Le 8 novembre dernier, après cinq années de coûteuses procédures,
la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi formé par l’association SOS racisme
qui poursuivait Pierre Péan, auteur d’un livre intitulé « Noires fureurs,
Blancs menteurs » et dans lequel il prend le contre-pied de l’histoire officielle
concernant le génocide du Rwanda.Pierre Péan ayant gagné ses procès
en première instance et en appel, SOS Racisme subit donc une troisième
grave défaite, ce qui devrait faire réfléchir ses généreux donateurs.
A travers ce procès emblématique, SOS Racisme a montré son vrai visage,
celui d’une organisation militante dont l’acharnement contre Pierre Péan avait
pour but de décourager ceux qui oseraient à l’avenir mettre en doute la thèse
de Kigali concernant le génocide du Rwanda.
Or, l’histoire « officielle » de ce génocide a été totalement bouleversée à travers
quatre jugements rendus par le TPIR (Tribunal pénal international sur le Rwanda).
Expert assermenté dans trois de ces quatre procès, je suis bien placé pour
décrypter la portée des jugements rendus et cela, au-delà du véritable
« enfumage » auquel se sont livrés les média ayant une fois de plus agi
en simples porte-voix du régime de Kigali et de la vision de l’histoire
qu’il prétend imposer.
1) Le 28 novembre 2007, la Chambre d’Appel du TPIR a acquitté Ferdinand Nahimana,
un des fondateurs de la Radio Télévision des Mille Collines (RTLM) de l’accusation
« de commettre le génocide, d’incitation directe et publique à commettre le génocide,
de persécution et d’extermination », considérant que la création de RTLM
n’entrait en rien dans le plan génocidaire. Or, jusque là, la thèse officielle était
que le génocide avait été programmé puisque les « extrémistes hutu »
avaient fondé la RTLM pour le préparer.
2) Le 18 décembre 2008 le TPIR a déclaré le colonel Bagosora non coupable
« d’entente en vue de commettre un génocide », faisant ainsi voler en éclats
les bases mêmes de l’histoire officielle du génocide du Rwanda car le colonel
Bagosora fut constamment présenté comme le « cerveau » de ce génocide.
3) Selon le régime de Kigali, le génocide fut planifié par l’Akazu (ou petite maison,
ou petite hutte), cercle nébuleux et criminel constitué autour de la belle famille
du Président Habyarimana et dont Protais Zigiranyirazo, frère d’Agathe Habyarimana,
épouse du président, était le chef. Ce petit groupe aurait comploté et planifié
l’extermination des Tutsi dans le but de préserver son pouvoir et son influence.
Le procès de M. Zigiranyirazo était donc lui aussi emblématique puisqu’il était
censé mettre en évidence le cœur même de la préparation du génocide.
Or, le 18 décembre 2008 en première instance le TPIR a écarté la thèse du
complot ourdi par M. Zigiranyirazo et sa belle famille et l’a acquitté du principal
chef d’accusation, à savoir d’avoir prémédité le génocide et d’avoir comploté en
ce sens avec le colonel Bagosora et Agathe Kanziga épouse du président Habyarimana
pour exterminer les Tutsi du Rwanda. Le mythe de l’Akazu s’envolait donc.
Le 16 novembre 2009, en appel, M. Zigiranyirazo a été acquitté des
dernières accusations pendantes et immédiatement libéré.
4) Dans l’affaire dite Militaires I étaient notamment jugés les anciens chefs
d’état-major de l’armée et de la gendarmerie, les généraux Augustin Bizimungu
et Augustin Ndindiliyimana. Le 19 mai 2011, ils ont été acquittés du chef principal
qui était celui de l’entente en vue de commettre le génocide.
Ainsi donc, pour le TPIR, la hiérarchie militaire n’a ni prémédité, ni programmé
le génocide.
A travers ces quatre jugements , c’est donc l’histoire « officielle » du génocide
du Rwanda qui est réduite à néant. En effet, si ce génocide ne fut ni prémédité,
ni programmé, c’est donc qu’il fut « spontané ».
Or, l’évènement majeur et déclencheur qui provoqua la folie meurtrière fut l’assassinat
du président Habyarimana dans la soirée du 6 avril 1994, puisque les massacres commencèrent dès la nouvelle de l’attentat connue, quand les partisans du président
assassiné attribuèrent ce crime au FPR, donc à leurs yeux aux Tutsi
et à leurs alliés hutu, les « Hutu modérés » des journalistes.
Ceux qui ont abattu l’avion du président Juvenal Habyarimana portent donc
l’immense responsabilité d’avoir directement ou indirectement provoqué le drame
du Rwanda.
Or encore, selon le juge français Bruguière et le juge espagnol Merelles,
le président Kagamé aurait ordonné cet attentat et ils donnent même les noms
de ceux qui auraient tiré les deux missiles ayant abattu l’avion présidentiel.
Voilà ce qui dérange les « amis » de Kigali, dont SOS Racisme.
D’autant plus que Théogène Rudasindwa, ancien directeur de cabinet de Paul Kagamé,
exige d’être entendu par le TPIR et par un juge français afin, selon
ses propres termes, de pouvoir « divulguer tous les détails sur l’attentat
du 6 avril 1994 » dont il impute la responsabilité à l’actuel chef de l’Etat rwandais.
L’heure de vérité approche donc, et inexorablement…
Bernard Lugan11/11/11