Quand l’analyse de la matérialité des faits démontre la fausseté
d’un témoignage qui paraît si vrai :
le déporté Filip Müller et les fosses des crématoires IV et V à Auschwitz.
http://souvenez-vous.skynetblogs.be/archive/2009/08/22/trois-ans-dans-une-chambre-a-gaz-d-auschwitz.html Il est souvent difficile de contester le témoignage d’une personne qui raconte
une terrible aventure en adoptant un ton neutre et en donnant un luxe de détails.
Le sceptique est immédiatement taxé de manquer de cœur et d’être de mauvaise foi : « Le témoin à déjà suffisamment souffert et vous ajoutez à son chagrin
la douleur de voir sa parole mise en doute !
Et puis, pourquoi aurait-il inventé tout ça ?
comment osez-vous prétendre qu’il ment ? ce qu’il dit est si précis… »
Et pourtant…
Le texte ci-dessous est extrait de la version française du livre de Filip Müller
intitulé :
Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz. Le témoignage de l’un des seuls rescapés des commandos spéciaux (éd. Pygmalion, Paris, 1980).
Dans la préface au livre, Claude Lanzmann présente l’auteur comme un ancien membre du Sonderkommando d’Auschwitz, « à ce titre témoin direct pendant
près de trois ans de l’anéantissement du peuple juif d’Europe ».
Il aurait participé à la crémation des gazés, d’abord dans les fours crématoires
puis dans les gigantesques fosses à ciel ouvert.
Ayant « échappé par miracle aux cinq liquidations organisées du commando
spécial d’Auschwitz » et survécu à la déportation, il se serait tu pendant
trente ans avant, enfin, d’accepter de raconter son histoire.
Publié à l’époque où débutait l’affaire Faurisson, le témoignage de F. Müller
reçut un excellent accueil chez les exterminationistes.
L’historien de l’ « Holocauste » et professeur à l’Université hébraïque
de Jérusalem, Yehuda Bauer, déclara :
"Le livre de Filip Müller est un document unique.
En prendre connaissance est un devoir, si nous voulons assurer la survie
de notre civilisation"[
1].
De son côté, C. Lanzmann affirma que « chaque épisode » décrit par le miraculé d’Auschwitz était « marqué du sceau du vrai » (préface du livre) et que
ce témoignage viendrait répondre,sur le plan technique,aux « révisionnistes » :
[L’ouvrage de F. Müller] répond en effet à tous ceux qui, érigeant leur ignorance,
leur refus de s’informer, leur mauvaise foi et leur antisémitisme masqué en motifs
de méfiance « révisionniste », posent aujourd’hui avec des ricanements d’esprits
forts la question du « comment » de ce « pourquoi », autrement dit celle
de la possibilité technique d’un pareil massacre de masse.
N’ayant pas le courage de proclamer carrément : « tout ceci est une fable »,
et sous couvert d’investigation scientifico-matérialiste, ils s’attaquent à ce
qu’ils croient être le maillon faible de la chaîne,la technique pour jeter le doute
sur la réalité de l’extermination.
Là-dessus, cent mille livres déjà, qu’ils n’ont pas lus,avaient pourtant été écrits,
la littérature holocaustienne, abyssale comme l’Holocauste lui-même, présentait
les preuves les plus irréfutables : les archives intactes de la bureaucratie nazie,
celles de Korrherr, le statisticien personnel de Himmler, les factures, les bons
de commande, les noms des firmes qui construisirent les installations de mort,
qui livrèrent par tonnes les cristaux de gaz Zyklon B, les quarante-deux
volumes des procès de Nuremberg, les actes des centaines de procès qui suivirent, ceux du procès Eichmann, les confessions des tueurs ou les mémoires des survivants, pour ne rien dire de l'admirable et colossale historiographie américaine et israélienne auprès de laquelle la française fait figure d'abécédaire. J'en passe.
Mais puisqu'il faut parler technique, Filip Müller, le plus humain des humains,
fut lui-même un technicien de la mort de masse : il a participé à toutes
les opérations de la phase ultime du processus de destruction :
il a chauffé les quarante-cinq fours géants orgueil des établissements
« Topf und Sohn » d'Erfurt,des crématoires II, III, IV et V de Birkenau,
il les a réparés, nettoyés, tisonnés pour en évacuer la suie grise qui
s'y déposait après chaque « action », il a placé les cadavres trois par trois
tête-bêche, un plus gras un plus maigre sur des glissières qu'il enfournait,
arc-bouté, dans les gueulons incandescents ;
et quand « Topt und Sohn », qui n'avait jamais prévu pareille « surchauffe »,
n'y suffisait pas, quand la terre réfractaire des fours ne tenait pas les cadences
folles imposées à partir du 15 mai 1944 par l'arrivée massive des juifs de Hongrie
et la nécessité d'en exterminer 450 000 en 55 jours, Filip Müller a édifié
les bûchers dans les fosses ouvertes tout autour du crématoire V :
une couche de cadavres, une couche de bois, une couche de cadavres,
disposées selon les règles de l'art afin que l'air circule librement ; il a vu l'Oberscharführer Moll arpenter pensivement le fond des fosses et, trouvant
soudain la solution de son problème, faire creuser des rigoles d'une pente
constante pour que puisse s'évacuer la graisse juive en fusion […]. [pp. 10-11]
Il est vrai que F. Müller avait adopté un ton si neutre et décrit son expérience
avec un tel luxe de détails qu’on ne pouvait,à priori,le soupçonner de mensonge
ou d’exagération.
Voici, par exemple, comment il racontait l’aménagement et l’utilisation
des fosses de crémation à Auschwitz-Birkenau en 1944
(pp. 177-186 de son livre) :
"Les deux fosses que nous venions d’achever avaient environ 40 à 50 mètres
de longueur, près de 8 mètres de largeur et 2 mètres de profondeur.
Mais elles n’étaient pas, pour autant, prêtes à entrer en service.
Après l'achèvement du gros œuvre, il fallait s'occuper de l'exécution des détails imaginés par Moll [SS chargé des crématoriums à Auschwitz].
Accompagné de son adjoint Eckard, l'ingénieur des travaux de la mort descendit
dans le fond de l'une des fosses où il traça deux raies avec un espace de
25 à 30 cm entre elles qu'il prolongea dans le sens longitudinal.
Il fallait maintenant creuser à cet emplacement, en suivant son tracé,
un caniveau en pente depuis le milieu de la fosse, vers les deux côtés opposés,
pour l'écoulement de la graisse des cadavres au moment de leur combustion ;
deux réservoirs placés à l'extrémité des rigoles devaient recueillir cette graisse.
Pour exécuter ce travail on fit descendre dans le fond de l'excavation un groupe
de détenus. Equipés de pelles, de bêches, de marteaux piqueurs, de truelles,
de briques de ciment et de citernes, ils comprirent bientôt qu'on voulait
récupérer la graisse humaine comme combustible pour effacer aussi vite que
possible les traces des meurtres. C'était vraiment effrayant !
Indignés mais impuissants, nous assistions tous aux préparatifs de la tragédie
dont nous allions devenir contre notre gré les acteurs.
N'entendant plus parler du monde extérieur, nous étions comme paralysés
et nous sentions, de jour en jour, moins capables de résister.
Le moindre refus de travail, d'ailleurs, la moindre hésitation de notre part
aurait signifié notre condamnation à mort immédiate sans que cela pût,
en quoi que ce fût, modifier le cours des événements.
Il ne nous restait donc rien d'autre à faire que descendre le long d'une mince
corde dans le fond de la fosse.
Après avoir fini de donner ses instructions, Moll s'en alla.
Les chefs des commandos couraient le long des remblais des fosses
d'où ils dirigeaient le travail des détenus. J'avais pu, pour ma part, échapper
à la construction des « aménagements techniques » des fosses, mon rôle
consistant uniquement à enlever dans des brouettes la terre, que l'on entassait
sur les bords.
Moll revint quelques heures plus tard. Il se rendit directement à l'une
des deux fosses, descendit alertement et, arrivé dans le fond, courut vers
le centre dans un dessein bien déterminé, regardant à droite, puis à gauche
en direction du caniveau. Visiblement il paraissait chercher la solution
d'un problème épineux. Soudain, il demanda quelques seaux d'eau.
S'étant emparé du premier qu'on lui tendait, il s'inclina et projeta l'eau
d'un seul élan dans le caniveau. Il demeura immobile un instant dans
sa position courbée en observant attentivement le ruissellement de l'eau,
puis posa le seau à côté de lui. Je le regardais faire de mon côté avec curiosité
du haut de la fosse, mais je compris bientôt que les choses allaient mal tourner. L'eau, en effet, ayant débordé avant d'arriver jusqu'à la citerne située sur le côté latéral de la fosse, reflua lentement et devint stagnante.
Alors une tension à peine supportable s'empara de nous. Dans l'attente
de sa réaction nous avions les yeux rivés sur lui. Lorsqu'il se rendit compte
que l'inclinaison du caniveau était insuffisante, il saisit le seau et le lança sauvagement à la tête des détenus qui se trouvaient à sa portée.
Les chefs des commandos, contraints d'imiter leur chef, sautèrent dans la fosse
et frappèrent à leur tour avec leur matraque tous ceux qui se trouvaient devant eux.
Il était déjà tard, les commandos de corvée étaient déjà rentrés au camp,
mais pour nous, c'était une nuit de travail en perspective.
Comme l'obscurité gagnait, on installa des projecteurs pour éclairer les fosses.
Moll avait lui-même passé un treillis de monteur et mettait la main à la pâte
avec Eckard.A l'aide d'un niveau d'eau, d'une règle d’arpenteur et d'autres outils,
il rectifiait la pente du caniveau et surveillait l'ensemble du chantier.
Lorsque tout fut terminé, il se fit apporter une nouvelle fois des seaux d'eau
et recommença ses essais. Il demeura immobile quelques secondes penché
en avant, observant avec la plus grande attention le mouvement de vidange
de l'eau, continuant sa vérification avec le contenu de tous les seaux qu'on
lui avait apportés, jusqu'au dernier. Ayant terminé, il courut jusqu'à l'une
des deux citernes sur la partie frontale de la fosse et constata cette fois
avec satisfaction que l'eau s'était complètement écoulée et qu'elle se déversait normalement dans les réservoirs. Il se dirigea alors avec plus de calme vers
la deuxième citerne située du côté opposé, pour s'assurer de la réussite
complète de l'essai. Paraissant satisfait, un sourire fugitif glissa sur ses lèvres.
Il était visiblement soulagé d'un grand poids. Il avait cependant encore des doutes. Les installations d'incinération allaient-elles fonctionner comme il se l'imaginait ?
La graisse bouillante se comporterait-elle comme de l'eau ?
« J'en suis convaincu, Herr Hauptscharführer ! », lui répondit Eckardt
en essayant de le rassurer sans toutefois dissiper entièrement ses doutes.
Moll semblait encore hésiter. Scrutant le fond de la fosse, il resta un long
moment debout à ruminer ses pensées sans dire un mot.
Epuisés, nous attendions avec anxiété ce qui allait s'ensuivre.
Il était plus de minuit. Enfin, Moll donna l’ordre de retourner au camp.
Pour l'instant, étions délivrés.
Quelques jours plus tard, il fit creuser à l'arrière crématoire V trois autres fosses d'incinération. Il avait donc là maintenant à sa disposition cinq fosses.
De plus, l'ancienne ferme située à l'ouest des crématoires IV et V, qui avait
déjà été utilisée comme chantier d'anéantissement en 1942,fut remise
en service sous la désignation de bunker et on adjoignit aux quatre locaux
servant de chambres quatre fosses d'incinération.Les vestiaires dans lesquels
les victimes se débarrassaient de leurs vêtements avant furent transférés
dans trois baraques en bois.On avait renoncé aux portemanteaux numérotés,
aux autres camouflages sous forme de panneaux, ainsi qu'aux autres supercheries.
Les fours des crématoires furent ainsi complétés en peu de temps par neuf importantes installations d'incinération où l'on pouvait maintenant réduire
en cendres un nombre presque illimité de cadavres.
Moll, spécialiste de l'abattage des hommes en masse,s'orienta alors vers
une autre activité. Sa technique d'anéantissement consistait à transformer
une superficie relativement faible en un emplacement où l'on pouvait faire
disparaître, en un très court laps de temps, des milliers de corps
En comparaison de ce qu'il avait imaginé et de ce qu'il commençait à réaliser,
« l'Enfer » de Dante n'était qu'un jeu d'enfant.
D'autre part, la direction S.S. du camp avait toujours veillé strictement
à ce qu'il ne subsistât aucune trace des crimes qui se perpétraient ici,
on jetait les cendres humaines, à intervalles réguliers, dans les étangs
voisins ou dans la Vistule.
C'est pourquoi, afin d'éliminer rapidement et discrètement les résidus
en provenance des crématoires et des fosses, Moll fit construire à côté
de celles-ci une plate-forme bétonnée d'environ 60 m de longueur et 15 m
de largeur sur laquelle les cendres étaient finement pulvérisées avec des dames massives. Au cours de ces travaux de bétonnage, l'anéantissement des juifs
hongrois battait son plein. Il s'accomplissait à un rythme inconnu jusqu'à ce jour. Onze mois avant la fin de la guerre, de longs convois de chemin de fer faisaient constamment la navette entre la Hongrie et Birkenau.
On utilisait pour ces transports tout le matériel ferroviaire disponible réservé
au trafic militaire. Presque chaque jour, plusieurs trains de quarante à cinquante wagons à bestiaux arrivaient à Birkenau, à proximité de la nouvelle rampe d'accès,
de construction récente. Les wagons dans lesquels les hommes étaient parqués, étaient verrouillés et on ne les ouvrait qu'arrivés à destination.
Ils souffraient d’une soif ardente, car pendant le voyage qui durait plusieurs jours,
on ne leur avait rien donné à boire. Nombreux étaient donc ceux qui périssaient pendant le trajet à la suite d'insupportables tourments.
Les déportés « sélectionnés » se traînaient alors en longues colonnes le long
de la route les conduisant à l'usine de la mort complètement épuisés et abattus,
se doutant bien qu'ils effectuaient leur dernier voyage. Des mères poussaient
des voitures d'enfant devant elles, d'autres conduisaient à la main des enfants
un peu plus grands qui pouvaient déjà courir. Des jeunes gens aidaient des
personnes âgées et malades et les soutenaient dans leur marche, un grand
nombre d'entre eux s'étant intégrés dans cette procession funeste après avoir
supplié sur la rampe les S.S. de ne pas les séparer de leurs parents infirmes
et dans la détresse. Ils n'auraient, hélas, plus besoin d'aucune aide quelques
heures plus tard !...
L'itinéraire de ces malheureuses victimes passait à travers des fils de fer barbelés
qui s'étendaient sur la droite et sur la gauche, fixés à intervalles réguliers sur
des poteaux de béton peints en blanc. Derrière ces barbelés des silhouettes
émaciées en uniforme zébré allaient et venaient sans paraître remarquer
les nouveaux arrivants ni s'intéresser à eux.
Le spectacle qui s'offrait aux arrivants, aussi bien le jour que la nuit, était
si désolant que la plupart sombraient dans une profonde apathie sans porter
la moindre attention à ce sinistre environnement. Souffrant surtout pendant
la grande chaleur de l'été d'une soif affreuse, l'obsession de l’eau occupait
seule leurs pensées. C'est dans cet état physique lamentable que deux mille
hommes environ arrivèrent à l'aube d'une chaude journée d'été de juin 1944,
dans la cour antérieure du crématoire V. De là ils furent conduits entre
une double haie de S.S. jusqu'au bosquet voisin.
Ils se trouvaient alors à une centaine de mètres des fosses, mais la haie
formant écran, de près de 3 mètres de hauteur, leur barrait la vue.
De plus les sentinelles S.S., prêtes à tirer, empêchaient qu'ils ne s'approchent
de trop près et qu'ils n'aient un aperçu de l'enfer à travers les fentes des haies.
Un feu infernal grondait derrière la haie, projetant vers le ciel une torche
gigantesque qui répandait aux alentours, dans toute la campagne, une épaisse
fumée noirâtre, visible de très loin.
Le crépitement de la fournaise, ses pétillements, ses sifflements, le grésillement
du foyer composaient le plus horrible des accompagnements.
Qui cependant, parmi ces malheureux, aurait pu imaginer une seconde que
l'odeur douceâtre qui imprégnait l'air provenait de l'incinération de milliers
d'hommes assassinés et qu'ils allaient eux-mêmes, quelques instants plus' tard,
subir le même sort ?
Ce matin-là, donc, les candidats à la mort réunis dans ce bosquet attendaient
pour être gazés que les victimes de la nuit précédente aient été rejetées
hors de la chambre à gaz...
De temps en temps Moll venait jeter un coup d'œil dans le petit bois, invitant
les gens à prendre patience et leur promettant qu'on leur apporterait bientôt à boire.
Depuis la veille, trois transports, se succédant toutes les quatre heures environ, avaient été engloutis dans les chambres à gaz du crématoire V.
Eckardt venait aussi s'adresser en hongrois à la foule, tentant également
de remonter le moral des détenus qui souffraient d'une telle soif que certains
pour apaiser leurs tourments en étaient réduits à lécher l'herbe de la pelouse.
Mais il savait parfaitement que tous reprendraient goût à la vie et espoir
si on les laissait étancher leur soif. Cette souffrance collective s'inscrivait
dans le programme d'anéantissement. Il paralysait ainsi toute faculté
de perception et de volonté de résistance, permettant à la gigantesque
machinerie de destruction humaine de fonctionner à plein rendement.
Aux premières lueurs de l'aube on mit le feu aux deux fosses dans lesquelles
on avait amoncelé environ 2500 corps ; deux heures après, ils étaient devenus méconnaissables. Les flammes incandescentes enveloppaient d'innombrables
troncs carbonisés et desséchés. Leur couleur noire phosphorescente montrait
que leur incinération était déjà assez avancée.
La combustion devait être entretenue de l'extérieur car le bûcher, qui,
au début, s'élevait à un demi-mètre au-dessus du bord de la fosse,
s'était entre-temps affaissé au-dessous de ce niveau.
Contrairement à ce qui se passait dans les crématoires où la chaleur pouvait
être maintenue à l'aide de ventilateurs, dans les fosses au contraire,
lorsque le matériel humain avait pris feu, la combustion ne pouvait être
maintenue que dans la mesure où l'air circulait entre les corps.
Comme à la longue le monceau des corps avait tendance à se recroqueviller,
en l'absence de toute arrivée d'air de l'extérieur, l'équipe des chauffeurs
dont je faisais partie devait sans arrêt répandre sur la masse de l'huile,
du méthanol, ou de la graisse humaine en ébullition, recueillie dans les citernes
du fond de la fosse, sur les deux faces latérales.
A l'aide de longues spatules de fer recourbées à leur extrémité comme
des cannes de touristes on prélevait dans des seaux la graisse bouillante,
en prenant soin de se protéger les mains avec des mitaines.
Après avoir déversé la graisse dans la fosse, dans tous les endroits possibles,
des jets de flammes s'élevaient en sifflant et en crépitant.
D'épaisses volutes de fumée obscurcissaient l'air en répandant des odeurs d'huile,
de graisse, de benzol et de chair brûlée.
L'équipe de jour composée d'environ 140 détenus travaillait dans le secteur
des crématoires IV et V. Environ 25 porteurs de cadavres étaient occupés
à évacuer les corps des trois chambres à gaz du crématoire V et à les traîner jusqu'aux fossés.
Dix dentistes et coiffeurs étaient chargés d'enlever les dents en or,
les objets précieux dissimulés dans les parties intimes des corps et
de couper les cheveux des femmes.
Vingt-cinq autres porteurs de cadavres devaient entasser les morts dans
les fosses sur trois couches au-dessus du combustible.
Une quinzaine de chauffeurs disposaient celui-ci dans les fosses,
allumaient le feu et l'entretenaient pendant la combustion.
Ils attisaient le feu en fourrageant entre les corps avec des ringards,
et versaient sur le foyer de l'huile, du méthanol et de la graisse humaine.
Le commando d'incinération comptait environ 35 hommes.
Quelques-uns enlevaient les cendres à la pelle et les transportaient
jusqu'au dépôt des scories. Les autres pilonnaient les restes en les pulvérisant.
Un petit groupe de détenus chargeaient sur des camions les vêtements
abandonnés dans le vestiaire, les souliers et autres biens personnels
des victimes et effectuaient d'autres menus travaux. Le restant des détenus
étaient employés au crématoire IV où se poursuivait le travail habituel.
Cette répartition des tâches était cependant fréquemment modifiée lorsque,
dans un secteur quelconque, des effectifs nouveaux devenaient indispensables.
Il arrivait assez souvent que des chauffeurs fussent détachés dans un
commando de corvée au crématoire pour débarrasser le vestiaire ou pour
traîner des corps.
La répartition du travail de l'équipe de nuit était semblable à celle de l'équipe de jour. L'effectif du commando était cependant la plupart du temps réduit de moitié ;
dans un dessein de sécurité antiaérienne, on n'allumait aucun feu de nuit
dans les fosses. Les chauffeurs devaient alors commencer les opérations
d'incinération au lever du jour.
Dans une troisième fosse, on nous faisait dresser un nouveau bûcher.
On superposait des morceaux de planches sciées, des pièces de bois,
de vieilles traverses de chemin de fer. On ajoutait des copeaux de sciure
et l'on recouvrait le tout de branches de sapin desséchées ; sur cette
masse de combustible, les porteurs de cadavres entassaient environ 400 morts
sur quatre rangées, allongés les uns à côté des autres, le visage tourné vers le haut. La couche suivante, servant de matériel de combustion, était composée
comme la précédente et recouverte de ramilles de sapin.
On disposait par-dessus une nouvelle couche d’environ 400 cadavres alignés
sur quatre rangées, les uns à côté des autres. Après répétition de ce
« mode de travail », une nouvelle fois, on avait finalement entassé 1 200 morts
en trois couches successives. Entre-temps, les chauffeurs avaient enduit d’huile
et de méthanol des morceaux d’étoffe et de chiffons et ils devaient mettre
le feu en plusieurs endroits convenus". [voir les pages 180, 181, 182, 183, 184 et 185]
Dans ce récit d’apparence si authentique, F. Müller livrait
plusieurs détails intéressant :
-l’action se passait « onze mois avant la fin de la guerre », soit en mai 1944 ;
-elle se poursuivit en juin 1944 ;
-chaque jour, « plusieurs trains » comportant 40 à 50 wagons arrivaient,
remplis de juifs de Hongrie dont une grande partie allait aux crématoires ;
-cinq fosses ont été creusées, deux pour le crématoire IV et trois pour le V ;
- il en sortait des flammes gigantesques et de la fumée, « visibles de très loin » ;
-140 détenus assuraient, le jour, le bon fonctionnement du processus de gazage, ramassant les vêtements des victimes, traînant les corps jusqu’aux fosses, les installant dans celles-ci, allumant et entretenant le feu.
Maintenant, voici trois fragments de clichés pris par les avions alliés au-dessus
de Birkenau les 31 mai, 26 juin et 13 septembre 1944[
2].
(voir : le plan de Birkenau,le cliché du 31 mai, 26 juin et 13 septembre).
De façon évidente, on ne distingue :
-aucun groupement humain qui aurait pu correspondre à des juifs hongrois
en attente d’être gazés ;
-aucune fosse ou trace de fosse ;
-ni flamme, ni fumée ;
-aucune activité qui pourrait laisser penser que plus d’une centaine
d’hommes s’affairaient autour des crématoires.
La conclusion s’impose : F. Müller n’est qu’un fabulateur,
et son témoignage d’apparence si vrai n’est qu’un tissu de mensonges.
[
1] Voy. F. Müller,
Trois ans…, quatrième de couverture.
[
2] Extraits de John C. Ball,
La preuve par la photographie aérienne (éd. du VHO, 2000), pp. 39 et 58 (cliché du 31 mai 1944),
70 (cliché du 26 juin 1944) et 50 (cliché du 13 septembre 1944).