...pas si clair que ça... 13/01/2011 .
Source: liberation.fr
Le journaliste Bertrand Gobin poursuivi pour diffamation par Edouard Leclerc.
Au cours de l’année 2010, le journaliste Bertrand Gobin a publié sur son site Internet (bertrandgobin.com) plusieurs articles remettant en cause la légitimité de la Légion d’honneur remise fin 2009 par Nicolas Sarkozy à Edouard Leclerc, fondateur
des hypermarchés du même nom. Dans ces textes, le journaliste d’investigation revient longuement sur le passé d’Edouard Leclerc durant l’Occupation.
Ce dernier poursuit aujourd'hui le journaliste pour diffamation. Lire la suite...
Edouard Leclerc, alors âgé de 17 ans et demi, avait été arrêté à Landerneau
et interrogé à plusieurs reprises par le service du renseignement des FFI
concernant la dénonciation d'un groupe de résistants finistériens.
Après six mois de détention, il avait été libéré en 1945 sur la foi
d'un certificat médical le reconnaissant "irresponsable de ses actes".
Un certificat de complaisance, a estimé, documents à l’appui, Bertrand Gobin,
qui publie également sur son blog des extraits du procès-verbal d’audition
d’un officier SS citant à plusieurs reprises le nom d’Edouard Leclerc comme source
de renseignements. En avril 2010, Edouard Leclerc, aujourd’hui âgé de 84 ans,
avait défendu "la qualité de l'ordonnance motivée du commissaire du gouvernement de la cour de justice de Quimper du 6 février 1945 qui m'a lavé de telles accusations" et dénoncé "la publication de pseudo-révélations sur mon passé à la Libération", annonçant qu'il allait "poursuivre en diffamation les propagateurs de ces calomnies". C’est désormais chose faite en la personne de Bertrand Gobin qui a été auditionné
par un officier de police judiciaire à Paris et mis en examen.
Ni L’Express, ni l’AFP, ni France 3, qui avaient repris ses informations n’ont
en revanche été poursuivis. Journaliste d’investigation depuis plus de 20 ans, Bertrand Gobin s’est fait connaitre pour ses enquêtes sur la grande distribution
et est aujourd’hui également président du club de la presse de Bretagne.
Selon le comité de soutien qui s’est constitué (soutienbertrandgobin.com),
la plainte qui le vise n’a d’autre objectif que de “discréditer Bertrand Gobin
et lui imposer une procédure et des conséquences financières que son statut d’indépendant ne lui permet pas de supporter”. “Bertrand Gobin a traité ce sujet
avec beaucoup de rigueur. Nous le connaissons et savons qu’il n’a fait que
son métier, sans volonté de nuire ni de diffamer, en rapportant simplement
les éléments de son enquête, dans le respect des règles déontologiques et
avec ce souci particulier de ne rien publier qui n’ait préalablement été vérifié
et recoupé”, ajoute son comité de soutien.
Dans un courrier collectif adressé le 5 mars à la Grande chancellerie
de la Légion d'honneur, les proches de François Pengam, un résistant breton
fusillé en 1944, avaient fait part de leur côté de leur "profond désarroi
devant la remise de la Légion d'honneur à M. Edouard Leclerc",
s'interrogeant sur le fait que
"la République décore un homme
qu'elle a elle-même reconnu irresponsable de ses actes".