Rivarol n° 3146 du 19 juin 2014:
Marine Le Pen contre son père :
Front contre Front !
CONTRAIREMENT à ce que l’on affirme ici at là, ce n’est pas la première fois
qua Marine Le Pen se désolidarise de son père.
En janvier 2005, après les propos qu’avait tenus dans notre hebdomadaire
Le fondateur du
Front national sur l’occupation allemande en France,
la benjamine du Menhir s’était mise en congé de ses responsabilités du parti
(sans toutefois démissionner de ses mandats électifs ni quitter explicitement
la vice-présidence du mouvement) et avait boudé pendant quelques mois
le bureau politique et le bureau exécutif.
Les propos tenus par son père allaient en effet contre sa stratégie de dédiabolisation
c’est-à-dire an réalité de normalisation.
Déjà, trois mois plus tôt, elle avait condamné les propos prêtés à Bruno Gollnisch
sur les chambres à gaz.
Alors que l’universitaire lyonnais était an proie à une violente campagne médiatique
at judiciaire, Marine Le Pen s’était précipités sur
RTL, le
18 octobre 2004,
pour condamner solennellement le révisionnisme at l’antisémitisme (qui pour elle manifestement ne faisaient qu’un) et
pour désapprouver
les déclarations de Gollnisch.
Bien que la cour de cassation est totalement blanchi quelques années plus tard
l’eurodéputé car on n'a jamais pu apporter la preuve des exacts propos
qu’il aurait tenus en conférence de presse, Marine Le Pen, sans même demander
à Gollnisch ce qu’il en était, avait cru bon de le condamner dans les grands media.
Elle recommence avec son père.
Sans même le prévenir, elle a décidé non seulement de retirer du site FN la vidéo
où il utilisait le mot
« fournée » mais également de ne plus héberger désormais
les vidéos hebdomadaires du père-fondateur.
C’est évidemment pour Jean-Marie Le Pen à qui sa fille doit tout et qui lui a transmis
le flambeau à la tête du FN
contre l’avis de la quasi-totalité des cadres historiques
du mouvement et de ses compagnons de toujours, de Holeindre à Raveau en passant
par Bild, Lang et tant d’autres, une insupportable humiliation, une vive blessure.
Naguère, lorsque Jean-Marie La Pen était la cible d’une violente campagne politico-médiatique
(affaire du détail, Durafour crématoire, l’internationale juive,
l’inégalité des races, le trop grand nombre de joueurs d’origine
étrangère dans l’équipe de football, etc.),
les dirigeants du Front affichaient publiquement leur soutien, leur solidarité.
II n’en va plus de même désormais et de
Philippot à
Collard en passant
par
Aliot et
Marine La Pen, c’est à celui qui est allé le plus loin
dans la condamnation montrant à quel point la peur d’être taxé d’antisémite
pour une simple métaphore boulangère mettait en transe les dirigeants du
néo-FN.
S’il est si difficile de constituer un groupe d’élus de droites nationales et populistes
au Parsemant européen, c’est précisément parce que tout le monde a peur de son ombre
et qu’il ne faut surtout pas, aux yeux des media, s’acoquiner avec le diable.
Les Britanniques et les Norvégiens ne veulent pas d’un FN jugé encore trop antisémite
et le néo-FN de Marine Le Pen ne veut pas entendre parler du Jobbik hongrois
ni de l’Aube dorée grecque à cause de leur antisémitisme et de leur révisionnisme supposés. Bref, on n’en sort pas.
Lorsque l’on se laisse dicter ses prises de position, ses réactions, ses choix et ses engagements par les media dominants
dont on sait par qui ils sont tenus
(l’affaire Dieudonné pour ne citer qu’elle l’a amplement montré), on s’interdit d’incarner
une véritable alternative et d’être une véritable et ferme opposition au Système an place.
LA STRATEGIE de Marine La Pen, c’est la victoire posthume du mégrétisme.La présidente du FN est en train de réussir ce que Mégret avait commencé à faire
et rêvait de mettre en œuvre :
- la dédiabolisation,
- la respectabilisation,
- l’importance accordée à l’action locale (ce qui là, pour le coup, n’est pas une mauvaise chose),
le rapprochement avec la communauté juive(explicite dans son discours de l’université d’été
du MNR a Périgueux en aout 2002),
-
la condamnation solennelle du révisionnisme (dès son élection a la présidence du FN en janvier 2011, elle déclare au Point que :
« la Shoah est le summum de la barbarie » .
Si elle a poursuivi de sa vindicte les mégrétistes dans les coursives du Paquebot
Saint-Cloud en 1998 lorsqu’elle avait été propulsée par son père directrice des affaires
juridiques du FN après avoir totalement échoué dans son métier d’avocat
(
feu Me Georges-Paul Wagner nous avais confié le souvenir épouvantable qu’il avait gardé
de sa stagiaire, traitant de haut ses clients, ne travaillant pas ses dossiers,
arrivant en retard à son cabinet sans s’excuser, allongeant sans vergogne les pieds
sur son bureau…), si elle s’est opposée de toutes ses forces au retour en grâce
de Bruno Mégret en 2006-2007 pendant la dernière campagne présidentielle de son père
dans le cadre de l’éphémère Union patriotique
(laquelle n’a guère consisté qu’en une jolie photo des couples Mégret et Le Pen
sur le perron de Montretout le
20 décembre 2006), c’est uniquement parce qu’elle
ne souhaitait pas que l’ancien délégué général du FN ne lui fit de l’ombre et ne nuisit
à sa carrière.
Mais sur le fond la démarche est essentiellement la même. C’est pourquoi elle a pris dans son équipe beaucoup d’anciens lieutenants de
Mégret dont
Steeve Briois, Bruno Bilde et
Nicolas Bay qui fut secrétaire général
et numéro deux du
MNR, bras droit de Mégret jusqu’en
juin 2008.
De même que Mégret avait changé le nom du FN en MN (Mouvement national)
puis
MNR (Mouvement national républicain) et voulait en finir avec les origines
d’extrême droite du FN, imitant en cela la stratégie de
Gianfranco Fini en Italie
qui avait transformé le vieux
MSI (Mouvement social italien) en Alliance national,
de même les proches de Marine Le Pen voudraient profiter du prochain congrès du FN,
le XVe, les
29 et
30 novembre 2014 à Lyon,
pour changer le nom du parti
et créer une nouvelle formation politique. Ce qui, selon eux, aurait l’avantage de se débarrasser en douceur de Jean-Marie Le Pen
qui est président d’honneur à vie du Front national mais qui n’aurait rien à voir
avec cette nouvelle formation politique.
Pour mener à bien ce scenario, toute une batterie de sondages a été commandée
et qui indiquent que Le Pen père serait ringard, un boulet, un passéiste,
un provocateur dont il conviendrait de se passer pour enfin arriver au pouvoir.
On entend dans l’entourage Immédiat de Marine Le Pen ce qui se disait il y a une bonne quinzaine d’années
dans celui de Bruno Mégret.
Pour les lieutenants de l’ex
« maire-consort » (dixit JMLP) de Vitrolles,
Le Pen (qu’ils appelaient avec élégance le
« Vieux ») était devenu un gêneur
qu’il fallait mettre de côté.
C’est exactement la même opération qui est en cours actuellement et, comme en 1997-1998,
elle passe prioritairement par la presse dite de droite.
Valeur actuelles de cette semaine fait ses choux gras d’un sondage
que l’hebdomadaire a commandité et selon lequel
81 % des Français et
74 % des sympathisants du FN considéreraient que Jean-Marie Le Pen est désormais un handicap
pour le FN.
« Un résultat sans appel qui valide la stratégie d’enfermement et de musellement
que la benjamine des Le Pen déploie pour marginaliser son père pourtant président
d’honneur et fondateur du FN » note avec gourmandise
l’hebdo sarkozyste.
Deux autres sondages (BVA pour I>télé-CQFD et Ifop pour Dimanche Ouest France)
confirment le rejet dont serait victime le fondateur du FN dont on oublie bien sûr
de préciser qu’il a été brillamment réélu député européen avec plus de
28 % dans la grande circonscription Sud-Est le
25 mai dernier, ce qui nuance fortement
le rejet massif dont il serait parait-il, l’objet.
Déjà, en 1997-1998, la presse dite de droite avait mis en avant Bruno Mégret jugé
plus fréquentable que Jean-Marie Le Pen.
Claude Goasguen dans
Valeurs actuelles et
Alain Peyrefitte dans
Le Figaro avaient à cette époque indiqué clairement qu’une alliance entre la droite parlementaire
et le FN était possible si le FN changeait de direction et que quelqu’un de plus souple,
de plus ouvert succédait au président-fondateur.
MEME SI Florian Philippot fait mine de juger insignifiante la querelle.entre Le Pen at sa fille dans les media et n’attaque plus trop ouvertement
le président-fondateur, même si pour l’heure Marine Le Pen se tait ne souhaitant pas
une rupture brutale avec son père qui conserve une faculté de nuisance et qui dirige
toujours la structure Cotelec, micro-parti auquel le FN devrait encore beaucoup d’argent,
même si une réconciliation de façade entre la fille et son géniteur n’est donc pas totalement
à exclure dans les jours ou les semaines qui viennent, tout indique que la présidente du FN
a décidé de complètement marginaliser son père, de prendre son absolue indépendance
et de mener à son terme sa stratégie de dédiabolisation qui consiste
essentiellement
à passer sous les fourches caudines du judaïsme politiquement organisé.
Dans le but d’arriver au pouvoir.
La conquête des responsabilités est en soi bien sur très noble.
C’est même la principale légitimité de l’action politique.
Mais pas à n’importe quel prix. Si c’est pour mener aux Affaires la même politique que les autres
(
comme Fini en Italie et Haider en Autriche):
- obéir aux mêmes diktats,
- servir les mêmes intérêts,
- se plier aux mêmes tabous,
- distiller mêmes mensonges historiques et politiques,
à quoi cela sert-il ? On le voit, la querelle entre Le Pen et sa fille n’est pas seulement
une affaire familiale ou successorale.
Elle touche aux principes, est lourde de conséquences
et n’est donc nullement anecdotique.
RIVAROL