Sommaire de l'Afrique Réelle N° 25 - Janvier 2012 :
Dossier :
La Libye après Kadhafi
Actualité :
La RDC entre anarchie, dictature et partition
Génocide rwandais :
- L'assassinat du président Habyarimana : entre incertitude, interrogations et "enfumage"
- D'où est parti le tir contre l'avion présidentiel rwandais le 6 avril 1994 ?
- Selon les derniers jugements rendus par le TPIR le génocide du Rwanda
ne fut pas programmé
- Réponse à l'association Enquête Citoyenne
Editorial de Bernard Lugan :
L’année 2011 s’est terminée par une censure.
Alors que j’avais été invité à venir présenter mon dernier livre Décolonisez l’Afrique,
Monsieur Albert Ripamonti, directeur de l’information d’I-Télé, a en effet interdit d’antenne l’entretien que Robert Ménard avait enregistré avec moi dans le cadre
de son émission quotidienne « Ménard sans interdit ».
Cette lamentable affaire digne de l’ancienne RDA,illustre le double langage de
ces petits marquis de la presse parisienne qui ne cessent de donner des leçons
de démocratie au monde entier alors qu’ils se comportent comme ceux qu’ils prétendent dénoncer. En l’occurrence, Monsieur Ripamonti est apparu comme
le produit estampillé du couple sadomasochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine.
Cette censure montre d’abord que le système médiatique est affolé, la réalité
africaine et notamment libyenne ayant emporté les pauvres digues morales et philosophiques derrière lesquelles il pensait que ses certitudes étaient abritées.
Alors que BHL avait assuré qu’une fois la dictature renversée, les fontaines démocratiques laisseraient couler le lait et le miel, le mercredi 5 janvier dernier,
M. Mustapha Abdeljalil, président du CNT a déclaré que la Libye était au bord
de la guerre civile.
Adieu « printemps arabe »…
En 2012 plusieurs régions vont se trouver au coeur de l’actualité.
Dans la Corne au sens élargi, en plus des questions territoriales non réglées
avec le Soudan Khartoum, le Sud Soudan indépendant va devoir faire face
à plusieurs graves problèmes découlant de l’extrême division de ses populations.
Six cents tribus ou fractions de tribus existent ainsi au Sud Soudan où la référence est clanique et tribale en plus d’être ethnique. D’autant que l’ethno mathématique électorale qui va donner le pouvoir aux plus nombreux, donc aux Dinka, provoque
déjà des tensions avec les autres ethnies, notamment les Nuer.
En Somalie, l’armée kenyane est embourbée face aux milices islamistes et au Darfour,
la guerre n’a pas cessé.
Au centre du continent, une explosion majeure peut survenir à n’importe quel
moment en RDC. A l’ouest, en Côte d’Ivoire, où les tensions ont été artificiellement mises sous cloche,
les milices nordistes font régner la terreur cependant qu’au Nigeria, les tensions
ethno religieuses menacent la cohésion de la mosaïque ethnique nationale.
Dans tout le Sahel où les Etats artificiels sont coupés entre des Nord peuplés
par des nomades et des Sud habités par des sédentaires noirs, la guerre civile libyenne a provoqué un bouleversement de la situation géopolitique régionale
dont profitent les bandes islamistes qui se sont équipées dans les arsenaux libyens.
Au Sénégal, la situation est potentiellement explosive et de très graves troubles
pourraient éclater durant le premier trimestre 2012. Espérons que la communauté
française ne se trouvera pas prise en otage comme cela fut le cas en Côte d’Ivoire.
En Algérie, la cleptocratie d’Etat se cramponne au pouvoir en donnant chaque jour
des gages aux islamistes tandis que la renaissance berbère sape le jacobinisme
arabo-islamique devenu dogme d’Etat. La Tunisie est ruinée et la chape religieuse
y tombe insidieusement sur une bourgeoisie occidentalisée qui s’est tiré une balle dans le pied en renversant le président Ben Ali. La Libye est comme nous l’avons
vu au bord de la guerre civile, quant à l’Egypte…
Comme toujours l'Afrique Réelle suivra cette actualité pour ses abonnés.
Bernard Lugan