La "bataille des Glières",foutaise résistancialiste ?
(Monument de la Résistance sur le plateau des Glières,réalisé par
le sculpteur Émile Gilioli et inauguré le 2 septembre 1973 par André Malraux)
La bataille des Glières du 26 mars 1944, symbole de la Résistance commémoré
chaque année par Nicolas Sarkozy ,ne serait-elle qu'une légende créée de toutes pièces ?
Cette thèse, soutenue par de nouvelles recherches historiques, suscite la polémique
en Haute-Savoie.
"Un des blasons de l'histoire millénaire et héroïque de la nation",
a écrit d'elle l'académicien
Max Gallo , une
"grande et simple histoire",
disait l'ancien ministre de la Culture
André Malraux , ou simplement
la
"première bataille de la Résistance", selon le site de
l'Association des Glières :
le plateau des Glières, que
Nicolas Sarkozy visite tous les ans depuis 2007,
a une histoire moins simple qu'il n'y paraît, si on en croit le résultat de nouvelles
recherches qui suscitent une vive émotion.
MytheAu coeur de la polémique se trouve la thèse de
Claude Barbier,
soutenue en novembre 2011 à La Sorbonne devant un jury de spécialistes de la période,
Olivier Wieviorka,Jean-Pierre Azéma,Pascal Ory,Gilles Vergnon et Jean-Marc Berlière.
Ce docteur en histoire de 47 ans, qui a eu accès à des archives jusque-là inexploitées,
écorne sérieusement la version officielle des événements.
"Il n'y a pas eu de bataille à Glières", assène-t-il.
"Ce qui est appelé la bataille des Glières le 26 mars 1944,
ce sont 2 maquisards tués et un autre blessé lors d'une reconnaissance
offensive d'un détachement allemand de 30 à 50 hommes",ajoute-t-il.
L'accrochage n'a d'ailleurs pas lieu sur le plateau lui-même, mais à côté.
Et quand les Allemands montent sur le plateau, le lendemain,
les maquisards ont fui.
Le mythe de la bataille serait né, sur fond de guerre psychologique entre Vichy
et la France libre, de deux télégrammes envoyés par un agent des services secrets français
"dont le contenu était totalement imaginaire".
Repris sur les ondes de Radio Londres, cela donne une bataille de 14 jours
durant laquelle 500 Français résistent à 12 000 Allemands.
Un
"bilan extravagant" qui s'est imposé
"parce que Glières offrait une vision valorisante des Français pendant la guerre",
dans la droite ligne du
"mythe gaulliste d'une France en résistance",
estime Claude Barbier.
"Le vocabulaire de Vichy"Des mots qui ne plaisent pas aux dirigeants de l'Association des Glières,
chargée de faire vivre l'héritage du maquis, qui chahutent régulièrement
le chercheur au cours de ses conférences.
À Annecy, début mars, l'ancien sénateur
Jacques Golliet a ainsi dénoncé
un travail à l'interprétation
"un petit peu biaisée", évoquant
"l'état d'esprit" des archives de Vichy dont
"il est difficile de se remettre".
Le général Jean-René Bachelet, président de l'association, critique, lui,
"une démarche de notaire pointilleux et chagrin".
"Ergoter autour du mot bataille est assez dérisoire au regard des enjeux", dit-il,
accusant Claude Barbier de reprendre le "
vocabulaire de Vichy"
qui parlait de
"légende".
Balayant ces polémiques, Jean-Marc Berlière, professeur émérite à l'université
de Bourgogne, prédit au contraire
"
un extraordinaire tournant historiographique" sur la période.
"Pendant 60 ans, on a vécu sur des équations fausses.
Grâce à l'ouverture des archives et à une nouvelle génération d'historiens
qui ne s'autocensurent plus, on va fortement nuancer et corriger
ce qui a été écrit sur l'Occupation" , promet-il.
"Petit à petit, un certain nombre d'évènements vont apparaître
pour ce qu'ils sont : des mythes, des légendes", assure-t-il......
PS: Encore un nième mythe qui tombe....Soyons anti-ces-mythes !