,le Gouvernement national-socialiste considérera que sa plus haute mission est de sauvegarder les droits vitaux de l'Allemagne et par conséquent,de reconquérir la liberté de notre peuple. (Voy.le discours de Hitler du 1er février 1933,publié dans Une autre image..., déjà cité,p.8
C'était une allusion transparente aux "chaînes de Versailles" dont il fallait se débarrasser afin de recouvrer la liberté. Le 21 mars suivant à Posdam,le Führer évoqua l'article 231 du Traité de Versailles en disant: (...) ni l'Empereur (Guillaume II) ni le Gouvernement (allemand) n'ont voulu cette guerre.C'est seulement la décomposition de la nation et sa débâcle générale qui ont forcé une génération faible à subir,à l'encontre de ce qu'elle savait pertinemment et à l'encontre de sa conviction la plus profonde et la plus respectable,l'affirmation de sa responsabilité dans la guerre.(Ibid.,p.12).
Deux jours plus tard,devant le Reichstag,il revint sur le sujet et ajouta: En violation des assurances qui nous avaient été données par les quatorze points de Wilson,commença pour l'Allemagne,c'est-à-dire pour la partie laborieuse du peuple allemand,une période de malheurs sans bornes.(Ibid.,p.16).
J'ajoute enfin que dans Mein Kampf,il avait affirmé qu'en occupant la Rhur, "la France avait,de la façon la plus éclatante,violé le Traité de Versailles" (Voy.A.Hitler,Mein Kampf,déjà cité,p.675).
Dès lors,seule l'impudence la plus éhontée pouvait faire prétendre que les nationaux-socialistes auraient une seule seconde reconnu une quelconque légitimité à cette convention de paix. Bien au contraire,ils avaient toujours déclaré qu'imposé par la contrainte, mensonger et violé par les vainqueurs eux-mêmes,le traité signé le 28 juin 1919 n'avait aucune valeur.
- Le procureur perd pieds....
Sir David se lança ensuite dans un discours qui devint rapidement assez embrouillé,il fut alors interrompu par un membre du Tribunal visiblement soucieux de recentrer les débats.On lit:
(Sir DAVID MAXWELL-FYFE)
D'après ce que j'ai compris,le Dr Horn ne s'intéressait pas tellement à la pertinence des clauses économiques,mais je me permets de rappeler au Tribunal qu'il a devant lui un certain nombre d'opinions exprimées par différents individus, assumant alors des responsabilités diverses. Et tout en restant solidement sur la position que j'ai adoptée à l'égard du Traité,et que je me suis efforcé d'expliquer,j'insiste également sur mon second argument:accepter comme preuve des déclarations qui ont été faites du seul point de vue de la polémique,soit en réponse à une attaque,soit comme une attaque dirigée contre la politique d'un Etat intéressé,c'est se méprendre sur le sens du terme "preuve".Il ne s'agit pas ici de toutes sortes de preuves et de même,non pas "de même" car le premier point a une grosse importance, je le rappelle au Tribunal,mais je suggère aussi que la présentation de telles preuves suppose une mauvaise interprétation du terme "preuve". Ce sont des arguments de droit qu'un avocat peut utiliser,mais qui,en raison de leur caractère,ne peuvent être acceptées par le Tribunal.
M.FRANCIS BIDDLE (juge américain)
Sir David,y a-t-il une disposition du Traité de Versailles qui prévoit le désarmement de puissances signataires autres que l'Allemagne ? Si oui,veuillez nous en donner connaissance.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:
Oui,c'est le préambule aux clauses militaires,auquel on se réfère habituellement. Ce sont les quatre lignes qui précédent les clauses militaires et qui, en termes très généraux,stipulent un désarmement général après que l'Allemagne aura procédé au sien propre,l'idée générale était l'acceptation du désarmement. J'ai les dates présentes à l'esprit.La question de savoir si,eu égard aux preuves présentées,celui-ci aurait été accepté importe peu.Il l'a été en 1927. Vous vous souvenez que,par la suite,de nombreuses conférences du désarme- ment eurent pour mission d'examiner ce problème et que l'Allemagne quitta celle dont les travaux étaient en cours en 1933. J'essaie actuellement de faire preuve d'objectivité,je ne veux pas avancer le point de vue du Ministère public ni celui de la Défense: j'expose seulement les faits.
M.BIDDLE:
Je ne comprends pas le sens que vous donnez au mot "accepté". Vous voulez parler de la mesure dans laquelle l'Allemagne a accepté le désarmement proposé ?
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:
Oui,et réciproquement.La réponse de l'Allemagne aux demandes qui lui avaient été faites à Versailles a été acceptée en 1927 par les Alliés,et la Commission du désarmement,qui se trouvait en Allemagne,sous la présidence du général français Denoue,quitta alors ce pays.
M.BIDDLE:J e comprends donc que vous prétendez qu'aucun de ces documents n'a de rapport avec les faits qui nous occupent ?
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:Non,non.
M.BIDDLE:C'est la question que nous traitons.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:J
e veux dire que nous traiterons cette question en son temps. Je pensais,d'après certaines paroles prononcées par le Dr Stahmer, que ces faits constitueraient l'un des points qui doivent être traités dans la discussion juridique générale....
Dr SEIDL:
Je crois que Sir David est victime d'une légère erreur. Dans le livre 3 du livre de documents de l'accusé Hess,il y a également nombre de citations d'hommes d'Etat étrangers qui concernent ces clauses militaires du Traité de Versailles et déclarent que l'Allemagne avait rempli les obligations qui découlaient de ce Traité,mais que cette exécution avait été unilatérale.
SIR DAVID MAXWELL-FYFE:
Je regrette,mais je ne m'en souviens pas. J'ai lu ce livre et il se peut que ce point ait été traité accessoirement, mais je ne croyais pas faire une injustice au Dr Seidl qui a rassemblé ce matériel de preuve en déclarant que s'il existe,il n'en est pas moins accessoire. Ce qui importe,c'est la violation politique et économique des clauses de ce Traité. Je crois que je lui ai rendu justice.C'est certainement mon intention. C'est l'impression que j'ai eue. (TMI,X,96-8/
- FIN -
Spartacus Kouros Messages : 2078 Date d'inscription : 13/03/2010 Age : 58 Localisation : Les arènes
Sujet: Re: Rudolf Hess :La dernière tentative de paix auprès de l'Angleterre Mer 5 Juin - 8:41
Document à décharge pour Rudolf Hess occulté.
Le 7 juillet 1945,à la demande des autorités de Nuremberg,une femme d'origine allemande, Kate Eva Schmi-Hoerlin,rédigea un témoignage. Onze ans auparavant,lors de la fameuse "nuit des longs couteaux",son époux, Willi Schmid,qui travaillait pour le Muenchner Neueste Nachrichten en qualité de critique misical,avait été assassiné par erreur.Enregistré sous la cote "L-135",ce témoignage devait servir à l'Accusation afin de démontrer le caractère criminel du régime national-socialisme. Mais il ne fut pas utilisé lors des débats.Pourquoi ? La raison est simple:
- dans cette déclaration, Kate Eva explique objectivement ce qui lui est arrivé et comment elle a souhaité sauvegarder l'honneur de son mari en cherchant la vérité sur son assassinat. Elle révèle les différentes réactions auxquelles elle a été confrontée:
- celle de Heinrich Himmler,froide et menaçante,
- celle de Fritz Wiedemann,compatissante,
- et surtout celle de Rudolf Hess,chaleureuse et généreuse.
Grâce à lui,Kate Eva obtient la lumière sur la mort de son mari ainsi qu'une pension équivalente au salaire qu'il gagnait au Muenchner Neueste Nachrichten.
On comprend donc pourquoi l'Accusation garda ce document dans ses dossiers, le cachant soigneusement à la presse et à la Défense. Nous le publions aujourd'hui parce qu'il complète l'étude de V.Reynouard sur Rudof Hess.
En recherchant autour du document L-135,nous nous retrouvons aux Etats-Unis où une femme,Bettina Hoerlin,issue du remariage de Kate Eva avec Hermann Hoerlin, retrace l'histoire de ses parents dans son livre Steps of Courage : My Parents' Journey from Nazi Germany to America (les pas du courage: le voyage de mes parents depuis l'Allemagne nazie jusqu'en Amérique). A leur mort,Bettina retrouva dans une valise les 500 lettres qu'ils avaient échangées entre 1934 et 1938. Cette découverte lui inspira un livre qui mêle leur histoire d'amour passionnée et les événements tourmentés de cette période.Bettina Hoerlin raconte la fuite de sa mère en Autriche avec ses trois enfants,Duscha,Thomas et Heidi,son aventure avec Hermann Hoerlin,brillant alpiniste et physicien allemand,sa peur pour sa vie à cause de ses origines juives. En juillet 1938,pourtant,Kate Eva put tranquillement se marier avec Hermann Hoerlin. Peu après,ils émigrèrent aux Etats-Unis.Kate Eva donna alors naissance à Bettina, où cette dernière pu s'épanouir auprès de ses frères et soeurs. Avant de partir,Kate Eva avait fait la connaissance du baron Georg von Trapp, de sa femme Maria Augusta et de leurs neuf enfants.L'amour de la musique et la haine de Hitler les avaient rapprochés. Eux aussi cherchaient à émigrer aux Etats-Unis;ils le firent peu après les Hoerlin. Une fois en Amérique,en 1939,la famille von Trapp sillona le continent en donnant des concerts,jusqu'en 1947 où elle décida de fonder le "camp de musique de la famille Trapp". Elle connut un grand succès et,un beau jour,rejoignit Kate Eva Hoerlin. Les retrouvailles furent chaleureuses. Tout le monde connaît La Mélodie du Bonheur... Mais sait-on que ce film musical de Robert Wise, sorti en 1965,est en fait une adaptation de la comédie musicale homonyme de Richard Rogers qui avait été jouée à Broadway en 1959,et qu'elle-même avait été une adaptation du livre autobiographique de Maria Augusta von Trapp écrit en 1949 ? Et surtout,sait-on la générosité dont fit preuve Rudof Hess à l'égard de cette femme et de ses trois enfants ? C'est pour réparer ces oublis que,aujourd'hui,nous publions le document L-135 pour la première fois traduit en français.
La Mélodie du Bonheur est l'une des plus grandes comédies musicales de tous les temps. L'histoire de Maria,du capitaine et de leurs enfants fait aujourd'hui partie de l'imaginaire collectif de milliers de familles. Cette comédie musicale s'inspire de l'autobiographie de Maria Augusta von Trapp, publiée en 1949.
Maria Augusta Kutschera est née le 26 janvier 1905 dans un train voyageant en direction de Vienne. Elevée dans une idéologie socialiste et non croyante,la rencontre,au collège, d'un prêtre jésuite bouleverse ses certitudes. Après être entrée au couvent,elle est envoyée chez le capitaine Georg von Trapp, veuf et père de 9 enfants,dont l'une des filles,atteinte d'un rhumatisme articulaire aigu, nécessite une assistance. Le 26 navembre 1927,elle se marie avec le capitaine et devient ainsi la belle-mère de ces 9 enfants. Peu après l'Anschluss,la famille von Trapp choisit de quitter Salzburg pour échapper au régime hitlérien. Maria,enceinte du dixième enfant du capitaine,Johannes,suit la famille jusqu'en Italie, dans son périple à travers les Alpes autrichiennes. Elle écrit: "Du jour au lendemain,nous étions devenus pauvres,nous étions devenues des réfugiés. Un réfugié n'a pas de pays,ni de droits,il est déraciné.Parfois,il se sent comme un colis qu'on envoie d'un endroit à l'autre."
Son histoire a été racontée dans une comédie musicale jouée à Broadway en 1959 et qui, par la suite,connut un succès mondial. Le film The Sound of Music (La Mélodie du Bonheur),s'en inspire. Sorti en 1965,il a comme vedettes:Julie Andrews et Christopher Plummer. Aux Etats-Unis,leur nouvelle terre d'accueil,la famille Trapp vit de son art en parcourant le pays et en donnant des représentations. En 1939,ils achètent une demeure à Stowe (Etat du Vermont) avec 242 hectares de terrain. Pendant quinze ans,ils continueront à parcourir le pays. Ils fondent le "Camp de musique de la famille Trapp" en 1947,devenu ensuite la "Trapp Family Lodge". Après les voyages avec les Trapp Family Singers (les chanteurs de la famille Trapp), Maria et trois de ses enfants,Maria, Rosemarie et Johannes,s'engagent dans le Pacifique Sud comme missionnaires. Ils se rendent en Nouvelle-Guinée et parcourent les îles voisines. En 1972,Maria regagne la demeure familiale de la famille Trapp au Vermont. Au crépuscule de sa vie,elle commence la rédaction de ses mémoires qu'elle publie en 1972. Jusqu'à la fin de ses jours,elle s'occupa de l'entreprise familiale. Maria von Trapp est décédée en 1987.Johannès,le plus jeune de ses fils, gère aujourd'hui la "Trapp Family Lodge".(cliquez ci-dessous):
Etat de New-York Comté de Broome Ville de Binghamton.
Kate Eva,dûment assermentée,dépose et dit: Kate Eva déclare sous serment:
" Le samedi 30 juin 1934,j'habitais avec mon ancien marie le Dr Willi Schmid et mes trois enfants Renate (Duscha),âgée de neuf ans,Thomas,âgé de sept ans, et Heidi,âgée de deux ans,dans un appartement situé au troisième étage au 3 Schackstrasse,Munich,Allemagne. En ce temps-là,mon mari,Willi Schmid,était critique musical pour le Muenchner Neueste Nachrichten, le journal le plus important de Munich. A 19h 20 le soir du 30 juin,alors que mon mari était dans son bureau en train de jouer du violoncelle,pendant que j'étais en train de préparer le dîner et que les enfants jouaient entre la salle à manger et la cuisine,on sonna à la porte. Mon employée,Anna Bielmeier,alla répondre. Elle alla chercher mon mari et lui dit qu'il y avait un homme qui voulait discuter avec lui à propos d'un travail. Je demandai à mon mari pourquoi quelqu'un viendrait à cette heure un samedi soir, mais il dit qu'il le verrait de toute façon.Je suivis mon mari jusqu'à la porte et vis un homme qui se tenait là,habillé en civil. Au moment où mon mari atteignait la porte,l'homme en civil entra à l'intérieur, et quatre hommes en uniforme SS,armés,apparurent sur le côté de l'entrée et continuèrent leur chemin dans notre appartement jusque dans le bureau de mon mari.Je les suivis. Mon mari leur demanda ce qu'ils voulaient. Ils répondirent simplement :"Viens avec nous tout de suite." Mon mari leur demanda ensuite s'ils avaient un mandat ou une pièce d'identité, et ils répondirent qu'ils n'en avaient pas besoin. Je leur dis qu'il devait y avoir une erreur,et que j'allai chercher les papiers de mon mari qui étaient dans un tiroir de son bureau. Je me tournai alors pour me rendre jusqu'au bureau qui était de l'autre côté de la pièce quand mon mari me cria : "Ne bouge pas,ils te tueront" Je stoppai là où j'étais et regardai les quatre SS avec leurs armes pointées sur moi. Ensuite,ils attrapèrent mon mari et le poussèrent hors du bureau. Quand ils atteignirent l'entrée,mon mari demanda s'il pouvait prendre son chapeau qui était accroché là. Je demandai aux SS si je pouvais venir,mais ils ne me répondirent pas. Je les suivis jusqu'en bas des marches et dehors dans la rue où une voiture attendait. J'étais naturellement dans un état d'inquiètude avancé à ce moment,et quand ils le forcèrent à entrer dans la voiture,il dit : " Sois calme,chérie,il ne peut s'agir que d'une erreur." Ce sont les derniers mots qu'il me dit et je me souviens très clairement d'eux. La pensée me vint de relever le numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture. Ce que je fis et écrivis immédiatement après avoir regagné mon appartement. Je téléphonai aussitôt au Dr Arthur Huebscher,l'un des rédacteurs du journal de mon mari, et lui racontai ce qui venait d'arriver.Il vint immédiatement. Durant cette nuit,je passai d'innombrables coup de téléphone,appelant quiconque dont je pensai pouvoir obtenir de l'aide. J'ai appelé la police,qui m'a simplement dit qu'ils ne savaient rien,et qu'il n'y avait rien qu'ils pourraient faire pour moi. J'appelai aussi le quartier général de la Gestapo à différents moments de la nuit, et ils me répondirent simplement qu'ils ne savaient rien de cela. Le lundi,des employés du Muenchner Neueste Nachrichten contactèrent Karl Haniel à Dusseldorf,membre du Conseil d'Administration au journal de mon mari,figure très en vue dans l'industrie allemande de portefeuille,occupant entre autres la place de président du Conseil d'Administration du "Gutehoffnungshuette", la grande usine allemande d'acier. Il vint à Munich aux environs du 3 juillet. Il contacta la Gestapo immédiatement,et,grâce à son influence,réussit à obtenir pour moi l'information que mon mari était mort. On lui dit que mon mari avait été exécuté à Dachau "par accident". On lui dit que le corps serait délivré en tant que "corps d'une personne innocente" et on l'informa sur la façon dont il pourrait l'obtenir. Le 4 juillet,Karl Haniel,son cousin Kurt Haniel ainsi que le Capitaine Schenck et un autre homme du Muenchner Neueste Nachrichten vinrent comme prévu à Dachau et prirent le corps dans un passage souterrain juste à l'extérieur du camp. Il était dans un cercueil de bois brut qui était fermement scellée avec écrit à la craie bleue sur le dessus: "Dr Willi Schmid".Il a été donné à Karl Haniel et aux autres par des membres de la Gestapo qui,d'une manière qui ne laisse aucun doute quant aux conséquences d'une désobéissance,ordonna qu'en aucun cas on ouvrit le cercueil. Les funérailles furent préparées pour le 6 juillet. Je voulais faire publier l'avis de décès dans le journal de mon mari,mais l'employé que je contactai au journal m'informa qu'ils avaient reçu des instructions de la Gestapo qu'aucun avis de décès ne pourrait être publié sans l'approbation préalable de cette dernière. J'appelai donc la Gestapo afin de lui demander l'autorisation de publier l'avis de décès. Ils me dirent que je pourrais le faire publier à condition que je dise que la mort avait été accidentelle,également que je ne fasse mention ni de la date de la mort, ni celle des funérailles,car une telle évocation pourrait troubler l'ordre public. Je leur répondis que je ne ferai pas publier un mensonge et raccrochai. Le journal publia l'avis de décès conformément aux restrictions de la Gestapo sans mon consentement. La Gestapo m'informa également que toute musique prévue aux funérailles, comme tout discours envisagé en l'honneur du Dr Schmid,devrait dans un premier lieu être passé au crible de la censure. Mon beau-frère,Walter Schmid,m'obtint ce qui était supposé être un certificat de décès officiel. Cependant,le certificat qu'il me donna stipulait que mon mari avait trouvé la mort à Dachau à 18 h le 30 juin 1934. Je demandai à mon beau-frère de chercher à obtenir un véritable certificat de décès, car mon mari n'avait même pas encore été arrêté à l'heure indiquée sur le certificat qu'on m'avait donné. En compagnie de mon autre beau-frère,Franz Ringler,Walter se rendit à la ville de Dachau où il contacta le conseiller d'Etat Kellner à qui il demanda d'expliquer l'erreur évidente du certificat qu'il avait reçu.Kellner informa mes beaux-frères que le certificat avait été réalisé en conformité avec les instructions verbales données par le Obersekretear Mutzenbauer,un employé du camp de concentration de Dachau. Cet individu devrait détenir des informations concrètes concernant le meurtre de mon mari. Quand mon mari a été emmené il avait en sa possession une montre en or qui était un héritage de famille.Il portait aussi quelque argent ainsi que d'autres effets personnels. Plusieurs fois j'ai demandé à la Gestapo de me rendre cette montre,parce que j'y étais attachée sentimentalement,et on m'a souvent assuré qu'elle me serait restituée. Mais ni la montre,ni rien des effets personnels de mon mari lorsqu'on l'a enlevé ne m'ont jamais été remis. Le 7 juillet,un employé de la Gestapo,le conseiller d'Etat Brunner,vint à mon domicile. Il venait exprimer sa peine pour ce "regrettable accident". Parmi de nombreuses autres questions,je lui demandai la raison de l'arrestation de mon mari. Il refusa de répondre à aucune des questions que je lui posai.
Durant les semaines qui suivirent,la Gestapo tenta de me corrompe par deux fois; des messages étaient envoyés chez moi. Ils n'affirmèrent jamais que l'argent était offert et ne voulurent ni reçu,ni aucun autre autre accusé de réception pour cela.Je refusai à chaque fois. La première fois,le messager emporta l'argent avec lui,mais la seconde fois il insista pour me le laisser. Je l'emmenai au Braunehaus,le quartier général de la NSDAP à Munich,où je racontai à un employé ce qui venait de se passer et que j'avais refusé d'accepter l'argent. Un capitaine,Fritz Wiedemann,membre du personnel de Rudolf Hess, entendit la conversation et m'offrit son aide. Il me dit qu'il pouvait laisser l'argent là et qu'il ferait tout son possible pour obtenir une pension pour moi. Il dit également qu'il essaierait de m'obtenir une déclaration stipulant que mon mari était entièrement innocent. Peu après je reçus un coup de téléphone:la voix au bout du fil m'annonça que Heinrich Himmler désirait me parler.Une voix très arrogante vint ensuite pour me dire qu'il vaudrait mieux pour moi que j'accepte l'argent qu'on m'avait proposé et de me calmer pour le reste.Je réitérai mon refus et raccrochai. Je contactai immédiatement le capitaine Wiedemann et lui expliquai le coup de fil de Himmler. Peu après,le 31 juillet,Rudolf Hess vint personnellement me rendre visite, accompagné d'un adjudant. Il m'annonça qu'il était venu pour exprimer toute sa compassion et assura que les coupables seraient punis. Je lui répondis de ne pas punir les jeunes hommes qui avaient emmené mon mari, mais les véritables coupables,les responsables de cet acte. Il me dit que je devrais penser à la mort de mon mari comme celle d'un marthyr mort pour une grande cause. Il me promit qu'il s'intéresserait personnellement à ce cas. Une lettre de lui suivit sa visite,datée du 24 septembre 1934,dans laquelle il parlait de sa visite chez moi et où il affirmait que l'assassinat de mon mari était en aucun cas en rapport avec le complot de Röhm ou avec une culpabilité quelconque. Une copie de cette lettre,attestée par un notaire munichois,le Dr Kleinmann,est jointe à ma déclaration. Mes deux beaux-frères ont également vu l'original de cette lettre,et leurs noms et adresses sont inscrits en dessous. Sur la requête de Rudolf Hess,le parti nazi me paya une pension mensuelle de 1 000 marks,ce qui était l'équivalent approximatif du salaire de mon mari avant sa mort. Ne voulant rien recevoir des Nazis et ressentant que le parti,qui à cette époque était encore séparé du gouvernement allemand,ne pourrait me procurer à mes enfants et à moi aucune véritable sécurité,je me débrouillai pour obtenir cette même pension du gouvernement allemand. Au terme de presque un an de négociations,plus six ou sept voyages à Berlin, j'obtins finalement du Ministère des Affaires intérieures du Reich l'accord pour cette pension. Une copie photostatique de cet accord est jointe à la présente déclaration. Je possède l'original et ne souhaite pas m'en séparer car cet accord du Reich, et non du parti nazi,oblige encore l'Etat allemand à s'occuper de l'éducation de mes enfants.
En toute justice,je dois déclarer que le capitaine Wiedemann,ancien membre très influent de la NSDAP,a vraiment été compatissant envers moi,et je dois beaucoup plus à lui qu'à quiconque pour sa protection contre la Gestapo. Mon ancien mari,Willi Schmid,n'a jamais eu aucune affiliation politique, et ne s'est jamais engagé dans des activités politiques. En revanche,il était fermement antinazi et ceci était connu du directeur général du Muenchner Neueste Nachrichten , le SS Gruppenfuehrer Hausleiter, qui depuis 1933 contrôlait l'orientation politique du journal. S'il est disponible, Hausleiter devrait être questionné sur sa connaissance des circonstances qui ont résulté du meurtre de mon mari.Le jour même où mon mari fut assassiné, un important chef SA nommé Willi Schmidt fut également assassiné. Beaucoup pensèrent que le meutre de mon mari résulta de la similitude entre les deux noms, mais ce fait n'a jamais été établi ou admis.
" Sur la requête de Rudolf Hess,le parti nazi me paya une pension mensuelle de 1 000 marks."
Mes deux beaux-frères à qui je fais référence plus haut connaissent bien les circonstances qui ont suivi le meurtre de mon mari.Leurs dernières adresses connues sont:
Walter Schmid,Riesserkop Strasse 17,Garmisch-Partenkirchen,Bavaria.
Franz Ringler,Dreitorspitze Strasse 24, Garmisch-Partenkirchen,Bavaria.
Je quittai l'Allemagne en 1937 avec mes enfants et m'installait en Autriche.
Je me mariai alors en juillet 1938 avec mon actuel mari, Hermann William Hoerlin, et nous partîmes pour les Etats-Unis peu après.Nous devînmes citoyens américains en 1944. Notre adresse actuelle est 35 Vermont Avenue,Binghamton,New-York. Même si je me suis référée à la police secrète allemande en utilisant dans cette déposition le terme "Gestapo",je dois cependant dire qu'au temps du meurtre de mon mari, on les appelait en fait "police politique"."
Le 7 juillet 1945.
(signé) Eva Hoerlin.
ETAT DE NEW YORK COMTE DE BROOME
Personnellement,et devant moi ce 7 juillet 1945,comparut Kate Eva Hoerlin que je connus personnellement ces sept dernières années comme étant Kate Eva Hoerlin,et qui,sous serment,a juré que la déclaration ci-dessus était intégralement vraie et correcte.
(signé) Charles W.Turner,notaire.
SUPPLEMENT A LA DECLARATION DE KATE EVA HOERLIN
ETAT DE NEW YORK COUNTY OF BROOME
Kate Eva Hoerlin déclare sous serment:
" Dans la déposition que j'ai signée sous serment le 7 juillet 1945,et qui relatait les circonstances liées au décès de mon ancien mari,le Dr Willi Schmid, j'ai oublié de déclarer qu'après avoir écrit le numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture dans laquelle mon mari était emmené par les SS, le propriétaire de cette voiture appartenait au Baron Rechlerg qui,je le crois,était étudiant à Munich et membre de la SS à l'époque. Il est possible que cet individu puisse avoir connaissance des circonstances du meurtre de mon mari. La plaque d'immatriculation de la voiture contenait les lettres IIIA,ce qui signifiait qu'elle avait été enregistrée à Stuttgart.