Gros travaux sur la Shoah. Sur le site de l'hebdomadaire juif "
Jewish Journal", un article assez étonnant
qui montre le désarroi de la communauté juive devant les progrès du révisionnisme historique. L'article est intitulé :"
La Journée internationale de l'Holocauste de 2014:
le négationnisme est en train de devenir dramatiquement crédible".
En tête de l'article un portrait de Hitler accompagné de cette phrase:
"
Les mensonges ne cacheront pas toujours la vérité".
Voici la traduction TRES rapide de cet article (
qui a été supprimé (sic !):http://www.jewishjournal.com/israelife/item/holocaust_denial_becoming_scarily_reliable
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La Journée internationale de l'Holocauste de 2014:
le négationnisme est en train de devenir dramatiquement crédiblePar Noga Gur-Arieh
28 janvier 2014
- Comment pouvez-vous être sûr que l'Holocauste a bien eu lieu?
- que ce n'est pas une énorme invention des Américains et de leurs alliés?
- que les photos de tas de cadavres que l'on voit ne sont pas simplement
les corps de juifs qui sont arrivés en Europe pour fuir la Russie communiste
et sont morts de typhus ?
- que le Zyklon B n'était pas employé par les Allemands pour tenter d'arrêter
la propagation de cette terrible maladie?
- que les Nazis de haut rang qui, après leur arrestation, avaient reconnu avoir commis
de terribles crimes contre les minorités et avoir cherché à tuer tous les juifs
n'avaient pas été obligés par les vainqueurs après la guerre de faire ces aveux?
- Que diriez-vous à une survivante de l'Holocauste qui ferait un témoignage
confirmant ces informations, où elle expliquerait que la raison pour laquelle les Nazis
lui avaient coupé les cheveux c'était pour éviter une épidémie de poux,
et qu'ils avaient eu de la chance de dormir à l'étroit dans des lits superposés
que les Nazis avaient réussi à leur aménager, parce que sinon ils auraient dormi dehors
dans le froid ?
Tout ce qui précède fait partie d'un documentaire intitulé:
"
Adolf Hitler
- La plus grande histoire jamais racontée".
Ce film, qui dure trois heures, n'est qu'une petite partie d'une série grandissante
de films à base de théorie du complot démontrant que l'Holocauste n'a jamais existé.
Accompagnés d'un commentaire en américain et d'une musique dramatique,
ces films fournissent des réponses à tous les doutes [sic] qui peuvent surgir au moment
où on les regarde.
A chacune de leurs allégations ils apportent des preuves documentées et ils sont très convaincants. Ils sont aussi vendus sur de grands sites, Amazon par exemple, ce qui leur confère
un certificat supplémentaire d'authenticité.
La technologie du XXIe siècle permet aux détracteurs de nier l'existence de l'Holocauste
grâce à un simple programme de montage et une certaine impulsion virale
dans les réseaux sociaux.
En travestissant des mensonges en faits avérés, les créateurs de ces films trompent
chaque jour des milliers de gens à leur insu.
Les mensonges que nous détectons facilement peuvent paraître des faits dignes de foi
à tous les gens qui ne sont pas imprégnés de la mémoire de l'Holocauste.
Jusqu'à récemment, ces négationnistes, qui voulaient répandre la haine dans le monde entier,
ont eu très peu d'impact quand ils étaient confrontés à des survivants de l'Holocauste
et à des citoyens européens de cette période sombre.
Mais avec le temps le nombre des témoins diminue rapidement.
Si j'ai entendu des témoignages de survivants chaque année de la primaire à la terminale,
ma cousine de neuf ans n'aura pas ce privilège.
Il lui faudra se fier aux histoires que lui raconteront ses professeurs et les membres de sa famille.
Il lui faudra également regarder les films et les documentaires qui remplissent le calendrier
entier de diffusion de la télévision israélienne lors de la Journée de commémoration de l'Holocauste. Il lui faudra se rendre en Pologne avec sa classe de première dans le cadre du programme national en cours. Il lui faudra poser des questions, s'intéresser, se souvenir.
Bientôt, ce sera entièrement à nous, la deuxième et la troisième génération, de maintenir vivante
la mémoire de l'Holocauste afin que l'histoire ne se répète plus jamais.
Une fois que tous les témoins reposeront dans la paix, tout ce qui nous restera ce seront
des histoires, des photos et des articles dont on pourra aisément prétendre qu'ils sont faux.
Ce sera leur parole contre la nôtre, et il faut que nous continuions à être la majorité.
Nier l'Holocauste est aujourd'hui aussi facile que de prouver qu'il a eu lieu,
et les réseaux sociaux ne sont pas encore capables de détecter les mensonges.
Depuis quelques années, les antisémites et les néo-nazis sortent prudemment de l'ombre
et réussissent à rameuter petit à petit des groupes de supporters.
Persuader les gens qu'ils ne sont pas responsables de leurs propres ennuis, c'est facile,
surtout en périodes de difficultés financières.
Il est plus facile de faire porter la responsabilité sur quelqu'un d'autre.
Aujourd'hui, on peut encore les combattre dans la pratique, en les forçant à retourner
dans l'obscurité.
On peut encore écrire à Amazon et leur demander de cesser de travailler avec des contributeurs
qui empoisonnent les esprits des gens avec des mensonges.
On peut encore lutter contre ces mensonges en ligne.
Nous ne pouvons pas rester à l'écart en étant convaincu que "
ça ne se reproduira jamais plus",
c'est maintenant qu'il faut agir.
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Pas de panique, mais quand même du désarroi aussi à l'Education nationale
qui ne sait plus comment enseigner l'Holocauste:
http://www.liberation.fr/societe/2014/01/27/peillon-des-professeurs-mieux-formes-pour-enseigner-la-shoah_975814< START>
Peillon veut améliorer l'enseignement de la Shoah.
27 janvier 2014
Le gouvernement a promis lundi de mieux accompagner les enseignants souvent "désarmés" lorsqu'il s'agit d¹aborder la Shoah, face aux stéréotypes, une certaine incompréhension
des élèves, voire des tensions ravivées par l'affaire Dieudonné.
"
Je veux que les enseignants, dont certains se sentent démunis face à ces questions,
aient les moyens de transmettre les valeurs fondamentales de l'école de la République",
a déclaré le ministre de l'Education à l'occasion de la Journée internationale de la mémoire
des génocides et de la prévention des crimes contre l¹humanité.
Vincent Peillon s'est engagé à renforcer la formation et les "ressources pédagogiques"
pour dissiper ce malaise.
"
Face aux propos de certains élèves qui, sans être extrêmement violents,
sont pour le moins réticents ou volontairement désinvoltes dès que le mot Shoah
est prononcé en cours, je me suis rendu compte que j'étais désarmée,
en manque de formation pour pouvoir répondre à ces remarques embarrassantes",
dit Patricia Drahi, professeur de français dans les Yvelines et doctorante en sciences
de l'éducation à l'Université de Nanterre.
Selon Sophie Ernst, professeur de philosophie et auteur du livre
"
Quand les mémoires déstabilisent l'école - Mémoire de la Shoah et enseignement"
(2008), la difficulté se situe dans la méthode.
"
On a pensé qu'en passant les jeunes à la moulinette des images de camps d'extermination,
on allait les vacciner contre le racisme et l'antisémitisme: c'est un échec",
estime-t-elle, "
ça ne pouvait pas marcher, on se rend compte maintenant que ce projet
était d'une naïveté partagée.
Résultat, estime Patricia Drahi dans un article publié en 2012:
un "
phénomène de saturation" chez certains élèves.
Un constat confirmé par Camille, élève dans un lycée huppé de Paris.
"
La Shoah, ça nous saoule! On en a ras-le-bol, on en peut plus", lance la lycéenne.
En France, l'enseignement de la Shoah est obligatoire en troisième puis en première
ou terminale depuis la fin des années 1980.
Depuis 1982, il peut être dispensé dès l'école primaire, généralement au CM2.
-- Casser les stéréotypes --Mais selon un sondage CSA de 2012, 60% des étudiants de 18 à 24 ans n'ont jamais
entendu parler du Vel' d'Hiv', théâtre en juillet 1942 de la plus grande rafle de juifs en France.
D'après une autre étude CSA publiée en janvier, les personnes opposées à l'interdiction
du spectacle de Dieudonné étaient majoritairement les jeunes de 18 à 24 ans (53%).
La polémique autour de l'humoriste controversé, condamné pour antisémitisme,
a fait apparaître des tensions dans un "nombre marginal" d'établissements de centre-ville
et de zones sensibles, a reconnu Vincent Peillon.
Auteurs dans leur lycée de l'Essonne d'une "quenelle", ce geste de ralliement à Dieudonné
perçu par certains comme un salut nazi inversé, deux élèves ont été brièvement placés
en garde à vue début janvier puis exclus de l'établissement.
"
Faut-il parler de l'affaire Dieudonné en classe?
Oui, car c'est notre devoir d'éclairer les élèves (...)
Mais comment s'y prendre?", s'est interrogé Emmanuel Grange,
professeur d'histoire dans la Loire, sur son blog.
Cet enseignant a fabriqué un cours mêlant vidéos et images interactives, "du cousu-main".
De son côté, Guillaume Delmas, prof d'histoire-géo en zone d'éducation prioritaire à Paris,
assure qu'il n'y a
"pas d'antisémitisme rampant chez les élèves, mais certains arrivent
avec des représentations stéréotypées"sur le "sujet sensible" de la Shoah.
"
Avant d'aborder les faits historiques, je commence toujours mon cours en demandant
aux élèves ce que signifie pour eux le mot 'juif', pour casser ces représentations", explique-t-il.
En visite à l'école de Beauvallon à Dieulefit, village des Justes dans la Drôme,
Vincent Peillon a insisté sur le rôle de la pédagogie.
"
Je veux qu'on montre aux enfants qu'il y a eu en France des femmes et des hommes exemplaires, des professeurs, qui par leur résistance à la haine ont sauvé des vies",
a-t-il déclaré.
"Le meilleur rempart contre tous les préjugés qui conduisent au racisme et à l'antisémitisme,
c'est l'instruction", a-t-il ajouté dans ce village où plus d'un millier de personnes
pourchassées par les Allemands, dont des enfants juifs, trouvèrent refuge sous l'occupation.
AFP
< END>