Occupation,ce que l’on cache 68 ans plus tard.
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Table des matières -
- Un document historique très intéressant
1
- Les juifs et le marché noir sous l’occupation.
1
- Sur l’occupation allemande en France.
2
- Hitler magnanime en juin 1940.
3
- Les Allemands agissent pour que la vie reprenne au plus vite.
4
- Des Allemands corrects.
4
- Quelques brèves bien oubliées.
5
Les propos de Jean-Marie Le Pen à l’hebdomadaire
Rivarol selon lesquels
l’occupation allemande n’avait « pas été particulièrement inhumaine »
ont provoqué un tollé.
Plainte a été déposée non seulement contre le Président du Front national,
mais aussi contre
Rivarol et contre le journaliste qui a recueilli les propos,
Jérôme Bourbon. Un procès aura lieu probablement début 2007.
Un document historique très intéressant.
Je publie aujourd’hui une pièce dont un de mes amis possède l’original et qui pourra
être versée au dossier de la Défense.
Certes, on ne saurait en tirer des conclusions générales,mais elle est tout
de même très intéressante.
Elle a été écrite le 6 octobre 1943 par une Française,Marie-Louise Plauson ( ?),
qui habitait Le Fayet en Haute-Savoie (voir document).
Elle était destinée à un prisonnier de guerre du Stalag VIII C,Jean Gaby,matricule 33 577.
Le passage important est le suivant ; l’expéditrice écrivait :
"Ici,nous avions beaucoup de juifs qui enfin viennent de partir.
Ils faisaient du marché noir et impossible de vivre avec ces gens-là.
A leur place il est venu des Allemands occuper le Fayet et je préfère de beaucoup
avoir eux que les Juifs. Ils sont polis et très convenables avec la population". (voir document):
On ne saurait être plus clair…
Les juifs et le marché noir sous l’occupation.
Certains pourront répondre qu’il s’agit de la lettre d’une femme aveuglée par
son antisémitisme.Ils se trompent.Bien qu’il ne soit pas ici question d’étudier
la question de façon exhaustive,au sujet des juifs qui,en pleine occupation,
s’adonnaient au marché noir (alors que, d’après la thèse officielle,ils vivaient terrés
et terrorisés), je crois utile de citer tout d’abord Pierre Nicolle.
A Vichy,il avait pour mission d’assurer la liaison entre les pouvoirs publics
et les différents acteurs de la société économique.
Aussi tenait-il un journal de notes prises chaque jour.
A la date du 12 décembre 1940, il écrit :
"
Voyage à Troyes.Le marché noir sévit dans la boutonnerie.
Ce sont principalement des juifs polonais qui viennent s’approvisionner sur place
emportant dans leurs valises des douzaines de paires de bas,de chaussettes,
de tricots.J’ai assisté dans le train,à mon retour,à la « révision des prix »
des marchandises achetées par la bande noire au cours de la journée" [
1].
Un mois plus tard, le 21 janvier 1941, il note :
"J’ai reçu la délégation du Syndicat des Bijoutiers-Joailliers des départements
du Midi venue à Vichy pour protester contre les agissements des marchands juifs
de pierres précieuses,qui pratiquent de Nice à Toulouse sur une grande échelle
le marché noir des bijoux". [Ibid., p. 165.].
Le 21 juillet 1941,L
’Œuvre annonça que des trafiquants avaient été
appréhendés à Paris. Parmi eux figuraient :
- un certain Lifschitz chez lequel 2,1 millions de francs de lots de tissus
avaient été saisis ;
- Saül Carasso et Mandelblum Glinida chez lesquels la police avait découvert
13,2 km de calicot pour une valeur de 273 550 F ;
- Isaac et Benjamin Garih, détenteurs de 21 km de tissu élastique qu’ils revendaient
à des prix illicites [
2].
Alors qu’il était Commissaire aux
Questions juives,Xavier Vallat avait écrit
(c’était à l’automne 1941) :
"
Aujourd’hui, 150 000 juifs au bas mot se sont réfugiés en zone non occupée,
et chaque jour en ramène d’autres à travers la ligne de démarcation.
Ce sont des « errants » au sens total du mot,qui se fixent pour un temps plus
ou moins long là où ils trouvent provende ou occasion de négoce.
De toutes parts,on nous les signale courant les campagnes,d’abord
pour leur propre ravitaillement,ensuite pour celui,bien payé,des autres.
Dans tous les centres ruraux où un groupe de juifs s’est installé,l’envoi des colis
postaux augmente d’une façon démesurée.
Ceux qui ont de la fortune se signalent sur la Côte d’Azur et dans les stations d’hiver
par un oubli complet des malheurs de la France,et provoquent des protestations
unanimes par leur attitude.
Le cas de Megève est significatif, où le maire,le chef de la Légion,le président
des Familles nombreuses,le président de l’Hôtellerie,le directeur de l’école de ski
se sont trouvés d’accord pour nous supplier de faire cesser le scandale
que constituaient les mœurs de ces clients indésirables et envahissants" ...[
3]
(voir une caricature dénonçant,sous Vichy,les juifs qui faisaient du marché noir) :
Naturellement,ces quelques documents ne suffisent pas pour émettre
des conclusions générales.
Mais ils suffisent pour repousser l’allégation selon laquelle Marie-Louise Plauson
aurait été aveuglée par l’antisémitisme.
Elle ne faisait que constater un phénomène réel,même si son étendue reste à déterminer.
Sur l’occupation allemande en France
Hitler magnanime en juin 1940.
Quant aux soldats allemands et,de façon plus générale,l’occupation allemande
en France,je rappelle que,avant 1939,nombreux étaient ceux qui,se fondant
sur
Mein Kampf et feignant de croire qu’Adolf Hitler n’avait pas évolué,
prédisaient la destruction de la France en cas de défaite militaire.
En 1945,au procès du maréchal Pétain,l’ancien préfet Charles Donati déclara
qu’en juin 1940 :
« nous nous attendions,après la lecture de
Mein Kampf,à être anéantis »[
4].
Or,il apparut bien vite que,malgré son ressentiment contre la France qui avait
une nouvelle fois déclaré la guerre.[
5]
A.Hitler voulut être magnanime.Lors d’un entretien qu’il eut avec Mussolini,
le 18 juin 1940,le Führer déclara
« qu’il n’avait pas l’intention de se conduire avec les Français,comme ceux-ci
l’avaient fait avec nous,en 1918 »[
6]
et qu’il ne voulait « pas imposer à la France des conditions trop dures »[
7].
Dans son Journal,le ministre des Affaires étrangères italien,Galeazzo Ciano,
qui assistait à cet entretien,écrivit :
"Hitler est comme le joueur qui a fait sauter la banque :
il veut quitter la table et ne pas risquer davantage.
Aujourd’hui,il parle avec une modération et une perspicacité qui, près une victoire
comme la sienne,sont véritablement surprenantes.
Je ne suis pas suspect de tendresse excessive à son égard,mais en ce moment
je l’admire vraiment" [
8].
Quatre jours plus tard,à 18 h 50,le général Huntziger signa pour la France l’armistice.
Conformément au souhait d’Hitler qui ne voulait pas humilier le vaincu,le maréchal Keitel
non seulement évita tout arrogance,mais aussi alla jusqu’à consoler le général français.
Dans ses mémoires,l’interprète allemand qui assistait aux pourparlers raconte :
"Il ne resta plus dans le wagon historique que Keitel, Huntziger et moi.
« Je tiens à vous exprimer,de soldat à soldat, dit le premier au second,
toute la compassion que j’éprouve pour les instants si durs que vous venez
de vivre en tant que Français.Puisse votre douleur être adoucie par la connaissance
que les troupes françaises se sont battues vaillamment,ce que je vous confirme expressément.»
Puis le Français et l’Allemand restèrent un moment silencieux
l’un en face de l’autre,tous les deux avaient les larmes aux yeux.
« Quant à vous,mon général,reprit Keitel,vous avez défendu les intérêts
de votre pays avec la plus grande dignité au cours de ces pénibles négociations…»
et il tendit la main à Huntziger" [
9].
Comparez avec ce qu’il s’est passé cinq ans plus tard :
- lorsque,le 8 mai 1945,le général Jodl,qui venait de signer l’acte de capitulation
des armées allemandes,exprima le souhait que le vaincu soit traité « avec générosité »,
il ne reçut aucune réponse. La délégation allemande fut invitée à quitter la salle
et personne ne la salua. (
10]. Autre temps,autres mœurs…
Les Allemands agissent pour que la vie reprenne au plus vite.
Revenons cependant en juin 1940. Loin d’anéantir la France,les Allemands agirent
au contraire pour que la vie reprenne au plus vite.
Dans ses mémoires O. Abetz raconte :
"Étant donné le rôle important de l’art et de la science dans la vie de la capitale
française,l’ambassade [allemande] intervint afin que la vie théâtrale et musicale,
les conférences et les expositions reprissent aussi vite que possible leur cours normal.
Je réussis à obtenir du haut commandement de l’armée la réouverture de la Sorbonne,
ainsi que de tous les établissements supérieurs d’enseignement de la région occupée"[
11].
Ces propos furent confirmés en 1955 par le directeur de l’Odéon et Président
du Comité d’organisation des entreprises du spectacle,René Rocher.
Dans une déposition écrite, il déclara :
"Sitôt leur entrée dans Paris,pour des motifs de propagande bien aisés à comprendre,
les Allemands s’efforcèrent de redonner à la capitale une vie normale.
Dans ce but, ils encouragèrent et facilitèrent dans la plus large mesure possible
la réouverture et la réorganisation des salles de spectacle" [
12].
(document pour voir la page des programmes de spectacles à Paris,
parue dans l’
Œuvre du 6 juillet 1941, p. 4).
Les Allemands agirent également dans les premières semaines afin de prévenir
la disette. A Nuremberg,le général Jodl rappela qu’ils avaient utilisé :
"les moyens de transport de quatre divisions et du train de secours « Bavière »
qui pouvait ravitailler des dizaines de milliers de gens,afin d’éviter la famine"
[TMI, XV, 342].
Des Allemands corrects.
En juillet 1940,le journaliste Jean de la Hire rencontra deux hommes qui pêchaient
en plein Paris sur les bords de la Seine. Aucun d’eux n’avait quitté la capitale.
Interrogé sur leurs rapports avec l’occupant,ils se contentèrent de répondre :
« les Allemands nous laissent bien tranquilles »[
13].
L’homme rencontra également une marchande des quatre-saisons qui était restée
avec ses deux filles,deux sœurs jumelles de 20 ans,lesquelles vendaient
des journaux dans la rue.
"
Les Allemands [dit-elle].
Qu’est-ce qu’ils nous auraient fait de mal ?
Moi… Elle haussa les épaules. … quant à mes filles,elles en voient passer
des douzaines, tous les jours. Et il y en a qui sont devenus des clients réguliers.
Pas un qui leur ait dit une mauvaise parole, monsieur" [Ibid., p. 113.].
Au terme de son enquête,J. de la Hire concluait :
"
Mettons donc les choses au point. Les Allemands sont vainqueurs ;
ils occupent notre capitale.C’est la fatalité de la guerre.
Mais nous avons le droit de dire que les chefs allemands sont parfaitement corrects,
que leurs subordonnés se conduisent en hommes civilisés et souvent cordiaux.
Voilà la vérité". [Ibid.,pp.130-1].
Rapidement,d’ailleurs,les Français s’en aperçurent.
Ils comprirent qu’on leur avait « bourré le crâne » avec des sornettes.
Dans ses mémoires,O. Abetz raconte :
"Le « barbare » allemand ne s’était pas montré aussi terrible que l’avaient annoncé
la presse et la radio.Dans de nombreux quartiers,surtout populaires,des contacts
cordiaux s’organisaient entre la population et les soldats allemands.
Je me rappelle un petit café des boulevards,un des premiers dimanches
de l’occupation,où une foule curieuse de Français se pressait autour d’un grenadier
de la division von Briesen. « Or kaput,travail or »,déclarait ce jeune soldat,
dont l’accent et la vivacité trahissaient un ouvrier du port de Hambourg.
Relevant les manches de son uniforme, il fit jouer ses biceps : « Voilà mon or ».
Le public applaudit vivement cette démonstration de philosophie économique" [
14].
Le 6 décembre 1940,P.Nicolle visita les centres d’approvisionnement de Rennes.
Il écrit :
"La vie quotidienne est forcément troublée par la présence des Allemands,
la population en est agacée,mais la discipline des troupes d’occupation
est telle qu’il n’y a aucun incident sérieux. Pris individuellement,les habitants
reconnaissent que leurs rapports avec les officiers et la troupe sont faciles" [
15].
Quelques brèves bien oubliées.
Le lecteur trouvera ci-après quelques brèves relevées au hasard dans
L’Œuvrepour l’année 1941.Là encore,il ne saurait être question de porter des conclusions générales.
Mais leur existence confirme que M.-L. Plauson n’était pas victime d’hallucinations.
- « L’Allemagne va envoyer en France 450 000 tonnes de pommes de terre
et 100 000 tonnes de sucre » :
L’Allemagne a déjà envoyé en territoire occupé,et en particulier dans la région
de Paris, 100 000 tonnes de pommes de terre destinées à la consommation
et 50 000 tonnes de pommes de terre pour l’ensemencement.
Elle vient de se déclarer prête à faire un nouvel envoi de 450 000 tonnes
de pommes de terre et de 100 000 tonnes de sucre,tant pour le territoire
de France occupé que pour la zone non occupée. [
16].
- « Des soldats allemands ont aidé à circonscrire un incendie » :
Versailles,31 juillet.
Le 4 juillet dernier,un incendie éclatait à Athis-Mons et le sinistre menaçait
des maisons en bois voisines quand,grâce à plusieurs soldats de l’armée
d’occupation qui coopérèrent avec les pompiers locaux,l’incendie put être circonscrit.
Le préfet de Seine-et-Oise ayant eu connaissance de ces faits vient d’envoyer
à la Feldkommandantur de la région une lettre dans laquelle il lui exprime
les sentiments de gratitude de la population,auxquels il associe ceux
de l’administration préfectorale. [
17].
- « Les étudiants remercient les autorités d’occupation » :
Versailles,8 août.
On sait que, pour leur permettre de revoir leurs parents en zone non occupée,
les autorités d’occupation ont permis aux étudiants et aux étudiantes,
pour la période des vacances scolaires,de franchir la ligne de démarcation
en convois organisés.
Au nom d’un grand nombre de ses camarades,un élève de l’École normale d’instituteurs
de Versailles a eu l’attention d’écrire une lettre aux autorités d’occupation
pour les remercier de leur geste. [
18].
- « Un soldat allemand sauve une jeune fille » :
Cherbourg, 26 juillet.
Mlle Lefer,vingt ans,se baignait sur la plage du Croizel aux Pieux lorsqu’elle perdit
pied et fut emportée par une vague vers le large.
Le Stabsfeldwebel Hrëger,qui nageait dans les environs,se porta courageusement
à son secours et réussit aux prix d’efforts inouïs à la poser sur les rochers
où elle put être ranimée. [
19]. (voir document):
- « Un soldat allemand empêche une désespérée de se noyer » :
Une habitante de Pontoise,Louise Genini,67 ans,neurasthénique,tentait
de se suicider en se jetant dans l’Oise,près du pont de Pontoise.
Mais elle fut aperçue par un militaire de l’armée d’occupation,le soldat Josef Zonn,
cantonné à Gisors,dans l’Eure,qui,courageusement,se jeta à l’eau et parvint
à ramener la désespérée sur la berge.
Mme Genini a été transportée dans un état grave à l’hôpital.
Quant au soldat,il a été vivement félicité par les témoins de son acte de courage.[
20]
Certains me répondront en évoquant la Gestapo,les rafles,les exécutions sommaires…
Nous les invitons à lire l’étude sur la Gestapo (cliquez sur ce lien):
http://spartiate.tonempire.net/t528-laction-de-la-police-allemande-en-france-occupeePour l’instant,je me contente de produire la lettre du 6 octobre 1943,
en espérant qu’elle pourra contribuer à l’établissement de la vérité.
[
1] Voy. P.Nicolle, Cinquante mois d’armistice, t. I
(éd. André Bonne, 1947), p. 138.
[
2] Voy.
L’Œuvre, 21-22 juillet 1941,
article intitulé :« Le marché noir ».
[
3] Voy.
Le procès de Xavier Vallat présenté par ses amis (éd.du Conquistador, Paris, 1948), pp. 103-104.
[
4] Voy. Haute Cour de Justice. Procès de maréchal Pétain.
Seizième audience, jeudi 9 août 1945. 16ème fascicule, p. 292, col. A-B.
[
5]
En 1945, Fernand de Brinon raconta que,peu après la défaite de la France,
Otto Abetz (le représentant allemand à Paris) lui avait déclaré :
« Le Führer est très irrité contre la France,qui lui a déclaré la guerre.
M. de Ribbentrop [le ministre des Affaires étrangères allemand]
reproche à Georges Bonnet [son homologue français] de l’avoir trompé »
(Ibid., p. 285, col. C).
[
6] Voy. Andreas Hillgruber,
Les entretiens secrets de Hitler (éd. Fayard, 1969), p. 144.
[
7] Voy. Paul Schmidt,
Sur la scène internationale.
Ma figuration auprès de Hitler (éd. Plon, 1950), p. 248.
[
8] Voy. G. Ciano,
Journal politique (éd. de la Baconnière, 1946),p. 265.
[
9] Voy. P. Schmidt, op. cit., p. 255.
[
10] Voy. le récit de signature de la capitulation allemande
dans
La Documentation Catholique, n° 940, 10 juin 1945, col. 427-8.
[
11] Voy. O. Abetz,
Histoire d’une politique franco-allemande (éd. Stock, 1953), p. 143.
[
12] Voy. Hoover Institue,
La vie des Français sous l’occupation. 1940-1944,
tome II (éd. Plon, 1957) ; p. 965, déposition de R. Rocher :
« Les théâtres sous l’occupation ».
[
13] Voy. J. de la Hire,
Les Horreurs que nous avons vues.
La panique, l’exode, l’émigration, (éd. Tallandier, 1940), p. 99.
[1
4] Voy. O. Abetz, op. cit., p. 144.
[
15] Voy. P. Nicolle, op. cit., p. 137.
[
16] Voy.,
L’Œuvre, 15 janvier 1941, p. 3.
[
17] Voy.,
L’Œuvre, 1er août 1941, p. 3.
[
18] Voy.,
L’Œuvre, 10 août 1941, p. 3.
[
19] Voy.,
L’Œuvre, 27 juillet 1941, p. 3.
[
20] Voy.,
L’Œuvre, 11-12 août 1941, p. 4.