Editorial de Bernard Lugan. En Afrique du Sud et en Algérie, l’année 2014 sera électorale. En Afrique du Sud, le climat social se dégrade chaque jour un peu plus dans un contexte
de crise que le politiquement correct planétaire ne peut plus cacher
(voir à ce sujet l’article à l’intérieur de la revue).
Ce phénomène est tragiquement illustré par le fait que la police est désormais contrainte
d’ouvrir le feu sur des foules de manifestants en colère.
Un chiffre :
depuis le début de l’année 2014, les forces de l’ordre ont ainsi tué 8 personnes par balles
lors de différentes manifestations syndicales à Johannesburg, Pretoria et Tzaneen.
Jacob Zuma sera cependant automatiquement élu pour un second mandat, la seule question
étant de savoir avec quel pourcentage.
En Algérie, à l’heure où ces lignes sont écrites, le doute subsiste encore sur la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, ou de sa « momie », lors des élections présidentielles du mois d’avril prochain. Quoiqu’il en soit du résultat des tripatouillages préélectoraux d’un clan de profiteurs
aux abois, le pays est face à une quadruple crise :
1) Une démographie suicidaire et sans espoir de ralentissement en raison du poids
de plus en plus fort de la religion dans la vie de tous les jours.
2) Une crise sociale avec une partie de la population en phase de « clochardisation »
dans une société de plus en plus fermée et incapable de se réformer.
La classe moyenne ayant disparu, il ne reste plus en Algérie que les riches,
de plus en plus riches, et les pauvres, de plus en plus pauvres.
3) Un pays zébré par de profondes fractures régionales, ethniques
(arabes, berbères, arabo-berbères) et religieuses.
4) Une crise de génération :
alors que la moitié des 38 millions d’Algériens a moins de 20 ans et que le chômage
des jeunes dépasse les 35%, les dirigeants algériens se maintiennent au pouvoir
cramponnés au mythe de leur résistance à la colonisation.
Or, la jeunesse supporte de plus en mal :
- De voir le pays dirigé par des vieillards dont la seule « légitimité » est d’avoir lutté ,
souvent en imagination , contre l’armée française entre 1954 et 1962 ;
- Le poids des associations d’ayants droit auto proclamés acteurs ou héritiers
de la « guerre de libération », qui bloquent les nouvelles générations sur des schémas
obsolètes et paralysants.
Cette quadruple crise va donc, tôt ou tard et inéluctablement déboucher sur de graves évènements.