Voici la description que fait
Ammien Marcellin des
Gaulois au IVe siècle de notre ère :
[15,12] XII. Les Gaulois sont en général de haute taille; ils ont le teint blanc,
la chevelure blonde, le regard farouche et effroyable.
Leur humeur est querelleuse et arrogante à l'excès.
Le premier venu d'entre eux, dans une rixe, va tenir tète
à plusieurs étrangers à la fois, sans autre auxiliaire que sa femme,
champion bien autrement redoutable encore.
Il faut voir ces viragos, les veines du col gonflées par la rage,
balancer leurs robustes bras d'une blancheur de neige, et lancer,
des pieds et des poings, des coups qui semblent partir de la détente
d'une catapulte.
Calmes ou courroucés, les Gaulois ont presque toujours dans la voix
des tons menaçants et terribles.
Ils sont universellement propres et soigneux de leur personne.
On ne voit qui que ce soit, homme ou femme, en ce pays, en Aquitaine surtout, porter des vêtements sales et déchirés; rencontre si commune partout ailleurs.
Le Gaulois est soldat à tout âge.
Jeunes, vieux courent au combat de même ardeur; et il n'est rien
que ne puissent braver ces corps endurcis par un climat rigoureux
et par un constant exercice.
L'habitude locale en Italie de s'amputer le pouce pour échapper
au service militaire, et l'épithète de "murcus" (poltron) qui en dérive,
sont choses inconnues chez eux. Ils aiment le vin de passion,
et fabriquent pour y suppléer diverses boissons fermentées.
L'ivresse, cette frénésie volontaire, comme l'a définie Platon,
y est l'état habituel de bon nombre d'individus de la basse classe,
qui ne font qu'errer çà et là dans un abrutissement complet;
ce qui justifie le mot de Cicéron dans son plaidoyer pour Fonteius :
"
Les Gaulois vont mettre de l'eau dans leur vin".
Autant vaudrait, selon eux, y mettre du poison.
La partie de cette région qui avoisine l'Italie a passé sans
de grands efforts sous le joug romain.
Son indépendance menacée en premier lieu par Fulvius,
puis ébranlée fortement dans une suite de petits combats soutenus
contre Sextius, fut tout à fait abattue par Fabius Maximus; avantage
que ce dernier n'obtint cependant que par la réduction des Allobroges,
nos plus opiniâtres adversaires dans cette lutte,
et qui lui valut un surnom.
Mais ce ne fut qu'après dix ans de campagnes, comme nous
l'apprend Salluste, et diverses alternatives de succès et de revers,
que l'universalité de la Gaule; sauf les cantons rendus inaccessibles
par des marais, fut enfin soumise à César, et annexée à l'empire
par un lien désormais indissoluble.
Mais cette digression nous entraine trop loin du sujet; hâtons-nous
d'y rentrer.
Pour
Julien dans son
Misopogon :
Ainsi vivais-je chez les Celtes, comme le Bourru de Ménandre,
me faisant à moi-même la vie dure.
La grossièreté des Celtes n'y trouvait rien à redire.
Mais une cité florissante, heureuse, peuplée, a bien raison de s'en fâcher,
elle qui ne voit chez elle que danseurs, flûteurs, mimes plus nombreux
que les citoyens, et pas de respect pour les princes.
Rougir ne convient qu'a des lâches ; mais des gens de cœur,
comme vous, doivent faire bombance dès le matin et la nuit prendre
leurs ébats, sans nul souci des lois, soit en théorie, soit en pratique.
Et de fait, les lois ne sont redoutables que par les princes; en sorte
que quiconque insulte le prince, celui-là par surcroît foule
aux pieds les lois. Le plaisir que vous y prenez éclate partout,
mais notamment sur vos places publiques et dans vos théâtres :
le peuple, ce sont des applaudissements et des cris ; les magistrats,
c'est une illustration, c'est une gloire plus grande d'avoir fait
des dépenses pour de pareilles têtes que n'en a eu Solon d'Athènes
en conversant avec Crésus, roi des Lydiens;là tout le monde est beau,
grand, épilé, fraîchement rasé, les jeunes comme les vieux,
tous rivaux du bonheur des Phéaciens, préférant à la vertu
les vêtements brodés, les bains chauds et les lits.
Attention l'apparente critique que Julien adresse à lui même
et aux Celtes n'est qu'une ironie ; il défend des valeurs qu'il estime
être les meilleures, tempérance, rudesse, sobriété... et qu'il prête
aux Gaulois contrairement à ses détracteurs d'Antioche,
qu'il traite implicitement d'efféminés.