(Fayard,2004,650 p)
Parmi les historiens qui défendent la thèse de l'extermination des juifs
il est des personnalités comme Raul Hilberg auxquelles il faut reconnaître
le mérite d'avoir sinon bien travaillé,du moins beaucoup travaillé.
Il en est d'autres qui ont bâclé leur travail.
Tel a été le cas de Florent Brayard,auteur en particulier du livre ci-dessus.
Son ouvrage est pitoyable.
Le sous-titre en est abscons et rien dans le corps de l'ouvrage n'en éclaire
le sens.On est là dans le chiqué universitaire.Parce qu'il écrit mal et se paie
de mots,le malheureux F.Brayard est souvent confus et parfois abstrus.
Le début de sa tentative de démonstration tourne vite au désastre.
Qu'on en juge par ces quelques lignes de la page 29 dont rien dans la suite
de l'ouvrage ne viendra démentir la maladresse et l'incohérence.
Uun "plan confidentiel" de Himmler.
"Nous devons sans faute avoir achevé la migration du peuple juif en un an,
ensuite il n'y en aura plus aucun pour errer.Il faut donc à présent que
table rase soit faite,totalement."(Suit une note renvoyant à la traduction de Marie-Martine Husson).
Telle était la seule et brève allusion du Reichsführer Heinrich Himmler
à la "question juive" lors de son discours,le 9 juin 1942,à l'occasion
des funérailles de Heydrich.
Ces deux phrases (
sic pour:Ces trois phrases) sont régulièrement citées
par les historiens pour illustrer l'accélération de l'extermination des juifs
au milieu de l'année 1942 (suit une note citant Klarsfeld),mais aucun,
à ma connaissance,n'a pris le parti de les entendre comme l'annonce
d'un programme d'extermination totale du judaïsme devant être réalisé
en une année seulement.
On s'étonne,pour commencer,de voir F.Brayard affuble de guillements
ce "plan confidentiel".
On s'étonne encore plus de découvrir au bas de la même page 29 que,
selon ses propres mots,c'est "par convention" qu'il a ainsi apposé des guillemets !
Pas un instant il ne nous explique quelle est cette "convention",il ne nous révèle
pas plus qui a bien pu instituer ladite convention et pourquoi,de son côté,
il se sent obligé de la respecter !
Quant à sa critique des "historiens",elle est déconcertante.
Comment ces derniers auraient-ils pu décider de voir "l'annonce d'un programme
d'extermination totale du judaïsme européen devant être réalisé en une année
seulement" dans ce que F.Brayard en personne appelle "la seule et brève allusion
du Reichsführer Heinrich Himmler à "la question juive" " dans un discours public ?
S'il ne s'agit,comme il l'écrit,que d'une "allusion" et si cette allusion est
"seule et brève",comment bâtir sur un fondement aussi fragile une aussi formidable
accusation ? Pour le faire,il y faudrait un étonnant parti pris.
Or,c'est presque ce que nous dit l'auteur,à sa connaissance,
"n'a pris le parti"de faire ce qu'il a lui-même
"pris le parti" de faire !
Tout au long de son ouvrage,F.Brayard accumule ainsi de telles naïvetés que
je ne vois personnellement qu'un seul autre historien pour rivaliser avec lui
dans la candeur (mêlée de roublardise):l'Américain Christopher Browning.
A ce F.Brayard nous sommes redevables d'un libellé dont le titre,à lui seul,
Comment l'idée vint à M.Rassinier:naissance du révisionnisme(Fayard,1996),reflète la gaucherie.....
Mais,d'une manière générale,comment prendre au sérieux un historien
qui termine la présentation de son ouvrage en proclamant non sans fierté que
"La structure générale (dudit ouvrage historique) reprend celle de certains films
ou de certains romans où la scène d'ouverture est celle du crime et dont toute
l'intrigue ne se déroule ensuite que pour expliquer comment on en est arrivée là" ? (p.24).
Une cible bien mal choisies:Heinrich Himmler.F.Brayard a été mal inspirée de jeter son dévolu sur Himmler.
S'il est un haut responsable qui s'est clairement expliqué sur la véritable
politique antijuive du IIIè Reich c'est bien
Heinrich Himmler,lequel,
jusqu'à la fin,a déclaré que l'Allemagne ne serait que trop heureuse
si les Alliés voulaient bien recevoir les juifs européens à la condition
expresse de les garder chez eux tant que durerait la guerre,
et cela afin de leur interdire tout accès à la Palestine.Encore le
15 janvier 1945,lors d'un entretien avec Jean-Marie Musy
(ancien président de la Confédération helvétique),Himmler déclarait:
"Nous affectons les juifs au travail et,bien entendu,y compris à des travaux
durs tels que la construction de routes,de canaux,les entreprises minières
et ils ont là une forte mortalité.Depuis que sont en cours les discussions
sur l'amélioration du sort des juifs,ils sont employés à des travaux normaux,
mais il va de soi,qu'ils doivent,comme tout Allemand,travailler dans l'armement.
Notre point de vue sur la question juive est la suivante:la prise de position
de l'Amérique et de l'Angleterre quant aux juifs ne nous intéresse d'aucune façon.
Ce qui est clair,c'est que nous ne voulons pas les avoir en Allemagne et dans
le domaine de vie allemand en raison des décennies d'expérience après la
première guerre mondiale et que nous n'engagerons aucune discussion à ce sujet.
Si l'Amérique veut les prendre,nous nous en féliciterons (
Wenn Amerika sie
nehmen will,begrüssen wir das).
Mais il doit être exclu,et là-dessus une garantie devra nous être donnée,
que les juifs que nous laisserons sortir par la Suisse puissent jamais être refoulés
vers la Palestine.Nous savons que les Arabes,tout autant que nous Allemands
le faisons,refusent les juifs et nous ne voulons pas nous prêter à une indécence
(
Unanständigkeit) telle que d'envoyer de nouveaux juifs à ce pauvre peuple
martyrisé par les juifs (
diesem armen,von den Juden gequ äten Volke).
Economiquement nous adopterons le même point de vue que l'Amérique.
Tout comme chaque immigrant aux Etats-Unis doit verser mille dollars,
chaque émigrant quittant le domaine de souveraineté allemand doit également
verser 1 000 dollars.L'argent,même en devises,ne nous intéresse pas.
Nous souhaitons que,pour l'argent qui sera versé en Suisse,s'ensuive
une livraison de marchandises selon les lois de la neutralité car l'argent en soi
ne nous intéresse pas et ne nous intéressent pas non plus les médicaments
proposés comme le Cibasol,que nous produisons nous-mêmes.
J'ai spécifié que nous intéressaient tracteurs,camions et machines-outils."
Joachim von Ribbentrop défendait sur le sujet des juifs la même politique qui,
répétons-le,était celle du régime du IIIè Reich tout entier.
Le 29 avril 1944 Eberhard von Thadden,haut fonctionnaire du ministère
des Affaires étrangères à Berlin,souvent en relation avec Adolf Eichmann,
rappelait qu'
en janvier 1944 le Gouvernement allemand avait répondu
aux Britanniques:
"Le Gouvernement du Reich ne peut se prêter à une manoeuvre tendant
à permettre aux juifs de chasser le noble et vaillant peuple arabe de sa mère
patrie,la Palestine.Ces pourparlers ne pourront se poursuivre qu'à la condition
que le Gouvernement britannique se déclare prêt à héberger les juifs en
Grande-Bretagne,et non en Palestine,et qu'il leur garantisse qu'ils pourront
s'y établir définitivement."(Document de Nuremberg
NG-1794.Traduction dans
La Persécution des juifs dans les pays de l'Est présentée à Nuremberg,
Recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray,
ancien substitut au Tribunal militaire international,introduction de
René Cassin,Paris,Editions du Centre de documentation juive contemporaine ,1949,p.169).