Les cathos conservateurs ne représentent aucun danger.Big Brother sait très bien où est le danger.
Il n'est pas chez les conservateurs bon teint, adeptes de l'encens,
des pélerinages,des mouvements pro-vie, d'une république propre,
des Eglises de Pie XII, de la France d'Amélie Poulain avec ses familles endimanchées...
Ces gens-là,
Big Brother les laisse car ils ne représentent aucun danger réel.
Et pourquoi n'en représent-ils aucun ? Pour deux raisons principales.
- 1)
La première est politique: nos
catholiques conservateurssont antinazis, donc ils ne voudrons jamais admettre que le IIIè Reich
ait pu représenter le bon camp en 1939.
Afin de justifier leur position, ils ressortent les éternels arguments fondés
sur l'existence de
Mit Brenneder Sorge, sur l'anticléricalisme
du IIIè Reich, sur ses entorses à la morale chrétienne, sur le fait que
le nazisme aurait été le frère ennemi du communisme,etc.
Car le conservateur l'est aussi dans ses lectures:
- elles sont soigneusement sélectionnées afin de rester dans le champ
de l'orthodoxie la plus rigide: pas question de lire Kant (il s'est trompé),
ni Hegel (un monstre d'orgueil), ni le chanoine de Locht
(un "marxiste pilulard et pro-avorteur), ni Lanza del Vasto
(un " chrétien de gauche"), ni Guy Coppens (un pro-évolutionnaire),
ni Hitler (un pro-païen meurtrier), ni Elisabeth Badinter (une féministe enragée)...
Ces lectures choisies le maintiennent dans un cocon ouaté de certitudes
théologiques,politiques et sociales.
Dès lors, jamais le conservateur ne verra que le jacobinisme,le communisme
athée, mais aussi le libéralisme (individualisme consumériste) sont de beaucoup
plus éloignés de l'idéal catholique que le national-socialisme et le fascisme.
Hitler, lui avait redécouvert la notion de
Bien commun,c'est-à-dire
d'un intérêt de l'Etat passant avant l'intérêt individuel parce que jugé
intrinsèquement meilleur que ce dernier.
Malgré ses erreurs, le Führer avait su mettre sur le plan pratique,une idéologie
authentiquement contre-révolutionnaire, parvenant à faire revivre
des principes traditionnels tués par la Révolution, sans pour autant tomber
dans les travers d'un passéisme stérile objectivement porteur de sa propre
liquidation.
Le génie du
national-socialisme fut le mariage heureux entre les bons
aspects de la modernité et la nécessité d'une société traditionnelle d'ordre.
Les "cathos antinazis" feignent de reprocher à Hitler son antichristianisme
supposé.Ils refusent de voir que le national-socialisme fut antichrétien,
et plus précisément anticlérical,
par accident.
Il fut par accident anticlérical parce qu'il refusait, à bon droit,de cautionner
l'esprit démocrate-chrétien favorisé par les papes depuis Léon XIII.
Trop d'"cclésistiques allemands, en 1939, ne concevaient leur apostolat
qu'à la manière d'une cinquième colonne dévouée à la cause des "Alliés"
anglo-saxons et français, et c'est légitimement qu'Adolf Hitler les neutralisa.
Qu'on songe à la réaction du clergé français si Jean-Marie Le Pen parvenait
aujourd'hui au pouvoir: il devrait faire arrêter tous les prêtres,parce qu'ils
sont tous gagnés à la cause mondialiste.
Et il serait grotesque de faire de Le Pen un anti-chrétien.
Il est vrai qu'il exista des courants paganistes et nietzschéens dans la mouvance
active du national-socialisme, mais Hitler ne les cautionnait pas.
Il les supportait (et cela est regrettable) parce qu'il avait,lors de la prise
de pouvoir, besoin d'appuis qu'il ne lui fut donné de trouver ni dans les tranches
catholiques (gangrénées par l'esprit démocrate-chrétien et surnaturaliste)
de la population allemande,ni dans l'aristocratie allemande aussi dégénérée
que l'aristocratie française et scandalisée par le fait qu'un homme du peuple
pût avoir l'outrecuidance de créer une nouvelle aristocratie fondée
sur le mérite.
Si Hitler avait gagné la guerre, tout aurait été possible pour les catholiques
du monde entier.
Vatican II suscité par les personnalistes,les modernistes, les judéo-démocrates,
n'aurait jamais vu le jour.
Les colonies européennes,françaises,anglaises ou portugaises,eussent pu être
acheminées lentement vers une autonomie respectueuse de leurs identités
respectives,mais capables de conserver le meilleur de l'universalisme occidental
voué à être assumé par leurs génies propres.
L'URSS eût été écrasée,l'Europe unie se fût faite sous la direction d'un Saint-
Empire reconstitué progressivement: il n'est pas de dictature qui tienne
longtemps sans se stabiliser en monarchie.
La France eût recouvré sa vraie vocation: se faire le principe d'une synthèse
entre toutes les formes du génie européen, se faire ainsi la conscience de soi
de la culture européenne.
La France est à l'Allemagne comme la Grèce le fut à Rome:
- vocation à l'hégémonie culturelle non ablative des cultures qu'elle féconde;
et en retour synthèse des cultures par lesquelles lle se fait conditionner
en sa vocation universaliste,rôle spéculatif plus que directement pratique,
jamais la Grèce ne sut faire son unité par elle-même,jamais la France
ne sut entreprendre de fédérer le monde occidental sans dénaturer ce dernier.
Si Hitler avait gagné la guerre, l'Amérique se fût repliée sur elle-même,
conformément à la doctrine Monroe, pour en venir à dépérir et à recouvrer
le statut, qu'elle n'aurait jamais dû quitter (encore une faute politique
de la France de Louis XVI...),de colonie du monde européen.
Si Hitler avait gagné la guerre, il lui aurait fallu affronter une nouvelle bataille
non moins redoutable: gagner la paix, aucun pouvoir ne peut rien contre
des peuples qui ne lui accordent pas leur aval au moins tacite.
Les excès racialistes (minoritaires) de certains des appuis du régime
national-socialisme eussent dû être mis en veilleuse,l'assomption
allemande de tout l'héritage européen eût exigé que les vainqueurs,
à peine de voir l'Europe entière s'en retourner à ses déjections démocratiques
et marxistes, se fissent un allié du dépositaire papal de l'autorité spirituelle
universelle.
Et pui les crispations paganistes et anticléricales,suscitées en grande partie
par le sentiment de la décadence, se fussent apaisées avec la certitude
d'une identité européenne hégémonique recouvrée.
L'Eglise aurait su (elle en a vu d'autres) faire s'approprier le national-socialisme
aux exigences du catholicisme,en moins de cinquante ans.
Souvenons-nous que von Papen,pourtant peu hitlérien,avait reconnu
dans le
national-socialisme " la réponse chrétienne à 89 ",
que l'hitlérisme, passionnel, est né de la conscience confuse mais lucide
de ce que l'Europe de 1918, issue de l'abominable boucherie (selon Lyautey)
où elle s'était presque suicidée, devait absolument s'unifier pour faire face
aux nouveaux monstres politiques qui la menaçaient
(le condominium soviéto-américain), et que le plus urgent (quoique en soi
le moins noble) était de garantir l'intégrité raciale de l'Europe (cause matérielle),
d'où mes excès,regrettables mais amendables,du déterminisme biologique
de la doctrine de Hitler, que les "trois K" contenaient le mot "Kirche",
qu'un service de cars pour les différents services religieux avait été
institué dans les casernes,que 2500 églises et temples furent construits
ou reconstruits entre 1933 et 1945 en Allemagne. *
Mais il existe
une deuxième raison, plus importante encore:
- ce qui caractérise le
conservateur, ce qui l'a toujours caractérisé,
c'est la peur, peur de perdre ce à quoi il tient,c'est-à-dire l'objet de
son conservatisme.
Les catholiques dits "traditionalistes" tremblent de perdre leurs prieurés,
leurs écoles et tout ce qui leur permet de reconstituer,de manière
microcosmique,cette société à grand-papa dont ils rêvent.
Aussi tremble-t-ils à l'idée d'être assimlés aux "négationnistes",
aux "fascistes" ou aux "nazis",recherchant au contraire....l'estime du monde.
Je rappelle que dans son communiqué du 27 janvier 2009, Mgr Fellay
se félicitait de voir les "tradis" "connus,acceptés et estimés dans le monde entier".
Pas très catholique tout cela !
Voilà pourquoi
Big Brother s'accommode parfaitement des traditionalistes
conservateurs, allant même jusqu'à leur laisser l'église qu'ils ont prise en plein
Paris.Hypnotisés par la peur de perdre leur confort comme la proie est hypnotisée par le serpent, ils n'ont jamais représenté,et ne représenteront jamais aucun danger.
* Pour toutes ces informations,voy.l'article de Thierry Gobet,
dans le numéro des
Cahiers de Chiré,à l'occasion du 35ème anniversaire
de cette publication,en 2001.