(
1935- 2013)
Le livre-testament de Dominique Venner.Un samouraï d'Occident, le Bréviaire des insoumis : ce livre-testament a paru
quelques jours après la disparition de Dominique Venner.
Les toutes premières lignes de l'ouvrage donnent le ton.
Il évoque ces immigrés qui "
ont été importés massivement dans le but de casser les salaires
des travailleurs européens, un but sordide associé au projet infâme et pervers de dénaturer
l'Europe par un remplacement de population". Venner l'écrit :
"C'est ce qui me révolte plus que tout aujourd'hui et qui fait de moi un insoumis".Mais il exprime bien d'autres motifs de révolte.
Il dénonce l'imposture satisfaite des
"puissants et impuissants seigneurs de notre décadence,
corrompus jusqu'à l'os, asservis aux vraies puissances et aux nouvelles mafias".
Il cite les
"arrogants ou pitoyables seigneurs des médias et de la pub, des religions,
de la politique ou de la finance." qui lui inspirent plus de mépris que de vraie révolte,
ajoutant :
"Aujourd'hui,devant ces nains prétentieux et malfaisants,je suis un insoumis."Venner cite comme modèle d'insoumis le Chevalier de Dürer.
On voit dans cette magnifique estampe "Le Chevalier, la Mort et le Diable",
le Chevalier chevauche , indifférent, solitaire,sourire aux lèvres, ne jetant pas un regard
ni au Diable, ni à la Mort.Il sait que la mort est au bout du chemin.
L'image de ce Chevalier a souvent accompagné Venner, qui se définit comme
"un cœur rebelle"."Le grand remplacement"Il évoque les raisons de ce
"grand retournement" que vit l'Europe,accompagné
d'une immigration de peuplement et d'une conquête islamique.
Il arrive à la conclusion que si les Européens avaient pu accepter si longtemps l'
"impensable",
c'est
"parce qu'ils avaient été détruits de l'intérieur par une très ancienne culture de la faute
et de la compassion".La culpabilisation des Européens a favorisé l'invasion de leurs territoires et
"si cette entreprise monstrueuse a pu s'imposer, c'est en raison de la complicité
d'élites perverses ou décadentes,mais surtout parce que les Européens, contrairement
à d'autres peuples, sont dépourvus de mémoire identitaire".
Pour Venner,l'Europe est entrée en "dormition" depuis la fin des deux guerres mondiales.
Les Etats-Unis et l'URSS nous ont imposé des modèles étrangers à nos traditions.
L'auteur cite aussi cette phrase d'Elie Barnavi :
"La Shoah s'est hissée au rang de religion civile en Occident".
Mais il ne désespère pas, et pose la question : que faire ?
Il prône la mystique "
du clan, des sources et des origines" autrement dit
de notre tradition et de notre identité. Il écrit :
"
Je n'ai jamais admis que la décadence et le déclin européens fussent des fatalités".Mais que peut signifier aujourd'hui
"être un insoumis" ?
Dominique Venner répond que
"l'insoumis ne consiste pas à collectionner des livres impies,
à rêver de complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Carpates.
Cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure.
Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse.
Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre.
Dans les revers, ne jamais se poser la question de l'inutilité de la lutte.
Mieux vaut périr en combattant que se rendre".
La dénaturation du mariage.Comme exemple d'insoumission,Venner cite le mouvement de révolte contre la loi Taubira
sur le mariage homosexuel.
Il estime que le mariage est l'union d'un homme et d'une femme en vue de la procréation,
qu'il s'agit d'une institution créée en vue des enfants à venir, et pas d'un simple contrat.
Il raconte dans ce livre "
un samouraï d'Occident",comment il a été façonné par la guerre
et l'importance pour lui de la réflexion historique.
Il explique que la guerre d'Algérie fut pour lui une expérience fondatrice,
qu'il se sentait solidaire des soldats perdus et des Français d'Algérie trompés par De Gaulle,
mais qu'il ne crut jamais à l'utopie d'une intégration multiethnique.
Il considère que la fin de la guerre d'Algérie a fait sortir la France de l'Histoire,
qu'elle fut ressentie par les Français comme la fin pour eux de toutes les guerres.
Et c'est ainsi que le pays, dit Venner, fut livré aux seules perspectives de l'économie
marchande, du règne de l'argent, des loisirs de masse et de la consommation.
La disparition de la masculinité.Il va encore plus loin quand il ose déclarer que l'effacement de la guerre a entraîné
la disparition de la masculinité dans les sociétés ouest-européennes.
Or, dit-il, le masculin et le féminin sont les deux pôles opposés et indispensables de la vie.
Si l'un des pôles disparaît,tout se détraque.
Il affirme que le féminin est aujourd'hui seul notre monde.
Les pères ayant disparu, les enfants sont devenus des petits monstres capricieux,
mous et tyranniques....Autant il exalte la féminité, autant il s'en prend au féminisme
et à la théorie du
gender et aux "
toqués sur tranche" qui estiment que le modèle
familial classique n'est qu'un conditionnement social.
Il estime en fait que parler d'une féminisation de nos sociétés est impropre.
Ce qui est en cause est leur dévirilisation.
Les signes en sont le délabrement de l'éducation, le refus de la responsabilité des crimes
et délits, la victimisation des coupables,l'accompagnement psychologique pour affronter
les épreuves, l'interprétation purement compassionnelle des conflits, la peur des dangers
de l'Histoire, la féminisation des fonctions masculines de gouvernement,
de justice et de protection.
A propos de la guerre, il cite une formule de Bigeard :
"Nous avions des rendez-vous, à chaque coin de piste, derrière chaque piton,
mais c'était avec notre mort".Venner rappelle cette réplique du journaliste communiste Gilles Perrault :
" Fascistes et paras refusent la souffrance de la religion chrétienne pour ce qu'elle représente
de soumission à une volonté divine.Le chrétien accepte la souffrance.
La souffrance acceptée rapproche le chrétien de son Dieu;
la souffrance recherchée fait du fasciste un dieu".Le mépris moderne de dame Nature.Et puis, il s'interroge sur la croissance, sur le progrès, sources de pillage des ressources
naturelles et de pollution massive et pose la question d'une nécessaire décroissance.
Il rappelle que nos lointains ancêtres respectaient la Nature,même s'ils en craignaient
les dangers. La Nature avait une âme:
"Elle manifestait en toute chose son universelle divinité.
Les bois, les landes et les sources étaient peuplés de nymphes, de farfadets ou de fées.
Et nos ancêtres en respectaient la sacralité".
Dominique Venner répond à cette question: qu'est-ce que la Nature ?
Réponse : c'est ce qui existe et vit de son propre mouvement, sans l'intervention humaine
ou malgré elle: le vent, les vipères, les chevreuils, les renards, les friches.
Mais le massif de roses ? Pour l'auteur, il ne représente plus tout à fait la nature,
pas plus que le champ de blé transgénique.
Ils sont de la nature domestiquée, sous perfusion.
Venner applique le mythe de Prométhée à la violation des limites et des secrets de la Nature
et note que l'Antiquité avait condamné cette violation comme une démesure extrême,
lui opposant la mesure apollinienne.
Les Grecs n'avaient jamais eu le dessein d'asservir la Nature.
Il rappelle que pour les Grecs anciens, Homère ou Aristote, il existe un ordre cosmique
né de la Nature elle-même, dans un principe d'ordre et de beauté.
Cette vision du monde sera évidemment contestée par le christianisme.
Dominique Venner parle de la mort volontaire, le seppuku, que s'infligeaient
les samouraïs et écrit :
"Ils pensaient qu'un seul acte en dit bien plus long que le plus long discours,
car le discours peut mentir.Ils croyaient à la sincérité absolue de l'acte suprême.
Ils pensaient qu'on ne ment pas devant la mort".Venner rappelle aussi que pour son dernier vol, chaque kamikaze emportait,serré contre lui,
un sabre traditionnel.La suite du texte de Venner résonne d'une signification toute particulière,
après son suicide :
"Mort inutile ? Peut-être.Mais certainement pas absurde.
Seule la mort subie n'a pas de sens.
Voulue, elle a le sens qu'on lui donne, même quand elle est sans utilité pratique."
Il pense évidemment au suicide rituel de l'écrivain Mishima, qui eut un grand écho.
La difficulté, c'est que notre civilisation et tradition occidentale n'a pas grand-chose à avoir
avec les traditions et la civilisation orientales et nippones.
Christianisme et paganisme.Dans un chapitre dont le titre est "
Notre mémoire oubliée"il évoque la fin des anciens
repères et la responsabilité d'une certaine église, en réalité l'église conciliaire,
dans l'invasion que subit l'Europe.
Comment lui donner tort quand on voit la visite de François 1er à Lampedusa et que
l'on lit les propos qu'il a tenus ?
Il rappelle ce qu'avait dit Jean Raspail, qui est catholique, à un journaliste au sujet
de la réédition de son roman
Le camp des Saints.
Il disait qu'il faudrait se montrer ferme.Mais, ajoutait-il, c'est impossible.Pourquoi ?
"Parce que la charité chrétienne le défend.
En quelque sorte,la charité chrétienne nous conduit au désastre".Mais il s'agit là d'une charité chrétienne mal comprise.
Toujours est-il que Venner voit dans cette considération de Raspail le signe
d'un basculement historique.
Raspail, dit-il,comprenait que, pour survivre, il faudrait mettre à l'écart une certaine sensiblerie
qui imprègne notre inconscient et nos comportements.
Venner estime que les civilisations sont des réalités de très longue durée et que les racines
en sont pratiquement indestructibles tant que n'a pas disparu le peuple qui en est la matrice.
Il évoque les penseurs, les écrivains qui ont retrouvé les racines de la longue mémoire.
Il cite Goethe, Nietzsche, Preto, Marinetti, Ernest Renan,Maurice Barrès, Lucien Rebatet,
Emil Cioran,etc., et s'attarde sur Henry de Montherlant, Charles Maurras, Céline
et le maréchal Lyautey.
Il raconte comment Montherlant a découvert, à l'âge de huit ans, avec éblouissement,
la société païenne dans
Quo Vadis, le roman de Sienkiewicz.
Cette réplique de Pétrone à Vinicius avait beaucoup marqué le jeune Montherlant:
" Laisse-moi donc en paix avec tes chrétiens.Je te dis que ce sont des nigauds,
que tu le sens toi-même, et que si ta nature répugne à suivre leur doctrine,
c'est justement parce que tu vomis leur imbécilité".Des propos qui ont bien sûr de quoi faire bondir les catholiques !
Venner raconte aussi la "conversion" de Charles Maurras au paganisme.
Revenu d'Athènes, il avait écrit en juin 1896 à son ami l'abbé Penon:
" Je reviens d'Athènes plus éloigné, plus ennemi du christianisme qu'auparavant.
Je reviens d'Athènes en polythéiste tout pur.
Je fuis l'idée de l'infini, idée sémitique, hébraïque, idée contradictoire venue d'Asie".Mais Maurras a évolué par la suite sur ce point et se serait même converti avant de mourir.
Dans un autre chapitre, l'auteur propose un retour aux sources spirituelles de la civilisation
européenne par une lecture renouvelée de nos poèmes fondateurs.
Il entreprend de redécouvrir chez Homère, dans
l'Hlliade et l'Odyssée,
une sagesse cachée et des principes vivants : la nature comme socle,l'excellence comme but,
la beauté comme horizon.
Dominique Venner formulera le souhait que
l'Hlliade et l'Odyssée l'accompagnent
dans sa dernière demeure.....
R.SSource :
RIVAROL n° 3105 du 2 août au 4 septembre 2013 ,page 16.
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