Les penseurs politiques antimodernistes:Gustave Le Bon
Gustave Le Bon, né le 7 mai 1841 à Nogent-le-Rotrou.
Il est issu d'une famille de magistrats et de militaires.
Il fut un élève médiocre mais parvint tout de même à être diplômé
docteur en médecine.Il visite toute l'Europe,le Maroc,l'Egypte
et la Palestine mais aussi l'Inde.
Il va publier en 1887 un grand ouvrage intitulé
Les civilisations de l'Indedans lequel il démontre que la disparition du bouddhisme en Inde n'est pas
due à de quelconques persécutions.
Il s'est fondu dans le brahamanisme pour former une religion dans laquelle
chaque doctrine a influencé l'autre.
Il publie en 1894
Les lois psychologiques de l'évolution des peupleset en 1895,la
Psychologie des foules.Il note,dans le premier ouvrage,
que chaque civilisation repose sur un petit nombre d'idées fondamentales,
dont dérivent ses institutions,sa littérature et ses arts.
Ces idées sont lentes à se former,mais une fois qu'elles sont entrées dans
les mentalités collectives,il est difficile de les faire disparaître,fussent-elles
fausses et nocives.C'est ainsi que des philosophes
"ignorants de l'histoire
primitive de l'homme (....) et des lois de l'hérédité" ont lancé au XVIIIè siècle
l'idée de l'égalité des individus et des peuples,plongeant l'Europe dans une série
de convulsions violentes.
Les inégalités entre les hommes ne pouvaient pas être niées.
Mais,pour Le Bon,il est faux de croire que ces inégalités résultaient
seulement de l'éducation et qu'elles seraient gommées si l'éducation
était donnée à tous.
Il dénonce la vanité des théories égalitaires.Il estime que les voyageurs,
les psychologues,les hommes d'Etat savent bien que l'idée d'égalité est erronée,
mais ils n'osent pas la combattre.
Quand une idée s'est répandue dans la foule,il est inutile de chercher à l'éliminer,
puisque la raison est impuissante face aux passions des foules.
Le Bon estime qu'il existe de profondes différences mentales entre
les peuples et évoque
"l'âme des peuples".L'âme d'un peuple s'est formée
lentement au cours des siècles et présente une grande stabilité.
Il n'est pas possible de faire du passé table rase.
Chaque homme est en fait soumis à trois sortes d'influences:
- celle des ancêtres,
- celle de ses parents proches,
- et enfin le milieu qui est la moins importante des composantes.
Pendant les périodes de bouleversements politiques,des changements importants
peuvent se produire.
Mais ce n'est que provisoire.La tourmente passée,les événements reprennent
leur cours normal.Des idées nouvelles peuvent apparaître cependant.
Elles sont d'abord professées par un petit nombre de personnes,
qui se caractérisent par l'intensité de leur foi et par leur prestige.
Le Bon estime qu'une conviction forte est toujours sûre de triompher:
"En religion comme en politique,le succès est toujours aux croyants,
jamais aux sceptiques"Dans la
"Psychologie des foules",il analyse les caractéristiques
d'une foule,qui est bien plus qu'une somme d'individus.
L'individu en foule,par le seul fait du grand nombre,acquiert un sentiment
de puissance invincible,qui l'amène à céder à son instinct.
La contagion mentale,qui s'apparente à l'hypnose,entraîne une grande suggestibilité.
La personnalité consciente est abolie,de même que la volonté et le discernement.
L'individu en foule subit une véritable régression.Isolé,il peut être charmant,cultivé.
En foule,il va devenir un instinctif,dont il aura la spontanéité,la violence,parfois
la férocité et même l'héroïsme.
Comme un primitif,il se laisse impressionner par les mots,les images,
ce qui peut le conduire à agir contre ses propres intérêts.
Ainsi se créent les hallucinations collectives.
L'auteur illustre son propos de quelques exemples:
- savants mystifiés par des illusionnistes,
- témoins qui croient reconnaître une personne,
- passagers d'un navire qui s'imaginent voir des naufragés.
Les sentiments des foules sont marqués par le simplisme et l'exagération.
La foule est intolérante et autoritaire.
La sympathie de la foule va aux tyrans qui la domine.
Elle se place d'instinct sous l'autorité d'un chef,d'un meneur.
Les convictions des foules revêtent généralement la forme d'un sentiment religieux.
La liberté,l'égalité,la démocratie sont,pour Gustave Le Bon,
les idoles du monde moderne.
Celui qui a démontré très clairement que la démocratie est une utopie
et la liberté de penser une illusion meurt le 13 décembre 1931 à Marne-la-Coquette.