L’éternel « deux-poids-deux-mesures »
appliqué par les « bons » à la solde de Big Brother.
ou
Les conséquences logiques du "procès" de Nuremberg.
-
Tables des matières -
- Le Tribunal de Nuremberg ne s’intéressait qu’aux crimes des vaincus.
1
- Un cas flagrant d’injustice.
1
- La situation perdure depuis Nuremberg…..
2
- L’argument suprême qui premet le cynisme de Big Brother : « Moi, c’est différent… »
3- Quatre exemples flagrants.
4
- Le « revanchisme allemand »
4
- Les expériences sur des cobayes humains.
7
- Les bombardements.
10
- Israël bénéficie de ce « deux-poids-deux-mesures »
12
- Le précédent de la « Résistance » sous l’Occupation.
12
- Quand Israël combat, « ce n’est pas pareil… »
14
- Conclusion.
15
Le Tribunal de Nuremberg ne s’intéressait qu’aux crimes des vaincus.
La Justice internationale a toujours été créée sur mesure pour combattre
ceux que Big Brother considère comme ses ennemis et eux seuls.
L’exemple du grand procès de Nuremberg (1945-1946) est flagrant.
Dans son article 1er, le Statut du Tribunal militaire international annexé
à l’Accord de Londres du 8 août 1945 prévoyait la création d’une juridiction
« pour juger et punir […] sans délai, les grands criminels
de guerre des pays européens de l’Axe » et eux seuls (TMI, I, 11).
Cette précision était d’ailleurs rappelée dans l’article 6,qui définissait
les différents crimes à juger et qui débutait ainsi :
«
Le Tribunal […] sera compétent pour juger et punir
toute personne qui,agissant pour le compte des pays européens de l’Axe,
aura commis,individuellement ou à titre de membre d’organisations,
l’un quelconque des crimes suivants : […]. » (TMI, I, 12).
On le voit,il n’était pas question de juger les Alliés ;seuls ceux qui avaient œuvré
« pour le compte des pays européens de l’Axe » étaient susceptibles
d’être poursuivis.
Cette façon d’agir fut dénoncée à Nuremberg par l’avocat d’Hermann Göring.
Le 4 juillet 1946, il déclara que le Statut du TMI était :
«
en lui même une loi d’exception, par le fait qu’il avait été
créé uniquement à l’intention des membres des puissances de l’Axe »
(
TMI, XVII, 515).
Quelques minutes plus tard, il alla plus loin, lançant :
« […]
la justice exige la modération et l’appréciation des arguments
et des contre-arguments.
Et c’est déjà ici que le procédé unilatéral employé uniquement
contre les ressortissants des puissances de l’Axe viole l’idée de justice »
(
TMI, XVII, 517).
Un cas flagrant d’injustice.
Certains naïfs pourront répondre que seuls les vaincus avaient commis des crimes
de guerre. Un simple exemple démontrera qu’ils se trompent :
- prenons le cas du respect des ambulances lors des batailles.
Pour le soixantième anniversaire du « Débarquement »
(comprenez : l’invasion anglo-américaine), un ancien parachutiste allemand,
August Goenninger, qui avait combattu contre les Américains dans la région
de Carentan (Manche), est revenu sur les lieux.
A Sainte-Marie-du-Mont, son bataillon, pris dans un étau, avait été décimé.
Lui était parvenu à fuir, mais une image s’est gravé dans sa tête :
«
Devant l’église, les corps des occupants d’une ambulance
allemande gisaient, la gorge tranchée »[
1].
Crime isolé ? Nullement :
- dans sa livraison de juin 2004, le magazine
Avions a publié
une intéressante lettre de lecteur.
L’auteur, rappelle le comportement des Anglais contre les avions « sanitaires »
allemands lors de la bataille d’Angleterre. On lit :
"[…] la Luftwaffe disposait d’hydravions « sanitaires » chargés de repêcher
les naufragés et arborant des marques civiles semblables
]avion entièrement peint en blanc et arborant de grandes
croix écarlates].
Cependant, dès le 1er juillet 1940, le He 59 D-ASAM de Seenot Kdo 3
fut abattu sur la Manche par la RAF.
Les quatre aviateurs (un blessé grave) seront sauvés par un des navires du convoi.
Dans son excellent ouvrage sur la Battle of Britain, Francis Mason signale en note :
« Lors de son interrogatoire l’équipage allemand se plaignit amèrement du non respect
de la Croix Rouge.
L’action de Graham (le pilote victorieux) fut ultérieurement justifiée
par un ordre interdisant aux hydravions ennemis de voler près des convois
si ce n’est à leur propre risque ».
- Le 9 juillet, le D-ASUO du Seenot Kdo 1 fut attaqué à son tour par le 54 Sq.
et contraint de se poser (équipage capturé).
- Le 11 juillet, un troisième Heinkel aurait été abattu par le 217 Sq.
(équipage récupéré).
- Le 20 juillet, coup double ! Le D-AKAR du Seenot Kdo 1 fut victime du 601 Sq.
(quatre tués) tandis qu’un autre He 59 de Seenot Kdo 4 était détruit
(équipage également tué) par le 238 Sq.
à environ 5 km de Cherbourg, sans que l’on invoque ici l’alibi d’un quelconque convoi.
Rajoutons, en date du 27, le He 59 de Seenot Kdo 3 revendiqué par les 615 Sq.
à dix miles au nord-est de Douvres.
L’accumulation de ces victoires faciles contre des appareils désarmés poussera
à une législation tardive.
Ainsi, l’ordre de l’Air Ministry n° 1254 daté du 29 juillet constate que
«
des avions ennemis portant des marques civiles et arborant
la croix rouge ont récemment survolé des navires en mer près de la côte
britannique et sont employés dans des buts que le gouvernement
de Sa Majesté ne peut considérer comme assimilables aux privilèges
généralement accordés à la Croix Rouge. »
C’est sur la base de cette accusation unilatérale
(cf. les actuelles « weapons of mass destruction » !)
que le Ministère emploiera une formule hypocrite :
« Le gouvernement de Sa Majesté désire accorder aux appareils sanitaires
des facilités raisonnables pour le transport des blessés ou des malades (…).
Il est cependant incapable de les garantir pour des appareils de ce type
survolant des secteurs d’opération (…) ou proches des territoires britanniques
ou alliés (…) ». En clair, tant que les appareils sanitaires
ou de sauvetage survolent des lieux où leur présence n’est nullement requise,
tout va bien…"[
2]
L’auteur termine son développement sur ce sujet en écrivant :
"[…] si l’adversaire avait promulgué un pareil ordre,
il aurait été taxé automatiquement de « barbare ».
Les Britanniques étant en 1945 dans le camp des vainqueurs,
on s’empressa de jeter le manteau de Noé sur ces agissements…"
Naturellement ! A Nuremberg, seuls les vaincus étaient au banc des accusés...
La situation perdure depuis Nuremberg…
Depuis 1945, la situation n’a pas changé.
Aucun dirigeant ou militaire américain n’a été traduit devant la Justice internationale
pour, entre autres, les crimes commis au Vietnam, le déchaînement de la guerre
au Nicaragua ou le blocus criminel de l’Irak.
Deux exemples récents viennent en outre renforcer notre point de vue :
- dans l’affaire du Kosovo,des plaintes ont été déposées contre le président des USA.
Aujourd’hui encore,elles semblent être totalement ignorées ;seul S. Milosevic ,
l’ultra nationaliste, le mauvais, le vaincu, a été traduit devant le Tribunal
pénal international pour la Yougoslavie
(avant de mourir dans des circonstances suspectes) ;
-en juin 2001, le sénateur belge libéral Alain Destexhe s’est fait le porte-parole
de ceux qui demandaient une révision de la loi belge de « compétence universelle ».
Dans un article publié par
Le Soir, on apprit qu’il avait notamment demandé
la mise en place de «
garde-fous relatifs à la poursuite de chefs d’État
en exercice protégés par une immunité »
(voy.
Le Soir, 21 juin 2001, p. 5).
Quels en étaient les motifs ?
Quelques lignes plus bas, le quotidien révélait que le sénateur
«
redoutait, d’éventuelles poursuites contre le président George W. Bush ».
Tel était donc la raison réelle de son initiative :
- modifier la loi pour empêcher qu’elle puisse servir contre les « bons ».
L’argument suprême qui premet le cynisme de Big Brother : « Moi, c’est différent… »
Le 21 novembre 1945, dans son exposé préliminaire, le procureur général
américain à Nuremberg,
Robert H. Jackson, lança :
"[…] il était et il est illégal de faire la guerre,
quelle que soit l’importance de l’enjeu"
[TMI, II, p. 118].
- Verra-t-on George W. Bush traîné devant un tribunal international
pour avoir déchaîné la guerre en Irak ?
- Verra-t-on la « démocratie américaine » mise au pilori pour avoir mené
depuis plus de 150 ans de très nombreuses guerres offensives
(1846 : Mexique, 1855 : Panama, 1898 :
- Possessions espagnoles ; 1909 et 1912 : Nicaragua, 1911 : Honduras, 1914 :
Mexique, 1915 : Haïti, 1916 : Saint-Domingue, 1916-1917 : Mexique, 1917 :
Allemagne, 1926 : Nicaragua…) ?
Naturellement non. Car c’est bien connu, le plus fort dispose d’un joker ;
il a le droit de dire : « Moi, c’est différent ».
Ainsi, n’allez pas accuser l’actuel président américain d’avoir mené une guerre
offensive contre l’Irak. Il vous répondra :
« Je n’ai pas mené de guerre, je n’ai pas agressé l’Irak.
J’ai juste usé de mon “droit d’ingérence politique” pour abattre le régime
de Saddam Hussein ».
Certains m’accuseront d’exagérer. Ils se trompent.
Dans Le Monde du 18 avril 2003, on lit sous la plume de Patrick Jarreau :
«
Par une combinaison de stratégies imaginatives
et de technologies avancées, nous redéfinissons la guerre sur nos bases »,
a déclaré M. Bush en tirant
les enseignements des deux engagements militaires américains,
en Afghanistan et en Irak, depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Il a insisté sur la possibilité dont disposent les forces américaines
« de s’en prendre à un régime et non à une nation ».
L’affirmation de ce nouveau droit d’ingérence,non pas humanitaire
mais politique,est un avertissement adressé à toute la région. [
3]
Ce qui, en clair, signifie :
« Avec nos armes modernes, nous pouvons frapper un pays au cœur
afin de détruire ses structures gouvernementales.
Agir ainsi, ce n’est pas faire la guerre, mais c’est ,selon nos nouvelles définitions,
user d’un droit d’ingérence pour renverser les régimes dictatoriaux ».
Toute la propagande des « bons » est là :
- elle consiste à modifier le sens des mots au gré des circonstances,
afin de pouvoir dire, la main sur le cœur :
« Nous, c’est différent, ce n’est pas condamnable ».
Quatre exemples flagrants.
Afin d’illustrer d’avantage mon propos, je prendrai quatre exemples flagrants
donnés par l’Histoire récente :
- le « revanchisme allemand »,
- les expériences sur des cobayes humains,
- les bombardements et,
- la lutte contre le « terrorisme ».
+ Le « revanchisme allemand »
Baldur von Shirach accusé d’avoir corrompu la jeunesse allemande.
A Nuremberg, les vainqueurs reprochèrent aux vaincus d’avoir voulu
«
effacer la “honte” de l’Armistice »,
c’est-à-dire la défaite de 1918, et d’avoir,par là même,
voulu une nouvelle guerre dont l’issue serait plus heureuse[
4].
Cet esprit, inhérent à l’idéologie nationale-socialiste, ils l’auraient inculqué
très tôt à la jeunesse[
5], en la pénétrant de militarisme,
de l’esprit de revanche et en lui apprenant des chants bellicistes violents.
Le 15 février 1946, le substitut du procureur général américain,
le colonel Drexel A. Sprecher, accusa Baldur von Schirach d’avoir entrepris
«
activement la militarisation de la jeunesse allemande »
(TMI, VI, p. 299) et d’avoir créé
«
chez les jeunes enfants un terrain favorable aux guerres d’agression » (Ibid., p. 292).
Pour l’un des procureurs généraux français, le peuple allemand,
qui était «
venu à la civilisation assez tard,au VIIIe siècle seulement »,
avait « régressé […] de plus de douze siècles » ;
de « mauvais maîtres étaient venus, qui avaient réveillé ses passions
primitives et rendu possible les atrocités […] »[
6]
Quelques semaines plus tard, l’avocat général américain, Thomas J. Dodd,
mentionna quelques chants de la Jeunesse hitlérienne tels que,
« Les tambours résonnent à travers le pays » et
« Déployez les bannières trempées dans le sang » (TMI, XIV, p. 486).
Il cita également le chant intitulé « Drapeau de la jeunesse » dont
une parole était :
«
Nous sommes les soldats de l’avenir et tout ce qui est contre
nous tombera devant nos poings… ».
Dans son réquisitoire, enfin, le Ministère public anglais déclara :
«
Schirach a corrompu des millions d’enfants afin
qu’ils deviennent ce qu’ils sont devenus réellement aujourd’hui,
les instruments aveugles de cette politique meurtrière et dominatrice
que [les nationaux-socialistes] ont menée » (
TMI, XXII, p. 420).
B. von Shirach se défend.
L’ancien responsable des Jeunesses hitlériennes se défendit avec vigueur
contre toutes ces accusations.
En certaines occurrences, même, il contre-attaqua.
Ainsi rétorqua-t-il à l’accusateur soviétique :
«
Permettez-moi de faire remarquer que l’entraînement militaire
de la jeunesse allemande est bien inférieure à celui de la jeunesse soviétique »
(TMI., XIV, p. 546).
Visiblement décontenancé, celui-ci se contenta de répondre :
« C’est là une comparaison hors de propos » ; puis il passa à autre chose.
De même répondit-il à l’avocat général américain qui l’accusait d’avoir promu
les exercices de tir au sein de la jeunesse :
«
Je sais que la Suisse enseignait le tir de manière bien
plus intensive que nous ; bien d’autres pays aussi »
(Ibid., p. 495), ce que son contradicteur fut obligé de reconnaître. [
7]
Dans sa déclaration finale,l’accusé tint à réaffirmer son innocence :
"
Les principes et les buts de la communauté que notre jeunesse,
par ses propres forces,a bâtis sous ma direction ont été l’amour de la patrie,
allant jusqu’au sacrifice,la suppression des préjugés sociaux et de la haine
de classe, l’hygiène rationnelle, l’entraînement par la marche, le sport
et le jeu, l’encouragement de la formation professionnelle et en particulier
le rapprochement de camaraderie avec la jeunesse des pays étrangers".[
8]
B. von Shirach aurait pu rappeler l’état d’esprit français de 1870 à 1914.
B. von Schirach aurait cependant pu contre-attaquer bien plus efficacement
s’il avait eu accès à une documentation plus large et notamment
à une documentation française.
En effet, les vainqueurs de 1945, parmi lesquels figurait la France,
étaient bien mal placés pour accuser les dignitaires allemands d’avoir voulu
effacer la défaite de 1918 et d’avoir baigné la jeunesse dans une ambiance
de revanche.
Car qu’avait donc fait la France de 1871 à 1914 ?
La carte postale jointe à cet article apporte un premier élément de réponse.
Elle montre trois personnages.
Un ramasse pieusement des os qu’il dépose dans un boite tapissée d’un drap blanc
pendant qu’une femme éplorée baisse la tête.
Elle est soutenue par un militaire qui regarde d’un air sévère.
La légende porte :
«
Les Morts de 1870. “Une postérité vengeresse sortira de nos os” »
(voir la carte postale).
C’est un appel caractérisé à la jeune génération pour qu’elle obtienne
une revanche militaire afin d’effacer la défaite de 1870…
Or, je rappelle que dès 1871, la France vota une loi qui instituait le service
militaire pour tous les Français de vingt à quarante ans. [
9]
En 1919, dans son discours à l’Académie française pour la réception
de Louis Barthou, Maurice Donnay lança :
"
Cette loi donnait à la France une armée égale à l’armée allemande.
[…] ayant versé son sang, elle était toute prête à le répandre encore.
[…] quelques années encore après l’Année terrible [1871], toute la jeunesse
croyait fermement que c’était elle qui reprendrait les chères provinces perdues
[…]. Ce fut alors l’étonnement et la déception de plus d’un jeune Français
traversé le service actif et fait l’apprentissage de la guerre sans que l’occasion
se présentât pour lui d’en devenir l’ouvrier" [Id.].
On le voit, dès les années 1880, la France préparait activement sa revanche,
qu’elle concevait au prix d’une nouvelle guerre, et inculquait ce sentiment
à sa jeunesse.
Poursuivons cependant : les trois cartes postales reproduites ci-après
sont également révélatrices. Toutes datent de cette période.
Sur la première, on lit :
J’y chanterai notre revanche,
J’y chanterai la délivrance,
De deux pauvres sœurs oppressées
Par le vainqueur maltraitées.(voir cette carte postale)
La deuxième est plus nette encore.
L’empereur Guillaume II est présenté comme «
barbare »
et «
parjure »,deux Alsaciennes lancent un appel :
«
France, viens nous délivrer de ce Monstre détesté »
et des soldats français en armes clament : « Nous sommes prêts ! ! ! »
(voir la carte postale).
De façon évidente, ces cartes étaient des appels à la «
revanche »,
c’est-à-dire à l’effacement de la défaite de 1871 par la reconquête de l’Alsace
et de la Lorraine, ces «
deux pauvres sœurs oppressées ».
Or, cette reconquête ne pouvait se réaliser que par une nouvelle guerre
plus heureuse, guerre à laquelle la jeunesse était prête.
Certains pourront me répondre que ces cartes postales ne reflétaient pas
l’état d’esprit des autorités françaises. C’est faux.
Le 11 novembre 1918, le président de la république française,
Paul Deschanel, lança du haut de la tribune :
«
La voilà donc enfin, l’heure bénie pour laquelle
nous vivions depuis quarante-sept ans ! »[
10].
La quatrième carte postale a été dessinée par le célèbre Hansi.
On y voit une jeune mère alsacienne qui tend à son petit garçon
encore au berceau une poupée-soldat. La légende porte :
« Son premier jouet » (voir la carte postale).
Mieux encore que les « nazis » qui, eux, auraient inculqué le militarisme
aux enfants à partir de 9 ans !
Enfin, pour répondre à l’accusation selon laquelle les paroles des chants
de la Jeunesse hitlérienne étaient parfois violentes, parlant d’adversaires
roués coups de poing et de « bannières trempées dans le sang »,
B. von Schirach aurait pu rappeler les poèmes et les chansons de Paul Déroulède,
chantre français de la « revanche », dont voici un exemple :
Pour ravager comme une trombe
A gauche, à droite, en large, en long,
Sans qu’on puisse voir d’où ça tombe
Pour tout bousculer nom de nom,
Vive la bombe !
Vive la bombe !
Pour tout bousculer nom de nom !
Vivent la bombe et le canon [
11].
« Nous, c’était différent… »
On le voit, la volonté d’effacer une défaite militaire et de reconquérir
les territoires perdus même au prix de la violence n’a pas attendu Hitler
pour naître.
Mais là comme ailleurs, les vainqueurs de 1945 nous avertissent
qu’il ne faut pas confondre.
Lorsque la France parlait de «
revanche »,
lorsqu’elle établissait le service militaire obligatoire, lorsqu’elle apprenait
à ses jeunes générations qu’il fallait fixer le regard sur la « ligne bleue des Vosges »,
on nous explique que tout cela était légitime, puisque la guerre qu’elle préparait
était une «
guerre de droit »[
12].
Mais lorsque, vingt ans plus tard, l’Allemagne voulut, à son tour, récupérer
ses territoires perdus, qu’elle rétablit le service militaire, qu’elle réarma
afin de redevenir une puissance enfin écoutée, qu’elle éduqua ses jeunes
garçons pour qu’ils deviennent de bons soldats, les vainqueurs y virent
la preuve que dès 1933, les comploteurs « nazis » se proposaient
«
de détruire ou d’affaiblir d’une façon permanente tous
les autres pays voisins afin de s’assurer, en pratique, la domination de l’Europe
et probablement du monde »
(
TMI, II, p. 118, réquisitoire de R. H. Jackson).
Les expériences sur des cobayes humains
Invoquées pour condamner universellement le national-socialisme.
En 1945-46 à Nuremberg, les vainqueurs reprochèrent aux vaincus
d’avoir mené des expériences sur des cobayes humains (voir une photo).
Des accusations similaires furent lancées dans des procès postérieurs,
comme celui des « médecins d’Auschwitz ».
Dans le jugement prononcé solennellement le 1er octobre 1946
au nom de l’humanité, les Allemands furent reconnus coupables d’avoir,
dans les camps,soumis les détenus à des «
expériences cruelles» :
"
On effectuait […] différentes expériences concernant
les hautes altitudes,la durée pendant laquelle des êtres humains
peuvent vivre dans l’eau glacée, l’effet des balles empoisonnées
et de certaines maladies contagieuses.
Enfin, on expérimenta la stérilisation d’hommes et de femmes
par les rayons X et par d’autres méthodes" [TMI, I, p. 265].
A l’époque, dans certains milieux, ces expériences étaient jugées plus graves
encore que les (prétendues) chambres à gaz homicides.
Le 15 juin 1945, ainsi, le professeur Christian Champy écrivit,
à propos des « cobayes humains du Struthof » :
"De toutes les ignominies dont les Allemands se sont rendus coupables
contre les déportés, et qui montrent quelle sauvagerie profonde le nazisme
a pu faire reparaître, la pire est peut être celle […] provenant du camp
du Struthof, près de Schirmeck" [
13].
Dans les années qui suivirent, toutefois, la chambre à gaz homicide prit
une place prépondérante. Mais les « cobayes humains des nazis »
restèrent largement utilisés afin de présenter le national-socialisme
comme l’idéologie monstrueuse des temps modernes.
Dans son édition de 1973, ainsi, le livre mémorial du Struthof parla :
"des expériences sur l’homme, en violation de toutes les lois de l’humanité,
en violation du serment d’Hippocrate, expériences tentées à Dachau […],
inoculation de maladies à Buchenwald (typhus) […], expériences de résistance
au gaz (notamment au gaz moutarde) pratiquées au Struthof, expériences
alimentaires, mais aussi expériences pour « l’amélioration » de la race
(castration, stérilisation, etc.) pratiquées à Auschwitz,expériences sur les os,
les muscles, sur les « lapins » (1) [note (1) :
On désignait ainsi les Polonaises qui servirent de cobayes] de Ravensbrück.
En résumé, expériences où se manifestaient surtout le mépris de l’homme
et le sadisme. [
14]
En 1979, Dino de Regeriis publia une photographie du Dr Mengele
en l’accompagnant de la légende suivante :
«Le docteur Joseph Mengele, médecin à Auschwitz où il fit
de terribles expériences sur les Juifs »[
15].
Dix ans plus tard,la FNDIRP publia un cliché qui montrait trois petits enfants amaigris;
la légende portait :
«
Enfants déportés qui servaient de cobayes aux médecins SS»
[
16].
Les révélations des années 1990-2000 sur les expériences humaines pratiquées
par les « bons »
Dès 1946, pourtant, l’avocat de la SS à Nuremberg, Maître Pelckmann,
avait rappelé que les Américains recourraient eux aussi aux cobayes humains
et que ces cobayes mourraient parfois lors des expériences[
17].
Mais sa voix avait été rapidement couverte.
Puis vint 1993.
Cette année-là , stupeur ! il apparut que Maître Pelckmann n’avait même pas
entrevu le haut de l’iceberg.
Les médias révélèrent que dans les années 40 et après, des scientifiques russes
et américains avaient conduit des expériences à grande échelle sur des cobayes humains.
Le 25 mars 1993, l’hebdomadaire
VSD informa ses lecteurs que,
pendant la seconde guerre mondiale, le Pentagone avait exposé
«
entre 8 000 et 10 000 soldats américains de 17-18 ans au gaz moutarde,
pour tester l’efficacité des vêtements protecteurs et des masques à gaz»(p. 49).
« Ceux qui refusaient l’expérience étaient menacés de quarante ans de prison
et de haute trahison s’ils parlaient » (Id.).
Il n’y avait donc pas eu que les Allemands au Struthof !
Dans les mois qui suivirent, des révélations en cascade survinrent.
Le 29 décembre 1993, la presse française indiqua que, dans les années 50,
les expériences sur les cobayes humains s’étaient multipliées :
- des adolescents handicapés mentaux du Massachusetts avaient reçu
des repas radioactifs ;
- 751 femmes enceintes du Tennessee avaient reçu, sans le savoir,
des pilules radioactives qui leur administrait une dose trente fois supérieure
à la moyenne.
Bien que les enfants n’aient pas tous été suivis par la suite, les autorités
savaient que trois d’entre eux étaient morts jeunes de cancer :
deux à l’âge de 11 ans, un à l’âge de cinq ans.
- près de 200 nouveaux-nés de cinq États américains avaient reçu
des doses d’iode 131, un isotope radioactif.
Pire :
- un rapport révéla qu’entre 1948 et 1952 au Nouveau Mexique,
dans le Tennessee et dans l’Utah, lors d’essais tenus secrets,
des contaminations radioactives de l’atmosphère avaient été délibérément
provoquées afin d’observer les effets sur les populations.
Dans les années 60, ce genre d’expériences continua :
- des patients hospitalisés reçurent de petites doses de plutonium afin
d’en suivre le devenir dans l’organisme.
Il s’agissait souvent de grands malades déjà condamnés.
Mais tous ne pouvaient être classés dans cette catégorie.
Ainsi cet ouvrier qui s’était blessé à la jambe et qui y reçut une dose
de plutonium 239.
Trois jours plus tard, sa jambe fut coupée et emportée par les chercheurs.
L’homme survécut 44 ans.
- en 1963, 131 détenus de l’Oregon et de Washington reçurent une forte dose
de rayons X aux testicules afin d’observer les effets sur la spermatogenèse.
Par la suite, les détenus de L’Oregon furent vasectomisés[
18].
On aurait pu croire que les révélations allaient cesser.
Erreur. Le 11 octobre 2002, Libération publia un article intitulé :
«
Quand Washington testait ses bacilles ».
On y apprenait qu’entre «
1962 et 1973, le gouvernement américain
avait testé des armes chimiques sur sa propre population et sur d’autres civils
au Canada et en Grande-Bretagne ».
A Hawaii, ainsi, des avions avaient pulvérisé le bacille globigii, très proche
du charbon et capable d’engendrer des inflammations aiguës, telles des otites
et des méningites.
L’objectif était d’ «
évaluer l’efficacité des systèmes de réponse
et de détection ».
D’après William Winkenwerder,du ministère de la Défense pour les affaires de santé,
«
des milliers de personnes ont pu être exposées »,
sans qu’on n’ait toutefois pu prouver un seul décès.
Les « bons » sont excusés car « c’était différent »
En toute logique, les autorités américaines auraient dû être sévèrement
condamnées pour ces faits, de la même façon que certains Allemands
l’avaient été un demi-siècle auparavant. Mais non !
En 1993-1994 puis en 2002, la presse qui rapporta ces révélations s’abstint
de tout jugement et de toute condamnation.
Ainsi, bien que Science & Vie ait intitulé son article :
«
Le scandale des cobayes humains »,
l’étude se terminait brutalement,après l’évocation des essais nucléaires français
à Tahiti et le secret entretenu autour des effets sur les populations polynésiennes.
A l’époque, le directeur de l’INSERM, Axel Kahn, justifia cette absence
de condamnation.
Interrogé par la télévision,il expliqua:
qu’«
un conflit existait entre ce qui a été fait dans les camps
de la mort [allemands] et qu’on ne veut plus jamais revoir et ce qui
a toujours été fait : pour soigner, il faut expérimenter sur des prisonniers
ou sur des fous »[
19].
A. Khan ressortait donc le sempiternel argument, le joker des « bons »
lorsque leurs propres crimes en viennent à être découverts :
«
Ce n’est pas pareil. On ne peut pas comparer. »
Dans le cas présent, la dialectique est la suivante :
- lorsque les « nazis » expérimentaient sur des cobayes humains,
il s’agissait d’ «
expériences pseudo-scientifiques »[
20],
preuve de «
mépris de l’homme et de sadisme »,
«
fruit de la pensée des dirigeants de la conspiration nazie »
[
21] donc hautement condamnables ;
-lorsque les « bons » expérimentaient sur des cobayes humains, il s’agissait
d’une démarche scientifique traditionnelle(«
ce qui a toujours été fait»)
élaborée « pour soigner », donc nullement condamnable.
Pour plus d’informations sur la médecine, l’euthanasie et les expériences médicales
sous Hitler, cliquez ici.
Les bombardements
A Nuremberg, on reproche aux accusés les bombardements de Leningrad.
Venons-en maintenant aux bombardements.
Pendant le siège de Leningrad qui dura plus de deux ans, les Allemands
pilonnèrent la ville à de multiples reprises.
D’après les Soviétiques,20 000 personnes seraient mortes sous les bombes.
A Nuremberg l’accusation parla de «
bombardements sauvages »,
de «
forfaits » et «
d’atrocités »[
22].
Les bombardements massifs des Alliés qualifiés de simples « mesures militaires »
Soixante ans plus tard, lors d’une conférence en Italie,V .Reynouard
dénonça les bombardements massifs sur l’Allemagne, l’engloutissement
de dizaines de villes et la mort de centaines de milliers de civils.
Dans les semaines qui suivirent, la revue « antifasciste »
Searchlight qualifia son exposé d’«
apologie du fascisme nazi à travers
la dénonciation des mesures militaires grâce auxquelles les Alliés
ont mis de Troisième Reich à genoux »[
23].
Les morts ne sont pas tous égaux.
Aujourd’hui, ainsi, il ne faut pas confondre :
- les bombardements alliés des villes allemandes qui ont causé des centaines
de milliers de victimes sont de simples «
mesures militaires»
non susceptibles d’être jugées ;
-en revanche, les bombardements allemands sur Leningrad qui ont causé
20 000 victimes ( ?) sont autant de «
bombardements sauvages »,
à ranger dans la catégorie des «
forfaits »,
et des «
atrocités » jugés au tribunal de l’humanité.
Toujours à propos des bombardements, rappelons qu’en décembre 2002,
l’historien allemand Jörg Friedrich a publié un ouvrage,
Der Brand,
qui évoque l’engloutissement des villes allemandes par les Alliés pendant
la seconde guerre mondiale[
24].
A cette occasion,
Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont publié
un article qui vaut la peine d’être lu. L’auteur, Céline Le Prioux, écrit :
"Jörg Friedrich jouissait d’une certaine renommée grâce
à ses recherches sur les crimes de guerre et les crimes d’État
du national-socialisme.
Il s’est cette fois attiré de vives critiques, notamment de la part
de la presse britannique" (Les Dernières Nouvelles d’Alsace).
(voir cet article].
C’est clair :
lorsqu’on évoque les « crimes nazis », on fait un travail estimable
(qui apporte la «
une certaine renommée ») ;
-en revanche, lorsqu’on évoque les « crimes alliés », on fait un travail critiquable.
L’auteur cite ensuite
Der Spiegel d’après lequel, jusqu’ici :
"
le culte de la mémoire [des morts allemands] restait
entre les mains des extrémistes de droite et des revanchards". Là encore, c’est clair :
- ceux qui entretiennent le culte des «
martyrs de la Résistance »
ou des «
Juifs victimes des nazis » sont des gens qui,
dans un esprit de strict neutralité politique et religieuse,
luttent pour un monde meilleur ;
-en revanche, ceux qui entretiennent le culte des «
victimes des Alliés»
sont des « extrémistes de droite » dont l’objectif final est d’obtenir une revanche,
donc de perpétuer la violence.
C.Le Prioux termine en citant un historien allemand,Hans-Ulrich Wehler,qui déclare :
"Le débat [sur les bombardements alliés],
pour nécessaire qu’il soit,ne doit pas mener à un culte des victimes".
Cette simple phrase résonne comme un aveu :
1°)
Les «
crimes nazis » ne sauraient donner lieu
à des «
débats » ; même si les preuves
de leur existence font défaut, tout est acquis, jugé,condamné. Point final.
En revanche, dès qu’il est question des «
crimes alliés »,
même si leur réalité ne fait aucun doute, même si la volonté criminelle est établie
[
25], rien n’est acquis, ni jugé et encore moins condamné.
Tout doit se limiter dans la sphère du «
débat »,
autrement dit : tout doit rester à jamais impuni…
2°)
En acceptant que les victimes des «
crimes nazis »
reçoivent un culte,on les reconnaît de fait comme des martyrs.
En refusant que les victimes des «
crimes alliés» en reçoivent un,
on les considère comme de simples scories à oublier.
Tous les morts ne sont donc pas égaux :
-suivant qu’ils ont été tués par les « méchants » ou par les « bons »,
ils sont soit des martyrs, soit des scories.
Israël bénéficie de ce « deux-poids-deux-mesures »
Le précédent de la « Résistance » sous l’Occupation.
L’Allemagne effectue des représailles.
Sans surprise, les autorités d'Israël utilisent largement cette dialectique
afin de justifier les actions menées contre les Palestiniens.
Pour bien le comprendre, il faut une nouvelle fois s’intéresser au cas
du Troisième Reich et à la façon dont les hauts dignitaires nationaux-socialistes
ont été jugés.
- En septembre 1939 , la France déclara la guerre à l’Allemagne.
- En juin 1940, elle dut solliciter un armistice.
Malgré tout ce que put alléguer Charles De Gaulle, celui-ci fut signé
par deux gouvernements légaux ; il avait donc force de loi.
L’article 10, alinéa 3, stipulait :
"Le gouvernement français interdira aux ressortissants français
de combattre contre l’Allemagne au service d’États avec lesquels l’Allemagne
se trouve encore en guerre.
Les ressortissants français qui ne se conformeraient pas à cette prescription
seront traités comme des francs-tireurs". Ce texte ne laissait nulle place au doute :
- un ressortissant français qui prenait les armes contre l’Allemagne
devenait hors la loi.
Et s’il perpétrait des attentats, il devenait un « terroriste ».
A partir de 1941, les autorités d’occupation se heurtèrent à des groupes
de maquisards toujours plus nombreux et structurés.
Non seulement des soldats, mais aussi des membres du personnel administratif
et médical étaient tués dans des embuscades ou dans des attentats.
Que fit l’Allemagne ? Elle traqua les « terroristes » ,
tout comme les autorités françaises avaient traqué les membres des corps francs
allemands responsables d’attentats lors de l’occupation de la Ruhr en 1923[
26] ,
et exerça par endroits des représailles (exécution d’otages…).
A Nuremberg, l’Accusation fustige les représailles allemandes.
Puis vint la défaite de l’occupant et le jugement de ses chefs.
Avec aplomb, le vainqueur allégua faussement que les représailles violaient
le droit international, et plus particulièrement à l’article 50 de la Convention
de la Haye sur la guerre sur terre[
27].
Aussi l’accusé Keitel fut-il condamné à mort et pendu notamment
pour sa responsabilité dans la lutte contre les réseaux de maquisards[
28].
Avec plus d’aplomb encore,le vainqueur prétendit que la lutte contre les « patriotes »
avait servi de simple prétexte pour instaurer partout un régime de terreur
et d’extermination conforme à la « doctrine nazie ».
Le 15 mars, ainsi, le procureur général américain Robert H. Jackson lança :
«
Rien ne peut justifier l’instauration d’un régime de terreur
sous le prétexte de représailles »[
29].
De son côté, le procureur général adjoint français Charles Dubost s’appuya
sur une liste des principales « atrocités nazies » commises en France
et ailleurs (villages investis , afin de détruire des centres de Résistance ,
sanctuaires profanés,civils abattus sans jugement,déportations,tortures,viols[
30]…)
pour déclarer que les nationaux-socialistes avaient mis en place dans les territoires
sous leur contrôle une politique générale de «
terrorisme »
et d’ «
extermination » [
31].
Deux semaines auparavant,le procureur général François de Menthon avait lancé :
"Ces crimes [« emprisonnements arbitraires, mauvais traitements, déportations,
meurtres, assassinats commis par les Allemands dans les pays occupés »]
découlent directement de la doctrine nazie en ce qu’ils témoignent chez
les dirigeants du Reich d’un mépris absolu de la personne humaine,
de l’abolition de tout sentiment de justice et même de pitié […].
Tous ces crimes se rattachent à une politique de terrorisme […].
Beaucoup de ces crimes se rattachent en outre à une volonté d’extermination"
[TMI, V, p. 402].
Charles Dubost alla même jusqu’à accuser l’Allemagne d’avoir
«
tenté de tuer jusqu’à l’âme et à l’esprit de la France
et des autres nations occupées de l’Ouest » (TMI, VI, pp. 439-440).
Ainsi, la lutte contre la « Résistance » était-elle présentée au monde
comme une preuve du «
mépris absolu de la personne humaine»,
d’une politique de «
terreur » et
d’une «
volonté d’extermination ».
Quand Israël combat, « ce n’est pas pareil… »
Soixante ans après ces condamnations lancées au nom de l’humanité,
Israël continue à occuper des territoires au mépris des résolutions de l’ONU.
- Début 2003, Ariel Sharon a été reconduit par une majorité des électeurs israéliens.
Ariel Sharon est le symbole de la fermeté absolue en politique.
Dans sa lutte contre le « terrorisme », il a choisi de répondre aux coups
par les coups, même s’il faut pour cela violer le droit international.
Ses soldats franchissent les lignes de démarcation, investissent les villes e
t les villages susceptibles d’abriter des « terroristes », détruisent les maisons,
emprisonnent des civils, tuent les suspects sans autre forme de procès,
quand il ne s’agit pas d’innocents touchés par erreur…
Comment ses partisans décrivent-ils son action ?
Ouvrons la revue
Contact J de février 2003.
Dans un éditorial intitulé : «
Sharon : le deuxième acte », on lit :
"Avec une détermination qui ne s’est émoussée à aucun moment de son mandat
[précédent], il [A. Sharon] a tracé les grandes lignes d’une politique qui seule
convenait à la situation.Montrer sa volonté irrésolue face à la violence sur le terrain.
Montrer qu’on ne cède rien par la force.
Montrer qu’on peut résister à toutes les pressions américaines ou internationales :
il suffit de croire avec une profonde conviction à la vertu suprême du droit
d’un état à se défendre.
On a eu beau critiquer ses choix, sa dureté, ses répliques sans pitié,
il n’a nullement dévié de son obligation d’assurer la sécurité de ses citoyens.
Pour y arriver, il fallait prendre des initiatives audacieuses qui mettaient
le droit international à mal.
Il a revendiqué le droit de poursuite, ne pas s’arrêter aux lignes de démarcation,
ne pas accepter les sanctuaires, identifier et abattre les responsables des tueries.
Il fallait investir les villes palestiniennes car elles étaient les foyers du terrorisme,
il fallait réduire le chef des palestiniens à un non-interlocuteur.
Il fallait aussi donner aux citoyens israéliens la revanche des innocentes victimes
des bombes humaines palestiniennes, sinon c’était toute la notion d’état de droit
qui allait en Israël être compromise, avec ses dangereuses conséquences"
.[
32]
On le voit, dès qu’il s’agit d’Israël, tout devient radicalement différent.
Violer le droit international, franchir des lignes de démarcation, investir des villes,
ne pas accepter les sanctuaires, abattre sans jugement n’est plus la preuve
ni d’un mépris de la personne humaine, ni d’une politique de terreur
et d’extermination.
Non, c’est la simple mise en pratique de
«
la vertu suprême du droit d’un état à se défendre ».
Quant à venger les innocentes victimes,c’est préserver
«
la notion d’état de droit ».
On me dira que cette dialectique est celle d’un partisan d’A. Sharon.
C’est vrai, mais la passivité (voire la complicité) de la communauté internationale
démontre qu’elle est généralement acceptée, notamment par les Etats-Unis,
le France et l’Angleterre, ces trois pays qui ont si sévèrement condamné
la doctrine nationale-socialiste en matière de répression du terrorisme.
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