9 juillet 2016
Jacques Vecker écrit à Daniel Cohn-Bendit. Bocage se permet de supposer que l'ami Jacques Vecker ne se fait pas
beaucoup d'illusions sur Daniel Cohn-Bendit mais en tout cas
voici la lettre ouverte qu'il vient de lui adresser le 7 juillet:
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Cher Daniel Cohn-Bendit,
J'ai suivi votre carrière depuis les premiers jours.
Notre rencontre à Francfort est restée sans lendemain car vous étiez plutôt réservé
face au fonctionnaire culturel que j'étais alors.
J'ai applaudi à la plupart de vos déclarations sur l'Europe.
Je partage votre engagement écologique, ayant durant trente ans animé un centre écologique.
J'ai apprécié l'honnêteté intellectuelle de votre frère Gabriel prenant parti résolument
pour la liberté d'expression. Bref, je me suis toujours senti proche de vous.
Voilà qu'une phrase prononcée mardi 5 juillet sur France Inter m'interpelle:
"Quand un peuple vote pour l'extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme,
il n'a pas raison. Même si c'est le peuple."
Votre prise de position à propos du peuple peut faire l'objet de débat
mais lorsque vous évoquez "
le nazisme" je ne peux vous approuver.
Tout d'abord parce que ce terme est dépréciatif et même péjoratif.
Durant les années précédant la guerre le national-socialisme a probablement représenté
la période la plus heureuse de la nation allemande.
Le peuple, désinformé, ce qu'il est la plupart du temps, peut faire un mauvais choix
mais lorsqu'un programme politique, social et culturel prévoit la primauté du bien public
sur les intérêts particuliers, s'emploie à réduire :
- le pouvoir de la finance et à supprimer l'intérêt bancaire,
- lorsqu'il atténue dans une large mesure les oppositions de classes,
- lorsqu'il se soucie de donner une éducation de qualité à sa jeunesse,
- lorsqu'il redonne à la nature sa place essentielle parmi les préoccupations de la société,
- lorsqu'il propose des négociations pacifiques pour réparer les injustices du Traité de Versailles,
le peuple ne peut qu'approuver.
Ce qu'il fit. Aucune raison, donc, de le lui reprocher.
La situation qui avait été faite à l'Allemagne après la première guerre mondiale
était une offense à l'éthique.
L'étude approfondie des circonstances qui ont entraîné la guerre nous éclaire
sur l'hostilité exprimée, pardonnez-moi, par les milieux juifs influents,
surtout dans les pays anglo-saxons.
Il n'est qu'à se souvenir de la déclaration de guerre,
expressis verbis,
de ces milieux aussitôt après l'accession de Hitler au pouvoir.
Ainsi de la première page du "
Daily Express" de Londres le 24 mars 1933.
La chronique abonde de ces prises de position agressives.
Le national-socialisme entendait, bien sûr, réduire l'influence juive en Allemagne
alors que certains de vos compagnons se sentaient profondément allemands,
intimement liés à la culture germanique.
Ils subirent douloureusement un ostracisme progressif qui suivait à la trace les attaques
venues de l'extérieur.
Tristes conséquences, accompagnées d'ailleurs avec satisfaction par les sionistes allemands
approuvant les lois raciales.
N'oublions pas qu'à cette époque la France avait organisé une exposition coloniale
indiscutablement raciste.
Si les autorités allemandes souhaitaient l'éloignement d'une certaine catégorie de population,
cela n'a rien de commun avec une volonté d'extermination.
Les Juifs s'étant déclarés, par leurs instances internationales, des ennemis irréductibles du Reich,
où qu'ils se trouvent, furent, la guerre faisant rage, considérés comme suspects et traités
comme tels, à l'exception notable de ceux qui s'affirmaient allemands ou qui portaient
l'uniforme de la Wehrmacht.
Elie Wiesel lui-même, par son témoignage dans "LA NUIT", a en quelque sorte dédouané Hitler
puisqu'il décrit dans le détail, à côté de rumeurs fantasmagoriques, le traitement humain
réservé aux internés d'Auschwitz où les lois morales furent largement respectées.
Pourquoi alors placer systématiquement le "
nazisme" dans le camp du mal
alors que les vainqueurs de 1945 furent réellement d'abominables criminels de guerre ?
Dressez-vous, cher Daniel, contre l'injustice et le mensonge, dans tous les domaines,
mais rendez son honneur à l'Allemagne qui fut acculée au plus désespéré
et au plus injuste des combats.
Je vous salue cordialement,
Jacques Vecker
"
Libre expression"
Château de Vaugran
30 480 St Paul-la-Coste
< END>