Marcus Antonius (Antoine)
Vous pouvez vous référer à la biographie que lui a consacrée
François Chamoux.
Marc Antoine est né en 83 et mort en 30.
Son père fut préteur et conduisit des opérations contre les pirates,
au terme desquelles il subit finalement un échec.
Sa mère s'appelait Julia et était la fille de Lucius Julius Caesar,
le consul de 90 qui fit adopter la loi conférant la citoyenneté romaine
aux alliés italiens qui n'avaient pas pris les armes contre Rome
lors de la guerre sociale et de ceux qui les déposeraient rapidement.
Cette Julia est une lointaine (et non pas proche) parente de César
le dictateur (l'ancêtre commun devait être le grand-père du grand-père
de César).
Qu'il faisait partie de la jeunesse dissipée et dispendieuse de Rome,
ami de Clodius et de Curion dont il épousa la veuve Fulvia.
Qu'il s'ilustra auprès du proconsul gabinius en Syrie.
Qu'il fut un des principaux lieutenants de César à compter de la fin
de la guerre des Gaules.
Tribun de la plèbe à compter de fin 50.
Il est à la tête d'un des 3 corps d'armée avec lesquels César se lance
à la conquête de l'Italie lors du franchissement du Rubicon.
Il joue un rôle décisif dans la campagne des Balkans en assurant
la traversée de l'Adriatique des renforts dont César avait besoin.
Maître de la cavalerie de César qui lui confie le contrôle de l'Italie.
Il se sort moyennement de l'agitation sociale à Rome et César l'écarte en 47.
Retour en grâce en 45 à l'issue de la campagne d'Espagne :
César lui promet le consulat à ses côtés pour 44.
Treboniusn césarien comme lui, tente de l'associer à un complot
contre César.
Antoine refuse mais ne dénonce pas Trébonius.
Joue un rôle dans la cérémonie des Lupercales à l'occasion de laquelle
César refuse le diadème qui lui est opposé.
Retenu hors de la curie lors de l'assassinat de César, il s'impose
comme la figure politique dominante à Rome, assurant l'échec
des assassins de César et s'imposant comme le chef d'un parti réunissant
une bonne partie des césariens et des modérés qui veulent éviter
une nouvelle guerre civile.
Face à la surenchère vengeresse du tout jeune Octavien et aux attaques
de Cicéron, sa position centriste n'est plus tenable.
Il s'arrange un commandement sur mesure en Gaule
avec de nombreuses légions.
Conflit tous azimuts contre les républicains et contre le jeune Octavien :
c'est la guerre de Modène où Antoine est temporairement vaincu.
Il se rallie donc à la logique d'Octavien et reconstitue à son bénéfice
le parti césarien qui avait éclaté en s'alliant avec Lépide
(Espagne cistérieure et Narbonnaise), Plancus (Chevelue)
et Pollion (Espagne ultérieure).
Pendant ce temps,Octavien a pris le contrôle de Rome mais
a une armée beaucoup plus faible que celle des césariens
de l'ouest (Antoine et ses alliés) ou des républicains de l'est
(Cassius et Brutus).
Se forme une alliance qui débouchera sur le second triumvirat
dans laquelle Antoine sera la figure dominante.
A Philippes en 42, après une campagne indécise où les républicains
l'auraient probablement emporté si Brutus avait eu l'autorité
nécessaire pour refuser à ses troupes le combat qu'elles réclamaient,
Antoine joue le rôle décisif dans la victoire.
Dans le partage des provinces consécutif à la victoire, Antoine
a la part du lion.
A lui seul, il a les Gaules et est chargé de réorganiser l'orient.
L'Italie est en indivision et Lépide et Octavien doivent se partager le reste.
En Orient,il rencontre Cléopatre et noue avec elle la liaison
et l'alliance connues de tous.
Mais en italie, la situation se complique.
Octavien est chargé d'organiser le retour à la vie civile du nombre considérable
de légions mobilisées à l'occasion des guerres civiles.
Ces soldats veulent des terres, et de préférence en Italie. Ca se mutine.
Tout le monde a la frousse.
Le frère d'Antoine, prénommé Lucius, consul en 41, appuyé par Fulvia l'épouse d'Antoine, tente de se faire le protecteur des municipes italiens
chez lesquels Octavien veut confisquer des terres et installer
les soldats démobilisés comme colons.
La guerre de Pérouse éclate. Les généraux d'Octavien parviennent
à empêcher les antoniens de dégager Lucius Antonius enfermé dans Pérouse.
La guerre est réglée à l'avantage relatif d'Octavien mais sans plus.
Octavien craint en effet qu'Antoine ne revienne en Italie pour lui
régler son compte.
Ce qui va se révéler décisif pour l'avenir, c'est un petit accident
historique de portée incalculable.
Le gouverneur antonien de la Gaule décède, et son successeur
décide de passer du côté d'Octavien.
C'est cet état de fait, bien plus que le résultat de la guerre de Pérouse,
qui va déterminer les rapports entre Antoine et Octavien
dans la décennie suivante.
Les accords de Brindes rétablissent l'alliance entre les 2 principaux
triumvirs et un nouveau partage : à Octavien tout l'occident sauf
l'Afrique qui va à Lépide.
A Antoine tout l'orient. Antoine épouse Octavia qui est veuve de Caius Caludius Marcellus (consul de 50).
Et surtout, Antoine est occupé et éloigné en orient, là où sont les provinces
les plus riches, certes. Mais Octavien reste lui en Italie, là où est ...
la masse des citoyens romains, reproduisant ainsi la même stratégie
que Pompée entre 54 et 50, stratégie a priori gagnante que seul le talent
militaire et stratégique, l'audace et la Fortune de César ont pu
mettre en échec.
Pendant qu'Antoine conduit en orient une politique méconnue
parce que complètement caricaturée par la propagande
de son adversaire, et aux résultats militaires mitigés
(grande victoire de Ventidius Bassus,grave revers d'Antoine
contre les parthes), Octavien se pose comme le défenseur
de l'Italie et réactive le vieux fantasme de l'Orient barbare,
décadent et tyrannique menaçant l'Italie.
Fin 33, la loi qui avait renouvelé pour 5 ans de plus le triumvirat
arrive à échéance et n'est pas renouvelée. Les 2 consuls élus
pour 32 sont antoniens.
Ils attaquent Octavien au Sénat qui commet alors un coup d'état,
chassant les consuls de Rome et se faisant préter serment
par un grand nombre des municipes italiens.
Après avoir illégalement été chercher et publier le testament d'Antoine
(dans quelle mesure ce testament n'a pas été falsifié par ses soins ?),
il fait déclarer la guerre à la rine d'Egypte, sa propagande décrivant
Antoine comme le jouet de la sorcière égyptienne.
Il semble qu'Antoine ne s'était pas préparé à une guerre aussi précoce
puisqu'en 33 il envisageait de conduire de nouvelles campagnes en orient,
après une meilleure préparation.
La suite, est connue : non pas une fuite déun amoureux éperdu
mais un choix stratégique contraint qui a mal tourné.
Si Antoine était probablement meilleur commandant sur terre
que ses rivaux, en revanche, Agrippa était un amiral absolument
remarquable qui avait perfectionné sa tactique lors de la guerre
contre Sextus Pompée.
En outre, Octavien avait dès 37 coupé à Antoine les recrutements
de légionnaires en Italie, ne respectant les accords de Brindes.
Par d'excellentes manoeuvres et grâce à sa supériorité numérique,
Agrippa avait enfermé la flotte antonienne à Actium.
Il faut savoir qu'Antoine n'avait pas assez d'hommes pour équiper
tous ses navires.
Donc, sachant la côte adriatique momentanément perdue, Antoine
devait se replier sur la côte égéenne des Balkans, attirer l'ennemi
à l'intérieur des terres comme César le fit avec Pompée
après Dyrrachium pour aboutir à la victoire de Pharsale.
A la différence de César en 48; Antoine ne pouvait cependant pas
abandonner sa flotte qui garantissait les liaisions avec l'orient et l'Egypte.
Donc, la flotte devait forcer le barrage d'Actium et l'armée devait
se replier vers l'est. Pour réussir, le plan devait être secret.
Or malgré des pertes sévères, une bonne partie de la flotte antonienne
a réussi à forcer le barrage !
Imaginez l'angoisse d'Octavien.
Mais, manque de chance fatal pour Antoine, les sources nous disent
que son armée n'a pas compris la manoeuvre et s'est crue abandonnée
par son imperator. L'armée de terre n'a donc pas exécuté le plan
comme prévu.
Pourquoi ? Mystère. Probablement une incompréhension
au regard de la façon dont avait pu évoluer la bataille maritime.
Probablement aussi une trahison facilitée par les intenses tractations
menées par les agents d'Octavien.
La fin est connue. Antoine est perdu. Octavien ne peut de toutes façons
pas le laisser vivre.
Les négociations entre Octavien et Cléopatre montrent
clairement qu'Octavien exigeait de la reine la tête d'Antoine
en échange d'un sort clément.
Antoine se suicidera donc. Le reste est probablement enjolivé.