En Libye, les masques sont vite tombés :
dimanche 22 octobre, à Tripoli, devant une foule enthousiaste, le président du CNT, Mustapha Abdel Jalil, a ainsi déclaré que la charia serait désormais la base
de la Constitution ainsi que du droit, que la polygamie, interdite sous Kadhafi,
serait rétablie et que le divorce, autorisé sous l’ancien régime, était désormais illégal. Pour mémoire, Mustapha Abdel Jalil que le président Sarkozy a chaleureusement accueilli sur les marches de l’Elysée encore chaudes des pas du défunt colonel Khadafi, a un incontestable passé de « démocrate ». Dans les années 2000,
ce sénoussiste proche des Frères musulmans présida la cour d’appel de Tripoli qui, par deux fois, confirma la condamnation à mort des infirmières bulgares.
En 2007, pour le remercier de son zèle, le colonel Kadhafi le nomma ministre
de la Justice, poste dont il démissionna en 2010 pour protester contre la politique anti islamiste du régime. Comme BHL ne cesse de l’affirmer, nous sommes donc
bien en présence d’un islamiste « modéré »…
Depuis le premier jour, j’ai soutenu que l’intervention de l’OTAN en Libye était
une erreur politique reposant sur une hypocrisie et qu’elle aurait des résultats contraires aux buts recherchés. Les faits ne m’ont hélas pas démenti.
Une politique se jugeant à ses résultats, faisons un bref rappel de cet engrenage libyen qui prépara le triomphe des islamistes aujourd’hui et qui annonce l’anarchie
de demain :
1) Ce fut officiellement pour protéger les civils de Benghazi que la France
arracha à l’ONU le droit d’imposer une zone d’exclusion aérienne.
2) Devant l’incapacité des rebelles à entamer les défenses du régime,
la France fut peu à peu contrainte de s’immiscer dans une guerre civile
qui lui était totalement étrangère.
3) La situation militaire étant bloquée, la France s’est alors engagée
sur le terrain, notamment, mais pas exclusivement, à Misrata et dans le djebel Nefusa.
4) Enfin, outrepassant une fois encore le mandat de l’ONU, l’OTAN
porta l’estocade finale en offrant ou en livrant le colonel Kadhafi aux insurgés
avec le résultat que nous connaissons.
En Tunisie, c’est à une autre « grande avancée » démocratique que nous assistons avec les forts résultats obtenus par les islamistes du mouvement ennadha.
Là encore, ce que j’écrivais au mois de décembre 2010, dès le début des évènements, s’est réalisé.
Ceux qui regardèrent la « révolution du jasmin » avec les yeux de Chimène
sont donc aujourd’hui cocus. Mais ce sont des cocus contents puisque les médias
leur disent qu’ennadha a rompu avec le fondamentalisme et qu’il est désormais
« modéré » prônant un islam « à la turque »…
Vu de France, une grande leçon doit être retenue : les immigrés tunisiens qui
y vivent ont majoritairement voté pour les islamistes, ce qui devrait naturellement encourager ceux qui veulent accorder le droit de vote aux étrangers à persévérer dans leur entreprise suicidaire.
L’aveuglement et la bêtise n’ont d’ailleurs pas de limites car, depuis plusieurs décennies, au nom des « droits de l’Homme », religion-vérité postulée universelle,
les « Occidentaux » n’ont cessé de faire fausse route dans le monde arabo-musulman où ils ont préparé la voie à l’anarchie et à l’islamisme.
Bernard Lugan24/10/2011
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