Toilettons une fois pour toute l'Histoire.
L'enseignement de l'Histoire est si malade que
François Mitterrand,
"
scandalisé" et "
angoissé", se serait écrié
que cela ne pouvait plus durer ainsi,qu'il fallait rappeler les nouvelles générations
au respect de la mémoire collective sans laquelle il ne saurait y avoir ni sentiment national,ni nation tout court.
Nul Français digne de ce nom ne saurait émettre la moindre réserve sur les impératifs
ainsi formulés:
- s'il est un programme dont la mise en oeuvre requiert la notion,
si galvaudée, de "
consensus" c'est bien celui-là...
Pourquoi faut-il que,nonobstant cette impulsion de l'esprit et du coeur,
un certain doute nous assaille ?
Nous ne pouvons oublier,en effet,que l'Elyséen redresseur d'Histoire et maintenant
de la Patrie appartient à la Nomenklatura des hommes publics qui ont contribué
avec le plus d'acharnement à falsifier les données historiques,à pratiquer ajouts
et suppressions dont leur
"image de marque" tire avantage
et à fabuler chaque fois que la réalité pouvait être gênante ou compromettante pour eux.
Ces gens-là ont bâti toute leur carrière sur l'imposture et le mensonge...
C'est sur eux qu'il faudrait compter aujourd'hui pour prendre,au plus haut niveau,
toutes dispositions afin que les générations montantes reçoivent un enseignement
exclusif de tout esprit partisan?
Nous n'y croirons que le jour où ces bons apôtres auront procédé à un certain
nombre de rectifications indispensables au rétablissement de la vérité.
Pour nous en tenir à la période contemporaine,en voici quelques exemples.
1) Avoir l'élémentaire probité
de reconnaître qu'en 1939,
la France, à la remorque de la Grande-Bretagne,a glissé dans la guerre,
une guerre perdue d'avance,sans que la Chambre ni le Sénat ne se soient prononcés.Le Parlement avait simplement voté une "
augmentation"
des crédits militaires et c'est par un abus de pouvoir
(justiciable,Ô combien! de la Haute Cour.)
que les présidents
Herriot et
Jeanneney,"
bonzes" du clan belliciste,
permirent à
Daladier,l'homme du 6 Février,le roseau peint en fer,
de
déclarer la guerre au IIIè Reich...après avoir refusé
de donner la parole aux orateurs résolus
à dénoncer la forfaiture:
Pierre Laval au Sénat,
Gaston Bergery à la Chambre.
2) Admettre
cette évidence de fait que l'armistice de 1940
était matériellement
inévitable et que le repli sur une Afrique du Nord
privée (notamment) des ressources économiques indispensables à la poursuite
de la guerre,aussi bien que l'aménagement d'un réduit breton,relevaient
d'une fantaisie de mauvais goût.
3) En terminer,une fois pour toutes,avec la fable ridicule (et odieuse)
du vainqueur de Verdun,complotant pour prendre le pouvoir à la faveur
d'une défaite voulue par la Droite,afin d'instituer une
"Europe fasciste"..
et de prendre ainsi une éclatante revanche sur le Front populaire.
4) Substituer au cliché scandaleux de Vichy prosterné devant l'Occupant,
et capitulant chaque fois qu'une exigence nouvelle était formulée,un historique
(avec chiffres à l'appui) des discussions serrées et souvent orageuses entre
le gouvernement de l'Etat français et les autorités d'occupation.
Reconnaître que cette forme de
"résistance" présentait
plus de dangers que celle d'exilés volontaires stipendiés par l'étranger.
5) Cesser de tympaniser les Jeunes générations avec le
mythe de
Munich.
Pour les fiers-à-bras qui triturent à plaisir les données historiques afin de les plier
aux exigences de leur propre sectarisme,Munich est le symbole de la capitulation
des démocraties devant l'hydre totalitaire...avant-hier nazie,hier soviétique,
aujourd'hui mondialiste,car nos analystes de bazar se complaisent
dans une terminologie imbécile où le fascisme (le fascisme seul) reste le mal absolu.
Or la vérité est que la France était encore moins prête en 1938 qu'elle ne devait
l'être en 1939 (ce qui n'est pas peu dire):
il suffit de se reporter aux réponses que firent à Daladier,lorsque se posa la question suprême,les responsables de l'armée de Terre et de l'armée de l'Air.
La France n'était assurément pas en état de résister.
Mais les fanatiques de l'antimichisme se soucient fort peu des contingences matérielles.
Ils ne veulent connaître que
"l'esprit".
C'est tellement plus simple pour écrire l'Histoire !
Non,ce qu'il faut retenir des accords de Munich,c'est qu'ils représentaient,
pour les Européens,
la dernière tentative pour règler leurs affaires entre eux.
En outre,ce que nos maniaques oublient de dire,c'est que Munich ne devait pas
être une fin mais bien un commencement:
-
la faute,l'impardonnable faute fut de perdre,après la signature,
nombre de mois plus que précieux:
- l'inaction,l'apathie ne pouvaient conduire quà la catastrophe...
Cela,oui,doit être porté lourdement au passif des négociations de septembre 1938.
Source: RIVAROL,n°2891,12 novembre 2008,p.4.